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Le Cameroun et la convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques


par Eric Salomon Ngono
Université de Yaoundé I  - Master 2 2020
  

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B- Insuffisance des moyens techniques et financiers nécessaires pour le

financement des projets

Considérée comme une préoccupation de trop, la lutte contre les changements climatiques entraîne dès lors une charge de plus. Dans sa croisade menée contre ce phénomène, le Cameroun éprouve d'énormes difficultés pour le financement des différents projets. Ces différents projets sont aussi à la traine faute des moyens techniques efficaces.

1- Insuffisance des moyens financiers

Malgré les bonnes intentions qui se seront énoncées par la délégation camerounaise à la COP 21, une inquiétude existe. Il s'agit de la capacité du gouvernement à mobiliser des fonds nécessaires pour le financement des actions prévues dans les différents secteurs d'activité, afin de tenir l'engagement de réduire les émissions des GES de 32% à l'horizon 203529. Le coût de ces projets s'élève à des dizaines de milliers de milliards de francs CFA. Dans le CDN, il en ressort que sa réalisation est conditionnée par l'appui de la Communauté Internationale. La lutte contre les changements climatiques est très coûteuse pour les PED30. Au Cameroun, les moyens financiers consacrés à l'environnement sont insuffisants. Par conséquent, les ressources financières sont insuffisantes par rapport au volume d'idées et de projets. Cela est dû aux priorités nationales du pays qui se veut émergent à l'horizon 2035. Dès lors, le développement économique prime sur des enjeux climatiques.

Il convient de relever que consacrer des fonds pour l'atténuation des émissions de GES pour un pays comme le Cameroun ne motive pas les bailleurs internationaux. En effet sa part des émissions à l'échelle internationale est très nulle. La difficulté réside de nos jours dans les projets d'adaptation qui nécessitent plus de fonds. Le Cameroun manque des moyens pour la réalisation des actions, faire fonctionner les institutions en charge des questions telles que l'ONACC et le Secrétariat Technique REDD+31.

27 T. Kagombe, Coordonnateur national du CDN-Cameroun au MINEPDED.

28 Bennani, La convention des Nations Unies sur les changements climatiques..., p.16.

29 Dkamela, Le contexte de la REDD+..., p.55.

30 Mevono Mvogo, Application par le Cameroun..., p.47.

31 A. Batha, Géographe expert sur les questions de changement climatique à l'ONACC.

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2- Des moyens techniques et technologiques limités

Comme la plupart des PED, le Cameroun accuse un retard technique et technologique conséquent. La lutte contre les changements climatiques s'articule autour de plusieurs projets et programmes avec pour objectif principal la réduction des émissions des GES. Ces actions nécessitent des moyens techniques et technologiques dont le pays ne dispose pas toujours32. Cette situation conduit à une dépendance du pays qui se tourne toujours vers les bailleurs de fonds internationaux et partenaires au développement. En effet, lutter contre le réchauffement climatique nécessite la maîtrise des données météorologiques qui sont indispensables dans le suivi et l'évolution du climat. L'ONACC a été créé dans la même perspective en 2009 pour suivre et évaluer les impacts socio-économiques et environnementaux des mesures de prévention, t'atténuation des risques liés à ces changements33. Il convient de rappeler que ces structures manquent de moyens techniques et matériels adéquats, insuffisants et limités pour remplir leur mission et s'arrimer aux institutions internationales oeuvrant dans ce domaine.

De même, les pays en développement, comme le Cameroun, n'ont pas toujours les moyens nécessaires pour acquérir les technologies fiables afin d'atténuer les émissions des GES. Le déficit de connaissances liées aux changements climatiques est un réel problème pour l'atteinte des engagements du Cameroun envers la CCNUCC. Il s'agit notamment des technologies susceptibles de suivre les émissions de GES et celles pouvant suivre l'évolution du réchauffement climatique ou encore celles relatives à l'atténuation. Malgré les multiples recherches engagées, les chercheurs font face à un manque de technologies inadéquates car elles sont très coûteuses. En effet, le transfert de technologies tant recommandé par la Convention qui devait être effectué des PD aux PED est loin d'être une réalité34. Toutefois, dans l'assistance octroyée par les pays développés ; l'aide pour le climat n'est pas très importante

3- Déficit d'une expertise et une ressources humaines qualifiées

Les préoccupations liées aux changements climatiques impliquent une osmose entre les sciences. Au Cameroun, l'expertise dans ce domaine est d'une rareté notable. Les formations dans ce domaine sont embryonnaires. Malgré leur intégration dans les projets comme dans le cadre de la préparation de la REDD+, la quantité et la qualité des spécialistes nationaux est encore marginal. Dans le même ordre d'idée, on constate une faible représentativité des travaux

32 Ibid., p.43.

33 Décret n°2009/410 du 10 décembre 2009 portant création, organisation et fonctionnement de l'ONACC.

34 Mevono Mvogo, Application par le Cameroun..., p.48.

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scientifiques qui représentent 10% dans l'élaboration de certaines études et projets35. De ce fait, on observe la prédominance des rapports des institutions internationales à l'instar du PNUD, du PNUE, de l'UICN, de la GIZ et bien d'autres intéressées aux changements climatiques. Les différentes institutions et comités en charge de la gestion des projets ne sont pas toujours dirigés pour la plupart par les spécialistes en la matière à cause du mode recrutement et le poids du politique dans leur gestion. Malgré l'appui technique des partenaires, ce personnel est un obstacle dans l'appréhension des enjeux liés au réchauffement climatique ainsi que la nécessité d'y faire face.36

Ce manque de moyens financiers et techniques ne permet pas au Cameroun de remplir pleinement son rôle de gestion et de suivi des nombreuses questions liées à la CCNUCC. De même, cela occasionne un manque de suivi de certaines actions et de concertation entre les différents intervenants qui provoque beaucoup de retard dans la mise en oeuvre de certains projets voire leur abandon37. Pour remédier à ces difficultés, et mieux s'adapter aux corolaires des mutations du climat plusieurs réformes ont été lancées.

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