Analyse sociologique des politiques scientifiques au Gabon: cas du CENARESTpar Sandrine Esther MEYO ME NDONG Université Omar Bongo - Master 2021 |
Introduction de la partie préliminaireL'étude scientifique d'un objet se fait en plusieurs étapes dont la première consiste à poser les fondements épistémologiques permettant au chercheur d'isoler, son objet d'étude. En effet, « Les discours sociologiques à visée scientifique sont des interprétations d'un morceau de réalité sociale construites à partir d'une boîte à outils conceptuels et méthodologiques. Ces différents outils permettent au sociologue de construire son regard sociologique et d'être vigilant quant à ses limites. »14 Dans le même sens, Max Weber considère que : « Tout travail scientifique présuppose toujours la validité des règles de la logique et de la méthodologie qui forment les fondements généraux de notre orientation dans le monde. »15 Après avoir défini et construit l'objet d'étude, circonscrit le champ sociologique, l'analyse dans la présente partie préliminaire, s'attachera à construire le modèle d'analyse qui est « le prolongement de la problématique. Il est composé de concepts et d'hypothèses qui sont étroitement articulés entre eux pour former ensemble un cadre d'analyse cohérent.»16 Nous allons ensuite formuler la problématique, avant de démontrer la démarche méthodologique et présenter les limites de ce travail en dernière instance. 14, P. Fugier, Les discours sociologiques et les terrains des sociologues. Quelques préalables à la production de sociologues non dogmatique », in : Revue pluridisciplinaire de science humaine et sciences sociales, Interrogation, halshs-01651429, p.1. 15 M. Weber, le savant et le politique, Paris, Plon, 1957, p.77. 16 R. Quivy et L. Van Campenhoudt, Manuel de recherche en sciences sociales, Paris, Dunod, 1995, p. 149. 15 Section 1 : Objet et champ d'étudeExplicitement, cette partie consistera à définir les notions que nous emploierons, afin d'expliquer notre objet de recherche et émettre une précision du champ d'étude. La recherche élaborée en science sociale est un processus méthodique par lequel le chercheur à accès au réel. Il s'attèle à suivre une succession d'étape lui permettant d'analyser le fait de façon objective. A ces étapes est associée la définition ou encore la délimitation de l'objet. Dans cette section, le travail consistera à élaborer une construction de notre sujet, en partageant l'écart qui existe entre la réalité et le réel, en d'autres termes le problème que pose notre objet. 1.1 La gouvernance de la recherche scientifique comme objet d'étudeIl s'agit ici d'isoler par la pensée, une des dimensions d'un phénomène qui va faire l'objet d'investigation de l'étude, c'est-à-dire, sélectionner dans la réalité un objet, disséquer le réel, qui est le nôtre afin de briser les « obstacles épistémologiques » et de nous permettre de saisir objectivement le terrain car « la difficulté spéciale des sciences sociales résulte non seulement de ce que nous devons distinguer entre les opinions des personnes qui sont l'objet de notre étude et notre opinion sur elles, mais aussi de ce que les personnes qui sont l'objet de notre étude sont à la fois mues par des idées et se forment également des idées sur les résultats non projetés de leur action. »17 Nous avons choisi cet objet, car il nous permet de lire les mouvements des agents au sein du champ de la recherche et des différents acteurs internes et externes par lesquelles nous 17 M. Roberto, « La Rupture en sociologie ». In : L'Homme, 1970, tome 10 n°4, p.115. 