Engagement et citoyenneté: pour une meilleure participation des élèves à la vie scolaire dans l'enseignement secondaire.par Jean Joël ZIDA Université Norbert Zongo - Certificat d'aptitude à la fonction de Conseiller d'éducation 2015 |
II.3.3. De la participationPlusieurs textes fondamentaux tels la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme (art. 1 et 2), la Charte africaine des Droits de l'Homme et des Peuple (art. 13) et la constitution du 02 juin 1991 (art. 1 et 12) font de la participation un droit pour tout citoyen. Des textes sur lesquels se fondent les propos de FLOCH (1991) sur la place des enfants : La participation est un droit de regard, de libre discussion et d'intervention d'un individu et/ou d'un groupe d'individus sur un projet qui le concerne. La participation, c'est l'association, le partage de connaissances, de compétences, de savoir-faire pour définir : un objectif et les moyens de l'atteindre, la faisabilité d'une décision. La participation est un support de la démocratie, de la citoyenneté41. Pour lui, l'enfant est aujourd'hui un citoyen titulaire de droits qu'il doit pouvoir exercer dans l'école. Bref, pour lui, la participation concerne donc tous les citoyens partout où ils se trouvent, habitants des villes et villages, travailleurs dans les entreprises, enseignants dans les établissements scolaires, stagiaires dans les centres de formation, parents dans les crèches et les écoles, enfants et jeunes dans la famille, l'école, les institutions éducatives, les centres de loisirs. Toutefois, cette déclaration bat en brèche l'opinion de DUHAMEL (1996)42 selon laquelle les élèves sont des futurs citoyens en formation. En se référant à l'article 12 de la convention des Nations Unies relative aux droits de l'enfant de 1989, LE GAL (1999) précise d'une manière générale la participation des élèves : Les élèves (écoliers, collégiens, lycéens) devraient pouvoir donner leur avis, individuellement et collectivement, sur toutes les affaires les concernant. Tous les sujets peuvent être l'objet de leurs interrogations, de leurs critiques et de leurs propositions, afin d'améliorer leurs conditions de travail et de vie43. Ainsi, les élèves ont le droit de participer à la gestion de leur classe et de leur établissement scolaire conformément à l'esprit de l'article 21 de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, du 10 décembre 1948, qui précise que « Toute personne a le droit de prendre part à la direction des affaires publiques de son pays, soit directement, soit par l'intermédiaire des représentants librement choisis ». Mais pour y arriver, certaines conditions doivent être réunies. Pour LE GAL (1999), les conditions à réunir pour une 41 FLOCH, Jacques, (1991). Député, Rapport de commission cité par Le Gal, Jean (1999). Pour une citoyenneté participative. Institut Coopératif de
l'école Moderne-Pédagogie Freinet, 42 DUHAMEL, Marcel (1996) cité par ibidem. 43 Le Gal, Jean (1999). Pour une citoyenneté participative. Institut Coopératif de l'école Moderne-Pédagogie Freinet, http://probo.free.fr/textes_amis/pour_citoyennete_participative_jlg.pdf [consulté le 26/09/2014]. 31 participation des élèves en classe sont : - tous les élèves doivent pouvoir participer aux échanges ; - le droit à la parole doit être organisé, les modalités d'exercice précisées et les règles élaborées ensemble ; - le respect des règles communes par l'enseignant. Les conditions à mettre en oeuvre pour permettre la participation des élèves au sein des établissements scolaires sont, selon LE GAL (1999), de quatre (04) ordres : - le cadre juridique ou réglementaire doit la prévoir ; - les enseignants doivent être à l'écoute des élèves ; - des lieux collectifs d'expression, de débat, de négociation et de décisions doivent être mis en place ; - les élèves doivent apprendre à s'exprimer, à émettre un avis et à participer à la prise d'une décision collective. Ces conditions favorisent la participation des élèves certes, mais ne permettent pas d'éviter ce que Roger HART (1992)44 nomme « participation frivole » c'est-à-dire une exploitation des élèves au service des autres acteurs du système éducatif. Roger HART (1992) a établi une échelle de participation des élèves. Il situe trois (03) niveaux de non-participation et cinq (05) niveaux de participation réelle. Les trois niveaux de non-participation correspondent à des situations où l'élève joue un