WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La citoyenneté en droit constitutionnel camerounais


par Ampère Romuald NGASSAM KANGUE
Université de Douala - Master 2 en droit public 2015
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

B. L'octroi de droits politiques limités aux ressortissants nigérians

En vue de consolider l'appartenance légale de Bakassi au Cameroun et, dissiper par-là l'impression que cette zone est camerounaise moins par la population que par le territoire, il est nécessaire de mettre en oeuvre l'imprégnation de l'identité camerounaise chez ceux des ressortissants nigérians qui ont décidé de conserver leur nationalité. Cela est en effet possible par le dépassement du paradigme de la nationalité et de la citoyenneté comme facteurs d'exclusion dressant des limites à la participation politique de certains individus au sein de la communauté465. Ce qui suivrait serait la définition d'une citoyenneté de résidence subsidiaire exceptionnellement pour la zone de Bakassi.

Dans cet ordre d'idées, loin de souscrire forcément à l'idée selon laquelle « la nationalité ne saurait continuer à servir de critère d'appréciation de l'appartenance au cercle des citoyens politiques »466, l'octroi de droits politiques limités, notamment le droit de vote, à ces étrangers semble envisageable467 ; car, comme l'affirme Andres Hervé, « le droit de vote des étrangers permettrait de favoriser l'intégration, et serait la première marche d'un processus qui aboutirait, par exemple, à la naturalisation »468.

Au demeurant, la définition de droits politiques au profit des ressortissants étrangers à Bakassi devrait obéir à divers critères :

D'abord le critère de résidence et de sa durée, qui se justifierait par le fait qu'un grand nombre d'étrangers nigérians sont nés à Bakassi et/ou y sont établis depuis de nombreuses années ; ce qui fait à ce propos de la notion d'étranger une notion difficile à cerner dans ce cas précis 469 . En vertu du critère de la durée de la résidence, plusieurs contours sont

465 Lire à ce propos Jean Leca, « La citoyenneté entre la nation et la société civile », dans Dominique Colas, Claude Emeri, Jacques Zylberberg (dir.), Citoyenneté et nationalité. Perspectives en France et au Québec, Paris, PUF, 1991, p. 479.

466Cf. Sandrine Maillard, L'émergence de la citoyenneté sociale européenne, op. cit., p. 423.

467 Historiquement, cette hypothèse fut consacrée en France par la Constitution montagnarde, jamais appliquée, du 24 mai 1793. Son art. 4 accordait des droits politiques à « tout étranger âgé de vingt et un ans accomplis, qui, domicilié en France depuis une année, y vit de son travail, ou acquiert une propriété, ou épouse une Française, ou adopte un enfant... ». Par la suite, les droits de vote et d'éligibilité ont été accordés aux étrangers dans plusieurs pays, notamment l'Irlande en 1963, le Danemark en 1981 et les Pays-Bas en 1985.

468 Hervé Andres, « Le droit de vote des étrangers. Etat des lieux et fondements théoriques », op cit. , p. 227.

469 Il est évident que l'essentiels des ressortissants nigérians vivant dans la presqu'île de Bakassi ne se considèrent pas comme étant des étrangers dans ce territoire, compte tenu du fait qu'ils y sont nés et qu'ils ont été pendant plusieurs années soumis à l'autorité de leur Etat d'origine, le Nigéria en l'occurrence. Logiquement on n'est pas étranger dans un territoire administré par des autorités de son pays d'origine.

137

envisageables. Premièrement, les droits politiques sus évoqués ne doivent être que l'apanage des ressortissants nigérians qui sont nés dans cette zone et qui y justifient d'une résidence continue.

Deuxièmement, pour ceux des ressortissants nigérians qui ne sont pas nés à Bakassi, mais qui s'y sont installés à un moment donné, la durée de la résidence nécessaire peut donc être déterminée à partir de certains points de référence tous liés aux principales séquences du dénouement diplomatico-judiciaire du conflit ayant opposé le Cameroun au Nigéria470. En tout état de cause, le cadre temporel devant être retenu dans ce cadre ne doit pas être postérieur à la date de l'acquisition par le Cameroun de sa pleine souveraineté sur le territoire de Bakassi, c'est-à-dire le 14 août 2013.

Ensuite, le critère de la nature de l'élection porte sur la représentation des ressortissants nigérians à l'échelon de l'élection municipale au maximum. Ce scrutin est en général le degré le plus élevé de représentation politique des ressortissants étrangers dans leur pays d'accueil471. Même l'union européenne, en dépit du niveau avancé de l'intégration entre ses pays membres n'a pas consacré mieux que cela, à l'exception des élections européennes472.

Enfin, le critère de l'éligibilité ou non. A ce sujet, le droit d'éligibilité peut consister en la fixation d'un quota maximal de représentation des ressortissants nigérians au sein de l'organe délibérant de la commune473. Un droit à l'éligibilité de portée limitée, marqué par un accès ouvert d'une part au conseil municipal, et fermé d'autre part aux fonctions de chef ou d'adjoint de l'exécutif communal.

470 Les différentes séquences du conflit frontalier entre le Cameroun et le Nigéria sont constituées dans un ordre chronologique par la décision de la CIJ le 10 octobre 2002, la signature de l'accord de Greentree le 12 juin 2006, l'accord de Calabar du 14 août 2008 et la fin du régime spécial transitoire le 14 août 2013.

471 Dans cette optique les scrutins présidentiel et législatif et les référendums sont exclus de ce champ.

472 Le traité de Maastricht du 7 février 1992 prévoit en effet que les citoyens de l'Union disposent d'un droit de vote et d'éligibilité pour les élections municipales et européennes dans l'Etat membre où ils résident et dont ils ne sont pas ressortissants.

473 Le quota maximal légalement défini devrait dans ce sens correspondre à un nombre de conseillers bien déterminé à l'avance, sur la base du nombre total de conseillers que compte la commune en question.

138

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus