4.1- Présentation des résultats
Les données recueillies auprès
des différentes composantes de notre étude après
dépouillement et transcription sont présentées dans ce
tableau bâti selon notre modèle de traitement des données.
Ce tableau met en relation les thèmes et les sous-thèmes avec les
hypothèses et la problématique de notre recherche. Il
présente en trois colonnes les thèmes, les sous-thèmes et
les unités de signification que sont les données recueillies et
présentant un intérêt particulier pour le thème de
recherche.
TABLEAU H : RECAPITULATIF DES
RESULTATS DES DONNEES
RECUEILLIES PAR THEMES
ET SOUS THEMES.
THEMES
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SOUS-
THEMES
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UNITES DE SIGNIFICATION (données issues des
entretiens)
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Mission des diverses structures
institutionnelles impliquées dans la
sécurité routière
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CNSR
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Réalisation et mise en oeuvre de la politique de
sécurité routière au Bénin par des mesures de
prévention en vue d'accroître la sécurité des
usagers (éducation routière, formation des usagers, inspection
routière, étude des dossiers d'infractions, inspection technique
des véhicules.
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DGTT
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Chargée de l'organisation, la réglementation, la
surveillance et le contrôle des transports routiers et ferroviaires
à l'intérieur de la république du Bénin :
législation routière, contrôle routier, recherche,
délivrance et le contrôle des titres et autorisations de
transports, perfectionnement et recyclage des usagers.
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Police et gendarmerie
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- Faire appliquer la réglementation routière
- Prévenir et constater les accidents de la
route
- Réguler la circulation routière
- Constater et réprimer les infractions au code
de la route.
- Renseigner les conducteurs et les étrangers
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Compagnie d'assurance
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- prise en charge des risques routiers.
- Respect des dispositions relatives à la mise en
application des tarifs
- Faire face aux sinistres.
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L'application des textes
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Origine des moyens de mise en application
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Les moyens proviennent de l'Etat, nous avons des
activités qui génèrent de l'argent comme les visites
techniques, des frais liés à la production des titres de
transports.
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Stratégies d'application des textes
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Les postes de contrôle sur les voies
La patrouille de surveillance
Les actions de formation et d'éducation
Les examens de permis de conduire
Les inspections routières
Les répressions et les sanctions
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Contrôle et supervision
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Il n'y a pas un corps de contrôle
Contrôle périodique inopiné (police et
gendarmerie)
Les agents sont responsables et conscients de leur rôle.
Même si on est derrière eux ils feront ce qu'ils doivent faire.
Le contrôle ne va pas régler le problème.
C'est une culture citoyenne qu'il faut.
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Contraintes observées
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La grille des sanctions est désuète, ne permet
pas de dissuader les usagers ``kwedjenadou''. C'est leur vain
mot.
Les textes non actualisés deviennent caducs au regard
de la modernisation des infrastructures
L'ingérence extérieure ou des hauts
gradés
Violation des règles par des véhicules
officiels
Influence du politique
Présence des réseaux parallèles
frauduleux d'obtention des titres surtout le permis de conduire.
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Vulgarisation des réglementations
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Dans les auto écoles pour les candidats au permis.
Sur les points de contrôle.
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Les actions de prévention
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Action d'éducation routière
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Sur certains parcs auto (CNSR).
Sur certaines radio et télévisions partenaires
(CNSR).
Pas d'actions éducatives en dehors des autos
écoles (DGTT).
Quelques sensibilisations sur les points de contrôle ou
lors des patrouilles (gendarmerie police)
Nous compagnies d'assurance nous n'avons pas des actions
d'éducation et de sensibilisation mais nous accordons des primes
à la bonne conduite pour certains chauffeurs.
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Actions techniques de prévention
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Travaux de correction de certains panneaux.
Etude et recherche des causes les plus fréquentes.
Détection des points noirs.
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Stratégies
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Sur les radio et télévision.
Sur les parcs
Projection vidéo, contrôles sur les routes
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Contraintes majeures
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Nous avons des doutes par rapport au condition de
déroulement des examens de permis.
Nous avons des difficultés qui sont dues à la
corruption qui a gagné cette maison.
Les permis de nos sont très peu crédibles.
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Les répressions et les sanctions
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Approches utilisées
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Les verbalisations
Les amandes
La fourrière
Le retrait des titres dont le permis de conduire.
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Les résultats obtenus
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Ils sont significatifs. Mais les grilles de sanctions ne
permettent pas de les rendre plus significatifs.
Les textes qui régissent ces grilles sont
dépassés.
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Contraintes et obstacles
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L'incivisme des conducteurs
L'ignorance et l'analphabétisme de certains usagers de
la route.
L'ingérence extérieure qui démotive
l'agent qui s'est gêné pour arrêter un véhicule en
infraction mais qui le revoit repartir par un petit coup de
téléphone ou une petite carte de visite d'un gradé ou
personnage influent. Ils n'ont qu'à cesser.
|
Les relations avec les différentes structures
impliquées
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Les structures institutionnelles
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Chacune d'elle assure ses missions
Actions complémentaires périodiques
Pas d'actions concertées en temps que telle car chacun
connaît son rôle.
Existence parfois des grouilles avec la Direction de la
Sécurité Publique (DSP).
