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L'alternance démocratique en afrique subsaharienne : cas de la république de guinée de 1990 à 2020


par Abdallah Moilimou
Université General Lansana Conté de Sonfonia/Conakry  - Diplôme de Master 2  2020
  

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Section 5 : Les particularités du système politique en République de Guinée

D'une manière générale, au lendemain des indépendances, les pays de l'Afrique occidentale n'affichaient pas un monopole juridique du regroupement des électeurs. Lorsque la constitution contient une disposition relative aux partis politiques, la disposition ne consacre pas le monopole du parti au pouvoir.

En République de Guinée par exemple, même si l'article 40 de la constitution de 1958 garantissait la liberté d'association, de réunion et de formation de partis politiques autres que le P.D.G, il faut admettre que Sékou Touré, dans un entretien avec un journaliste Danois en 1960, n'a pas manqué d'afficher sa volonté favorable à la création de partis politiques différents du sien (P.D.G.). Il souligne, je cite « Si certains le désirent, qu'ils fondent un parti communiste Guinéen. Mais, le nouveau pari doit se définir dans le sens de l'intérêt majeure de la nation ». Selon Seydou Madani Sy, le président Sékou Touré est allé jusqu'à avouer sa disponibilité à apporter son aide au nouveau parti dans son implantation en mettant à sa disposition les moyens nécessaires à son développement. Tout en se réservant de porter un jugement sur cet engagement de Sékou, nous certifions que la réalité du monopole du parti au pouvoir n'était pas posée en droit.

C'est-à-dire, l'établissement du régime de parti unique n'était pas un fait constitutionnel. Cependant, dans les faits, il en était autrement. En effet, il était à peu près inacceptable qu'un

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nouveau parti émerge en opposition au parti démocratique Guinéen dans la mesure où ce dernier était déjà identifié et confondu avec le peuple dont il croyait incarner les aspirations les plus profondes, détenir ses destinés, d'être sa pensée collective et le gardien de sa volonté. Lors d'un meeting, Sékou Touré ne tarde pas à faire comprendre implicitement aux Guinéens qu'il ne saurait y avoir qu'un seul et unique maitre lorsqu'il annonce : `'... le parti impose sa dictature comme un conducteur impose sa dictature aux passagers d'un véhicule...». Tel était le sens profond de la révolution envisagée par Sékou Touré. Alors, l'existence des droits et des libertés fondamentales du peuple, comme la liberté d'association, de communication et d'information, de manifestation, syndicale, idéologique devenait inconcevable en Guinée. Bref, on ne pouvait s'entendre qu'à un règne unitaire et sans partage du P.D.G.

En effet, l'autorisation d'un pluralisme, qu'il soit idéologique, philosophique, politique, syndicale ou économique constituerait à l'époque un facteur de désunion. Ainsi, suite à ce meeting, certaines mesures restrictives sont immédiatement prises par les autorités politiques. Par exemple, en 1959, par un décret, la liberté d'information est supprimée ; plus grave encore, on va jusqu'à conseiller aux particuliers d'avoir un poste récepteur du moment que le ministre de l'intérieur percevait cela comme un signe apparent de contestation du pouvoir. Ensuite, on procéda à l'interdiction de Guinée matin qui était actif dans toute l'Afrique occidentale et l'hebdomadaire du parti, la liberté fut le seul autorisé. Il fut également interdit aux avocats, notaires et huissiers de justice d'exercer leur profession sans la demande des autorités.

Par ailleurs, un fait plus marquant de la direction qu'a pris le régime du P.D.G est la création d'une organisation unique de jeunesse appelée jeunesse de la révolution démocratique africaine24. En effet, cette organisation de jeunesse, se trouvant rattaché directement au parti démocratique de Guinée, se trouvant sous sa tutelle, était un moyen d'étouffer les libertés d'association des jeunes afin de mettre main sur eux. Lors du congre constitutif de la jeunesse de la révolution démocratique, Sékou Touré annonçait dans son discours : `'A partir de ce moment, crie-t-il du haut de la tribune, aucune organisation des jeunes étudiants, équipes sportives, scouts, associations culturelles ou religieuses n'a d'existence légale en Guinée. Tous doivent désormais se fondre dans la JRDA. En feront obligatoirement parti tous les jeunes garçons et filles âgés de 10 à 25 ans». Cette organisation n'était en vérité qu'une

24 Kéita Sidiki Kobélé, « Des complots contre la Guinée de Sékou Touré, 1958-1984 », Conakry, La Classique guinéen, 2002, p-45-47

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machine pour canaliser les mouvements de jeunesse. Le P.D.G. s'en est toujours servi pour assurer son contrôle sur les jeunes qui constituent le fer de lance de toute révolution populaire.

En 1958 déjà, les leaders partis politiques de l'opposition, regroupés au sein du PRA-Guinée, ont décidé de se rallier au mot d'ordre de l'indépendance immédiate de Sékou Toué et de son parti : Selon Mamady Sanassy Keita que nous rencontré, après l'indépendance, la section guinéenne du PRA se sentant en position d'impopularité face au PDG d'une part, et d'autres part soucieuse de la conservation de l'unité nationale, a fini par se rallier en acceptant les exigences du PDG.