simple rôle. Il s'agit notamment de la : - manipulation : les élèves sont amenés à prendre part à un projet ou à une activité sans en comprendre le fond ; - décoration : les élèves s'investissent sans réserve en faveur d'une manifestation donnée alors qu'ils n'ont qu'une idée vague des objectifs de la manifestation ; - politique de pure forme : les élèves ont effectivement la parole mais ils n'ont pas pu choisir le thème du débat ou le mode de communication. En plus, ils ont une possibilité limitée d'exprimer leur opinion. Les cinq (05) niveaux de participation réelle des élèves désignent des situations où les 44 HART, Roger (1992). Monter l'échelle de participation, les enfants d'abord. UNICEF, avril-juin 1992. 32 élèves sont entièrement impliqués en connaissance de cause. Il s'agit notamment : - désignés mais informés : les élèves se portent volontaires après avoir pris connaissance des objectifs du projet, du pourquoi de leur participation, de qui en a décidé et de leur rôle ; - consultés et informés : les élèves comprennent le processus de réalisation du projet conçu et dirigé par les adultes. Ils ont été consultés et leurs opinions ont été prises en compte ; - projet initié par des enseignants, décisions prises en concertation avec les élèves : les élèves participent à la décision ; - projet initié et dirigé par les élèves : Les élèves sont les seuls acteurs ; - projet initié par les élèves, décisions prises en accord avec les enseignants : les élèves consultent les enseignants et prennent en compte leurs suggestions. Il est très difficile de situer la participation des élèves des collèges et lycées du Burkina Faso dans l'échelle de participation établie par Roger HART (1992). En effet, l'arrêté n°2014-351/MESS/SG/DGESG/ du 08 septembre 2014, portant fonctionnement des établissements publics d'Enseignement secondaire général prévoit la participation des élèves à certaines instances de gestion telles le comité de gestion, le conseil de discipline, le conseil de classes sans toutefois en préciser le mode. Le comité de gestion est chargé entre autres, de l'adoption et du contrôle de l'exécution du budget prévisionnel annuel de l'établissement, de la fixation des taux annuels des frais de scolarités, des autres formes de contributions financières, du recrutement des élèves, de l'organisation des études, de l'aménagement de la vie scolaire en vue de la promotion de l'éducation morale, civique, culturelle et sportive et du rayonnement de l'établissement. Deux représentants du bureau du comité des élèves de l'établissement en l'occurrence, le délégué général et le trésorier, sont autorisés à siéger dans cette instance. Le conseil de discipline se réunit chaque fois que des manquements graves au règlement intérieur par les élèves sont constatés. Ses décisions sont lourdes de conséquence et peuvent aller du simple avertissement à l'interdiction d'inscription dans tous les établissements d'enseignement secondaire général ou technique et professionnel publique et privé du Burkina Faso. Ce sont le délégué de la classe de l'élève incriminé et le délégué des élèves de l'établissement ou son représentant qui participent à cette instance. 33 Le conseil de classes se réunit en session ordinaire à la fin de chaque trimestre pour examiner les résultats scolaires et arrêter les décisions et propositions à caractère individuel relatives à la scolarité des élèves. Il propose l'admission en classe supérieure, le redoublement, l'exclusion, la réorientation ou l'année blanche au regard du travail scolaire et de la conduite de chaque élève. Notons que le conseil de classe peut se réunir en session extraordinaire sur convocation de son président pour traiter de toute situation urgente de la classe. Le délégué et son adjoint de chacune des classes participent aux conseils des classes. En dehors de ces cadres formels, l'administration du lycée et/ou les enseignants peuvent faire appel aux élèves notamment les délégués en cas de besoin et vice versa. La participation et la représentation fondent la citoyenneté. Par conséquent, l'engagement, l'exercice de la citoyenneté et la participation sont des pratiques à observer dans toute société, et à fortiori en milieu scolaire car ceux-ci permettent de « socialiser, faire entrer dans la vie, assurer le développement et l'intégration des enfants dans une société »45 . |
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