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Le Cameroun et la convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques


par Eric Salomon Ngono
Université de Yaoundé I  - Master 2 2020
  

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CONCLUSION GÉNÉRALE

La préoccupation centrale de notre réflexion était de clarifier la problématique de la lutte contre les changements climatiques au Cameroun. Pour ce faire, nous avons eu recours à une approche chronologique, dans une analyse systémique imposant inter et transdisciplinarité pour examiner de manière critique des sources et informations recueillies. Cela nous a permis de rendre compte sur les actions menées par le Cameroun en matière de lutte et d'atténuation des changements climatiques ainsi qu'aux capacités du pays à s'adapter aux effets néfastes de ce phénomène, qui affichent un tableau mitigé.

Dans les deux premiers chapitres, il a été nécessaire de présenter les généralités et l'émergence de la conscience écologique sur la scène internationale dans les années 60 et la CCNUCC. A partir des années 70, des rencontres intergouvernementales à caractère écologique, socio-humanitaire, scientifique se généralisent. La conférence de Stockholm de 1972 en faveur de l'environnement a pour conséquence la création en 1973 du PNUE. En 1979, le climat est mis en avant avec l'organisation à Genève de la première Conférence Mondiale sur le Climat. Dès lors, la communauté internationale va se montrer soucieuse de la protection de l'environnement. La décennie 80 est marquée par l'élaboration des premiers instruments juridiques internationaux relatifs à la protection de l'atmosphère et de la couche d'ozone à savoir la Convention de Vienne et le Protocole de Montréal. L'année 1988 marque un tournant décisif dans la construction de la gouvernance climatique mondiale avec la création du GIEC, institution chargée de mener les recherches sur les changements climatiques.

Sur le plan national, il est clair que les questions environnementales n'étaient pas un souci majeur pour le pouvoir de Yaoundé depuis les indépendances jusqu'en 1992. Mais après la Conférence de Stockholm de 1972, une conscience écologique quoiqu'embryonnaire émerge. En 1974, le Cameroun réagit par le lancement de l'Opération Sahel Vert. Peu à peu le pays procède à la mise sur pied des organes chargés des questions d'environnement au sein du gouvernement. On note la création de la Cellule de la Protection de l'Environnement (CPE) au sein du MINTP en 1977. Le 9 avril 1992, on assiste à la création du Ministère de l'Environnement et de la Forêt le au sein duquel fut érigée la Direction de l'Environnement.

Convaincue de l'existence des changements climatiques, l'Assemble Générale de l'ONU approuva en décembre 1991 le début des négociations de la CCNUCC. Un Comité

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Intergouvernemental de négociation de la Convention constitué des négociateurs de 150 pays élaborèrent la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques. Elle fut signée à l'unanimité à la Conférence de Rio de Janeiro au Brésil en juin 1992.

La CCNUCC est le document de base d'un vaste programme à moyen et à long terme sur la lutte contre les dérèglements climatiques. Son but ultime est de stabiliser les concentrations des GES dans l'atmosphère. Elle est guidée par des principes auxquels les parties doivent s'appuyer dans le strict respect de leurs engagements. Outre les engagements généraux, chaque partie en fonction de son niveau de développement avait des obligations particulières.

Pour assurer sa mise en application effective, une batterie de mécanismes institutionnels et financiers a été mise sur pied. Sur le plan institutionnel, la Conférence des Parties est l'organe suprême de la Convention. D'autres organes tels que le Secrétariat à la Convention, l'organe subsidiaire de conseil scientifique et technologique et d'autres furent créés. Dans le but de fournir des ressources financières favorisant sa mise en application, un mécanisme financier a été créé. L'institution chargée de les gérer était le FEM créé en 1991. De même, une coopération interétatique a été prescrite pour assurer et surveiller la collaboration entre les parties.

Pays aux spécificités géographiques particulières, considéré comme une "Afrique en miniature", pays appartenant au bassin du Congo deuxième poumon vert mondial, membre de plusieurs organisations à vocation environnementale, possédant un écosystème riche et varié, pays littoral menacé par la désertification dans sa partie septentrionale ; le Cameroun avait ainsi plus d'une raison de signer la CCNUCC le 14 juin 1992 et de la ratifier le 19 octobre 1994.