Grouille avec la DGTT surtout en ce qui concerne
l'organisation des examens de permis.
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Les usagers de la route
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Les chauffeurs se prennent comme nos ennemis alors qu'en fait
nous sommes là pour les aider.
Ces gens-là veulent vivre sur les dos des chauffeurs,
ils ne font rien pour nous et au même moment ils réclament
l'argent. Avec le CNSR et la gendarmerie nous connaissons moins de souffrances
mais les policiers sont impitoyables. Ils nous harcèlent et nous
poussent parfois aux accidents.
Les responsables syndicaux au lieu de nous défendre
deviennent nos bourreaux à cause de leurs intérêts
personnels. Ils sont plutôt des syndicats d'exploitation que des
syndicats de défense.
Vous savez au Bénin l'excès de vitesse est la
principale cause des accidents. Ceci est dû à la gourmandise de
certains chauffeurs et propriétaires de véhicules qui veulent
trop gagner, au comportement de certains clients qui sont trop pressés.
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Attitudes et comportement des agents
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Attitudes ..., ils n'ont pas d'autres attitudes que d'assurer
leur mission. Il est vrai que certains usagers cherchent à
négocier avec les agents en leur proposant de l'argent sur les postes de
contrôle. Mais actuellement nous veillons au grain pour décourager
ces comportements.
Vous savez nos agents ce sont des hommes et d'ailleurs qui va
trouver l'argent et refuser. Même toi tu peux refuser...
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Connaissance du code par certaines catégories
d'usagers
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Les piétons
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Moi je vais sur les voies avec les connaissances que j'ai eues
au cours primaire.
Les populations surtout rurales maîtrisent très
peu les dispositions du code de la route.
Ils traversent les voies publiques sans arrière
pensée ; vraiment c'est un problème très
délicat, il faudrait agir dans ce sens.
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Cyclistes motocyclistes
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Vous savez aujourd'hui le grand problème
d'insécurité routière qui se pose dans notre pays et
surtout dans nos grandes villes, c'est l'ignorance total des règles du
code par les conducteurs du taxi moto ; ils roulent n'importe comment et
créent beaucoup d'accidents...
Vous voyez c'est vraiment un problème, nos voies sont
trop exiguës et l'incivisme pousse les béninois à occuper
les passages pour piétons. Ce sont des lieux de commerce.
Les bandes cyclables sont mal bâties, ce qui est sur la
voie de Porto-Novo est un couloir de la mort.
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Education routière dans les programmes
d'étude
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Au Bénin, en dehors du CE1 il n'y a plus des aspects du
programme scolaire qui tiennent compte de la sécurité
routière.
Depuis un certain temps nous au CNSR nous
réfléchissons à comment faire pour que dès le bas
âge c'est-à-dire à partir du cours maternel, que l'enfant
soit en contact avec des connaissances sur les règles de
sécurité routière ; ce qui va faciliter sa formation
à la longue. Les travaux de réflexion sont donc en cours et d'ici
peu ce serait une réalité.
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Difficultés et obstacles
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Difficultés
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Nous rencontrons ici des difficultés financières
et matérielles.
Le personnel est insuffisant et nous ne disposons pas
d'effectifs pour assurer notre mission convenablement.
Certaines structures impliquées ignorent parfois les
missions de l'autre ; ce qui crée beaucoup de difficultés
aux chauffeurs.
Ici nous assistons à trop d'interférence et la
recherche des faveurs par certains.
Le manque d'infrastructure routière dans les zones
rurales occasionne les surcharges (insuffisances de moyens de transports).
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Obstacles
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L'incivisme des usagers de la route.
L'ignorance du code de la route.
Certaines méthodes sont dépassées, les
textes désuets.
Le système de permis très peu
crédible.
L'analphabétisme des populations est un obstacle
à l'atteinte de bons résultats.
La non implication des autorités locales constitue
aussi un obstacle.
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Propositions et suggestions pour l'amélioration
de la sécurité routière
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Pour que la sécurité routière soit une
réalité au Bénin, il faut une action partagée, que
chacun se sente concerné par la cause de la sécurité
routière.
J'invite tous les citoyens de ce pays à un engagement
car en assurant la sécurité à l'autre on assure
soi-même.
Je pense qu'il faut une loi pour rendre les textes plus
modernes et corser les sanctions.
Impliquer les usagers de la route aux actions de
prévention car ils sont les premiers concernés.
Je pense qu'il faut revoir la formation des moniteurs dans nos
autos écoles ou même limiter l'ouverture de ces écoles.
Il faut exiger des chauffeurs une visite médicale
périodique.
Il faut impliquer toutes les radios et
télévisions pour des émissions interactives
d'éducation routière.
L'autre aspect c'est la formation des taxi motos
(zémidjans). Il faut exiger d'eux un permis de conduire mais un permis
sincère (propre).
Pour ma part je pense qu'il faut aussi impliquer des
sociétés d'assurance dans les actions de prévention.
Je souhaite vivement que les réflexions en cours
aboutissent rapidement pour que l'éducation routière soit une
réalité dans les programmes de formation au Bénin de la
maternelle jusqu'à l'université comme ce qui se fait dams
certains pays.
.
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Il faut limiter les ingérences politico administratives
et assurer une bonne formation des conducteurs car tout part du permis de
conduire
C'est très important.
Je souhaite pour ma part que le code soit traduit dans les
principales langues du pays et sa vulgarisation par une implication des
autorités locales : les maires, les chefs d'arrondissement et les
responsables des centres d'alphabétisation.
Immobiliser les véhicules dont le cadre technique
n'est plus adapté à la circulation routière.
Revoir la durée de formation dans les
auto-écoles.
Revoir la qualification des directeurs d'auto-écoles
Ouvrir des centres dans les communes pour la formation et le
recyclage obligatoire des conducteurs.
Il faut aussi un engagement politique en plus de la
volonté politique qui commence à être au rendez-vous.
|
4.2-Analyse et interprétation des
résultats
4.2.1- la mission et les stratégies des
différents acteurs collectifs ayant en charge la sécurité
routière.
L'objectif global de notre recherche est de parvenir au bout
du processus à analyser, les stratégies utilisées par les
divers acteurs impliqués dans la mise en oeuvre des politiques de
prévention des accidents de la route. Cependant pour des raisons d'ordre
pratique, cet objectif global a été divisé en des
objectifs spécifiques. Ceci nous a permis d'approcher les diverses
composantes de la politique de prévention des accidents de la
circulation.
De l'approche pragmatique du fonctionnement des diverses
structures impliquées dans la prévention des accidents de la
circulation, il ressort que chaque structure assure sa part de
responsabilité dans la chaîne de sécurité
routière.
4.2.1.1- La Direction Générale des
Transports Terrestres
La Direction Générale des Transports Terrestres
(DGTT) est chargée au Bénin de l'organisation, la
réglementation, la surveillance et le contrôle des transports
routiers et ferroviaires. Dans ce cadre, elle participe à la mise en
oeuvre des politiques de prévention des accidents de la route. Ceci
s'observe à travers les missions de gestion des transports, de la
législation routière, de la délivrance et le
contrôle des titres et autorisation de transport, de l'agrément
des autos-écoles et le contrôle de leurs activités etc...
Cette direction de part ses attributions apparaît comme le pivot du
transport terrestre. Mais, de nos entretiens avec les responsables et certains
agents de cette structure, il ressort pour la plupart qu'il reste encore
beaucoup à faire pour la Direction des Titres de Transports.
Le permis de conduire montre que le titulaire sait conduire,
mais il doit et surtout être la preuve que le conducteur maîtrise
le véhicule de la catégorie dont il est détenteur du
permis de conduire. Cependant les enquêtes ont
révélé que la qualité de l'organisation des examens
de permis est douteuse. Les usagers obtiennent le permis de conduire sans avoir
la maîtrise du véhicule ce qui entrave toutes les actions des
autres structures impliquées telles que le Centre National de
Sécurité Routière.
Ainsi donc, la nécessité pour cette Direction de
renforcer l'organisation et la supervision des examens du permis de conduire
s'impose comme un impératif de premier rang. A en croire aux dires de
certains responsables interviewés, aucune action de prévention ne
peut aboutir si le premier titre autorisant l'usager de prendre le
véhicule et de se mettre sur la route n'est pas crédible.
Quant à la Direction des Etudes, de la
Réglementation et du Contrôle, la plupart des réponses
accordées à nos interviews montrent que cette direction n'est pas
connue. Elle ne fait pratiquement rien qui prouve son existence sur le terrain.
Elle n'a pas connaissance des irrégularités qui s'opèrent
sur les routes pour pourvoir légiférer en conséquence.
Elle n'est pas toujours au courant des contraintes observées sur
certains réseaux routiers par les chauffeurs ou autres usagers de la
route.
Il est à noter aussi que cette structure n'a pas des
mécanismes convenables pour organiser des séances de
sensibilisation et d'information en vue d'amener tous les acteurs du transport
routier au respect du code. Car pour certains usagers interviewés, les
textes ne sont pas connus du grand public. De même, ces textes n'existent
pas dans nos langues nationales alors qu'il existe la Direction de
l'alphabétisation au Bénin.
Au niveau du Centre de formation et des Directions
régionales, de nos entretiens avec les tiers, il ressort que tous les
acteurs du transport routier ne connaissent pas leurs droits et leurs
obligations ; il en découle que le Centre à charge la
formation des acteurs de transport n'accomplit pas bien sa mission.
La plupart des réponses accordées à nos
interviews montrent que les attentes du public en matière
d'éducation routière, n'ont pas encore été
comblées. Les entretiens avec les responsables de cette structure
révèlent que les formations à donner aux moniteurs
d'auto-écoles et les recyclages à faire aux chauffeurs tardent
à devenir une réalité.
Pour ce faire, à en en croire certains responsables et
conducteurs interviewés, il faudrait impliquer les autorités
locales afin de pouvoir quadriller toute l'étendue du territoire. La
formation des usagers reste et demeure un objectif fondamental dans tout
processus de réduction et de prévention des accidents de la
route. Au total, les actions de la DGTT manquent de visibilité à
plusieurs niveaux. En effet, cette direction ne dispose pas d'une bonne
politique de communication en matière de sécurité
routière. De même, la formation, le recyclage et le test de
conduite manquent de crédibilité. Enfin l'inexistence d'une
politique de recherche et les problèmes liés à la
réglementation et leur application sont des germes de
l'inefficacité des actions de cette structure.
