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L'impact des Systèmes Financiers Décentralisés sur l'Economie du Sénégal

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par Chérif Assane SAGNA
Université Chéikh Anta DIOP - Master 1 (Maitrise) 2005
  

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II) Acquis et limites des SFD

1) Acquis

L'apport majeur de ces vingt ans de développement en Afrique de l'Ouest est la création d'un tissu d'institution de microfinance (IMF). En fin 2004, on recensait dans les huit pays de l'UEMOA : Bénin, Burkina Faso, Côte d'Ivoire, guinée Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo 303 institutions offrant 2.778 points d'accès et bénéficiant à 4,3 millions de personnes. Ces institutions mobilisent 116,8 milliards FCFA d'épargne et avaient un encours de 103,4 FCFA de crédit. Même si les institutions mutualistes sont largement dominantes, l'effort d'innovation a permis d'élaborer différents « modèles » de services financiers adaptés à une grande variété de contexte et de population.

La structure sectorielle est un acquis important de cette période. Au Sénégal la microfinance a été reconnue par un cadre légal spécifique, la loi PARMEC élaborée par l'UEMOA et appliquée par la BCEAO. Des associations professionnelles d'IMF se structurent progressivement dans toutes les régions, des politiques sous sectorielles sont définies et des programmes nationaux d'appui au développement de la microfinance commence à être mis en oeuvre.

Par ailleurs, la microfinance réussit à financer des activités rurales telles que le commerce et la transformation agroalimentaire qui génèrent des revenus réguliers et des taux de rentabilité élevés, et qui présentent un risque limité. Mais elle répond avec plus de difficultés et de prudence aux besoins de financement de l'agriculture. Or, même si les ménages ruraux ont souvent plusieurs activités économiques, l'activité agricole reste la base de l'économie rurale au Sénégal.

Il est difficile de quantifier la contribution de la microfinance au financement de l'agriculture : l'information chiffrée disponible est de faible qualité, les systèmes d'information des institutions et de leurs tutelles sont encore défaillants, les concepts utilisés pour collecter l'information ne sont pas stabilisés et la fongibilité du crédit, une difficulté méthodologique majeure, rend l'évaluation de l'utilisation du crédit hasardeuse.

2) Limites

Malgré l'importance et l'adaptabilité au monde rural ce secteur reste encore marginal et ne finance que très peu les activités agricoles. On estime à 3% le volume de crédit distribué par les SFD dans les pays de l'UEMOA. Ce sont toujours les banques commerciales qui continuent à fournir le gros du crédit.

Un certain nombre de problèmes limitent les possibilités d'extension des activités des SFD.

La part des SFD dans le système financier national reste encore relativement faible en termes de flux financiers gérés. Toutefois, ces deux types d'institutions ne ciblant pas les mêmes segments de clientèle, la comparaison ne peut aller au-delà des flux financiers. En effet, en termes d'impact et d'accès à des services financiers adaptés pour des populations non bancarisées, les SFD font preuve d'une bonne performance.

Le partenariat entre les SFD et les banques est encore embryonnaire du fait de la méconnaissance du mode de fonctionnement des SFD, de l'insuffisance de l'information financière et de la faiblesse des garanties. Les relations entre ces deux types d'acteurs financiers se limitent dans la majorité des pays à des opérations de placements des SFD auprès des banques.

Les systèmes de crédit fondés sur la collecte de l'épargne ont souvent tendance à s'adresser à un publique qui peut d'abord atteindre un certain niveau d'épargne avant toute opération d'emprunt.

De ce fait les plus pauvres sont exclut même s'ils sont porteurs de projets pertinents. Il est vrai que les systèmes basés sur le principe de caution solidaire permet de contourner cette difficulté, mais jusque là ils ne permettent pas d'octroyé des volumes de prêts importants.

Les produits financiers offerts par les SFD dans les pays sahéliens se limitent dans la plupart des cas au crédit de court et moyen terme. Il n'y a pas d'autres produits surtout ceux qui peuvent financer à long terme le secteur agricole.

Lorsque certains SFD atteignent une certaine taille des problèmes peuvent surgir à cause du fait que le capital social qui était le ciment de la viabilité du système ne suffit plus pour garantir son développement.

La gestion peut ne plus être transparente et conduire à une crise ou à une faillite éventuelle.

Cette situation fait que les SFD qui arrivent à niveau de croissance appréciable font face à des risques importants du type aléa moral ou sélection adverse. Ils ont tendance alors à se comporter avec la même lourdeur que les banques classiques. Les conditions d'octroient de crédit peuvent devenir difficiles. On assiste alors à une sur liquidité de certains SFD qui les contraints de faire des dépôts importants dans les banques commerciales au lieu du financer le secteur agricole.

A cause de l'analphabétisme de la plupart des clients des SFD dans le milieu rural, beaucoup ne savent pas formuler ou concevoir des projets de développement. Ils sont en outre très averses au risque qui est inhérent à tout projet.

Ils ne peuvent donc pas participer efficacement à la gestion et au contrôle que nécessite l'action collective au sein de SFD.

Malgré ces différentes difficultés les SFD ont fait leur preuve et constituent une alternative crédible pour le financement du secteur agricole. Il faut donc trouver des moyens pour renforcer leurs actions.

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