Engagement et citoyenneté: pour une meilleure participation des élèves à la vie scolaire dans l'enseignement secondaire.par Jean Joël ZIDA Université Norbert Zongo - Certificat d'aptitude à la fonction de Conseiller d'éducation 2015 |
II.3.4. De la vie du lycée : gouvernance et pratiquesÀ travers l'éclairage de l'histoire, on peut affirmer avec BIONDI (1975), que l'envie de l'homme des démocraties modernes est de « pénétrer les centres de décision qui le concerne immédiatement »46 d'où les concepts de « participation, cogestion, autogestion » en vogue de nos jours. Ces conceptions sont la conséquence d'un monde issu de la révolte de la jeunesse américaine des années 60, le mai parisien de 1968, la popularité des héros révolutionnaires du tiers-monde (LUMUMBA, CHE GUEVARA, MAO, SANKARA), le « printemps de Prague » et les mouvements sociaux liés à l'assassinat des ZONGO47 dont notre jeunesse est héritière par le truchement de la mondialisation. Fort de cet héritage, on peut comprendre l'envie des élèves d'être acteurs de leur vie avec la possibilité de s'exprimer, d'être écoutés, bref d'être reconnus et de participer au développement et au débat démocratique, bien que celle-ci se heurte souvent aux pratiques en cours dans les lycées ; car beaucoup d'établissements fonctionnent sur le principe monarchique. DIBY KOFFI (2007), soutient cette description. Pour lui, « toute l'autorité est ramenée à la seule personne du chef »48. Le directeur ou le proviseur prend des décisions 45ARENDT, Hannah (1994). La crise de la culture. Folio, Essais. 46BIONDI, Jean-Pierre (1975). Participation : théorie et pratique. Éthiopiques numéro 01, revue socialiste de culture négro-africaine janvier, http://ethiopiques.refer.sn [consulté le 21/10/2014 à 21h10] 47Assassinat du journaliste Norbert ZONGO en 1998 et de l'élève Justin ZONGO en 2011. 48 DIBY KOFFI, Charles (2007). Management des services publics. Hachette. p. 51 34 concernant les élèves sans les consulter. Par exemple, on impose une cotisation aux élèves pour l'accès à la salle informatique ou une cotisation spéciale pour des projets dont l'objet est souvent ignoré des élèves. Aussi, certains professeurs se comportent en despotes et aucun élève n'est autorisé à poser des questions. Il arrive même que le comité des élèves ne fonctionne pas dans certains établissements. Et même quand il fonctionne les élections sont bâclées, le surveillant général ou le proviseur impose leurs hommes. Cette situation, BAGUIAN (2011), dans son étude, la lie à l'absence de règlements et de documents électoraux en milieu scolaire. D'ailleurs les journaux sont rares dans les établissements. S'ils existent ils sont censurés, les élèves ne sont pas autorisés à s'exprimer sur toutes les questions scolaires notamment la pédagogie. Les affichages à l'école sont réglementés. De même, le projet d'établissement dans plusieurs lycées est inexistant ou est simplement adopté pour répondre à des formalités administratives. Or, soutient SOULY (2011) dans son mémoire de fin de formation à l'emploi de conseiller d'éducation, Le projet d'établissement a l'avantage d'être fédérateur, unificateur et surtout prend en compte l'avis de tous les acteurs de la communauté éducative avec pour seul objectif l'intérêt de l'élève qui est également associé. Il laisse plus de place à l'initiative et à l'esprit de créativité mais dans le strict respect des lois d'orientation nationales49. Mais les élèves sont parfois des citoyens oubliés ou souvent manipulés. Par conséquent, les enseignants, les personnels d'administration et de gestion font tout le travail, et les principaux concernés sont utilisés comme décoration dans des affaires les concernant. L'association des parents d'élèves, qui est un partenaire de l'école, est rarement consultée pour tout ce qui touche l'enseignement et l'élaboration du règlement intérieur. Elle est utilisée dans certains établissements pour jouer les rôles de médiateur quand il y a des conflits ou de bailleurs quand l'établissement est confronté à des problèmes financiers. Les conflits éclatent souvent entre acteurs de l'éducation, car le règlement intérieur n'est pas négocié. La participation à la vie du lycée participe de l'éducation à la citoyenneté des élèves. Elle est, en ce sens, fondamentale à l'institution scolaire. Cependant il y a un grand fossé entre les dispositions théoriques et la pratique. Par conséquent, l'école doit créer un cadre propice à la participation de tous les acteurs de l'éducation au projet d'établissement. Pour cela notre recherche s'engage à proposer des solutions en lien avec la citoyenneté pour une meilleure participation des lycéens à la vie de leur lycée. 49 SOULY, Simon S. Césaire (2011). « Le projet d'établissement dans l'enseignement post primaire et secondaire au Burkina Faso : état des lieux et perspectives ». UK/ENS/Bibliothèque/ cote : 740, P. 83. 35 |
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