III.2. Marchés gouvernés par les ordres \
Marchés gouvernés par les prix :
III.2.1. Liquidité :
Dans un marché dirigé par les prix, les prix
d'achat et de vente affichés par les teneurs de marché sont
à exécution immédiate. Cette immédiateté
d'exécution peut être donc sans risque pour l'investisseur.
Dans un marché gouverné par les ordres cet
avantage n'est pas offert aux investisseurs puisque les prix offerts et
demandés ne sont pas des prix d'échange immédiats. Un
investisseur qui place un ordre à cours limité ne se comporte pas
comme offreur de liquidité pour plusieurs raisons :
· La malédiction du vainqueur : un acheteur
risque que son ordre ne sera exécuté que lorsque la valeur
réelle de l'actif devient inférieure au prix offert. Et pour le
vendeur que lorsque la valeur réelle de l'actif devient
supérieure au prix demandé.
· La sélection adverse : un agent peut
profiter de l'information sur la valeur réelle de l'actif pour
réaliser des gains.
· Le risque de non exécution : un ordre
à cours limité peut ne jamais être exécuté
à cause d'une évolution défavorable du marché ou
à cause de l'insuffisance des ordres en sens inverse nécessaires
pour déclencher l'exécution.
La fourchette des prix est un élément
nécessaire pour comparer la liquidité des deux marchés.
En effet sur un marché gouverné par les ordres
la confrontation directe des ordres à cours limité fait que la
fourchette de prix soit plus faible pour deux raisons : les investisseurs
évitent les coûts importants du teneur de marché
(l'intermédiaire) et en plus il existe une forte concurrence entre les
investisseurs plus importante que celle des teneurs de marché.
Sur un marché gouverné par les prix, les teneurs
de marché achètent et vendent les titres sur leur propre stock
d'actif afin d'absorber les déséquilibres entre l'offre et la
demande. Donc les teneurs de marché sont confrontés à des
risques importants ce qui explique une fourchette des prix importante qui peut
couvrir les risques supportés (selon Stoll (1981), Biais
(1993)).
III.3. Marchés centralisés \ Marchés
fragmentés :
III.3.1. Liquidité :
Selon Mendelson (1987) lorsqu'un titre est
négocié sur plusieurs marchés la liquidité de
chaque marché est diminuée parce que le flux d'ordre total pour
le titre est reparti entre chaque marché. Donc la fragmentation du
marché parait peu efficace. En effet, les agents ont
intérêt à diriger leurs ordres vers le marché le
plus liquide. Ce qui renforce la liquidité d'un tel marché et
diminue celle des autres marchés. Ce processus se continue
jusqu'à la disparition de la fragmentation. Selon l'analyse formelle de
Pagano (1989) les agents placent leurs ordres sur le
marché qui a le nombre des participants le plus important, ce qui
augmente la liquidité de ce marché et provoque en même
temps la disparition du marché le moins liquide. Pour assurer leur
existence ces marchés peuvent jouer sur les coûts de transaction.
En effet, certains agents préfèrent échanger sur un
marché peu liquide avec des coûts de transaction faibles alors que
d'autres préfèrent la liquidité même avec des
coûts de transaction élevés.
III.3.2. Qualité du
marché :
L'inconvénient majeur d'un marché
fragmenté par rapport à un marché centralisé est le
risque de déconnexion entre les prix de transaction sur les
différents marchés. Cet inconvénient peut être
évité par l'automatisation qui permet d'échanger
rapidement l'information sur les différents marchés. Mais le
problème posé par la fragmentation est la difficulté de
respecter la règle de priorité temporelle. En effet, sur deux ou
plusieurs marchés, l'exécution des ordres ayant le même
prix peut être effectués sans respecter forcement leur ordre
d'arrivée. L'impossibilité de respecter cette priorité
dans un marché fragmenté peut nuire à la
liquidité.
Conclusion :
A la fin de ce chapitre on peut remarquer que l'organisation
d'un marché financier tient compte de plusieurs dimensions tel que la
transparence, la liquidité, la concurrence entre les
intermédiaires...
Chaque structure de marché diffère de l'autre
selon les avantages et les inconvénients qu'elle peut tirer de ces
dimensions. C'est pour cela on ne peut pas parler d'une structure optimale d'un
marché, mais on peut parler d'une structure plus avantageuse que
l'autre.
Donc la performance d'un marché financier est
liée à sa capacité de définir des dimensions qui
favorisent son équilibre entre l'offre et la demande et réalisent
la liquidité du marché tout en tenant compte des comportements et
des désirs des différents intervenants.
C'est pour cela l'étude microéconomique du
marché dans le prochain chapitre parait nécessaire dans la mesure
où elle permet de modéliser la concurrence entre les
différents acteurs du marché et de trouver les prix qui
déterminent l'équilibre optimal du marché.
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