Le Cameroun et la convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiquespar Eric Salomon Ngono Université de Yaoundé I - Master 2 2020 |
A- Cadre juridique régissant les activités de lutte contre les changementsclimatiques au Cameroun La signature et la ratification de la CCNUCC, du Protocole de Kyoto et de l'Accord de Paris par le Cameroun, témoignent à suffisance l'intérêt qu'il accorde à la lutte contre les changements climatiques. En effet la législation camerounaise en matière de lutte contre les changements climatiques est un foisonnement constitué d'une part par les lois et règlements, et les conventions internationales auxquelles le Cameroun est Partie. Ces textes internationaux sont applicables sur le territoire national au même titre que les lois internes47. D'autre part, par la présence d'un arsenal de textes nationaux incarnation du droit interne. Dans l'appréhension du cadre juridique lié à l'application de la CCNUCC au Cameroun, nous présenterons d'une part les textes internationaux et d'autre part nous ceux relevant de la législation nationale. 1- Outils juridiques internationaux : Convention, Protocole et Accord En Afrique subsaharienne, comme dans d'autres continents, les Etats se basent sur les accords, conventions et traités internationaux pour la protection de l'environnement48. La lutte contre le réchauffement climatique entre dans le droit international en 1992. Cette date marque la tenue du Sommet de la Terre de Rio de Janeiro et l'engagement de la communauté internationale d'y faire un front commun contre ce phénomène. C'est dans ce contexte que la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques fut adoptée. La signature de la CCNUCC et son entrée en vigueur, il est nécessaire de prendre en compte d'autres protocoles et accords internationaux signés et ratifiés par le Cameroun qui poursuivent l'objectif ultime de la CCNUCC. Elle a pour objectif de : "stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère à un niveau d'empêcher les perturbations dangereuses des humains dans le système climatique"49. Aujourd'hui, la CCNUCC a été signée par plus de 190 pays. Le Cameroun pour sa part l'a signé le 14 juin 1992 et l'a ratifié le 19 octobre 1994. Le caractère non contraignant de ses engagements a mené à l'adoption des textes additifs. 47 Ngwanza Owono, La mise en oeuvre de la Convention-Cadre..., p.26. 48 S. Bara Poloumbodje, "Droit et Propriété, Genre et Gestion de l'environnement", Thèse de Doctorat en Science Economiques, Science de l'Homme et de la Société, Université de Reims Champagne-Ardenne, 2013, p.43. 49 Hässig, "Lutte contre les changements climatiques en Europe...", p.13. 85
La plateforme de Durban pour une action renforcée prévoyait l'adoption d'un protocole, d'un autre instrument juridique ou d'un texte convenu d'un commun accord ayant force juridique, élaboré au titre de la Convention et applicable à toutes les Parties53. A la fin du mandat du Protocole de Kyoto en 2012, les Etats Parties à la CCNUCC, ont signé en 2015 à l'occasion de la COP 21 un accord universel sur le climat appelé Accord de Paris. La Conférence de Paris sur les changements climatiques s'est tenue à Paris en France et a rassemblé au Bourget les délégations de 195 pays du 30 novembre au 12 décembre 2015. L'Accord de Paris a été validé 50 Ngwanza Owono, La mise en oeuvre de la Convention-Cadre..., p.21. 51 Protocole de Kyoto, p.21. 52 Seconde Communication Nationale sur les Changements Climatiques, 2014, p.17. 53 Dossier de presse de la cellule de communication du Cabinet Civil pour la Cop 21, p.14. 86 à l'unanimité et de manière consensuelle par tous les participants au Sommet le 12 décembre 2015 et est applicable à tous. Devant entrer en vigueur en 2020, son objectif principal est de limiter le réchauffement climatique à moins de 2°C54. Pour concrétiser les engagements pris à Paris, le Cameroun a ratifié cet accord le 12 juillet 201655. 