4.2.1.2- Le Centre National de Sécurité
routière
Le Centre National de Sécurité Routière
(CNSR), chef de file de toute la chaîne de sécurité
routière, a pour missions la réalisation et la mise en oeuvre de
la politique de Sécurité Routière au Bénin par des
mesures de prévention en vue d'accroître la sécurité
des usagers. A cet effet, il est chargé de réglementer et de
légiférer en matière de sécurité
routière, d'éduquer, d'informer et de sensibiliser les
populations en matière de sécurité routière
notamment dans les établissements scolaires. Il assure également
l'inspection technique des véhicules, l'inspection routière et
l'étude des dossiers d'infractions au code de la route et autres
réglementations.
Des réponses des enquêtes menées, il
ressort que ce centre n'assure pas encore efficacement ce rôle qui lui
est dévolu. En effet, il fournit des efforts à en croire aux
réponses fournies par les responsables interviewés, pour
éduquer les usagers de la route à un changement de comportement.
Certes, les stratégies utilisées sont loin d'atteindre l'ensemble
des usagers de la route. En dehors de quelques actions de sensibilisation
organisées de façon périodique sur les parcs auto, avec
les supports comme les projections de films, cette structure en partenariat
avec certaines radios publiques et communautaires, organise des
émissions d'éducation en direction des populations. Mais, ces
actions ne couvrent pas toutes les localités du pays. Depuis sa
création, le CNSR n'est pas encore parvenu à assurer l'essentiel
des missions qui lui sont assignées surtout en ce qui concerne
l'éducation routière dans les écoles.
Pour certains usagers interviewés, le CNSR participe
à la réduction des accidents de la route. Cependant, les actes ou
les tentatives de corruption qu'on constate lors des visites techniques,
entravent considérablement l'efficacité des actions de
prévention de cette structure.
Pour certains responsables du CNSR, le renforcement de la
volonté politique en matière de sécurité
routière est une condition fondamentale aux succès des actions
dans le domaine. C'est pourquoi le financement de base des actions de
sécurité routière au Bénin est
préconisé. Toutefois, l'aide internationale est souhaitée
pour le renforcement des actions et pour des objectifs spécifiques. Elle
est source d'intérêt pour l'élargissement du partenariat.
De plus, certaines actions menées par le CNSR n'aboutissent pas à
cause des contraintes qu'engendrent en amont d'autres structures
impliquées telles que, la Direction de la Sécurité
Publique et surtout la Direction des Titres et Transport qui autorise parfois 6
places assises dans les véhicules à 5 places assises pour le
constructeur.
Ces situations montrent à quel point l'inexistence d'un
cadre de concertation en dehors de la commission interministérielle de
retrait de permis de conduire entrave l'efficacité des actions. Ces
dernières années, d'aucuns s'interrogent sur l'incidence des
programmes d'éducation et de formation et l'on cherche à
définir des méthodes pour les évaluer. Mais force est de
constater que les actions du CNSR ne font pas l'objet d'une véritable
évaluation, évaluation qui devrait permettre de réorienter
les méthodes et les stratégies déployées. De
même, il n'existe pas un corps de contrôle au sein des structures
du centre, qui pourrait permettre de décourager les agents
indélicats qui travailleraient pour leurs intérêts
personnels.
4.2.1-3 Les sociétés
d'assurances
La sécurité routière est une affaire de
toutes les composantes du système de sécurité. Au
Bénin, les enquêtes révèlent que les
sociétés d'assurance, en dehors de la prise en charge très
timide des risques, ne font rien dans le domaine de la prévention.
Malgré les avantages que ces dernières pourraient tirer de la
réduction des accidents sur les routes, elles préfèrent se
livrer à un jeu de concurrence déloyale. Les spots publicitaires
sur les radios, les télévisions et les affiches grand public
pour chanter les mérites de telles ou telles compagnies, sont des
preuves de nos assertions. La façon la plus radicale d'améliorer
la mise en oeuvre des mesures de prévention est d'insérer dans un
programme de sécurité routière une composante
« en gagnant l'implication de tous les acteurs de la chaîne de
sécurité ». Il est donc indispensable que les
compagnies d'assurances soient impliquées dans les actions de
prévention au lieu d'attendre les blessés à soigner et des
familles à dédommager.
4.2.2 - Les stratégies, les pratiques des acteurs
individuels et les contraintes observées.
Au Bénin, les gendarmes et les policiers ont pour
mission de s'assurer si le conducteur détient un permis de conduire de
la catégorie du véhicule qu'il conduit. Ils sont aussi
autorisés à contrôler les autres titres de transport et
prévenir les accidents de la route par des actions de sensibilisation et
d'éducation.
Le contrôle du bon état de fonctionnement du
véhicule, de l'usure pneumatique, du fonctionnement de l'essu - glace,
des feux clignotants, des phares, relève de leur compétence. Ils
peuvent également contrôler les débordements pouvant
gêner les autres véhicules etc.
De nos enquêtes il ressort que ces agents chargés
des contrôles routiers, loin de se limiter à la mission qui est la
leur et qui donne lieu à des répressions, s'engagent parfois dans
des pratiques illicites, sources des rançonnements.