Ce constat est partagé par Ibrahima Baba Kaké dans son oeuvre le héros et le tyran. Selon ce dernier, aux premières heures de l'indépendance en Guinée, tous les Hommes politiques Guinéens jouaient le jeu de l'unité. Ainsi, dans le but de conserver l'Independence nouvellement acquise, de renforcer le tissu social et par peur à quelque égards (ceux qui ne voulaient pas observer la logique du régime du P.D.G étaient exposer à la perte de leurs postes ou de leurs têtes), le peuple trouva en Sékou et en son parti l'homme et le parti nécessaires pour conduire les aspirations les plus légitimes du peuple. Dès lors, le PDG ne pouvait être qu'unique en Guinée. L'unicité du régime du PDG était une nécessité politique du moment. Nous venons de sortir du contexte de la colonisation dont la stratégie essentielle était de diviser pour dominer.

Donc, la réalisation de l'unité nationale était un préalable au service du jeune Etat africain. Par conséquent, la fragmentation politique constituerait un frein pour la réalisation de cet objectif. Par ailleurs, il est utile de remarquer qu'au sein du P.D.G, la gestion des affaires ou la prise des décisions revêtaient parfois une certaine caractéristique démocratique. En effet, lorsqu'il était question de prendre une décision importante, le pouvoir révolutionnaire central consultait systématiquement tous les autres maillons de l'organisation, notamment le pouvoir révolutionnaire régional, le pouvoir révolutionnaire d'arrondissement et le pouvoir révolutionnaire local, pouvoir qui, en raison de bonne organisation sur la base de l'Etat central, a finalement le premier et le dernier mot. Cette consultation faisait l'objet d'un véritable débat contradictoire.

Sur ce, contrairement à ceux qui pensent que le gouvernement de PDG était marqué dans son ensemble par le despotisme, la dictature, l'absolutisme, nous objections que bien que le régime du PDG soit un régime à parti unique, à l'intérieur de ce parti, existait une pluralité d'options, d'idéologies, de convictions et la prise des décisions se faisait des fois de façons

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collégiale. Selon l'avis convergent de la plupart des personnes que nous avons rencontré, la gouvernance du PDG était bien un régime à parti unique, mais le peuple, de la base au sommet, était toujours appelé à donner son avis par rapport à la prise des décisions. S'était une véritable démocratie populaire.

Sur ce, il est possible de lire que la gouvernance du PDG était régime à parti unique par sa forme, mais à l'intérieur du quel existait une pluralité politique, idéologique qui s'articulait conforment aux principales de la démocratie pluraliste qui est l'acceptation de la différence dans l'unité.

Néanmoins, le régime de PDG a réussi à éteindre complètement l'effervescence partisane et la contestation politique entre 1958 et 1984. En effet, le régime du PDG était un régime de parti unique à direction centralisateur avec une direction populaire fondée sur les principes du centralisme démocratique. Dans ce cas, on note une primauté du parti sur l'Etat. En ce qui concerne les régimes militaires, il est utile de noter avant tout, qu'entre 1960 et 1990, les militaires ont réussi à supplanter les gouvernements civils presque dans la moitié des Etats africains25.

L'Afrique de l'ouest s'est montré la région la plus attrayante aux phénomènes des coups d'Etat. Cela s'explique par une double situation de crises qui prévalaient dans les Etats qui l'ont expérimenté entre 1960 et 1990. Il s'agit notamment d'une situation de décrépitude économique (qui est l'effet du bannissement de l'initiative privée et de la nationalisation de toutes les entreprises sous les régimes de partis unique) et d'une situation de violation des droits de l'homme.

Alors, pour remédier à ces situations de violation des droits de l'homme et de crises économiques, certains militaires ou civils ont préféré renverser le pouvoir en place qui est considéré comme la cause du mal collectif. C'est pourquoi, la plupart des coups d'Etats comme celui du CMRN en 1984 et du CNDD en 2008 en Guinée furent félicité par le peuple. Dans le cadre spécifique de la Guinée, la junte militaire une fois au pouvoir en 1984, interdit le PDG et la plupart de ses structures. Il s'agit notamment de l'interdiction du CUM (comité d'union militaire) et la dissolution de la milice populaire ; elle intègre la majorité des membres de cette milice dans l'armée et la police. Elle procéda également à l'amélioration

25 Souaré Issaka et Paul-Simon Handy, « Bons coups, mauvais coups ? Les errements d'une transition qui peut encore réussir en Guinée », Pretoria, Institut d'études de sécurité, 2009, Papier no. 195.

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des conditions de vie des forces armées. Ensuite, la fin du règne du P.D.G annoncée par les nouvelles autorités militaires, les promesses d'engager la Guinée sur la voie de l'édification.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore