Section 4 : De l'indépendance à la chute
du mur de Berlin
Au point de départ de notre étude dans cette
section. Il faut remarquer que presque durant toutes les trois premières
décennies de la période postcoloniale, la gouvernance du nouvel
Etat guinéen à l'instar de celles des autres pays de l'Afrique a
été caractérisée par une tendance plus ou moins
orientée vers l'autoritarisme à tous les échelons de la
société (politique, économique, sociale, culturelle). En
effet, les partis au pouvoir en Afrique, dominés par la doctrine
marxiste dont ils se réclamaient, prétextant que les
débats idéologiques, politiques, philosophiques étaient
empreints de communautarisme, de régionalisme, ont
préféré instaurer le parti unique. Se proclamant
«partis de masses», ces partis uniques étaient
caractérisés dans leur ensemble par une forte concentration du
pouvoir d'Etat, l'étouffement des initiatives privées, la
confiscation des libertés et des droits fondamentaux du citoyen.
De ce fait, l'enracinement des actions autoritaires africaines
découlait d'un souci de légitimation idéologique des
nouveaux chefs d'Etat. A ce propos, J.F. Médard remarque :
`'L'efficacité du parti unique, quelles que soient ses
modalités, reposait sur l'articulation de la légitimation
idéologique et de l'encadrement politique23». Cependant,
il est utile de remarquer qu'il existait d'importantes différences entre
les régimes autoritaires africains. Durant cette période, il a
existé trois tendances communes à la plupart des Etats africains
: les sultanismes, les autoritarismes durs et les autoritarismes
modérés. En ce qui concerne les autoritarismes durs, ils sont
caractérisés par un fort degré de violence politique et
reposent sur une peur permanente et insidieuse plus que sur la terreur. Dans
ces Etats, les arrestations parfois arbitraires, les tortures, la liquidation
des suspects, les emprisonnements définitifs sont les modes d'expression
du pouvoir. Il s'agit là de réels régimes policiers ou les
services de sécurité et de répression sont des
administrations qui fonctionnent le mieux. Le régime du PDG/RDA de
Sékou Touré en Guinée est exemple illustratif.
23 Médard Jean-François, «
Autoritarismes et démocraties en Afrique noire », Politique
Africaine, Paris, L'Harmattan, pp. 92-104. 2006.
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La constitution guinéenne de 1958 prévoyait
à son article 40, un pluralisme politique. En effet, l'article 40 de
cette constitution stipulait : `'Les citoyens de la République de
Guinée jouissent de la liberté de parole, de presse, de
réunion, d'association, de cortège et de manifestation dans les
conditions déterminées par la loi». Cependant,
jusqu'à la veille de la chute du mur de Berlin en 1989, la Guinée
n'était pas à proprement dit un pays pluraliste.
La scène politique guinéenne est restée
dominée de 1958 à 1984 par un seul parti, en l'occurrence le
Parti Démocratique de Guinée (PDG), le parti au pouvoir.
Après la mort de son président, le pays fut conduit par une junte
militaire, le Comité Militaire de Redressement National (CMRN) qui en
était aussi le seul maitre. Ainsi, l'avènement du parti unique et
les procédures par lesquelles il a été établi, les
caractéristiques des régimes de parti unique, des juntes
militaires et leurs impacts sur les partis politiques. Les aspects
affectés par ces caractéristiques comprennent aussi bien les
activités des partis que les stratégies qu'ils seront
amenés à adopter.
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