Sur ces axes routiers, des barrages officiellement
érigés pour garantir la sécurité territoriale,
servent non de poste de contrôle aux agents mais de lieu où ils
s'enrichissent en complicité avec les conducteurs. D'où les
problèmes de tracasserie policière au Bénin.
Dans cette perspective, certaines fautes commises par les
conducteurs (excès de vitesse et surcharges) sont parfois
sanctionnées de façon exagérée alors que d'autres
sont pardonnées à partir des pourboires.
D'autres agents ont révélé l'incivisme
des populations et surtout le phénomène taxi-moto, source de la
grande partie des accidents au Bénin. Ces agents préconisent
l'institution du permis pour tous les conducteurs de taxi-moto, des formations
au niveau local pour tous les chauffeurs, les visites médicales
automatiques et obligatoires pour ces derniers.
Mais au nombre des obstacles qui entravent l'action des
acteurs impliqués dans la sécurité routière, il est
à noter l'ingérence politique et la vétusté de
certains textes.
En effet, plusieurs agents de la police ou de la gendarmerie
ont révélé lors des enquêtes, qu'ils
préfèrent négocier sur place avec les conducteurs, car
bien souvent ils sont découragés par le sort
réservé à certains véhicules envoyés
à la fourrière. Il suffit parfois d'un petit coup de
téléphone ou la présentation d'une carte de visite, pour
que le véhicule arrêté soit rendu sans aucune autre forme
de procès ; d'où le comportement décrié des
agents sur nos routes. Tout porte donc à croire que la
sécurité routière est encore au bout des lèvres et
non dans les pratiques. L'enclavement de certaines localités et
l'inexistence d'infrastructures appropriées, font que certains agents de
sécurité laissent passer les véhicules en surcharges.
Certaines dispositions des textes en vigueur sont
dépassées et doivent être revues au regard de
l'évolution et de la modernisation de certaines infrastructures
routières. En effet, certaines grilles de sanctions appliquées
aujourd'hui ne font plus peur aux conducteurs. Il faut donc revoir leurs
contenus afin de dissuader ces conducteurs dont l'incivisme va grandissant. De
telles données inhibent tous les efforts déployés par les
structures impliquées dans les actions de prévention et profitent
aux agents impliqués dans les actions de sécurité
routière.
Les actions de préventions des accidents de la
circulation souffrent d'un manque de coordination et d'action concertée
de toutes les composantes de la chaîne de sécurité. Tandis
que certains luttent pour fléchir la tendance générale des
accidents, d'autres à la quête du gain facile, développent
des pratiques qui profitent des avantages illicites et individuels. Certains
agents exploitent l'ignorance des usagers et surtout des taxis urbains et
inter-urbains pour s'enrichir.
Si les actions positives de certaines structures sont lisibles
sur le terrain, d'autres structures s'illustrent dans de mauvaises pratiques
que l'ensemble des usagers de la route n'hésite pas à
dénoncer.
Dans ces conditions, les attentes des usagers de la route en
matière de prévention, sont loin d'être comblées. Et
d'ailleurs, cela ne pourrait être autrement car aucun changement
significatif ne s'observe chez les usagers de la route, notamment les
chauffeurs. En effet, ces derniers soutiennent que quel que soit le
degré de l'infraction commise, il n'y a que les agents pour les
régler d'où la nécessité de les corrompre.
L'existence des réseaux parallèles de délivrances des
titres de transport tel que le permis de conduire, est aussi un facteur qui
compromet dangereusement la sécurité routière. Certains
agents se livrent à des visites techniques parallèles dans les
centres de contrôle. En effet, il n'est pas rare de rencontrer des
véhicules qui ont des visites techniques à jour alors que
techniquement, ils ne sont pas conformes à la réglementation en
vigueur. Enfin une politique ou un programme de sécurité devrait
faire l'objet d'évaluation et de suivi à toutes les phases du
déroulement. Mais au Bénin, aucun suivi et évaluation ne
se font dans les diverses structures. Alors que les résultats de ces
évaluations devraient permettre de faire des ajustements
appropriés pour rendre plus efficaces les actions.
Au vue de tout ce qui précède, on conclut
aisément que les diverses structures impliquées dans la
sécurité routière ont du mal à coordonner leurs
actions. Le rôle de chacune d'elle n'est pas véritablement
défini. Ce qui engendre parfois le conflit et le jeu
d'intérêt. Les contraintes liées à la mise en oeuvre
des actions et les stratégies développées par les acteurs
ne sont pas de nature à réduire les accidents de la route au
Bénin. Il importe donc de susciter de nouvelles pratiques,
stratégies et attitudes, tant au niveau des acteurs collectifs qu'au
niveau des agents et des usagers de la route. Elles ont pour noms la
volonté politique, des stratégies concertées
d'intervention, le financement durable de la sécurité
routière, l'éducation et la formation des conducteurs et autres
usagers de la route de même que l'entretien des infrastructures
routières. D'où la formulation des perspectives pour une
réduction durable des accidents de la route au bénin. Il s'agit
des approches et expériences concluantes vécues en cours dans
certains pays développés comme en voie de développement.
Compte tenu de tout ce qui précède et sans avoir
la prétention d'avoir cerné tous les contours des
problèmes posés, l'étude du thème
« Analyse de la gestion des actions de prévention des
accidents de la route au Bénin : stratégies des acteurs et
perspectives» a permis de cerner et de comprendre les
stratégies développées par chacun des acteurs
impliqués.
