Les déterminants de la mortalité infanto-juvénile au Tchad( Télécharger le fichier original )par Tao Vridaou Institut de Fomation et de Recherche Démographiques (IFORD) - Diplôme d'Etudes Supérieures Spécialisées en Démographie (DESSD) 2004 |
I.1.1.4. L'allaitement et aliments de complémentLes pratiques d'alimentation constituent l'un des facteurs de l'état de santé de l'enfant et qui à son tour, affecte la morbidité et la mortalité des enfants. En ce sens, les chercheurs s'accordent à reconnaître que le lait maternel constitue à bien des égards un aliment irremplaçable pour le nouveau-né (de la naissance à 6 mois). En effet, le lait maternel transmet les anticorps de la mère et tous les éléments nutritifs nécessaires aux enfants pendant les premiers mois d'existence. En outre, la qualité hygiénique du lait maternel est une condition préalable. Le lait maternel permet également d'éviter les déficiences nutritionnelles et de limiter la prévalence de certaines maladies telles que la diarrhée et la pneumonie. C'est un facteur crucial pour la santé des enfants âgés de 0 à 6 mois, surtout dans les pays pauvres où les aliments pouvant remplacer le lait maternel sont souvent chers et inappropriés, tant du point de vue hygiénique que nutritif (AKOTO et HILL, 1988). Au Tchad, la durée moyenne d'allaitement était de 22 mois en 1998, de 18,2 mois au Cameroun en 1991 alors qu'elle était de 25,9 mois au Rwanda en 1992 (tableau 4). Le calcul de la moyenne arithmétique simple de la durée moyenne d'allaitement (21.4 mois) sous réserve d'hypothèse de date de référence, on peut dire que les mères Tchadiennes allaitent longtemps leurs progénitures que certaines des pays d'Afrique sub-saharienne (tableau 4). Dans l'une de leurs recommandations, l'OMS et l'UNICEF suggèrent que les enfants soient uniquement nourris au sein jusqu'à 6 mois. Or les statistiques montrent que 2% seulement des enfants de 0-3 mois sont nourris comme le veulent l'OMS et l'UNICEF ; alors que 56% reçoivent de l'eau en plus du lait maternel et 41% d'autres types de liquides ou d'aliments en plus du lait maternel. Ainsi les 1% des enfants sont non allaités au sein. L'allaitement au sein par son intensité et par sa fréquence, prolonge l'infécondité post-partum et par conséquent, affecte l'intervalle entre naissances, il influe sur le niveau de fécondité. La bonne alimentation de l'enfant et l'allaitement maternel en particulier dépendent en grande partie des facteurs nutritionnels de la mère. Tableau 4 : La durée moyenne6(*) d'allaitement de quelques pays d'Afrique sub-saharienne
Source : Rapport d'enquête démographique et de santé au Tchad, 1998 En ce qui concerne l'alimentation de complément, l'OMS souligne qu'à partir de 6 mois le lait maternel ne suffit plus pour assurer la bonne croissance possible de l'enfant, d'où la nécessité d'introduire à cet âge des aliments solides de complément dans l'alimentation de ce dernier. L'alimentation de complément des enfants au-delà de six mois doit comprendre les farines, les légumes, les oeufs, les viandes, les fruits, etc. Lorsque l'alimentation de complément est pauvre7(*), l'enfant est exposé à des risques élevés d'infections qui peuvent être mortelles. Les enfants mal nourris ou sous nourris (selon les indices anthropométriques8(*)) sont en situation de faiblesse physique qui favorise les infections qui, à leur tour, influent sur les risques de décéder. Selon les terminologies internationales (NCHS/CDC/OMS), 40% des enfants Tchadiens sont en dessous de la médiane de la population de référence (à moins 2 écart type), ils soufrent de la malnutrition chronique qui est une cause de la mortalité des enfants. La malnutrition tue souvent par le canal des maladies telle que le kwashiorkor9(*) ou le marasme du fait de l'affaiblissement du système immunitaire qu'elles provoquent. Il ressort de l'EDST, 1998 que 40% des enfants tchadiens souffrent de la malnutrition chronique. Pour pallier ce problème d'alimentation des enfants, les efforts des autorités doivent être orientés vers le renforcement des équipements et matériels nécessaires aux interventions nutritionnelles ; la communication pour le changement de comportement en matière de nutrition ; le suivi et évaluation des interventions nutritionnelles. * 6 La durée moyenne s'obtient en divisant la prévalence d'un événement par son incidence. L'événement ici est l'allaitement, la prévalence est le nombre d'enfants que les mères sont encore en train d'allaiter et l'incidence est le nombre moyen des nouveaux nés par mois. * 7 Les aliments de complément pauvres sont ceux qui ne contiennent pas de vitamine A, ni le fer, l'iode et protéino-énergitique. * 8 Les indices anthropométriques sont calculés à partir de l'âge, taille et poids de l'enfant. * 9 Le kwashiorkor est un mot d'origine Ghanéen qui signifie une dénutrition grave par insuffisance en protéines. |
|