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Etude de l'état et de la valorisation des fruitiers sauvages en zone afrique tropicale: cas de la commune de Ndali (Bénin)


par Achraf Issiakou
Institut national universitaire de Champollion - Master 1 2024
  

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2. Valorisation des fruitiers sauvages à N'dali

Dans cette section, nous présentons les différentes valorisations que font les populations riveraines de N'dali à propos des espèces fruitières sauvages recensées.

2.1. Analyse des pratiques de valorisation traditionnelles des fruitiers sauvages

Les populations de N'dali utilisent les différentes parties des fruitiers sauvages pour plusieurs fins en utilisant des méthodes traditionnelles. Ainsi, ils transforment les fruitiers pour l'alimentation, la commercialisation et comme sources de médecines traditionnelles comme nous l'avons vu plus haut. Nous ne donnerons pas tous les détails pour chaque espèce mais nous présentons ici, les pratiques de valorisation traditionnelle pour trois espèces fruitières sauvages à N'dali.

Les riverains de N'dali utilisent les graines de néré (Parkia biglobosa) qui permettent d'obtenir la « moutarde » (voir Figure 7) après transformation locale, servent à l'alimentation. De plus, ils sèchent les graines de l'espèce et l'écrasent pour obtenir un poudre qui pour faire des jus à la fois consommée et commercialisée par certains. Son processus de fabrication peut se résumer comme suit :

? Récolte des gousses de néré

Collecte : Les gousses de néré sont récoltées directement sur l'arbre ou ramassées lorsqu'elles tombent naturellement au sol. Cela se fait généralement à la main.

Séchage : Les gousses récoltées sont séchées au soleil pour faciliter l'extraction des graines.

? 2. Extraction des graines

Ouverture des gousses : Les gousses séchées sont ouvertes manuellement pour en extraire les graines. Cela se fait généralement en les cassant avec un outil ou en les frappant légèrement.

Nettoyage : Les graines extraites sont ensuite nettoyées pour enlever les débris et les résidus de gousses.

? 3. Cuisson des graines

Cuisson initiale : Les graines nettoyées sont bouillies dans de grandes marmites pendant plusieurs heures. Cette cuisson initiale permet de ramollir les graines et de faciliter la fermentation ultérieure.

Égouttage : Après cuisson, les graines sont égouttées pour enlever l'eau excédentaire.

? 4. Fermentation

Emballage : Les graines cuites sont ensuite emballées dans des feuilles de bananier ou de teck et placées dans un contenant hermétique, souvent des jarres en terre cuite ou des récipients en plastique.

Fermentation : Les graines sont laissées à fermenter pendant plusieurs jours (généralement 3 à 4 jours). La fermentation naturelle transforme les graines en une pâte odorante et collante, appelée "afitin". Ce processus est crucial pour développer le goût caractéristique de la moutarde de néré.

? 5. Séchage et conditionnement

Séchage : Après fermentation, l'afitin est souvent séché au soleil pour augmenter sa durée de conservation. Le séchage peut durer plusieurs jours en fonction des conditions météorologiques.

Conditionnement : Une fois séchée, la moutarde de néré est stockée dans des récipients propres et secs, prêts à être utilisés ou vendus.

? 6. Utilisation culinaire

Préparation : Avant utilisation, la moutarde de néré séchée peut être réhydratée et incorporée dans divers plats. Elle est souvent utilisée comme assaisonnement dans les sauces et les soupes, apportant une saveur umami unique.

Conservation : La moutarde de néré se conserve longtemps si elle est bien séchée et stockée dans des conditions appropriées.

Figure 7 : Images de fruits de néré, poudre et moutarde

Source : enquête de terrain

Les écorces de karité (Vitellaria paradoxa) sont utilisées pour traiter la dysenterie et les hémorroïdes. Des amandes de cette espèce sont extraites du beurre de karité pour la fabrication des pommades et de savon par les populations riveraines de N'dali. Le beurre de karité est utilisé à la fois comme huile de cuisine mais aussi de pommade pour la peau surtout durant la saison pluvieuse pour lutter contre la fraîcheur. Le savon est utilisé dans la cosmétique et aussi pour la commercialisation.

Le processus de fabrication du beurre de karité peut se résumer en 6 étapes comme suit :

Etape 1 : L'apprêt de l'amande

Les noix sont collectées dans les champs ou achetées sur le marché auprès des vendeurs. La plupart du temps, c'est plutôt directement l'amande qui est vendue sur le marché.

Lorsque les noix sont collectées, elles sont au préalable cuites au feu pendant environ deux (02) heures. Elles sont ensuite séchées au soleil. Cette opération peut prendre plusieurs jours (au moins cinq) dépendamment du temps et de la température.

Les amandes sont donc extraites par décorticage facilité par l'opération précédente. Elles sont ensuite lavées à l'eau puis séchées au soleil pendant deux (02) à trois (03) jours. Elles deviennent à cette étape la matière première prête à entamer le processus proprement dit de la préparation du beurre de karité.

