Chapitre III :
Formation des prix et concurrence sur le marché
de contrepartie :
Introduction :
Sur les marchés de contrepartie : le prix
d'achat d'un titre à un moment donné est en général
différent des prix auxquels le teneur de marché peut vendre au
même montant.
La fonction essentielle des teneurs de marché est
d'assurer la liquidité (producteurs de liquidité) ; et ceci
afin d'assurer la compensation des déséquilibres temporaires
entre l'offre et la demande par des achats/ventes sur leur propre stock
d'actifs.
Cette opération va engendrer des coûts de
production pour le market maker (matériel informatique,
équipements, impôts...). Donc le teneur de marché va
essayer déterminer des prix d'achat et de vente de tel façon que
la fourchette puisse couvrir au moins ses coûts de production.
Les déterminants de la
fourchette :
Il existe deux approches qui dépendent du degré
d'aversion au risque du teneur et de l'information.
La première approche développée par
Stoll (1978), Ho (1981) et Biais (1993) prend en compte le
fait que le teneur de marché prend des positions risquées pour
assurer la liquidité des investisseurs. Ceci implique notamment des
coûts supportés par le teneur de marché liée
à une mauvaise diversification de son portefeuille.
Dans ce cas la politique de prix doit dépendre de sa
position et de son degré d'aversion au risque. Parce qu'il est averse au
risque, il va demander une compensation pour exécuter un ordre
d'achat/vente ; l'écart entre la valeur fondamentale et le prix
d'achat-vente est interprété comme une prime de risque.
C'est-à-dire que le teneur de marché fixe des prix d'achat et de
vente d'un tel actif, par rapport à sa valeur fondamentale, de tel sorte
qu'il achète moins chère et il vend plus chère mais avec
un minimum de différence entre le prix achat/vente et la valeur
fondamentale lui permettant de se couvrir contre les risques. Cette prime de
risque est égale à :
V- Bid : à l'achat
Ask - V : à la vente
|
Avec V est la valeur fondamentale du
titre.
Si le teneur de marché dispose d'un stock d'actifs
risqués important, il peut soit :
- Renforcer son exposition au risque : par
exécution d'un ordre de vente (le client vend le titre et le teneur
achète).
- Diminuer le risque : par exécution d'un ordre
d'achat.
En jouant sur les prix achat-vente, le teneur de marché
peut orienter favorablement le flux d'ordre : ceci est effectué
notamment en diminuant les prix d'achat et de vente ce qui augmente la
probabilité de recevoir un ordre d'achat et donc diminuer par là
son exposition au risque ; et en contre partie diminue la
probabilité de recevoir un ordre de vente.
La seconde approche développée par
Bagehot (1971), Glosten et Milgrom (1985), Easley et Ohara
(1987) s'intéresse au fait que le teneur de marché
échange avec deux types d'agents : agents disposant d'information
privilégiée sur la valeur futur de l'actif (agents
informés) et des agents qui réalisent des transactions pour des
objectifs de couverture ou de liquidité (agents non informés).
L'échange avec les agents informés est
coûteux pour le teneur de marché puisque ces agents connaissent la
tendance de la valeur futur de l'actif et le fait qu'il effectuent des
échanges avec le teneur de marché c'est qu'ils sont sûr de
réaliser des gains et le teneur connaît qu'il va perdre.
Lorsque le teneur de marché ne peut pas identifier le
type d'agent (informé ou pas), il est confronté à un
problème de sélection adverse (c'est à dire que lorsque
les agents informés anticipent que le prix va augmenter, ils vont
commencer à vendre et les agents non informés vont acheter et
inversement), donc le teneur de marché doit fixer une fourchette
suffisamment importante pour qu'en moyenne ses pertes sur les informés
soient compensées par des gains sur les non informés.
Pour fixer sa fourchette de prix, un teneur de marché
doit tenir compte non seulement de ses coûts mais aussi des prix
pratiqués par ses concurrents.
I. LE MODÈLE : MARCHÉ DE CONTRE
PARTIE SUR LEQUEL S`ÉCHANGE UN ACTIF FINANCIER DONT LA VALEUR FINALE V
EST ALÉATOIRE :
V = u (avec une probabilité Ï) avec u est la
valeur future de V à la hausse.
V = d (avec une probabilité 1- Ï) avec d est la
valeur future de V à la baisse
L'espérance inconditionnelle de V est : E (V) =
Ï *u+ (1- Ï)*d
|