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L'alternance démocratique en afrique subsaharienne : cas de la république de guinée de 1990 à 2020


par Abdallah Moilimou
Université General Lansana Conté de Sonfonia/Conakry  - Diplôme de Master 2  2020
  

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CHAPITRE III : LE MULTIPARTISME ET L'ALTERNANCE AU POUVOIR EN

REPUBLIQUE DE GUINEE :

Section 1 : La naissance des partis politique en Guinée

En dépit de la controverse entre les auteurs sur le lieu précis et la date précise de la naissance du phénomène partisan, il faut noter que ce soit en Afrique ou ailleurs, la naissance et le développement du phénomène partisan est lié à la naissance de la démocratie et à l'introduction du suffrage universel au XIXe siècle26. Plusieurs études corroborent cette idée. Par exemple, Ostrogorski, dans son oeuvre, ? Démocratie et organisation des partis politiques?, argue que l'émergence des partis politiques en Angleterre et Etats-Unis s'explique par le développement de la démocratie et l'apparition du suffrage.

Quant à Maurice Duverger, il situe l'origine du phénomène partisan en occident à partir de la seconde moitié du XIXe siècle. Pour cet auteur, les partis politiques, au sens moderne du terme, sont apparu en Amérique en 1850. Il argue aussi qu'avant cette date, tout ce qui a existé dans les autres sociétés n'était que des clubs politiques, des associations de pensée, des groupes parlementaires. Dans la même logique que ses prédécesseurs, il soutient que l'essor des partis politiques modernes est lié au développement de la démocratie et à l'existence du suffrage universel.

Dans le cadre de l'Afrique noire, il est utile de noter que c'est avec la démocratisation partielle des régimes coloniaux que le phénomène partisan s'est rependu partout en Afrique au sud du Sahara. Il est également utile de souligner qu'entre 1945 et 1968, plus de 148 partis politiques sont établis sur le continent africain. L'existence des partis politiques était nécessaire à partir du moment où les peuples se voyaient attribuer le droit de vote. Sur ce, on peut situer l'origine du phénomène partisan en Afrique au lendemain de la seconde guerre mondiale. A partir de ces remarques, on peut déduire que le phénomène partisan en Guinée tout comme ailleurs en Afrique est lié à l'introduction du suffrage universel et au développement de la démocratie.

Cependant, si nous disons avec certitude que la création des partis politiques en Afriques est le résultat de ce que nous appelons démocratisation partielle des régimes coloniaux, suivre ce

26 Elleinstein, « Réflexions sur le marxisme, la démocratie et l'alternance », Revue Pouvoirs, Paris, Alman Colin, 1977, pp.73, 74 et 84.

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schéma évolutif, peut cacher certaines réalités importantes de l'histoire du phénomène partisan en Afrique27. Il s'agit notamment de leurs origines.

Ainsi, une étude très détaillée de l'histoire coloniale de l'Afrique occidentale réalisée par Albert Adu Boahen, certifie de l'existence dès après la première guerre mondiale d'un nombre important d'associations, de clubs, de sociétés ethniques, littéraires, d'assistance sociale, de jeunesse. `'L'entre-deux-guerres vit se constituer, dans beaucoup de pays d'Afrique occidentale, en nombre toujours croissant, une foule d'associations, de clubs, de sociétés (ethniques, d'assistance sociale, littéraires, d'anciens élèves, bénévoles et de jeunesse)».

Cependant, il atteste que durant la période allant de 1919 à 1935, il y a eu un manque relatif d'activités politiques, nationalistes et syndicales dans les colonies de l'Afrique occidentale française (AOF) par rapport aux colonies Britanniques. Selon lui, cet état de fait dans les colonies françaises, dépendait d'une part, de `'l'attitude plus restrictive de la France à l'égard des activités et organisations politiques africaines, et (d'autre part), à l'absence en Afrique occidentale française d'une presse vigoureuse comparable à celle de la Sierra Léone, de la Gold Coast et Nigeria».

Dans le cadre des colonies de l'Afrique occidentale française, il montre que l'essentiel des activités politiques, nationaliste ou syndicales s'est déroulé à paris entre 1924-1936 ; Elles furent marquées par la fondation de la ligue universelle pour la défense de la race noire en 1924 à Paris, en suite, la création du comité de la défense de la race nègre qui sera plus tard rebaptisé ligue de la défense de la race nègre. En plus de ces organisations, il faut signaler aussi que la ligue des droits de l'Homme (organisation humanitaire française) avait des sections dans beaucoup de colonies françaises. Et, ces sections servaient par manque d'activités politiques, des instruments de contestation de l'administration coloniale. Mais, pour le cas de la colonie de la Guinée, il est utile de noter qu'il n'a existé presqu'aucun mouvement à caractère politique ou syndical vif dans la période de l'après première guerre

27 Boahen Adu, « La politique et le nationalisme en Afrique occidentale, 1919-1935, », Histoire générale de l'Afrique: vol. VII, édition abrégée, Paris, UNESCO/Présence africaine, 1998, pp. 427-441.

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mondiale.28 Tout semblait à l'époque comme si les Guinéens étaient favorables au joug colonial. Selon Ibrahima Baba Kaké, Emmanuel Mounier, après un voyage à travers le continent noir, écrivait en 1948 : « Arrivée en Guinée, vous cherchez le problème guinéen. Vous ne trouvez rien... Vous vous apercevez alors pourquoi la Guinée est si reposante au terme d'un long voyage dans l'outrance africaine. C'est un pays sans obsession. Pas d'agitation sociale, pas d'agitation politique. Il existe un grand parti guinéen. N'en entend vous pas un nom de bataille : il s'appelle l'union franco-guinéenne. Son personnage dominant est un homme raisonnable et pondéré, que tout le monde estime. M. Yacine Diallo. Les élections se-sont déroulées avec une absence monotone d'incidents. Comme disait son gouverneur, il n'y a qu'une exubérassions en Guinée : la pluie pendant l'hivernage ».

Cette brève description de la Guinée par Mounier au lendemain de la seconde guerre mondiale, certifie davantage l'idée de l'inexistence d'activités partisanes après la première guerre mondiale. Pour emprunter l'expression d'Ibrahima Baba Kaké, la Guinée était comme : «la belle ou bois dormant».

Cependant, bien qu'il n'y avait pas des mouvements vifs en Guinée à cette époque, il faut signaler qu'avant la seconde guerre mondiale et même après la guerre, il existait en Guinée des organisations et organisations d'entraide cantonale, des clubs politiques, des associations ethnies. Mais, ces organisations n'avaient aucune vision politique dans leur programme. Car elles évitaient à tout moment de rentrer en conflit avec l'administration coloniale. L'article 14 du statut de l'amicale stipulait : «Dans toutes les activés de l'amicale, les discussions politiques sont interdites». La Guinée ne va se réveiller de son sommeil partisan que quelques années après la seconde guerre mondiale.

Ainsi, en Guinée, on assiste d'abord à la création des organisations à caractère régional comme l'union de la basse côte, l'union de la Guinée forestière, l'union manding, l'amicale Vieillard Gilbert ; ensuite des mouvements syndicaux comme le syndicat des professionnels des gens et sous agents indigènes du service de transmission de Guinée, l'union des syndicats confédérés de Guinée ; enfin des partis politiques comme le PDG/RDA, le BAG, l'union franco-guinéenne de Yacine Diallo, le parti progressiste africain de Guinée. Dans un premier temps, ces partis étaient considérés comme l'extension des partis métropolitains. Nous avons

28 Ibrahima Baba Kaké, « Partis politiques et processus de transition démocratique en Afrique noire : Recherches sur les enjeux juridiques et sociologiques du multipartisme dans quelques pays de 1 'espace francophone », Paris, Editions Publibook, 2006, p.773-774

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par exemple l'affiliation du PDG/ RDA au parti communiste français, de l'union franco-guinéen au parti socialiste français. Ensuite, ils rompirent avec ces derniers en recourant à leurs autonomies.

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