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Le Cameroun et la convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques


par Eric Salomon Ngono
Université de Yaoundé I  - Master 2 2020
  

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III- Renforcement de l'action de l'Etat pour une adaptation aux effets néfastes des

changements climatiques

L'Afrique, malgré ses faibles taux d'émission, reste le continent le plus exposé aux désastres probables engendrés par le réchauffement climatique. Au-delà des conséquences dramatiques des changements climatiques, ce phénomène ira davantage crescendo. Malgré la prise de conscience et l'engagement des acteurs, les changements climatiques poseront et généreront de nouveaux défis globaux au plan économique, social, environnemental et même sécuritaire38. Tout au long de leur histoire, les peuples et les sociétés ont réussi avec plus ou moins de succès à s'adapter ou à faire face au climat, à ses variations et aux phénomènes extrêmes39. Le phénomène des changements climatiques étant déjà sur le chemin de non-retour, car ils sont inévitables, il est urgent pour le Cameroun de s'adapter aux effets néfastes de ce phénomène. Dans cette partie, nous insisterons sur les solutions pour une lutte efficace contre les changements climatiques et une adaptation réelle. Nous proposerons, d'une part, le renforcement des capacités de l'Etat et l'inclusion de toutes les parties prenantes. D'autre part, nous présenterons la stratégie camerounaise d'adaptation au changement climatique.

35 SAHA, «les instruments économiques...», p.99.

36 Ngwanza Owono, La mise en oeuvre de la Convention-Cadre..., p.57.

37 Bennani, La convention des Nations Unies sur les changements climatiques..., p.16.

38 Réponse au changement climatique en Afrique : une approche par la gouvernance des territoires, ARGA, 2015, p.13.

39 Ibid.

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A- Renforcement des capacités de l'Etat pour une participation inclusive de toutes les parties prenantes

Le renforcement des capacités est une tâche définie assignée aux gouvernements dans l'Agenda 21. C'est :

L'ensemble des moyens humains, scientifiques, techniques, administratifs, institutionnels et financiers. Le renforcement des capacités vise principalement l'aptitude à évaluer et résoudre les problèmes cruciaux que posent les choix politiques et les modalités d'application des différentes formules de développement, en appréciant à leur juste valeur les possibilités et les limites de leurs répercussions sur l'environnement selon les circonstances particulières à chacun des pays40.

La lutte contre le réchauffement climatique se fait dans un cadre bien déterminé. Ledit cadre est réalisable grâce à une structuration gouvernementale bien élaborée. Cela passe par une nomenclature institutionnelle et normative fiable pour une bonne gouvernance climatique. Pour y parvenir, l'association des questions de changement climatique et des questions économiques et le renforcement des partenariats sont nécessaires.

1- Elaboration d'un arsenal juridique propre à la lutte contre les

changements climatiques

Le climat est devenu une préoccupation importante. Il devient nécessaire que des textes de loi y soient consacrés41. Pour réussir le pari de l'atténuation et l'adaptation aux événements climatiques extrêmes, le Cameroun doit se doter des lois propres à ce domaine. Au même titre que le secteur environnement, le secteur du changement climatique peut être contrôlé par des lois. En effet, la lutte contre les changements climatiques fait partie de la protection de l'environnement. L'adoption des lois soit sur le contrôle des actes d'application, soit sur les manquements qu'on pourrait observer à l'application pourrait être indispensable pour ce secteur. Dans le même ordre d'idées, il est impérieux d'adopter des lois contraignantes et sanctionnant tout contrevenant.

Avec des conséquences qui impliquent les secteurs économiques, sociaux, politiques et bien d'autres, il est urgent que des lois efficaces soient adoptées. En effet, il serait impérieux que des commissions environnement et changement climatique soient mises sur pied au parlement. Ces dernières, avec l'appui des ministères et institutions concernés, mettraient au-devant du parlement les questions climatiques avec pour conséquence la proposition et l'adoption des lois. Le travail qui doit être fait que ce soit au niveau de la REDD+ et de la CDN, est de voir comment faire des propositions de loi par rapport à tel ou tel domaine. Dans le domaine des énergies renouvelables par exemple, il faut des textes de loi qui allègent les taxes

40 Agenda 21, chapitre 7.

41 Mevono Mvogo, Application par le Cameroun..., p.43.

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douanières par rapport aux énergies renouvelables, solaires...42 De même, il est indispensable d'élaborer des textes de loi taxant les secteurs d'activités les plus polluants. Des textes de loi par rapport à la taxation des tous les domaines de l'économie camerounaise de telle manière que quand vous achetez un timbre de 200 ou 500 Franc CFA qu'on sache que dans cet argent qu'on puisse prélever 2 ou 10 francs. Les textes proposés serviront à accompagner le Cameroun dans sa lutte contre les dérèglements climatiques43.

2- Redynamisation institutionnelle pour une participation inclusive et le renforcement des capacités de la ressource humaine

Le renforcement des capacités consiste à améliorer les compétences techniques et les moyens institutionnels de l'Etat. Il vise à participer à toutes les initiatives destinées à favoriser la recherche sur les changements climatiques, l'atténuation et l'adaptation aux effets des changements climatiques44. De ce fait, il est impérieux d'assurer l'amélioration du rôle des différentes institutions liées à la lutte contre les changements climatiques. Cela doit passer par l'adoption d'un ensemble de mesures visant à inciter la sensibilisation, l'éducation des fonctionnaires et populations sur les enjeux des changements climatiques. Par ailleurs, il est impératif d'établir une collaboration institutionnelle avec l'ensemble des acteurs impliqués dans le processus de mise en application de la CCNUCC.

