III) Impact des SFD sur l'économie
sénégalaise
1) Méthodologie d'analyse
d'impact
Les premières études d'impact de la
microfinance, à la fin des années 80, s'attachaient à
essayer de démontrer l'impact (principalement économique) avec
des méthodes, des outils et une rigueur scientifiques.
Réalisées le plus souvent par des équipes universitaires,
ces études nécessitaient des dispositifs d'enquête
importants et se sont avérées longues, coûteuses, et peu
utilisables par les praticiens de la microfinance.
Une nouvelle approche de l'impact, que l'on peut qualifier de
« minimaliste », s'est développée au milieu des
années 90, coïncidant avec un sentiment de réussite de la
microfinance, en partie justifié par les acquis du secteur et sa
croissance rapide. On croyait alors, avec optimisme, en la perspective de
toucher rapidement et en masse les populations n'ayant pas accès aux
services bancaires: le Sommet du Microcrédit de 1997
n'annonçait-il pas 100 millions de bénéficiaires de
services financiers en 2005 ?
Selon cette approche, la meilleure preuve de l'impact
était finalement l'existence d'une institution sur la durée, sa
performance financière : si les IMF s'avéraient
financièrement viables, n'était-ce pas une preuve suffisante de
leur capacité à trouver une clientèle, et à
répondre aux besoins de cette dernière ? La performance
institutionnelle était privilégiée, au détriment
d'une réflexion sur l'adéquation des services financiers
eux-mêmes et leur impact sur les clients. Les grands critères de
succès étaient le nombre de clients atteints, le pourcentage de
couverture des coûts, et la fin de la dépendance envers les
subventions (permettant de maximiser le rapport entre nombre de clients
touchés et apport initial du bailleur). L'idée dominante
était que la standardisation des produits financiers permettrait aux IMF
de passer à une échelle large, d'atteindre l'équilibre
financier, et de se pérenniser. Il semblait implicitement évident
que le client serait satisfait de tels services.
Plusieurs facteurs ont en quelque sorte inversé cette
vision, et remis le client au centre du débat. Parmi ces facteurs, il
faut citer notamment la concurrence croissante entre IMF (notamment en
Amérique Latine, la Bolivie étant un exemple extrême), la
montée des impayés et les premières faillites
d'institutions, les abandons massifs de clients. Face à ces
difficultés, il est apparu évident que le passage à une
échelle large n'est pas simple pour la plupart des IMF et que ces
dernières subissent souvent le contrecoup de leur politique de
standardisation des produits. Les clients abandonnent un service financier qui
ne leur correspond pas (par exemple lorsque l'IMF augmente très
rapidement les montants des crédits), privilégient la souplesse
des produits. En d'autres termes, ils ne sont pas toujours prêts à
tout pour obtenir un prêt. Le succès apparent d'une IMF ayant
atteint l'équilibre financier en touchant un grand nombre de clients
peut donc être très rapidement remis en cause.
Les premiers travaux et études de cas sur l'impact des
IMF ont en parallèle démontré que mesurer l'impact est une
tâche beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît. Les tenants des
études d'impact "classiques"- critiquées pour être lourdes,
chères, n'offrant que peu de débouchés
opérationnels (les conclusions peu qualitatives ne permettant pas une
analyse débouchant sur des recommandations concrètes pour l'IMF)
- se sont d'abord opposés aux partisans d'études
légères et bon marché -réputées en
général peu rigoureuses. Les difficultés
méthodologiques1 étant difficiles à contourner, il est
rapidement apparu que des compromis entre l'ambition de rigueur scientifique et
les moyens disponibles seraient nécessaires.
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