III- Motivations d'adhésion et
spécificités du Cameroun
Comme le reste des pays africains, le Cameroun s'est
progressivement impliqué avec méfiance dans le courant
écologique mondial. La prise de conscience africaine des questions
environnementales née entre Stockholm (1972) et Rio (1992) a
relativement ramené l'Afrique au coeur du débat climatique. Le
Cameroun acteur de la vie internationale, bien que pollueur moins important
à l'échelle internationale, se trouve néanmoins au centre
d'un dilemme. Les contingences géographiques du Cameroun à savoir
l'appartenance au deuxième poumon vert mondial, le massif forestier du
bassin du Congo ; membre de plusieurs organisations sous-régionales de
conservation de l'environnement, sont autant de facteurs favorisant sa
signature de la CCNUCC le 14 juin 1992 et sa ratification le 19 octobre 1994
ainsi que des protocoles connexes.
A- Spécificités géographiques
Pays d'Afrique centrale, le Cameroun présente un
contexte biophysique et un écosystème riche et varié
couvrant les différentes zones géographiques de son territoire
qui font de lui une "Afrique en miniature".
1- Situation biophysique
Le Cameroun a une superficie de 475 442 km2 et
s'étend sur cinq zones écologiques appelées «
écorégions »56. Au Nord nous avons la zone
soudano-sahélienne de la savane qui est dominée par un climat
aride. Elle occupe une superficie de 100 353 km2, une
pluviométrie relativement faible oscillant entre 400 à 1 200
mm/an. Au Centre (une petite partie) c'est la zone des hautes savanes
soudano-guinéennes et le plateau de l'Adamaoua qui forment le
véritable « château d'eau » du pays car c'est l'endroit
où certains cours d'eau importants prennent leur source. Elle couvre une
superficie de 123 077 km2 et un taux de précipitation moyenne
de 1 500 mm/an, l'équivalence de 150 jours de pluie l'an. A l'Ouest et
au Nord-Ouest se trouve la zone des hauts plateaux au climat équatorial
particulièrement humide. La pluviométrie moyenne ici est de 1500
à 2000 mm/an (180 jours) et couvre 31 192 km2. La zone
littorale a un climat équatorial humide. Encore appelée zone
forestière monomodale, elle couvre une superficie de 45 658
km2 le long des côtes camerounaises avec un taux record de
précipitations variant de 2 500 à 4 000 mm/an. Enfin au Centre,
au Sud et à l'Est se trouve la zone des forêts tropicales humides
au réseau hydrographique notamment dense. Aussi appelée
zone-bi-modale, elle est la plus étendue de toutes et couvre 165 770
km2 avec les précipitations allant de 1 500 à 2 000
mm/an57.
56 D'après la classification de l'Institut
Agronomique pour le Développement (IRAD).
57Comment élaborer la REED+ au Cameroun ?
Contexte, enjeux et options pour une stratégie national, UICN,
2013, p.11.
69
2- Les caractéristiques du climat et de
l'hydrographie
Le Cameroun a une façade maritime longue d'environ 402
km allant de Campo à l'embouchure du fleuve Nyong, du Nyong à
Limbé, puis de Limbé à Idénau et d'Idénau
à la frontière avec le Nigéria58. Le pays est
fortement humide car 10% du territoire reçoit moins de 900 mm d'eau par
an. Il est dominé par le climat équatorial et le climat tropical.
Le climat équatorial caractérisé par des
précipitations abondantes, couvre les plateaux Centre et Sud, la zone
occidentale composée du Littoral, les montagnes du Sud-Ouest et les
hauts plateaux de l'Ouest. Le climat tropical caractérisé par des
températures élevées et des précipitations peu
abondantes couvre le septentrion. Le réseau hydrographique du Cameroun
est réparti en quatre bassins hydrographiques que sont entre autres le
bassin de l'Atlantique avec les fleuves Sanaga, Nyong, Ntem, Dibamba,
Lokoundjé, Lobé, Moungo, Nkam et le Wouri ; le bassin de la
Sangha avec pour fleuves le Dja, la Boumba et Ngoko et la Kadei ; le bassin de
la Bénoué avec les fleuves Bénoué, Katsina Ala,
Cross River, Faro Tchina, Kébi, Donga et Gordi et le bassin du Lac Tchad
dont les principaux fleuves sont le Logone, le Chari, le Sebewel et l'El
Beïd59.
3- Une diversité biologique riche et
variée
Faisant partie du Bassin du Congo dont
l'écosystème forestier constitue la deuxième plus grande
forêt tropicale après le Bassin de l'Amazonie, le Cameroun occupe
une superficie représentant 1,6% des forêts du continent. Dans les
années 90, les forêts couvraient 22 millions d'hectares soit 47%
du territoire national du Cameroun dont 17,5 millions d'hectares de forêt
dense et 4,5 millions de forêt dégradée60. Elles
représentent 10% des forêts du Bassin du Congo. Il s'agit ici des
forêts denses humides sempervirentes, des forêts humides semi
décidues, des forêts caduques, des forêts galeries, des
forêts marécageuses et des plantations forestières. Cette
étendue considérable de la forêt camerounaise abrite 40%
des espèces animales du continent, au moins 54% des espèces
aviaires, 50% des espèces d'amphibiens inconnues dans le continent. Elle
contient aussi entre 30 et 75% des espèces reptiles, 42% de toutes les
espèces de papillons africains répertoriés et 21% des
ressources halieutiques. Ce tableau scintillant met le Cameroun au
cinquième rang des pays africains les plus fournis en diversité
biologique61.
La diversité biologique du Cameroun est un atout majeur
qui permet au pays de regrouper plusieurs types d'écosystème.
Parmi ceux-ci on a l'écosystème côtier et marin,
l'écosystème de la forêt tropicale humide,
l'écosystème de la savane boisée,
l'écosystème semi-aride et l'écosystème
58 Ibid.
59 Ibid., p.12.
60 Mepongo Fouda, Le WWF et la protection de la
nature au Cameroun..., p.57.
61 Ibid.
70
de montagne. Elle est répartie dans l'étendue du
territoire selon les grandes zones agroécologiques. La diversité
et la richesse de l'écosystème tant en ressources fauniques qu'en
ressources floristiques était une motivation de plus qui
conférait un statut naturel au Cameroun d'adhérer la Convention
sur les changements climatiques. La carte ci-dessous présente les
différentes zones agroécologiques du Cameroun et leurs
spécificités.
Carte n°2 : Zones agroécologiques
du Cameroun
Source : Proposition de mesure pour
l'état de préparation (R-PP), janvier 2013, p.35.
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