La définition d'un cadre institutionnel clair et la mise en place de structures cohérentes, fonctionnelles et efficaces constituent une démarche primordiale pour le Cameroun. C'est à cette condition qu'il peut espérer récolter les fruits des efforts qu'il a consentis depuis 1992. En effet, les dispositions internationales prises et à prendre, notamment en termes de financement de projets de développement durable, de transfert de technologie et de renforcement des capacités, bénéficieront d'abord et avant tout aux pays qui auront fait un effort d'organisation des structures, pris les mesures nécessaires pour garantir la visibilité et la transparence des procédures et donné la preuve de leur crédibilité45.

Les pouvoirs publics ont non seulement la responsabilité des accords internationaux et de la mise en oeuvre des plans nationaux, mais aussi celle de susciter la mise en mouvement de tous les acteurs sur le terrain. Il revient donc aux pouvoirs publics d'améliorer le cadre institutionnel à la mise en oeuvre de la CCNUCC46. L'Etat doit rendre plus accessible les méthodes et moyens à l'information sur les questions climatiques. Cela contribuera à l'atteinte

42 T. Kagombe, Coordonnateur national du CDN-Cameroun au MINEPDED.

43 Ibid.

44 Ngwanza Owono, La mise en oeuvre de la Convention-Cadre..., p.62.

45 Bennani, La convention des Nations Unies sur les changements climatiques..., p.16.

46 Ngwanza Owono, La mise en oeuvre de la Convention-Cadre..., p.63.

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optimale de toutes les couches de la société. De même, l'Etat pourra procéder au reboisement et à la plantation des arbres dans les zones touchées par la désertification. Cette activité permettra une adaptation communautaire47. Dans les projets REDD+, les communautés de zones boisées doivent recevoir un appui technique, être formées pour cartographier et faire l'inventaire des forêts. Cela aurait d'autres avantages pour le programme national REDD+ tels la transparence et la connaissance de l'utilité de la gestion communautaire des forêts48.

La nature et l'état des changements climatiques, tout comme les scénarii prospectifs appellent donc à dépasser le principe de l'action réaction et la juxtaposition d'initiatives et de politiques sectorielles pour engager une pensée stratégique et endogène basée sur les collectivités locales49. Dans leur structuration, les institutions chargées de ces questions devraient se rapprocher des populations locales et autochtones qui sont bénéficiaires des différents projets. La décentralisation telle que voulue par la constitution du 18 janvier 1996 devrait intégrer les questions de changements climatiques dans les administrations communales. De ce fait, l'Etat doit soutenir et renforcer les capacités locales afin de développer l'intérêt à la gestion de l'environnement.

L'Etat doit développer et renforcer les capacités des opérateurs politiques, économiques et sociaux en vue d'intégrer les préoccupations climatiques. Il doit optimiser les ressources nationales tant humaines que financières lors de la préparation des études de base autour des problématiques de changement climatique. Développer et renforcer les capacités des opérateurs dans les domaines de formulation, de gestion et de suivi des projets. L'Etat doit organiser des sessions de formation sur l'évaluation des impacts des changements climatiques sur les différents secteurs socio-économiques du pays ainsi que sur les mesures d'adaptation. Renforcer les capacités des institutions de recherche scientifique et de recherche-développement dans divers domaines liés aux changements climatiques. Renforcer les capacités du pays sur les plans systémique, institutionnel et individuel dans les domaines de la vulnérabilité, l'adaptation, la limitation des émissions des GES, l'observation systématique des variations climatiques et la mise sur pied d'une base de données.

47 J. Somba et al, Performances économiques des actions d'adaptation au changement climatique dans le bassin de la Volta, UICN, 2013, p.24.

48 M.M. Skutsh et al, «Suivi communautaire dans le cadre de la REDD+», In Réaliser la REDD+ : Options stratégiques et politiques nationales, Bogor, CIFOR, 2010, p101.

49 Réponse au changement climatique en Afrique..., p.15.

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3- Mise en place d'une approche intégrée entre développement et

changement climatique

Les dérèglements climatiques sont devenus l'un des obstacles au développement. Ils sont une menace pour l'éradication de la pauvreté en Afrique et en Asie du Sud50. Cela se manifeste au Cameroun à travers la baisse de la production agricole, la hausse de la fréquence des désastres, les inondations, la destruction des infrastructures et la dégradation de l'état de santé dans les zones vulnérables. Dès lors, il est nécessaire d'apporter des stratégies et réponses fiables. Ces stratégies doivent analyser et intégrer les enjeux socio-économiques dans la lutte contre les changements climatiques. Les politiques de développement économique doivent s'arrimer aux défis climatiques.

A l'approche de l'échéance pour les 100 milliards de dollars prévu par le FME d'ici 2020, le Cameroun doit renforcer son partenariat avec les bailleurs51. Le pays doit procéder à la conception d'un panachage de politique optimal pour catalyser les capitaux. Déployés dans le domaine climatique, ces fonds pourront servir pour l'appui et la mise en oeuvre des technologies propres52. Ces nouvelles sources d'énergie (solaire, éolienne etc.) catalyseront à leur tour le développement de l'économie verte par conséquent à la création de la richesse et des emplois.

La politique climatique contient deux volets qui sont la réduction des causes du changement climatique en limitant les émissions des GES l'adaptation aux effets du changement climatique. Le premier renvoie à une politique globale. Le deuxième volet renvoie à l'adaptation qui est une politique locale et territorialisée selon les effets du changement climatique prévus et les vulnérabilités propres à chaque territoire.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault