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L'alternance démocratique en afrique subsaharienne : cas de la république de guinée de 1990 à 2020


par Abdallah Moilimou
Université General Lansana Conté de Sonfonia/Conakry  - Diplôme de Master 2  2020
  

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Section 2 : Rupture et réintroduction du multipartisme en Guinée

A la veille des indépendances, la guinée était un pays multipartite29. En effet, avec les réformes politiques introduites dans les colonies au lendemain de la deuxième guerre mondiale, on assista à une activité partisane en Guinée comme ailleurs en Afrique occidentale française. En Guinée à la faveur de ces réformes, on assista premièrement à la création des organisations régionalistes, ethniques, ensuite des organisations syndicales puis des partis politiques.

Au niveau politique, plusieurs partis politiques furent créés. Nous avons par exemple l'union franco-guinéenne de Yacine Diallo, le parti progressiste africain de Guinée, l'union démocratique africaine de Lamine Kaba, le parti socialiste de Guinée, le parti démocratique guinéen. Mais, à cause des considérations ethniques, régionalistes dominantes, ces partis ont été marqués par une grande division entre eux. Lors des élections législatives et territoriales, chaque ethnie s'épuisait dans la constitution de listes de candidature sur la base communautaires, régionales.

Chaque association ethnique désirait choisir un représentant à elle. Ainsi, l'absence d'une plate-forme politique cohérente, le repliement des responsables politiques sur leurs communautés, l'absence d'organisations politique unique capable de mobiliser les masses constituaient l'une des causes de leur échec partiel. Mais, jusqu'à la veille de la chute du mur de Berlin en 1989, la Guinée n'était pas à proprement dit un pays pluraliste. La scène politiques guinéenne est restée dominée de 1958 à 1984 par un seul parti, en l'occurrence le parti démocratique Guinée (PDG). Après la mort de son président, le pays fut conduit par une junte militaire, le comité militaire de redressement national qui en était le seul maitre.

En effet, dans son oeuvre intitulé «L'avènement du parti unique en Afrique noire'', le professeur Ahmed Mahiou certifie qu'en 1958, il y avait une soixantaine de partis politiques dans les 15 pays de l'Afrique subsaharienne. Mais, il note aussi que dès 1946, ce nombre

29 Bangroura Dominique, « De quel État et de quel régime politique parlons-nous ? », décembre 2003, Paris, L'Harmattan, 2004, pp. 29-38.

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avait baissé à 20 parmi les premiers pays africains à adopter le système de parti unique, figue la Guinée, la Centre-Afrique. Alors, à la lumière de ce qui est dit ci-haut, il faut se poser la question de savoir comment des pays comme la Guinée où régnait le multipartisme à la veille indépendances, ont-ils débouché sur des régimes de partis uniques ?

En effet, cette situation est l'aboutissement d'un processus historique et politique dans les Etats qui l'ont expérimenté. En Afrique, ce processus a commencé sous le signe du multipartisme, remplacé par le bipartisme (dans certains pays) et le parti unifié (dans d'autres). Effectivement, la situation sociopolitique qui prévalait dans certains pays africains au lendemain des indépendances, justifiait des comportement ou actes allant dans le sens de l'établissement de l'union nationale. Personne n'était censé ou jugeait sage d'aller contre l'indépendance acquise, contre l'unité nationale.

Par ailleurs, il est utile de souligner aussi qu'au fond, l'avènement des régimes de partis uniques en Afrique et particulièrement en République de Guinée découlait d'un souci de conversation du pouvoir des nouveaux responsables. En effet, ne voulant pas céder le pouvoir, ces derniers ont opté pour une stratégie d'exclusion de tout concurrent afin de demeurer le seul maitre du jeu politique. Ainsi, on a procédé dans un premier temps à l'établissement des partis dits' 'unifiés½ (lorsque l'ensemble des partis politiques ont accepté de s'associer autours d'un programme commun dans un même gouvernement). Plus tard, le parti unique s'est imposé lorsque les partis membres de la coalition ont perdu leurs identités. De même, Lancinet Sylla remarque que l'établissement des systèmes de parti unique en Afrique noire s'est opéré trois méthodes : des procédés juridiques ou institutionnels, politiques et autoritaires.

