B- Les arguments économiques en faveur d'une
politique industrielle : Marché et politique industrielle.
Les échecs du marché, en tant que tels, ne
nécessitent pas une politique industrielle. La plupart des distorsions
peuvent être réglées par des réglementations ou, au
contraire, des déréglementations. La politique industrielle peut
cependant être justifiée par deux principes qui ne sont pas
antinomiques du marché :
v L'industrie joue un rôle décisif dans la
croissance nationale. Ce rôle découle de la relation dans les
secteurs industriels entre croissance, investissement et productivité
(loi de Kaldor). On peut considérer l'industrie comme un ensemble
d'activités exerçant des effets externes positifs sur la
totalité des secteurs. Il est dès lors concevable que les
pouvoirs publics subventionnent tout ou partie des activités
industrielles afin de développer leurs effets positifs sur
l'économie sur son ensemble.
v Les effets de la concurrence internationale doivent
être accompagnés par les pouvoirs publics. L'industrie
représente la partie d'une économie nationale qui est le plus
soumise à la concurrence des producteurs étrangers. Les
mouvements de réaffectation des facteurs de production entre secteurs
prennent du temps et ont des conséquences sociales et économiques
trop onéreuses pour laisser au marché seul le soin de les
régler. Les pouvoirs publics sont les gardiens d'une forme de «
cohérence du système productif ».
Cependant la politique industrielle semble tomber en
désuétude dans la période récente, Il faut
cependant noter que la plupart les grandes firmes demandent avec une insistance
croissante une intervention des pouvoirs publics en leur faveur.
C- Les ambiguïtés entourant le principe de
l'intervention de l'Etat :
Au niveau du principe même de l'intervention de l'Etat et
de sa signification, les ambiguïtés sont nombreuses, le domaine de
la politique industrielle étant par excellence celui où les
décalages sont les plus grands entre ce qui se dit et ce qui se fait, et
où les discours se démarquent le plus de la réalité
: n'a-t-on pas souvent les défenseurs ardents du libéralisme
réclamer les aides de l'Etat sous toutes leur formes? Et les partisans
les plus farouches de l'intervention publique ne sont-ils pas devenus les
hérauts de la responsabilité entrepreneuriale ?
Il s'agit là d'attitudes qui renvoient à des
débats de fond et aux diverses conceptions existantes sur le
fonctionnement des sociétés et le rôle attribué
à l'Etat.
Mais si la politique industrielle peut apparaître comme un
cadre d'organisation et de référence de tout un ensemble
d'interventions en quoi consiste-t-elle et quelles sont les difficultés
que suscite sa définition?
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