1.3. Cadre théorique
Les positions doctrinales en psychiatrie sont nombreuses, mais
elles peuvent être regroupées en quatre tendances : les
théories organo-mécanistes, les théories psycho-dynamiques
de l'inconscient pathogène, les théories
socio-psycho-géniques des facteurs du milieu et les théories
organogéniques dynamistes (Diongo, 2020, pp. 7-9) :
a. Théorie
organo-mécanistes ou biomédicales
Les théories organo-mécanistes ou tout
simplement médicales, sont des théories qui considèrent
les maladies mentales comme ayant une étiologie organique, en sens que
le schème étiopathogénique qu'elles proposent ou
postulent, consiste à réduire les maladies mentales à des
phénomènes élémentaires directement
engendrés par des lésions cérébrales.
L'exemple typique de cette interprétation
théorique est fourni par les rapports de délire et de
l'hallucination. Le délire est basé sur l'hallucination
causée par l'excitation mécanique du centre sensoriel. Le propre
de ces théories est donc de considérer que les symptômes
sont des produits mécaniques des lésions des centres
fonctionnels. Les avantages de ces théories sont doubles :
- La maladie mentale y est conçue comme l'effet d'un
processus cérébral. Ce qui permet de la considérer avec
l'observation clinique, comme une maladie ou un accident pathologique au sens
vrai et médical du terme ;
- Cette conception répond à la nature intime du
trouble mental qui se relève à l'analyse comme une anomalie
foncière.
Les difficultés : Sont celles que lui apposent le sens
et la psychogenèse des symptômes de certaines maladies mentales
comme la psychose réactionnelle, l'influence des situations et des
conflits, etc.
Le danger est de mécaniser la maladie mentale et de la
soustraire pratiquement à toute tentative de compréhension
psychologique du clinicien et tout effort du psychothérapeute.
b. Théories
psycho-dynamiques de l'inconscient pathogène ou psychanalytiques
Toute l'oeuvre de Freud, tout le corps de doctrine qu'il a
édifié et son école psychanalytique a
développé, constitue une théorie psychogénique des
névroses envisagées comme l'effet des forces inconscientes qui
peu à peu s'est appliquée aux psychoses. Le modèle
théorique qui définit ce mouvement doctrinal est presque le
même et qu'il tient aux deux points essentiels :
- L'inconscient représente un système des forces
affectives refoulées qui ne se manifestent cliniquement que par une
distorsion symbolique de leur sens comme les symptômes névrotique
et obsessionnel, idées fixes, délire, hallucination, trouble
de la conscience, etc.
- La formation de la pensée du rêve constitue le
modèle des mécanismes psychopathologiques : l'inconscient
est constitué par des forces instinctives (ça) ou
répressives (sur-moi) qui ont au cours du premier développement
libidinal de l'enfant lors de ses premiers relations objectales, formés
des systèmes affectifs tel que les complexes de frustration, d'oedipe,
de castration, etc. C'est le conflit de ces forces inconscientes avec le moi et
la réalité qui détermine les maladies mentales.
Les avantages de cette position doctrinale sont dans sa
perspective optimiste et thérapeutique car, ceux qui dépendent
des relations sociales, fussent-elles originales et peuvent être
modifiées par la relation psychothérapique.
Les difficultés auxquelles se heurte cette conception,
tiennent au fait que la maladie mentale en général, ou si l'on
veut tout le champ de la psychiatrie, ne peut être conçu hors de
la pathologie organique héréditaire ou acquise, qui en
conditionne manifestement certaines formes typiques.
Le danger de ces théories est de niveler par le bas
toutes les formations et variations de l'existence normale et pathologique,
sans se soucier de la forme structurale de la maladie mentale. Elle risque,
elle aussi comme les théories psychogéniques des facteurs du
milieu auxquelles elles s'apparentent, de nier la maladie comme telle.
Ainsi, la psychiatrie dynamique liée à la
découverte de l'inconscient a constitué une réaction
nécessaire contre le modèle mécaniste. Mais après
avoir heureusement vivifiée la psychiatrie, elle a tendance à en
entendre abusivement le champ en ramenant l'homme dit normal et le malade
à un même dénominateur commun : l'inconscient. Il
n'est peut-être exagéré de dire que la psychiatrie
dynamique glisse facilement sur la pente d'un modèle en quelque sorte
moyenâgeux et magique, celui qui identifie la maladie mentale à un
mal extranaturel.
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