2) Des outils d'analyses plus opérationnels
En conséquence de ces difficultés, à la
fois bailleurs de fonds, prescripteurs et opérateurs de microfinance
portent un intérêt croissant à l'analyse de
l'adéquation des services financiers des IMF à leur
clientèle cible. Sous cet angle, la question est moins `combien de
clients atteindrons nous ? Mais quels clients sont ciblés, et les
services offerts ont-ils un sens compte tenu de leurs besoins ?. L'enjeu de
l'analyse d'impact évolue en conséquence : il s'agit moins
maintenant de prouver que le microcrédit est un outil miracle, à
l'échelle micro ou macro-économique, que d'améliorer la
pérennité des IMF en les incitant à adapter leurs produits
et services à leur clientèle et à l'évolution du
marché.
Ces dernières années, la démarche des
études d'impact s'est progressivement orientée vers
l'amélioration des services (« improve ») plus que vers la
volonté de démontrer l'impact (« prove »). L'un des
éléments intéressants mis en évidence lors d'un
séminaire organisé en juin 2002 a été le fait que
l'analyse d'impact est bien souvent réalisée à
l'initiative des praticiens eux-mêmes. Cela montre bien que ce type
d'études est de plus en plus perçu et utilisé par les IMF
non comme un simple élément d'évaluation et de
démonstration vis-à-vis des bailleurs de fonds, mais comme un
outil de pilotage interne.
En somme, les praticiens semblent avoir en majorité
tiré une leçon des limites de l'étude d'impact «
classique », pour s'orienter davantage vers des études plus
légères, plus opérationnelles, qui sont autant des
études d'analyse de la clientèle que d'analyse d'impact.
Ces outils, plus simples à mettre en oeuvre, peuvent
être mis en oeuvre par des équipes locales (personnel de
l'institution ou chercheurs, consultants nationaux), et être beaucoup
plus abordables. Ce qui n'empêche pas, en parallèle,
d'évoluer vers plus de rigueur dans ce type d'analyse (sélection
de l'échantillon, enquête incluant des groupes témoins de
non emprunteurs, analyse plus fine...). Les IMF ressentent un besoin d'outils
opérationnels simples; ces derniers sont encore insuffisamment
développés et vulgarisés.
Cette tendance s'est traduite concrètement par une
série de travaux et de publications. En particulier, le programme AIMS
(Assessing the Impact of Microenterprise Services), mené de 1995
à 2001 par USAID (coopération américaine), a eu pour
ambition de faire avancer le domaine de l'analyse d'impact
microéconomique du microcrédit. Ce programme a choisi d'associer
tous types d'intervenants du secteur de la microfinance (chercheurs,
praticiens, consultants). AIMS partait du constat que les IMF étaient
pour la plupart très orientées vers l'offre, la performance
institutionnelle, mais que finalement elles connaissaient relativement mal
leurs clients. Le point le plus important du programme a été le
travail sur la définition d'outils d'analyse de l'impact et de la
clientèle qui répondent à un double objectif : non
seulement prouver l'impact, mais aussi améliorer les produits et la
capacité des IMF à offrir des services financiers adaptés.
Un manuel regroupant une série d'outils pratiques d'enquêtes a
été publié en 2001, ainsi que plusieurs études de
cas tests.
Des expériences intéressantes ont
été menées en parallèle pour créer des
outils d'analyse des clients à la fois simples, rigoureux et
relativement peu coûteux, et qui s'avèrent complémentaires
des méthodes développées par AIMS. La méthodologie
de MicroSAve Africa repose en particulier sur deux techniques participatives :
une série d'instruments de type MARP3 et des groupes de discussion
orientés par un guide d'entretien préalablement établi.
L'approche permet d'obtenir des informations pertinentes pour analyser des
sujets variés (analyse de trésorerie et des principales
difficultés financières des ménages, satisfaction des
clients...).
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