2.2. Identification des opportunités de valorisation
économique
Grâce aux espèces végétales
sauvages de la forêt de N'dali, les riverains créent leur source
de revenu. Nous rappelons que pour les populations de N'dali les espèces
recensées une source alimentaire, médicinale, élevage,
rituelle (Les feuilles de Adansonia digitata sont utilisées
dans les bains et les encens pour purifier et protéger, ses
écorces accompagnent la représentation symbolique du
fétiche des morts et les feuilles d'Elaeis guineensis sont
utilisés dans la danse des initiés et comme masque des
initiés alors que chez le groupe socio-culturel baatonou les
feuilles du Parkia Biglobosa sont utilisées pour l'enterrement des
défunts)., artisanale ainsi que de bois d'énergie. Dans ce sens,
les résultats de cette étude révèlent que nos
enquêtés ont le commerce comme activité principale
(44,23%). En effet, les feuilles, graines, tige et racines des espèces
sont utilisées pour la commercialisation de façon brute ou suite
à une transformation comme la « moutarde ». Par
ailleurs, les agriculteurs représentent près du tiers (28,85%)
des personnes ayant participées à l'étude et ces derniers
se réclament même gardiens de ces espèces qu'ils utilisent
pour des fins alimentaires (autoconsommation), médicinales
(pharmacopée pour traiter la paludisme et d'autres maladies) et
même commerciales (vente des espèces aux commerçantes qui
les exposent au marché). Les espèces de la forêt permettent
à 9,62% des enquêtés de nourrir leurs animaux alors que la
même proportion les utilisent pour le traitement de plusieurs maladies
comme énumérées plus haut (hypertension, épilepsie,
etc). A cela s'ajoute leur utilisation durant les rites traditionnels et qui
donne la valeur au métier de guérisseur traditionnel dans le
milieu.
![](Etude-de-letat-et-de-la-valorisation-des-fruitiers-sauvages-en-zone-afrique-tropicale-cas-de-la31.png)
Figure 11 : Principales sources de
revenu des enquêteurs
Source : enquête de terrain
2.3. Proposition de stratégies de valorisation durable
et de gestion des ressources : gestion vs conservation raisonnée
des espèces
La gestion et la conservation des ressources naturelles, en
particulier des fruitiers sauvages, sont des aspects cruciaux pour la
préservation de la biodiversité et la durabilité des
écosystèmes. Dans le contexte de la commune de N'dali au
Bénin, ces pratiques prennent une importance particulière en
raison de l'utilité des fruitiers sauvages de cette région
tropicale.
La gestion traditionnelle des fruitiers sauvages en Afrique
tropicale repose souvent sur des connaissances et des pratiques ancestrales
transmises de génération en génération. Les jeunes
enfants accompagnent souvent leurs parents ou leurs aînés dans les
activités de collecte et de gestion des fruitiers sauvages. Ils
observent les techniques et les méthodes utilisées, apprenant
ainsi de manière informelle. En grandissant, les enfants commencent
à imiter les gestes des adultes. Ils apprennent à identifier les
arbres fruitiers, à reconnaître les signes de maturité des
fruits et à utiliser les outils traditionnels de collecte.
²Certains rites de passage incluent des épreuves ou des
activités liées à la gestion des fruitiers sauvages. Par
exemple, les jeunes peuvent devoir démontrer leur capacité
à identifier les arbres, à collecter les fruits ou à
participer à des activités de reboisement.
Ces pratiques incluent : l'utilisation directe, Technique de
culture, protection coutumière
Utilisation directe : Les
communautés locales exploitent les fruitiers sauvages pour leur
consommation, leurs vertus médicinales et parfois pour le commerce. Cela
inclut la cueillette des fruits, l'utilisation des feuilles, des écorces
et des racines.
Techniques de culture : Bien que les
fruitiers sauvages soient généralement laissés à
l'état naturel, certaines pratiques de gestion incluent la protection
des jeunes plants et la plantation dans des zones propices.
Protection coutumière : Certaines
espèces sont protégées par des tabous (comme le cas de
l'iroko) ou des interdits culturels, limitant leur exploitation et favorisant
leur conservation.
Cependant, ces méthodes de gestion traditionnelle
peuvent être mises à rude épreuve par les pressions
anthropiques croissantes, telles que l'expansion agricole, le changement
climatique et la déforestation. En effet, la présence humaine
quasi quotidienne au sein de la forêt, la recherche et la récolte
des PFNL et autres produits ligneux sont à l'origine de la perte ou de
la disparition d'espèces.
Les riverains et en particulier des exploitants de divers
produits forestiers peuvent renverser la tendance et les amener à
oeuvrer au maintien de l'écosystème. Certes, la collaboration de
tous les acteurs sur la base d'une gestion participative peut déboucher
sur la sélection d'autres activités génératrices de
revenus alternatives, et ce de commun accord avec les décideurs
politiques mais avec l'implication des autorités locales, des notables,
des sages, des tradipraticiens ou guérisseurs traditionnels, des
autorités religieuses, des têtes couronnées ou rois, des
personnes ressources, des chercheurs, etc. Des recherches sur la
régénération des espèces caractéristiques de
l'écosystème vont permettre d'identifier au niveau des
trouées ainsi créées par les exploitations intensives des
PFNL, les espèces végétales pionnières, tardives et
climaciques. La recherche est interpellée afin de déterminer si
la régénération naturelle peut permettre le maintien
à long terme de la forêt N'dali.
La gestion des fruitiers sauvages à N'dali
nécessite une compréhension nuancée et une
intégration des méthodes traditionnelles et raisonnées. En
combinant le savoir-faire local avec les techniques de conservation modernes,
il est possible de créer des modèles de gestion durable qui
préservent non seulement les ressources naturelles, mais aussi les
cultures locales et les moyens de subsistance des communautés. Une telle
approche holistique est essentielle pour la valorisation et la
pérennité des fruitiers sauvages en Afrique tropicale.
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