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L'alternance démocratique en afrique subsaharienne : cas de la république de guinée de 1990 à 2020


par Abdallah Moilimou
Université General Lansana Conté de Sonfonia/Conakry  - Diplôme de Master 2  2020
  

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Section 3 : De la période coloniale à l'indépendance en République de Guinée

Bien que la Guinée ait accédé à son indépendance avant 1960, nous considérons cette date comme celle de la fin de la colonisation européenne sur le continent africain. Cela parce qu'elle marque l'année d'indépendance de la plupart des territoires de l'Afrique occidentale notamment dans les colonies françaises groupées dans une grande fédération dénommée Afrique occidentale française (A.O.F).

Joseph Kizerbo écrivait à propos des premières attitudes des africains à l'arrivée des colonisateurs : « Depuis des premières tentatives de pénétration, sous des formes multiples, parfois ambiguës, le nationalisme africain s'est toujours exprimé sans interruption jusqu'à la reconquête de l'indépendance ». Ce nationalisme africain à la veille de la colonisation est un corolaire de la situation plus ou moins démocratique des sociétés précoloniales.

Alors, dans le cadre de l'Afrique de l'ouest et plus particulièrement celui de la Guinée, il est utile de remarquer avant tout que les trois premières époques de l'ère coloniale se divisent en deux périodes : la première va de 1880 jusqu'au début des années 1900. La seconde commence à partir de 1900 jusqu'à la première guerre mondiale en 1914. En effet, la première phase est marquée du côté africain en général et guinéen en particulier par la résistance souvent sous forme armée contre le colonialisme. C'est pourquoi les français ne sont parvenus à s'installer solidement en Guinée qu'après l'arrestation de Samori Touré le 29 janvier 1898.

Pour la seconde phase, elle aurait été marquée par des révoltes armées et les fuites. En effet, c'est des tentatives visant à rejeter la domination coloniale qui pesait très lourd au regard de ses conséquences (brimades, travaux forcés, crimes).

A ces deux facteurs, vient se greffer un troisième pour faciliter la compréhension de la nature du système politique en Afrique coloniale. Il s'agit notamment de l'incompatibilité de l'entreprise coloniale avec le système démocratique. En effet, la démocratie repose fondamentalement sur le respect des droits et libertés humaines, notamment la liberté d'association, de pensée, d'action et sur l'idée de l'autogestion. Donc, la démocratie est en

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d'autres termes l'opposé de tout pouvoir arbitraire et de toute répression ou oppression des libertés humaines. Cependant, l'entreprise coloniale, dans sa logique, est une négation de ces libertés et droits humains.

Sur ce, au regard, de la résistance à laquelle les puissances colonisatrices étaient confrontées, et cela leur donnant le prétexte de continuer avec des procédés ou méthodes oppressives, il serait logique de soutenir que durant toute la première moitié de l'ère coloniale, il n'y a pas eu des processus démocratiques en Guinée et probablement nulle part ailleurs en Afrique.

Par ailleurs, après la première guerre mondiale, on assiste au lancement d'un processus de réforme politique. Ce processus de réforme dépendait d'une nécessité fondamentale notamment celle du maintien du pouvoir colonial de l'époque qui commençait à être menacé par la monté dans les populations coloniales un nationalisme effréné, engendré par l'activisme politique de l'élite africaine ainsi qu'aux populations notamment ceux qui avaient combattu du côté de leur maitre. En reprenant le General De gaule, Joseph Kizerbo note à ce propos : « sous l'action des forces psychiques que la guerre a déclenchée, chaque population, chaque individu lève la tête, regarde au-delà du jour et s'interroge sur son destin ».

Mais, pour le cas de la colonie de la Guinée, il a fallu attendre la fin de la seconde guerre mondiale pour qu'il ait une réelle réforme politique et un véritable processus démocratique. Ainsi, en Guinée comme ailleurs en Afrique occidentale française, les soulèvements populaires, les mouvements de grève contre les pratiques oppressives du système colonial, l'affaiblissement de la France par la guerre ont conduit le gouvernement français à entreprendre des réformes ouvrant la voie à un processus démocratique dans ses colonies. C'est dans ce cadre qu'on assista en 1946 à l'adoption par referendum la constitution de la IVème République22. En effet, cette constitution intègre les territoires d'outre-mer dans l'union française tout en accordant la citoyenneté aux populations des colonies.

Dans son article N°41, elle stipule expressément que `'la France forme avec les territoires d'outre-mer d'une part et les Etats associes d'autres part une union librement consentie». Cette brèche introduite en 1946, va se poursuivre avec les contestations incessantes de l'élite politique africaine de l'époque par l'adoption de la loi N° 56-619 du juin 1956 dite loi cadre Defferre. Cette dernière, plus que la première réforme, accorde beaucoup de libertés aux colonies.

22 Ki-Zerbo Joseph, « Histoire de l'Afrique Noire : D'Hier à Demain », Paris, Hatier, 1978.

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Elle accorde la possibilité pour les colonies de former des assemblées territoriales, des gouvernements locaux et introduisit le suffrage universel dans la gestion du pouvoir. Ainsi, avec ces réformes citées ci-haut, l'élite africaine et guinéenne en particulier emprunta les voies de la légalité et se constitua en mouvement et partis politiques.

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