Si les procédés politiques ont suivi le schéma que nous avons décrit ci-haut, les procédés juridiques et institutionnels ont consisté en un renforcement du parti gouvernemental face aux paris minoritaires et les acteurs politiques. Mais, il faut noter que la réussite de ce procédé dépendait beaucoup du charisme du leader au pouvoir. Par exemple contrairement à beaucoup d'auteurs qui prétendent que l'unicité et la longévité du régime du PDG de Sékou Touré s'explique par l'oppression et le culte de personnalité de ce dernier, nous certifions ici, sur la base de témoignages nombreux et concordant, que c'est la réussite du leader du PDG à bien communiquer son idéologie à ses militants et la volonté délibérée des responsables des autres

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partis politiques à oeuvrer avec le PDG à la veille du référendum de 1958 qui explique son influence sans conteste jusqu'en 1984.30

Le contexte de la guerre froide représenté aussi facteur important dans l'explication de l'avènement et la longévité du règne de la plupart des régimes de partis uniques. Par exemple, Issiaka, atteste que le régime du PDCI-RDA de Félix Houphouët-Boigny a pu résister aux multiples vicissitudes du temps grâce au soutien permanent de la France au nom de la solidarité idéologique et des considérations géostratégiques et économiques.

Par ailleurs, avec la disparition naturelle du président de la république, Sékou Touré le 26 mars 1984, se posa la question de sa succession constitutionnelle. En effet, selon l'article 51 de la constitution de 1982, `'En cas de vacance de la présidence pour quelque cause que ce soit, le gouvernement révolutionnaire reste en fonction pour expédier les affaires courantes jusqu'à l'élection d'un nouveau chef d'Etat dans un délai de 45 jours, au cours desquels les élections présidentielles sont organisées».

Mais, cette disposition présente des insuffisances liées à son interprétation. Elle ne désigne pas explicitement de successeur constitutionnel du président de la république. A partir de ce moment, se manifeste plusieurs protagonistes pour assurer l'intérim du président. Néanmoins, le premier ministre assura l'intérim 26 mars au 3 avril 1984.

Conscient de la faiblesse juridico-institutionnelle caractérisée par un texte constitutionnel flou et un parti d'Etat dont l'organisation et le fonctionnement dépendait du ressort de son chef, il était certain que la guerre de succession sera déclenchée. Ainsi, un groupe de militaires à sa tête certain Lansana Conté, profite pour prendre le pouvoir à la suite d'un coups-d `Etat sans effusion de sang. Ce coups-d `Etat mettait fin à 26 ans de règne du PDG et marquait le début d'un régime militaire.

L'ouverture politique ou la réintroduction du multipartisme n'est intervenue en Guinée qu'au début des années 1990. En effet, c'est suite à la contestation de l'opposition rentrée de l'exile contre l'article 95 de la loi fondamentale du 23 décembre 1990 qui limitait le nombre de partis politiques susceptibles d'être constitués à deux, qu'est intervenu en 1991, une loi organique, la loi organique L/9/003/CTRN du 23 décembre 1991 instaurant le multipartisme intégral ou sans limite de nombre en Guinée. Dès lors, la scène politique guinéenne s'enrichit aussi de

30 Sylla Lancine, « Tribalisme et parti unique en Afrique noire », Abidjan, Presse de la fondation nationale de science politique, 1977.

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plusieurs partis politiques. En 1992 déjà on compte presqu'une quarantaine de partis politiques légalisés. Aujourd'hui, nombre s'élève à plus de deux-cent paris politiques. Sur ce, quel est l'impact des partis politiques guinéens dans le processus démocratique amorcé depuis 1990 par Lansana Conté ?

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