Etape 2 : La réalisation de la pâte des amandes

La production du beurre de karité commence par le concassage des amandes de karité. Il se fait généralement dans un mortier et la durée de l'opération est fonction de la force de celui qui l'exécute. Les amandes sont alors réduites en particules.

Cette farine de particules obtenue après pilonnage est torréfiée dans une marmite au feu afin qu'elle ne se noircisse.

La torréfaction dure environ entre vingt (20) et vingt et cinq (25) minutes. La farine torréfiée est refroidie pendant dix (10) à quinze (15) minutes à l'air libre.

Les particules torréfiées passent alors au moulin pour être moulues. Il en sort une pâte à beurre très épaisse.

Rappelons que l'opération du moulin est assez complexe et nécessite un opérateur qui maîtrise la technique. Elle prend bien assez de temps et sa rapidité est fonction de la qualité de l'amande et de l'expérience du meunier.

Etape 3 : L'extraction de l'écume

La pâte épaisse obtenue est coupée en de petits morceaux dans de bassine contenant de l'eau de cinq (05) litres ou dix (10) litres environ en fonction de la pâte que l'on veut y mettre.

Le mélange est ensuite baratté jusqu'à obtenir une pâte fine et molle. La couleur marron foncé du départ devient plus claire après environ quarante (40) minutes de barattage.

Il faut y ajouter ensuite de l'eau tiède et la faire bouillir. L'eau tiède va permettre de séparer le beurre des autres composants de l'amande, notamment les impuretés qui se déposent au fond du récipient. On y ajoute alors suffisamment de l'eau et le beurre encore sous la forme de la pâte remonte à la surface du fait de sa masse par rapport à l'eau.

Le beurre (écume) est ainsi extrait. Il ne reste qu'à le récupérer.

On peut y ajouter encore de l'eau pour le débarrasser des impuretés restées et le rendre donc plus propre.

Etape 4 Le raffinage de l'huile

Une fois retiré, le beurre (écume) est malaxé et remis au feu avant d'être cuit pendant environ deux (02) heures de temps. La pâte se fond et se transforme peu à peu en liquide très noir. A l'aide d'une tige, il faut remuer le liquide pour accélérer l'évaporation de l'eau et le dépôt des impuretés au fond de la marmite.

Peu à peu l'huile apparaît et le liquide noir s'éclaircit. L'huile apparaît maintenant à la surface et se transforme progressivement. On reconnaît que l'huile est prête lorsqu'elle devient plus claire. Alors, il ne faut plus trop remuer pour ne pas mélanger l'huile aux impuretés qui sont au fond de la marmite.

Lorsqu'une couche épaisse se forme à la surface, il faut cesser de remuer.

La marmite est alors descendue du feu.

Il faut alors ramasser délicatement l'huile et laisser le déchet au fond de la marmite. Il faut la laisser refroidir pendant une durée de dix (10) à quinze (15) heures environ selon la période froide ou chaude.

Etape 5 : L'homogénéisation de l'épaisseur du beurre

L'huile complètement refroidie, est transvasée (le lendemain) dans une autre marmite pour laisser à nouveau les déchets déposés. L'huile est maintenant décantée et pure.

L'huile est remuée avec une tige bien propre pendant une durée de 20 à 30 minutes environ pour homogénéiser l'épaisseur. Elle devient plus épaisse et assez lourde.

Etape 6 : Le conditionnement du beurre de karité

C'est la dernière phase du processus de production.

Le produit obtenu à la fin de l'étape précédente est légèrement réchauffé. Cette opération dure environ 5 minutes sur un feu doux.

Pendant ce temps, les moules (ici des calebasses) sont lavées avec de l'eau chaude pour les débarrasser de l'ancienne huile qu'elles contiennent. Les calebasses sont spécifiquement utilisées ici pour donner une forme au beurre après sa solidification.

Avant de verser l'huile dans les différentes calebasses, elles sont plongées dans une substance gluante qui facilite le démoulage une fois l'huile solidifiée.

Le beurre est alors descendu du feu.

À l'aide d'une mesure en fonction du prix et de la catégorie, le beurre est coulé dans ces calebasses et laissé dans les calebasses pendant une (01) heure environ.

Figure 8 : Images des amandes de karité et ses dérivés (beurre et savon)

Source : enquête de terrain

Les poudres issus de la transformation locale de baobab (Adansonia digitata) sont utilisées comme condiment qui sont autant consommées que vendues par les personnes qui ont participé à l'étude. Sa corde issue de l'écorce de baobab servent à attacher les animaux et le processus de fabrication peut se résumer comme suit :

? Récolte de l'écorce de baobab

Sélection des arbres : Les artisans choisissent des arbres de baobab matures pour récolter l'écorce. Les jeunes arbres ne sont pas utilisés pour éviter de les endommager et pour assurer la durabilité de la ressource.

Décorticage : L'écorce est soigneusement retirée de l'arbre en bandes longitudinales. Cette opération est réalisée avec précaution pour permettre à l'arbre de régénérer son écorce.