Perçus aujourd'hui comme une préoccupation
à l'échelle mondiale, les problèmes de prévention
et de sécurité routière qui se définissent
essentiellement en termes d'accidents de la circulation, de préjudices
corporels, matériels, économiques et financières, frappent
l'observateur par l'importance des victimes. La lutte contre les accidents de
la route se pose désormais au Bénin comme un enjeu de
santé publique, une cause d'intérêt national.
Cependant, aucune entreprise humaine ne réussit sans
discipline : les lois et les politiques existent pour réglementer
les activités quotidiennes des citoyens dans le domaine du transport.
Néanmoins beaucoup de difficultés, d'obstacles et de contraintes
entravent les actions de prévention des accidents au Bénin.
En effet, les stratégies et méthodes
développées par les différents acteurs de la
sécurité routière sont sources d'arrangement et des
profits des agents de sécurité. Qu'ils soient publics,
privés ou professionnels, ces acteurs individuels font très peu
preuve du patriotisme en vue d'un travail de qualité. Il est donc urgent
que les recommandations issues de nos travaux soient traduites en actions
pratiques. Que la Direction Générale des Transports Terrestres
veille à l'application effective de la réglementation en
matière de transport, à l'entretien des infrastructures
routières, à la délivrance d'un permis de qualité
sincère et aux actions de recyclages des conducteurs.
Le Centre National de la Sécurité
Routière doit renforcer ses actions par l'adoption des stratégies
nouvelles d'éducation et de formation de tous les usagers de la route.
Qu'il veille à ce que la sécurité routière soit une
réalité dans les écoles et prennent part activement aux
examens de permis de conduire.
Quant à la gendarmerie et la police, elles doivent
développer plus d'actions de prévention et changer d'attitude
vis-à-vis des conducteurs en vue de leur faire respecter les
règlements en vigueur, au détriment des arrangements et du
rançonnement.
Quant aux autres acteurs, les compagnies d'assurance, les
autorités locales, les ONG et les représentants syndicaux, ils
doivent s'impliquer d'avantage dans les actions de prévention
routière. Enfin, la réussite de telles actions au Bénin,
demande le civisme de chaque béninois, la volonté et l'engagement
des différents partenaires du système des transports.
En définitive, le bien-être des
communautés et partant, la régression de la pauvreté, sont
dorénavant assujettis au succès des politiques de
prévention et de sécurité routière. Cette approche
de la question doit être partagée par tous, de sorte que depuis le
sommet de la hiérarchie jusqu'au bas de l'échelle sociale, chacun
se sente responsable du succès des actions de lutte contre ce
fléau inacceptable que constituent les accidents de la route.
Au Bénin comme dans bon nombre de pays africains en
voie de développement, les questions de sécurité
routière revêtent un cachet singulier. Mais, la
réalité du désastre économique, social,
psychologique et environnemental qu'induit ce fléau impose aujourd'hui
que la sécurité routière soit intégrée au
coeur des préoccupations nationales que sont le développement
durable, la santé et l'éducation pour tous, la qualité de
la vie et du bien être social etc., car en définitive
financer la sécurité routière c'est réduire la
pauvreté et participer au développement durable.
Au terme de cette étude nous tenons à
formuler des propositions et des suggestions à l'endroit des acteurs
du monde de la prévention des accidents de la circulation au
Bénin. Nos propositions sont en effet issues des expériences
vécues par d'autres pays. Elles sont des approches proposées pour
surmonter les faiblesses et les obstacles identifiés au niveau des
dispositifs et les actions de sécurité routière au
bénin. Ces perspectives prendront en compte la concertation nationale
des acteurs ; la prévention et l'éducation
routière ; la formation, l'évaluation et le recyclage du
conducteur ; enfin la volonté politique et le financement durable
de la sécurité routière.
Perspectives d'une réduction durable des
accidents de la route au bénin.
Au terme de l'analyse des contraintes majeures qui entravent
le succès des actions de prévention des accidents de la route au
bénin, il apparaît donc que les causes sous-jacentes sont d'ordre
institutionnel, politique, économique que social. Ce mémoire
propose donc des approches et stratégies permettant de surmonter ces
obstacles.
· La concertation nationale des
acteurs
Le problème de l'insécurité
routière devenant de plus en plus aigu, les programmes de
sécurité routière se multiplient, ainsi que les
partenaires publics ou privés, organismes nationaux ou internationaux.
La multiplicité des programmes et d'acteurs se traduit
par une fragmentation des actions de sécurité routière au
bénin. Dans ce contexte, une démarche de concertation nationale
semble être la meilleure approche. Les accidents de la circulation
étant multifactoriels, aussi, est-il important de s'intéresser
à l'ensemble des facteurs, dans une approche globale. Une prise en
considération simultanée de l'ensemble des composantes de la
sécurité routière, dans leur complexité et dans
leur diversité, constitue un signal très fort : elle
témoigne d'une volonté politique certaine, se trouve
par-là même plus lisible par la population et suscite une
meilleure mobilisation des acteurs concernés. Une telle approche est
intrinsèquement liée à la démarche de concertation.
