B- Insuffisance des moyens techniques et financiers
nécessaires pour le
financement des projets
Considérée comme une préoccupation de
trop, la lutte contre les changements climatiques entraîne dès
lors une charge de plus. Dans sa croisade menée contre ce
phénomène, le Cameroun éprouve d'énormes
difficultés pour le financement des différents projets. Ces
différents projets sont aussi à la traine faute des moyens
techniques efficaces.
1- Insuffisance des moyens financiers
Malgré les bonnes intentions qui se seront
énoncées par la délégation camerounaise à la
COP 21, une inquiétude existe. Il s'agit de la capacité du
gouvernement à mobiliser des fonds nécessaires pour le
financement des actions prévues dans les différents secteurs
d'activité, afin de tenir l'engagement de réduire les
émissions des GES de 32% à l'horizon 203529. Le
coût de ces projets s'élève à des dizaines de
milliers de milliards de francs CFA. Dans le CDN, il en ressort que sa
réalisation est conditionnée par l'appui de la Communauté
Internationale. La lutte contre les changements climatiques est très
coûteuse pour les PED30. Au Cameroun, les moyens financiers
consacrés à l'environnement sont insuffisants. Par
conséquent, les ressources financières sont insuffisantes par
rapport au volume d'idées et de projets. Cela est dû aux
priorités nationales du pays qui se veut émergent à
l'horizon 2035. Dès lors, le développement économique
prime sur des enjeux climatiques.
Il convient de relever que consacrer des fonds pour
l'atténuation des émissions de GES pour un pays comme le Cameroun
ne motive pas les bailleurs internationaux. En effet sa part des
émissions à l'échelle internationale est très
nulle. La difficulté réside de nos jours dans les projets
d'adaptation qui nécessitent plus de fonds. Le Cameroun manque des
moyens pour la réalisation des actions, faire fonctionner les
institutions en charge des questions telles que l'ONACC et le
Secrétariat Technique REDD+31.
27 T. Kagombe, Coordonnateur national du CDN-Cameroun
au MINEPDED.
28 Bennani, La convention des Nations Unies sur les
changements climatiques..., p.16.
29 Dkamela, Le contexte de la REDD+...,
p.55.
30 Mevono Mvogo, Application par le Cameroun...,
p.47.
31 A. Batha, Géographe expert sur les questions
de changement climatique à l'ONACC.
119
2- Des moyens techniques et technologiques
limités
Comme la plupart des PED, le Cameroun accuse un retard
technique et technologique conséquent. La lutte contre les changements
climatiques s'articule autour de plusieurs projets et programmes avec pour
objectif principal la réduction des émissions des GES. Ces
actions nécessitent des moyens techniques et technologiques dont le pays
ne dispose pas toujours32. Cette situation conduit à une
dépendance du pays qui se tourne toujours vers les bailleurs de fonds
internationaux et partenaires au développement. En effet, lutter contre
le réchauffement climatique nécessite la maîtrise des
données météorologiques qui sont indispensables dans le
suivi et l'évolution du climat. L'ONACC a été
créé dans la même perspective en 2009 pour suivre et
évaluer les impacts socio-économiques et environnementaux des
mesures de prévention, t'atténuation des risques liés
à ces changements33. Il convient de rappeler que ces
structures manquent de moyens techniques et matériels adéquats,
insuffisants et limités pour remplir leur mission et s'arrimer aux
institutions internationales oeuvrant dans ce domaine.
De même, les pays en développement, comme le
Cameroun, n'ont pas toujours les moyens nécessaires pour acquérir
les technologies fiables afin d'atténuer les émissions des GES.
Le déficit de connaissances liées aux changements climatiques est
un réel problème pour l'atteinte des engagements du Cameroun
envers la CCNUCC. Il s'agit notamment des technologies susceptibles de suivre
les émissions de GES et celles pouvant suivre l'évolution du
réchauffement climatique ou encore celles relatives à
l'atténuation. Malgré les multiples recherches engagées,
les chercheurs font face à un manque de technologies inadéquates
car elles sont très coûteuses. En effet, le transfert de
technologies tant recommandé par la Convention qui devait être
effectué des PD aux PED est loin d'être une
réalité34. Toutefois, dans l'assistance
octroyée par les pays développés ; l'aide pour le climat
n'est pas très importante
3- Déficit d'une expertise et une ressources
humaines qualifiées
Les préoccupations liées aux changements
climatiques impliquent une osmose entre les sciences. Au Cameroun, l'expertise
dans ce domaine est d'une rareté notable. Les formations dans ce domaine
sont embryonnaires. Malgré leur intégration dans les projets
comme dans le cadre de la préparation de la REDD+, la quantité et
la qualité des spécialistes nationaux est encore marginal. Dans
le même ordre d'idée, on constate une faible
représentativité des travaux
32 Ibid., p.43.
33 Décret n°2009/410 du 10 décembre
2009 portant création, organisation et fonctionnement de l'ONACC.
34 Mevono Mvogo, Application par le
Cameroun..., p.48.
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scientifiques qui représentent 10% dans
l'élaboration de certaines études et projets35. De ce
fait, on observe la prédominance des rapports des institutions
internationales à l'instar du PNUD, du PNUE, de l'UICN, de la GIZ et
bien d'autres intéressées aux changements climatiques. Les
différentes institutions et comités en charge de la gestion des
projets ne sont pas toujours dirigés pour la plupart par les
spécialistes en la matière à cause du mode recrutement et
le poids du politique dans leur gestion. Malgré l'appui technique des
partenaires, ce personnel est un obstacle dans l'appréhension des enjeux
liés au réchauffement climatique ainsi que la
nécessité d'y faire face.36
Ce manque de moyens financiers et techniques ne permet pas au
Cameroun de remplir pleinement son rôle de gestion et de suivi des
nombreuses questions liées à la CCNUCC. De même, cela
occasionne un manque de suivi de certaines actions et de concertation entre les
différents intervenants qui provoque beaucoup de retard dans la mise en
oeuvre de certains projets voire leur abandon37. Pour
remédier à ces difficultés, et mieux s'adapter aux
corolaires des mutations du climat plusieurs réformes ont
été lancées.
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