2- La législation nationale et la lutte contre les changements climatiques Pour donner effet aux textes internationaux de lutte contre les changements climatiques auxquels le Cameroun adhère, le législateur camerounais n'a pas encore élaboré des lois propres et spécifiques dans ce domaine. Cependant, des textes juridiques existent dans le cadre de la gestion et la protection de l'environnement qui a été constitutionalisée, ainsi que des lois régissant les activités de certains projets. Pour se faire, le Cameroun a entrepris les réformes conformément à la législation nationale. Ces réformes visaient l'adoption des lois qui, touchaient généralement le secteur de l'environnement. a- Les textes initiaux de la protection de l'environnement au Cameroun Les premiers textes sur la protection de l'environnement au Cameroun avaient une portée générale ou sectorielle visant à assurer la protection du milieu naturel, ou consacrés à des domaines entiers de l'environnement en occurrence des forêts, la faune, l'air, l'eau et les déchets.56 L'évolution constitutionnelle de la plupart des pays africains des indépendances à la fin du XXe siècle, a mis au centre des débats des notions de démocratie et d'écologie ; le Cameroun n'échappe pas à cette logique. Au Cameroun, c'est la constitution du 18 janvier 1996 qui posa les prémices de la protection de l'environnement. Elle est le fruit de la loi no96/06 du 18 janvier 1996 portant révision de la constitution du 02 juin 1972. Son préambule stipule : "toute personne a droit à un environnement sain. La protection de l'environnement est un devoir pour tous. L'Etat veille à la défense et à la protection de l'environnement"57. La constitutionnalisation de la protection de l'environnement prouve à suffisance l'intérêt que le Cameroun accorde, depuis 1996, à ses engagements internationaux dans le combat contre le réchauffement de la planète. Dans le but d'encadrer toute activité liée à la gestion du secteur environnement, une loi spécifique appelée Loi-cadre relative à la gestion de l'environnement vit le jour : la loi no96/12 du 05 août 1996 portant loi-cadre relative à la gestion de l'environnement. Par le biais de cette 54 https://www.apc-paris.com/cop-21 consulté le 15 mars 2019 à 16h 42mn. 55 Loi n°2016/008 du 12 juillet 2016 autorisant le président de la république à ratifier l'accord de Paris sur le climat. 56 Fotso, Protection de l'environnement par les collectivités territoriales..., p.28. 57 Préambule de la constitution du 18 janvier 1996, p.3. 87 loi, le législateur a fixé un cadre juridique de la gestion de l'environnement au Cameroun. Elle constitue l'instrument juridique de base en matière de protection, de gestion de l'environnement et des ressources naturelles au Cameroun. Elle s'inspire des principes de la CCNUCC qui sont entre autres : le principe de précaution selon lequel l'absence de certitudes scientifiques, celui du pollueur-payeur, de responsabilité58. La loi-cadre règlemente la protection d'un nombre de secteurs environnementaux limités. Nous avons entre autres la protection de l'environnement afin d'éviter la pollution atmosphérique dans toute sa complexité. Elle s'intéresse aussi à la protection des eaux continentales et des plaines d'inondation ; du littoral et des eaux maritimes dans le but de limiter la pollution de l'eau et des espèces qui s'y trouvent. La loi cadre s'engage aussi à la protection des établissements humains, des sols, du sous-sol et les richesses qui s'y trouvent59. Elle traite aussi des questions liées aux activités polluantes affectant le secteur des déchets, des substances chimiques nocives et dangereuses, des nuisances sonores et olfactives, de la protection des ressources naturelles et de la conservation de la diversité biologique. Elle édicte des principes qui servent de cadre de référence à des textes d'application plus précis, et comporte des dispositions qui lui permettent de s'arrimer aux exigences de plusieurs institutions et de traiter toute question liée à l'environnement60. La loi cadre relative à la gestion de l'environnement de 1996 était en phase avec les engagements et principes cardinaux édictés par la CDB, la CCNUCC et le Protocole de Kyoto61. Elle devait être complétée par des lois sectorielles. b- Les autres textes Plusieurs actes réglementaires et textes juridiques ont été adoptés pour compléter les textes initiaux ou pour encadrer les activités et projets dans le secteur et ceux liés à la création, organisation et réorganisation des institutions. Ici nous nous limiterons à lister certains :
Ce cadre juridique règlemente les activités de lutte contre les changements climatiques au Cameroun. Dès lors, quels sont les différents acteurs mis à contribution ? |
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