? 2. Préparation de l'écorce

Découpage et Déchiquetage : Les bandes d'écorce sont découpées en morceaux plus petits et déchiquetées en fines fibres. Ce processus peut être effectué manuellement ou à l'aide de simples outils de coupe.

Trempage : Les fibres obtenues sont ensuite trempées dans l'eau pendant plusieurs heures, voire plusieurs jours. Le trempage aide à assouplir les fibres et à les rendre plus faciles à travailler.

? 3. Séchage

Séchage au soleil : Les fibres trempées sont étalées au soleil pour sécher. Cette étape permet de réduire l'humidité et de préparer les fibres pour le tissage. Le séchage peut prendre plusieurs jours en fonction des conditions météorologiques.

? 4. Torsion et Tressage

Torsion des fibres : Les fibres séchées sont torsadées pour former des fils plus épais et plus solides. Cette torsion se fait généralement à la main, chaque brin étant soigneusement roulé pour obtenir une texture homogène.

Tressage : Les fils torsadés sont ensuite tressés ensemble pour former la corde. Le tressage peut varier selon l'épaisseur et la longueur souhaitées pour la corde. Les artisans utilisent différentes techniques de tressage pour obtenir des cordes de différentes résistances et usages.

? 5. Conditionnement

Finition : Une fois la corde tressée, elle est coupée à la longueur désirée et les extrémités sont sécurisées pour éviter qu'elles ne se détachent.

Stockage et transport : Les cordes finies sont enroulées et stockées dans des conditions appropriées jusqu'à leur utilisation ou leur vente sur les marchés locaux.

Utilisations des Cordes de Baobab

Applications agricoles : Les cordes de baobab sont souvent utilisées pour attacher des animaux, sécuriser des charges et construire des structures agricoles.

Usages Domestiques : Elles servent également dans les tâches domestiques quotidiennes, telles que la fabrication de nattes, de paniers et d'autres objets artisanaux.

Applications Artisanales : Les cordes peuvent être utilisées pour créer divers articles d'artisanat, ajoutant une valeur esthétique et culturelle à leur utilité pratique.

Figure 9 : Feuilles séchées de baobab et la corde issue de ses écorces

Source : enquête de terrain

De l'espèce Elaeis guineensis, les villageois extraient le palmier d'huile. Traditionnellement, son processus de fabrication traditionnelle allant de la récolte à l'extraction de l'huile, se déroule en plusieurs étapes bien définies.

? Récolte des régimes de palme

Sélection et Coupe : Les régimes de palme, qui contiennent les fruits de palme, sont sélectionnés et coupés des arbres. Cela se fait généralement à l'aide d'une machette montée sur une longue perche pour atteindre les régimes situés en hauteur.

Transport : Les régimes coupés sont ensuite transportés vers le site de transformation. Ce transport se fait souvent manuellement ou à l'aide de charrettes ou de bicyclettes.

? Stérilisation

Cuisson à la vapeur : Les régimes de palme sont soumis à une cuisson à la vapeur pour ramollir les fruits et faciliter l'extraction de l'huile. Traditionnellement, cette cuisson se fait en plaçant les régimes dans de grands tambours ou des fosses spécialement conçues pour cet effet, et en les recouvrant d'eau bouillante.

Durée : La cuisson peut durer de 30 à 90 minutes selon la quantité de régimes et l'intensité de la chaleur.

? Battage

Séparation des fruits : Après la stérilisation, les fruits sont séparés des régimes par battage. Cela se fait généralement en frappant les régimes contre une surface dure ou en utilisant des outils manuels.

Collecte des fruits : Les fruits séparés sont ensuite recueillis et prêts pour l'étape suivante.

? Macération et Pressage

Macération : Les fruits sont placés dans des mortiers ou des grandes cuves et sont pilés ou broyés pour détacher la pulpe des noyaux. Cette opération permet de libérer l'huile contenue dans la pulpe.

Pressage : La pulpe broyée est ensuite pressée pour extraire l'huile. Traditionnellement, cela se fait en utilisant des presses manuelles ou en tordant des sacs contenant la pulpe pour faire sortir l'huile.

? Clarification

Décantation : L'huile extraite est ensuite décantée pour séparer les impuretés. L'huile est souvent recueillie dans des récipients où elle est laissée au repos pour permettre aux particules solides de se déposer au fond.

Filtration : Parfois, l'huile est filtrée à l'aide de tissus ou de tamis pour améliorer sa pureté.

? Conditionnement

Récupération : L'huile clarifiée est collectée et transférée dans des récipients de stockage, tels que des bidons ou des jarres en terre cuite.

Conservation : L'huile est conservée dans des conditions appropriées pour éviter la détérioration. Elle est prête à être utilisée pour la cuisine ou vendue sur les marchés locaux.

? Aspects Culturels et Sociaux

Participation communautaire : La production de l'huile de palme est souvent une activité communautaire, impliquant plusieurs membres de la famille ou de la communauté.

Tradition et transmission : Les techniques de fabrication traditionnelle sont transmises de génération en génération, assurant la préservation des méthodes ancestrales.

Figure 10 : Huile de palme et le fruit

Source : notre enquête

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