16 pouvons comprendre l'impact de la recherche, son organisation, son institutionnalisation, É La gouvernance inclut une diversité d'acteur, ceux-ci peuvent être aussi bien institutionnels que sociaux. La gouvernance peut faire allusion à une gestion en système. Elle penche plus pour une autonomisation des parties ou éléments d'un système dans le but de mettre les différentes parties en relation. Concernant la notion de gouvernement Ph. Braud souligne que la gouvernance fait allusion à « des logiques et des contraintes internes et externes qu'on peut analyser comme des « régulations ». En cela, elle se distingue de la notion de gouvernement qui met surtout l'accent sur les rôles du gouvernement et les moyens institutionnels. »18 . La notion de gouvernance pourrait faire allusion à une « distribution du pouvoir de décider »19. Dans cet optique, la gouvernance de la recherche « comprend la régulation, l'organisation et la gestion du travail scientifique et défini comment et avec la participation de qui sont prises les décisions relatives à la recherche, notamment quant aux priorités et sujets de recherche, à la sélection et conception des méthodes, à la coopération et aux synergies entre différentes parties du système de recherche et au contrôle de qualité des résultats20 ». En d'autres termes, nous entendons par « gouvernance de la recherche scientifique », tout acte veillant encadrer et organiser la recherche scientifique faite en laboratoire ou pas, mais dans le but d'un apport direct ou indirect au développement économique et social du pays. Cette étude met un accent particulier sur la recherche-développement considérée comme jonction de la recherche fondamentale et recherche appliquée. L'une des questions nodales de notre travail est bien les enjeux ou incidences sociétales et économique de la gouvernance la recherche scientifique. Nous nous proposerons à cet effet, d'analyser le niveau d'articulation entre recherche fondamentale et recherche appliquée21. En effet, « Ce qui compte bien davantage est de pouvoir identifier, sur un même périmètre, les acteurs de cette recherche qui contribue à une même thématique, et constitue un 18 Ph. Braud, Sociologie politique, 8ème Edition, L. G. D.J, 2006, p.612. 19Ibid. p.620. La manière dont le pouvoir est soit partager, soit accaparer entre les acteurs. Pour ce qui est de notre étude, nous ne nous pas sur l'aspect « horizontal et vertical » de la gouvernance qui fait parfois allusion à une implication internationale. Mais plutôt à l'aspect interétatique et du supra-étatique. En d'autres termes, à la manière dont la distribution des pouvoirs se fait au sein des États, plus précisément de l'État gabonais concernant le secteur de la recherche. 20 C. Neubauer, « Gouvernance de la recherche - Régulation, organisation et financement », Sciences citoyennes, Mardi 10 janvier 2012. https://sciencescitoyennes.org/gouvernance-de-la-recherche-regulation-organisation-et-financement/ 21 I. Hathie, État des lieux de la Gouvernance de la Recherche Universitaire en Afrique de l`Ouest et du Centre, Rapport de synthèse, Décembre 2009, p. 4. https://www.aau.org/wp-content/uploads/sites/9/2018/04/Etat-des-lieux-de-la-Gouvernance-de-la-Recherche-Universitiaire.pdf 17 pôle de recherche de qualité 22». Il s'agit de mettre en évidence les acteurs concernés par la gouvernance de la recherche scientifique et identifier, non seulement le rôle de chacun, mais aussi les mécanismes de fonctionnement de ladite recherche et de sa gouvernance. Daniel Franck Idiata présente les conditions de production scientifique au Gabon en ces termes : « La production scientifique gabonaise, dans la structure publique, université et centre de recherche reste davantage liée aux efforts personnels des chercheurs et enseignants, plutôt qu'à un véritable environnement scientifique propice résultant de la mise en oeuvre d'une véritable politique scientifiqueÉ23 » Notre travail porte sur « la gouvernance de la recherche scientifique », car vue sur l'angle de gouvernance nous pouvons mieux tenter d'analyser les mouvements des différents agents dans le champ, et la synergie autour du champ par les acteurs (agents) collatéraux. Nous pouvons, aussi mieux tenter de comprendre l'influence des différents agents du champ de la cherche et des différents acteurs sur le système de fonctionnement de recherche, les résultats produits et l'influence social et économique de la recherche. Cette tentative de construction de notre objet d'étude, « gouvernance des politiques scientifiques », nous amène à présenter l'objet et le champ d'étude du travail. |
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