c. Théories
socio-psycho-géniques des facteurs du milieu ou psychosociales ou
sociogenèse
De tout temps, on a pensé que la folie a des causes
morales et ces facteurs moraux qui sont recherchés dans les situations
plus ou moins dramatiques de l'existence : émotions,
événements sociaux, catastrophes, passions, déceptions
sentimentales, deuils abandons, etc. Ces causes morales se réduisent
toujours à un radical commun : le rôle pathogène des
difficultés de l'existence. A ce mouvement, se rattachent les
théories socio-géniques où la maladie est
considérée comme un effet de la structure sociale et de la
pression qu'elle exerce sur l'individu, c'est-à-dire une
étiologie morale.
Les avantages de cette conception résident dans son
caractère optimiste et pragmatique, puisqu'une telle
interprétation de fait psychopathologique le soustrait pour ainsi dire
radicalement à la désespérante perspective des maladies
endogènes ou lésionnelles.
Les difficultés qu'elles rencontrent sont
liées à l'exigence des faits comme
l'hérédité, la constitution et la pathologie organique qui
s'accommodent mal de cette psychiatrie fluide.
Le danger provient d'une confusion inextricable entre la
notion de maladie mentale et les variations de la vie des relations, qui
implique pour chacun de nous, une possibilité de création
statistiquement anormale. C'est-à-dire, qu'elle risque de s'heurter
à l'impossibilité de définir et de saisir la maladie
mentale, qu'elle court même le risque de la nier. C'est bien cette
négation de la psychiatrie, appelée antipsychiatrie que tend le
culturalisme anthropologique avec risque de nier la psychiatrie et de nier
toute possibilité d'organisation personnelle, toute autonomie
relationnelle de l'homme avec son milieu.
d. Théories
organo-géniques dynamistes
Comme les théories mécanistes, les
théories organo-géniques dynamistes ou biopsychosociales ou
encore mixtes admettent, certes, un processus organique qui constitue le
substratum héréditaire, congénital ou acquis des maladies
mentales. Mais elles s'en différencient parce qu'elles ne font
dépendre directement et mécaniquement les symptômes des
lésions. Autrement dit, tout en admettant une action déterminante
d'un trouble générateur cérébral ou plus
généralement somatique, elle font jouer un rôle
considérable à la dynamique des forces psychiques dans la
structure, ou si l'on veut dans la constitution du tableau clinique et
l'évolution des maladies mentales. En d'autres termes, les maladies
mentales sont constituées par la désorganisation de l'être
psychique à des niveaux divers. Cette désorganisation
étant conditionnée par des facteurs organiques. Cette conception
est impliquée dans de nombreuses conceptions modernes.
En conclusion, nous estimons que ces quatre positions
doctrinales ne sont pas systématiquement tenues par les auteurs qui
adoptent tel point de vue ou tel autre. Mais ce sont des positions de base des
tendances doctrinales qui définissent assez bien pour chacun, l'esprit
dans lequel il envisage les problèmes psychiatriques :
- Pour les tenants de la première position, la
psychiatrie se confond purement et simplement avec la neurologie ;
- Pour les tenants de la deuxième et troisième
position, malgré certaines réticences ou confusions, on peut dire
qu'ils adoptent une sorte de position de négation : la psychiatrie
n'a rien avoir avec la pathologie, la neurologie et les sciences de la
nature ;
- Pour les tenants de la quatrième position, la
psychiatrie est une pathologie somatique, qui est une branche des sciences
médicales. Mais son objet est la désintégration des
fonctions neuropsychiques de base et la psychiatrie a pour objet, la maladie
mentale qui tient en étant conditionnée par un désordre
cérébral et représente une régression plus totale
de la vie de relation.C'est ainsi que cette étude se place sur la
même ligne de conduite de cette dernière théorie.
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