En effet, si l'on associe tous les acteurs à la démarche, il est
essentiel que chaque type d'acteur mobilisé ne se sente pas seul mis
à contribution, ou au contraire, ne sente pas que son domaine
(sécurité publique, éducation nationale, ingénierie
routière, santé publique etc.) est négligé.
L'approche globale suscite en réalité un véritable effet
d'entraînement et une certaine émulation : elle constitue un
facteur indéniable de succès de la politique ainsi
définie, évite les conflits d'intérêt et les
divergences de point de vue.
En l'absence d'une telle concertation, il n'est pas possible
de mettre en oeuvre des actions intégrées. Bien au contraire, on
risque d'assister à une juxtaposition de quelques mesures de
sécurité routière pas toujours cohérentes, peu
rentables d'un point de vue économique et sociale, ne correspondant pas
forcément aux priorités nationales. Ces actions ne s'accompagnant
que rarement de la volonté politique nécessaire au plein
aboutissement des projets. La lisibilité devient alors
nécessaire, y compris pour les responsables et les autorités en
charge de la sécurité routière. Ainsi, ils se retrouvent
à la tête des projets et programmes dont ils ne saisissent pas
toujours les contours, d'autant qu'ils arrivent parfois à se recouper. A
l'ère de la décentralisation au bénin, cette concertation
doit s'élargir au niveau local avec la participation des
autorités locales à la gestion de la sécurité
routière. En effet, il est admis que si de nouvelles mesures d'ordre
sont imposées, sans concertation ni information préalable elles
sont mal perçues, mal comprises et, parfois même, peu
pertinentes : leur mise en oeuvre aura de fortes chances de se heurter
à de grandes difficultés. Le dialogue permet au contraire
d'asseoir la politique envisagée sur des bases plus solides : les
mesures étant expliquées, elles seront mieux comprises, donc plus
acceptables. De plus, le dialogue avec les milieux concernés et surtout
les conducteurs pourra parfois donner lieu à des adaptations des mesures
envisagées ou une certaine progressivité dans leur mise en
oeuvre, afin d'en améliorer l'acceptabilité du fait d'une
meilleure prise en compte des réalités locales et des contraintes
de chacun.
Cette approche produit un effet d'ordre pédagogique au
niveau de certains acteurs. En effet à l'issue de la concertation, les
transporteurs comprennent mieux le pourquoi de telle ou telle
réglementation, l'administration des transports terrestres mesure mieux
la difficulté pour les forces de police et de gendarmerie de faire
appliquer la réglementation et cernent au mieux les contraintes diverses
(financières, économiques, etc.) des chauffeurs et transporteurs.
Chaque acteur repart ainsi avec une vision plus complète et plus
objective des problèmes. La présente approche place donc la
concertation au coeur du processus de définition d'une politique de
sécurité routière, ainsi que sa formalisation par la
création d'un organe de concertation ad hoc où se prendront
toutes les décisions dans la gestion de la sécurité
routière.
· Prévention et
éducation
L'éducation des usagers les plus vulnérables que
constituent les enfants et les adolescents est un véritable
problème d'insécurité routière au bénin. La
notion de "continuum éducatif" signifie que l'on raisonne par rapport
à l'individu, en s'intéressant à chacune des étapes
de sa vie, et selon une approche adaptée à chacune d'elles :
depuis la petite enfance, par la prévention "jeunesse" en milieu
scolaire ou non. L'individu se positionne alors en tant que piéton ou
cycliste. En suite, il faut passer à l'étape d'adolescence,
à l'âge de l'apprentissage de la conduite automobile, à
l'étape particulière de l'épreuve du permis. Enfin tout
le long de sa vie de conducteur ou de piéton, sous une forme "formation
continue" ou de d'un suivi, souvent grâce à des campagnes
médiatiques ciblées ou encore par le biais d'un traitement
particulier des conducteurs coupables d'infractions (entretiens, formations
etc.)
De même, il faut améliorer l'enseignement de la
sécurité routière à l'école d'où la
formation des enseignants, de tous les ordres. La question des jeunes non
scolarisés reste à traiter car ces enfants qui sont souvent dans
la rue, sont les plus exposés à la circulation et donc les plus
vulnérables. En effet, il s'agit de repérer ou d'inventer des
supports mieux adaptés à la communication avec les jeunes
concernés, souvent illettrés. Cette éducation devra
recouvrir à de nouveaux vecteurs :Associations, clubs,
écoles religieuses, radios, musique, théâtres,
télévisions etc....ce model d'éducation peut
déboucher dans les écoles sur la délivrance d'une
attestation ou d'un certificat à la sécurité
routière qui constituerait un critère pour l'examen du permis de
conduire.
· Formation, évaluation et recyclage du
conducteur
Les contraintes et difficultés identifiées
à partir de l'analyse des résultats de l'enquête militent
pour une reforme de la formation et de l'épreuve de permis de conduire
au Bénin. En effet, le permis de conduire est un titre de transport qui
autorise le détenteur à se mettre sur une voie publique. Mais au
bénin les conditions de délivrance de ce titre reste
entourées de mystères. Il faut donc une nouvelle
réglementation pour la création des autos écoles et
décourager à jamais les promoteurs d'auto écoles fictives.
