TITRE I LA PROCEDURE DE L'UDRP : UN MECANISME QUI
PARTICIPE A LA REGULATION DE L'INTERNET
L'origine de la mondialisation se trouve dans les
années quatre-vingts1. Cette période constitue une
période charnière avec l'effondrement de l'empire
soviétique, la chute du mur du Berlin, la libéralisation des
échanges, des mouvements d'intégration, notamment
l'intégration européenne, les progrès technologiques et de
communication. La mondialisation telle qu'on la définit aujourd'hui
s'inscrit dans cette forte accélération des échanges,
notamment financiers, constatée depuis cette période2.
Dans le même temps, ces changements ont correspondu avec des
évolutions du système capitaliste: expansion des entreprises
transnationales; augmentation des flux financiers et commerciaux
internationaux; évolution des techniques de production et de
communication.
La logique de cette mondialisation exige un monde
au-delà de la théorie et des pratiques modernes de la
souveraineté. L'Internet se trouve actuellement au coeur de cette
démarche de mondialisation. Par sa nature transfrontalière,
l'Internet met en cause la conception classique de la souveraineté
westphalienne, ainsi que la théorie de l'Etat et sa capacité
réglementaire par le biais des lois (chapitre i). Dans ce contexte, les
acteurs transnationaux renforcent leur présence dans le monde
numérique en imposant leurs propres normes par les modes alternatifs de
règlement des différends (chapitre2).
1 Dans son article << The end of history>>, apparu
durant l'été 1989, Francis Fukuyama a qualifié cette
période comme la fin de l'histoire: ((The triumph of the West, of the
Western idea, is evidentfirst of all in the total exhaustion of viable
systematic alternatives to Western liberalism. In the past decade, there have
been unmistakable changes in the intellectual climate of the world's two
largest communist countries, and the beginnings of significant reform movements
in both. But this phenomenon extends beyond high politics and it can be seen
also in the ineluctable spread of consumerist Western culture in such diverse
contexts as the peasants' markets and color television sets now omnipresent
throughout China, the cooperative restaurants and clothing stores opened in the
past year in Moscow, the Beethoven piped into Japanese department stores, and
the rock music enjoyed alike in Prague, Rangoon, and Tehran>>.Summer
1989, Revue, The National Interest, disponible sur
http://www.wesjones.com/eoh.htm
(consulté le 15 juin 2007).
2 Pierre DE SENARCLENS, Mondialisation, souveraineté, et
theories des relations internationales, Armand Colin, 1998, p. 71 et s.
Chapitre 1 : De Ia réglementation a Ia
corégulation de I'Internet
Le mot régulation est apparu récemment dans le
langage juridique1. Ce mot ne renvoie pas ni a une notion
précise ni a un contenu flou, par contre, il est partout
présenté. En effet, le mot régulation renvoie aux
pratiques nouvelles qui mettent en cause le modèle classique de la
réglementation étatique. Sous cet ange, la régulation est
perçue comme un mécanisme dessiné a remédier un man
que ou une crise- un man que ou une cirse de la normativité de nos
sociétés: un man que ou une crise de la normativité
sociale ~+. C'est le nouveau pavillon de la normativité: une nouvelle
approche des fonctions et des formes de la normativité: un partit de
souplesse, de réalisme, de compromis affiché et voulu par les
pouvoirs publics ))3.
Autrement dit, la régulation signifie
l'incapacité de la puissance publique a décider et agir
efficacement afin de réguler un phénomène dans un temps
précis. L'internent cristallise évidemment cet état des
lieux. Dans ce contexte, la régulation apparalt comme un moyen de
pallier un déficit de la réglementation étatique
(sectioni) par le biais des nouvelles formes de régulation sociale
(section2).
Section 1: La réglementation étatique face a
la logique de l'Internet
La spécificité de l'Internet réside dans
sa nature transfrontalière, et l'absence d'un contrôle d'une
autorité centrale sur les activités exercées sur la toile.
Ce monde virtuel démonopolisé se heurte a la logique
étatique, limitée par la conception classique de la
souveraineté westphalienne (A). Devant ce défi de la
réglementation étatique, d'autres formes de régulation ont
été émergées et mises en places par les acteurs
privés qui deviennent du fait au ccur du mécanisme de
régulation de l'Internet (B). Le développement de ces nouvelles
formes de régulation privée apparalt effectivement comme un
transfert du pouvoir de réglementation du public vers le privé,
dans un cadre de privatisation relaissées aux plan législatif et
juridictionnel4.
1 Ce mot est transposé du mot anglais regulation. Il peut
se définir comme l' action de régler un phénomène
pour le maltriser dans le temps . Dalloz, Lexiquejuridique, 15e
éditions , 2006, p. 497.
2Gérard TIMSIT, <<La régulation:
La notion et le phénomène >>, RFDP, n°109, 2004,
p.5.
3Yves GAUDEMET, <<La concurrence des modes et
des niveaux de régualtion >>, RFDP, n°109, 2004, p. 13.
4 Fabrizio CAFAGGI, <<Le role des acteurs privés
dans le processus de régulation: Participation, autorégulation et
régulation privée >>, RFDP, n°109, 2004, p. 22-36.
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