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La presse quotidienne nationale européenne peut-elle tirer profit du Web 2.0 ?

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par Marc LEIBA
Institut des hautes études en communications sociales de Bruxelles - DESS de Journalisme Européen 2007
  

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3.1.2. Le tout gratuit

Les informations politiques et générales proposées gratuitement sur un site Internet le sont donc à la fois par calcul économique et par obligation. Ne pas s'aligner revient pour un éditeur à s'exposer à une fuite de l'audience Internet et à un affaiblissement de la visibilité globale du titre. En ligne, la gratuité est naturellement le lot des quotidiens déjà gratuits en version papier (20 Minutes, Metro), mais aussi le choix d'éditeurs qui vendent un quotidien imprimé (the Irish Examiner en Irlande, As en Espagne). Les contreparties de ce modèle économique sont tout d'abord, une forte dépendance à la publicité. L'éclatement de la bulle Internet avait laissé entrevoir les limites de cette stratégie. Ensuite se pose irrémédiablement la question de la cannibalisation des lectorats. En proposant gratuitement sur Internet des contenus qu'il vend sur papier, un éditeur ne scie-t-il pas la branche sur laquelle il est assis ? En septembre 2004, le tabloïd britannique The Sun annonçait qu'il réduisait les ressources accessibles gratuitement sur son site Internet. En effet, une étude évaluait à 90 000 le nombre de lecteurs qui chaque jour consultaient la version électronique et n'achetaient plus le quotidien papier. Cette décision intervint alors que la diffusion du journal avait baissé de 4,8 % en 2004 par rapport à l'année précédente.

En outre, Danielle Attias rapporte l'exemple d'une étude37(*) sur les quatre principaux titres de PQN en Italie : le Corriere delle Sera, La Repubblica, La Stampa et Il Giornale. L'objet de l'étude était de découvrir si la lecture en ligne avait une incidence sur l'achat des quotidiens papier. En définitive, l'étude conclut que la lecture d'articles sur Internet réduisait en moyenne de 2,7 % les parts de marché des journaux. Par conséquent, les éditeurs se sont tournés vers une plus large tarification des contenus dès 2002. Or, ces mêmes éditeurs proposent aujourd'hui un accès totalement gratuit à leurs ressources, signe qu'ils n'ont pas trouvé le salut économique dans la facturation de l'information généraliste à l'internaute.

Mais d'autres arguments plaident pour une non cannibalisation des lecteurs entre un quotidien imprimé et son site Internet. On peut souligner tout d'abord la complémentarité des supports. Pris en compte dans le traitement de l'information par les éditeurs papier, le média Internet permet d'apporter une réactivité qui faisait cruellement défaut à la version imprimée. Les contraintes liées au bouclage des éditions et à la distribution des journaux permettaient de moins en moins de faire jeu égal avec les médias de l'audiovisuels, en particulier depuis le développement de puissantes chaînes d'information en continue telles CNN, Al Jazeera ou BBC World. Les éditeurs préfèrent donc de plus en plus actualiser (presque 24H/24) leur site Internet afin de réagir à chaud, et réserver les colonnes du quotidien à de l'information traitée avec plus de recul, et mise en perspective. Par conséquent, le risque de cannibalisation est d'autant plus réduit que les deux supports proposent une information différenciée, même si Internet reprend gratuitement l'intégralité de l'édition du jour. Car si le journal suit « un chemin de fer », autrement dit une hiérarchie de l'information qui s'adapte à la pagination, l'édition électronique obéit à une autre logique. L'information la plus immédiate occupe le haut de la page, ce qui implique une rotation à intervalle de quelques minutes, une colonne est réservée pour les dépêches, tout comme un espace pour les opinions et contenus envoyés par les lecteurs. Bref, le cheminement de lecture ne peut pas correspondre à celui du papier, ce sont deux expériences de lecture différentes (ATTIAS, 2007). Pour le vérifier empiriquement, Danielle Attias prend l'exemple du quotidien Le Monde. Une étude diligentée par le journal en 2001 révèle que 75 % des lecteurs du site Internet ne lisent pas l'édition papier et réciproquement. De plus, 60 % des internautes qui surfent sur lemonde.fr sont âgés de moins de 35 ans et près des deux tiers d'entre eux résident hors de France. On retrouve l'idée qu'Internet offre un support qui par nature attire un lectorat plus technophile et plus jeune que celui du papier et libéré des contraintes géographiques. Toutefois, pour éviter que les lecteurs papier ne migrent vers l'édition électronique, les éditeurs ont intérêt à construire leur site selon les canons de l'agencement Web et différencier les contenus proposés. Il est indispensable de ne pas simplement transposer les articles imprimés sur un support accessible en ligne.

* 37 L. Filistrucchi : The impact of internet in the market for daily newspapers in Italy, Working Newspaper n°12, European University Institute, 2004.

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