II.1.2. Les conceptions de la communication en
éducation
Les questions théoriques de la communication
abordées par FREIRE (2001) présentent le dialogue comme l'essence
même de ce domaine et comme pratique de la liberté. Pour lui, le
dialogue est un phénomène humain, et se traduit par la parole qui
a deux dimensions : l'action et la réflexion de ceux qui le pratiquent.
De ce fait, la parole constitue un droit pour tous, et personne ne doit imposer
aux autres sa parole en refusant la leur. Ainsi, le dialogue est une exigence
existentielle. Il ne peut se réduire au « dépôt »
des idées d'un individu dans un autre. Ce ne doit pas être non
plus une discussion agressive, une polémique entre des personnes. Par
conséquent, il n'y a pas de dialogue sans humilité. Le dialogue
est une rencontre des hommes pour apprendre ensemble à agir. Il se rompt
lorsque l'un des acteurs oublie l'humilité. Nous ne pouvons dialoguer si
nous projetons sur les autres l'ignorance, si nous refusons la contribution des
autres. La confiance dans l'homme est une condition à priori. Elle doit
exister avant que le dialogue ne se concrétise.
Selon BERGERON et BELANGER (1979), la ressource la plus
importante dans la communication interpersonnelle est l'homme. Cela se justifie
dans la mesure où l'homme est au centre de toutes les activités
économiques, sociologiques, administratives et scolaires. L'homme est
lui-même une ressource d'où la nouvelle vision des ressources
humaines qui valorise l'homme et concourt à l'efficacité de son
action à travers la communication. La valeur intrinsèque de
l'être humain est décrite par ses compétences, ses valeurs
morales, sa personnalité, ses croyances, et ses aspirations. Tous ces
aspects intérieurs de l'homme sont à connaitre, car ils placent
le responsable dans le bon chemin du management. Pour y parvenir, il doit
privilégier la communication en valorisant l'homme dans ce qu'il a en
lui. Si le responsable administratif sait se montrer attentif aux aspects
sociaux et humains, si l'agent est impliqué dans la résolution
des problèmes, et si le gestionnaire des ressources humaines sait
éviter et oublier les préjugés, et permettre ainsi
à l'agent discriminé de s'amender, alors la question de
l'engagement, de la citoyenneté et de la participation des
élèves peut être résolue.
Au niveau des établissements secondaires, il appartient
au personnel pédagogique, d'administration et d'encadrement de la vie
scolaire de perpétuer la communication interpersonnelle de
manière à avoir une bonne écoute entre personnel de la vie
scolaire et les élèves, sans ignorer aussi les parents. La
communication interpersonnelle est une grande source de motivation et
d'efficacité, mais elle exige un certain nombre de qualité
humaine et d'aptitude. En effet, communiquer met en présence deux ou
plusieurs individus et se caractérise par des échanges. Pour que
la communication soit efficace, il faut :
20
- accueillir et respecter l'émetteur, celui-ci est tenu de
respecter l'auditeur ;
- tenir compte des valeurs humaines et des aspirations profondes
pour recueillir la participation de l'interlocuteur ;
- avoir une capacité d'écoute.
La bonne écoute commence par la bonne attitude dans
l'accueil qui rassure. Il faut écouter l'autre jusqu'au bout de ses
propos. GROMOLARD (1991) ne disait-il pas, à ce propos, qu'«
écouter c'est peut-être le plus beau cadeau que nous puissions
faire à quelqu'un, c'est lui dire non pas avec des mots, mais avec ses
yeux, son visage, son sourire et tout son corps : tu es important pour moi, tu
es intéressant, je suis heureux que tu sois là, tu vas m'enrichir
car tu es ce que je ne suis pas »16. Cela signifie qu'on
accorde de l'intérêt au problème même si on ne peut
pas le résoudre. La capacité d'écoute se ressent dans les
questions qu'on pose, l'avis de l'auditeur sur le problème
évoqué. Par exemple, dans une situation d'échange entre le
conseiller principal d'éducation (CPE) et un élève, le CPE
peut demander l'avis de celui-ci, les solutions possibles. La motivation au
quotidien exige un type de rapport valorisant. Lorsqu'un élève
énonce des idées ou élabore un projet qui affecte le
fonctionnement de l'établissement, il faut l'écouter jusqu'au
bout. Quelle que soit l'ampleur des raisons évoquées ou la
gravité de la situation, il faut associer les élèves et
aussi les autres acteurs du système scolaire à la recherche de
solutions, d'où la coopération.
L'Organisation Internationale de la Francophonie (O.I.F)
citée par ZOUNGRANA (2011)17 définit la
coopération comme l'activité par laquelle des sujets mettent en
commun leurs énergies, leurs savoir-faire et leurs savoirs pour
réaliser une fin. Ceci laisse comprendre qu'il faut
fédérer les efforts pour parvenir au but recherché.
L'histoire issue du dessin publié par le mouvement américain
contre la guerre datant de 1937 peut bien illustrer cette théorie.
Deux ânes, attachés à la même
corde d'un bout à l'autre, veulent brouter deux tas de foin
disposés de sorte que sans le consentement des deux, aucun ne peut
être satisfait. Las de se tirer, ils décident de trouver une
solution. C'est ainsi qu'ils prennent la résolution de brouter un tas
ensemble avant de passer au second tas.
C'est dire que la coopération suppose la communication,
la collaboration, la participation, l'entraide. La coopération au
lycée est tournée vers les élèves pour les outiller
à vivre en harmonie avec eux-mêmes et avec les autres acteurs de
la communauté scolaire au
16 GROMOLARD, André (1991). Prendre sa vie
en main. Ed. Chronique sociale.
17 ZOUNGRANA, Louis Constant (2007). «
L'éducation à la citoyenneté à l'école
primaire : la contribution spécifique de l'école »,
mémoire de fin de formation IEPD, UK/ENS, p. 23.
21
sein de la classe, de l'école et de la
société. Cette théorie, s'inscrivant dans la dynamique des
méthodes actives, permet aux acteurs scolaires d'être en synergie
d'action dans le lycée à travers les instances
règlementaires et les associations scolaires ; puis de travailler
ensemble pour atteindre le but commun, celui de la réussite scolaire
dans un esprit citoyen.
|