Conclusion du chapitre
Au Cameroun, la déconnexion du lien traditionnel entre
appartenance à la Nation et citoyenneté découle de deux
phénomènes différents.
L'interdiction de la double nationalité instaure un
schisme, elle montre en effet que la citoyenneté et la
nationalité sont bâties autour de principes figés et
endurcis dont le rendement a été ni plus ni moins que
l'expurgation des camerounais d'origine du berceau de leurs ancêtres.
Pourtant la force transcendante que véhicule l'idée de Nation est
restée agissante chez ces derniers. Dès lors, pour recoller les
morceaux de la citoyenneté brisée, la reconnaissance de la double
nationalité se présente comme un enjeu de taille qui viendrait
par ailleurs réconcilier une Nation et ses enfants, c'est-à-dire
les camerounais d'origine ; afin que, plus que jamais, les auspices de
rassemblement de tous les fils et filles de la Nation autour d'un destin commun
soient promus.
Par ailleurs, le démantèlement du lien
citoyenneté nationalité est scruté dans la faiblesse de
l'ancrage à la fois de la nationalité et de la citoyenneté
camerounaises à Bakassi qui, du fait de l'imposante démographie
nigériane dans cette zone, sont désormais placées sur une
sorte de qui-vive. C'est la raison pour laquelle elles doivent
bénéficier d'une attention tout à fait
particulière, car il y va de la préservation de la
souveraineté du Cameroun sur ce territoire. Dans ce sens, il s'ouvre
bien de perspectives ouvertes à la citoyenneté et à la
nationalité à Bakassi doivent toutes, au-delà de tout,
concourir à promouvoir l'identité nationale camerounaise.
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CONCLUSION DE LA SECONDE PARTIE
En somme, il faut souligner que la citoyenneté
camerounaise, inscrite dans une inéluctable dynamique évolutive,
a connu et connait encore des fortunes diverses. Entre fragmentation et
désagrégation, elle apparait plus que jamais exposée
à la force des vents des changements politiques, juridiques, sociaux et
culturels.
D'une part, la citoyenneté a connu une inflexion vers
la différenciation. Cette orientation s'inscrit dans une logique plus ou
moins contradictoire ; car elle se situe d'une part aux antipodes des
aspirations de construction de la démocratie et d'érection d'une
République forte où les citoyens revêtent un visage et des
attributs identiques ; d'autre part, la différenciation s'inscrit comme
une étape de la construction de ladite citoyenneté.
Toujours dans une logique dynamique, la citoyenneté est
désormais sur le coup de se détacher d'un de ses plus forts
alliés, à savoir l'appartenance à la Nation. Laquelle est
entendue comme le lien de nationalité. Cette occurrence a pour effet de
bouleverser véritablement les fondations de la Nation camerounaise, dont
le chantier de la construction n'est pas encore achevé. Dans cette
situation, la citoyenneté se fraye difficilement un chemin ; car en
fait, elle ne peut manquer de subir les balbutiements et les lacunes qui
marquent la construction de l'Etat-nation camerounais.
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