Les acteurs doivent engager une réforme de l'épreuve de permis
tant au niveau de contrôle des connaissances théoriques qu'au
niveau de l'épreuve pratique. En effet, il faut améliorer les
programmes de formations,la durée, les grilles de correction. Au niveau
de l'épreuve pratique, les circuits les situations et comportements de
conduite, les critères d'évaluation doivent être
réformés. Cette réforme doit mieux répondre aux
attentes des populations illettrées, en concevant des supports
adaptés. De même il faut une démarcation entre les agents
chargés de l'inspection des autos écoles et ceux conviés
au déroulement de l'épreuve de permis de conduire.
Enfin, il est urgent de créer des centres de
recyclages obligatoires pour tous les conducteurs. En effet, l'Etat doit
définir un cadre législatif instituant le recyclage obligatoire
pour tout titulaire de permis de conduire à l'issue d'un certain nombre
d'années.
La formation des inspecteurs de sécurité
routière et les moniteurs d'auto écoles doit se faire de
façon régulière en vue d'une harmonisation et d'une
amélioration des connaissances et des pratiques.
· Volonté politique et financement durable
de la sécurité routière
Que la sécurité routière devienne une
priorité politique est la première condition pour réduire
le taux d'accidents ! Les études révèlent que le soutien
des responsables politiques est peut être le plus déterminant pour
la réussite d'un dispositif de sécurité routière.
Et sans cet appui, il est probablement impossible d'engager de
véritables mesures de prévention. En effet, ces responsables sont
en amont et en aval des actions de préventions. Ils découragent
les acteurs parfois par leur intervention pour telle ou telle personne au coeur
d'une infraction routière. Les acteurs doivent mener donc des campagnes
de sensibilisation destinées aux décideurs et devraient porter de
préférence sur, des analyses de coût avantages montrant que
la sécurité routière profite à la
société dans son ensemble. Aujourd'hui, l'Etat, les
collectivités territoriales et les acteurs économiques doivent
faire face à de multiples besoins pressants de la part des populations,
à savoir le développement durable, l'éducation, la
santé etc. pourtant, chacun de ces acteurs doit se convaincre de ce que
les besoins de sécurité routière concourent au
succès de ces politiques attendues. C'est pourquoi dans le cadre d'un
partenariat fédérateur d'énergies, le financement de la
sécurité routière doit être renforcé pour des
actions pérennes et durables.
Nombreux sont les pays à court de ressources et de ce
fait, les financements internationaux sont très recherchés. Si
l'aide internationale est souhaitable pour des objectifs spécifiques et
à titre provisoire, le financement de base d'un programme de
sécurité routière doit être mobilisé au
niveau local. Les crédits alloués au financement de la
sécurité routière au bénin proviennent
généralement du budget ou de dotation de l'Etat et varient d'une
année à une autre, ce qui pose de graves problèmes pour la
poursuite des actions à mener. Par contre, les redevances des usagers
présentent une source stable de financement qui peut d'ailleurs
s'accroître avec le trafic. Cependant nombre d'acteurs interviewés
estiment que le manque des ressources financières est une question
clé, si des ressources étaient disponibles pour
améliorer les routes, doter les services de police d'équipements
et de véhicules et pour financer les programmes d'éducation et de
formation, alors la sécurité routière ferait des
progrès.
Un dispositif efficace de sécurité
routière devant reposé sur une source durable de financement, le
système béninois de financement de la sécurité
routière doit se reposer sur des solutions d'inscrivant dans la
durée. Ce modèle de financement doit prendre en compte le droit
sur les assurances au tiers qui n'est pas encore une réalité au
Bénin. Viennent ensuite la taxe annuelle de sécurité
routière imposée aux propriétaires de véhicules,
une quote-part de droit d'inspection, les redevances des autos-écoles,
les permis de conduire, du fond routier, les redevances sur les carburants et
des amandes de polices. A travers ce modèle, la trésorerie de la
sécurité routière peut-être améliorée.
Toutefois la recherche de financement extérieur peut-être
envisagée pour le renforcement des actions. C'est l'intérêt
de l'élargissement du partenariat avec d'autres structures. Il s'agit
des ONG des organismes d'aide au développement, les
sociétés de construction de routes etc.
Cependant cette chaîne de partenariat ne saurait se
développer sans faire une place au financement de la recherche en
sécurité routière. En effet, la collaboration avec les
universitaires et les chercheurs est indispensable surtout pour la survie et
l'évaluation des programmes de sécurité
routière.
En définitive, la réduction durable des
accidents de la circulation au Bénin passe nécessairement par
outre les perspectives identifiées quatre mots. Il s'agit de la
participation, du financement, de la responsabilité et de la gestion.
Participation dans une optique d'associer tous les usagers de la route pour
amener le public à prendre conscience de l'importance des mesures de
préventions et créer une pression de l'opinion en faveur de la
sécurité. Financement dans le cadre d'un plan de financement
durable du secteur en lui assurant les ressources suffisantes et continues.
Responsabilité pour établir clairement les responsabilités
de chaque acteur de la chaîne. Et enfin gestion afin d'introduire des
pratiques de gestion stratégique dans la mise en oeuvre des actions et
de leur suivie évaluation par des indicateurs objectivement
identifiables. Tout ceci à partir des stratégies d'acteurs bien
intégrées et des modèles d'intervention accordant une
place primordiale à la réussite des actions et non la recherche
de l'intérêt individuel.
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