I.2. JUSTIFICATION DU CHOIX DU THÈME
Le choix porté sur le thème «
Engagement et citoyenneté : pour une meilleure participation des
élèves à la vie scolaire dans l'enseignement secondaire
» se justifie pour trois (03) raisons.
D'une part, l'éducation au civisme et à la
citoyenneté constitue un enjeu pour notre pays. La question du civisme
fait l'objet d'interpellation quotidienne par le gouvernement, mais aussi, par
les organisations de la société civile (OSC). Il ne se passe plus
un seul jour sans que des actions ciblées soient menées pour
contrer l'incivisme. Le chef du gouvernement burkinabè devant la
représentation nationale, a exprimé sa préoccupation face
à la gravité de la situation. Ainsi déclarait-il : «
l'incivisme constitue une négation de l'État de droit et nous
constatons malheureusement sa montée, en particulier dans les centres
urbains »8 . Par conséquent, un accent particulier
devra être mis sur la jeunesse, surtout celle scolaire, à travers
l'éducation aux droits humains, au civisme et à la
citoyenneté ; d'où l'organisation annuelle de la Semaine
Nationale de la Citoyenneté (SENAC) depuis 2004, illustrant la
volonté manifeste des autorités politiques et administratives
à endiguer le phénomène. Les pouvoirs publics en
général et tout acteur du système éducatif en
particulier, ont donc le devoir d'inculquer à la jeune
génération que l'engagement et la citoyenneté active sont
des stratégies pour une meilleure participation à la construction
et au développement de la nation burkinabè.
D'autre part, en en notre qualité d'attaché
d'éducation, nous avons eu l'opportunité de participer à
l'organisation de l'élection des délégués de
classes et membres du bureau de comité des élèves
où il est arrivé que l'on n'enregistre pas de candidats aux
postes de délégués/délégués adjoints
de classes. Même ceux qui ont été proposés par leurs
camarades ont décliné l'offre ; dans ces conditions n'est-il pas
difficile d'instaurer une démocratie scolaire s'il n'y a pas
d'élèves pour l'animer ? Somme toute, le constat est qu'au fil
des années, le délégué de classe est chargé
et réduit à des corvées inhérentes au bon
fonctionnement de l'enseignement (cahier de texte, craie...). Bien qu'il soit
reconnu comme le porte-parole des élèves de sa classe ou de
l'ensemble des élèves, son avis est très souvent
ignoré dans les décisions qui les concernent ; d'où la
naissance de foyers de tension dans les établissements d'enseignement,
laissant présager des crises diverses. Même les associations et
mouvements de jeunesse présents dans les lycées ne sont vus que
lors des opérations évènementielles. Le sentiment
général qui se dégage est que les élèves
sont utilisés par simple
8Discours du premier ministre sur l'état de la
nation à l'assemblée nationale le 3 avril 2014.
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formalité poussant ces derniers à adhérer
à des mouvements et associations dans un esprit de contestation, de
remise en question de l'ordre établi et de revendication. Cette
situation doit être revue et corrigée impérativement afin
de permettre aux élèves de participer conséquemment
à l'animation de la vie du lycée. La participation constitue un
puissant remède contre les conflits et comme le soutient MEYER (2010)
cité par le Centre pour la Gouvernance Démocratique (CGD) :
« la participation la plus large possible est une fin en soi car elle
instaure un cercle vertueux, elle a une vertu éducative, elle
développe les aptitudes à gouverner et le civisme, elle
élargit l'horizon intellectuel, elle donne confiance et elle
libère »9.
Enfin, notre expérience des mouvements syndicaux nous a
permis de comprendre que l'engagement est révélateur de la
grandeur des hommes. L'engagement citoyen signifie un engagement
vis-à-vis d'autrui et de la collectivité ; et cela nous avons pu
le vérifier grâce à nos activités dans le cadre de
l'École Démocratique et Populaire (EDP). Durant cette
période, nous avons acquis la pleine conscience que l'engagement doit
obéir à une éthique, celle d'une activité citoyenne
ne visant pas le profit financier ou un quelconque intérêt
particulier. Malheureusement, de nos jours, le défi à relever est
d'amener la jeunesse à s'approprier la pensée du président
John Fitzgerald KENNEDY qui, lors de son discours d'investiture le 20 janvier
1961, lançait cet appel : « Ne vous demandez pas ce que votre
pays peut faire pour vous, mais demandez ce que vous pouvez faire pour votre
pays »10. Cela est d'autant plus justifié car la
population burkinabè est majoritairement jeune (66% ont moins de 25 ans
et 19% ont entre 16 et 25 ans selon l'Institut National des Statistiques et de
la Démographie du Burkina Faso).
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