Les deux derniers chapitres présentaient d'une part les réalisations opérées par le Cameroun dans la lutte et l'adaptation au réchauffement climatique ; d'autre part les entraves et manquements qui limitent la marge de manoeuvre du Cameroun dans sa croisade contre les dérèglements climatiques. Avec pour principales sources d'émission les secteurs de l'énergie, de l'industrie, la pression démographique avec l'agriculture, les émissions liées à l'affectation des terres et de forêts et le secteur des déchets, le pays est vulnérable aux effets du changement climatique. Pour y faire face, il a initié des actions pour atténuer ses émissions des GES.

L'Etat du Cameroun s'est illustré à l'élaboration des cadres juridique et institutionnel chargés de règlementer et de piloter les activités liées à la protection de l'environnement et de lutte contre les changements climatiques. Cette architecture a servi de base au lancement de plusieurs projets. Par le concours des acteurs du secteur privé et des partenaires au développement, le Cameroun a lancé en 1996 le PNGE. Après l'entrée en vigueur du Protocole de Kyoto, le pays s'est inscrit dans la logique des projets MDP avec la création du Comité National MDP le 16 janvier 2006.

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Le pays a manifesté sa volonté dans ce combat contre les changements climatiques en créant l'ONACC en 2009. Il a aussi adhéré au processus REDD et REDD+ dans l'optique de réduire les émissions issues de la déforestation et de la dégradation des forêts. Dès lors, un Comité de Pilotage et un Secrétariat REDD+ ont été établis en 2012. Des réalisations conséquentes ont été enregistrées telles que le lancement des projets pilotes REDD en février 2008, l'élaboration de la R-PIN et la R-PP. D'autres activités de recherches et documents ont été produits pour aboutir à l'élaboration de la stratégie nationale REDD+ en janvier 2018.

Le combat du Cameroun contre les changements climatiques est freiné par plusieurs facteurs. Ces obstacles sont d'une part inhérents à la CCNUCC et à la communauté internationale et d'autre part aux mobiles internes liés à la gouvernance du pays. L'incertitude scientifique, la marginalisation des pays du Sud dans le Protocole de Kyoto ont développé un manque de motivation des parties et renforcé les clivages Nord-Sud. L'échec de la négociation d'un accord consensuel et contraignant a favorisé l'apparition d'accords et projets variés ce qui fragilise l'action internationale en matière de gouvernance climatique.

En outre, la mal-gouvernance, d'autres facteurs exogènes plombe l'action du pays contre les dérèglements climatiques. En effet, la présence d'un cadrage juridique embryonnaire et balbutiant, la corruption légendaire et les lenteurs administratives sont à l'origine du retard et de l'échec de plusieurs projets. En plus, il faut noter l'insuffisance et l'absence des moyens techniques et financiers alloués aux activités de lutte contre le changement climatique. Cet état des choses limite l'action du Cameroun dans la mise en application effective dans la CCNUCC.

Face à ces difficultés, des solutions ont été proposées pour une mise en oeuvre optimale de la CCNUCC pour une résilience et une adaptation efficace aux changements climatiques. La première solution est le renforcement des capacités des acteurs nationaux, des institutions techniques nationales et l'implication de toutes les parties prenantes. Il est nécessaire d'élaborer un cadre juridique spécifique à la lutte contre les changements climatiques. La mise en place d'une approche intégrée entre le développement et changement climatique pour atteindre ses objectifs socio-économiques doit aussi être prise en compte.

Les changements climatiques étant un chemin de non-retour, limiter leurs effets étant presque illusoire, l'adaptation est donc primordiale. C'est dans cette logique que le Cameroun a élaboré en 2015 le Plan National d'Adaptation aux Changements Climatiques (PNACC). C'est un vaste programme d'adaptation axé sur 20 projets concernant des secteurs de l'agriculture ; l'élevage ; la pêche et l'aquaculture ; foresterie, sylviculture et la faune ; l'eau, assainissement et santé ; énergie, mines et industrie, développement urbain et travaux public.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci