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Le Cameroun et la convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques


par Eric Salomon Ngono
Université de Yaoundé I  - Master 2 2020
  

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B- Contexte socio-économique et influence sous-régionale du Cameroun

Considéré depuis les indépendances comme la locomotive de l'Afrique centrale. Cette domination sur le plan économique, politique et démographique du Cameroun dans sa sous-région était un argument majeur mis en avant par les décideurs de Yaoundé afin de peser lors des négociations sur l'élaboration de la Convention d'une part et d'autre part d'y participer à sa mise en application dès 1994.

1- Une démographique galopante

La population camerounaise était estimée à 11 715 218 habitants en 1990 avec un taux d'accroissement annuel de 3,02%. La structure par âge révèle qu'il y avait 45% de personnes de moins de 15 ans et 52% d'hommes et femmes potentiellement actifs. De 1960 à 1990, le Cameroun a connu un accroissement spectaculaire de sa population. En effet, elle est passée de 5 285 231 en 1960 à 11 715 218 en 1990. En termes de pourcentage, elle passe de 2,11% en 1961 pour 3,2% en 1990 avec un pic de 3,17% en 198662. En 2015, le pays comptait plus de 22 millions d'âmes. L'histogramme ci-dessous présente les différentes variations de l'évolution de la population camerounaise des indépendances à 2015.

Histogramme n° 1 : Evolution de la population camerounaise 1960-2015

25000000

20000000 15000000 10000000 5000000

0

 

1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015

Série 1 Série 2

Source : https://perspective.usherbrooke.ca/bilan.tend/CMR/fr/SP.POP.TOTL.html consulté le 19-01-2019 à 15h20mn.

62 https://perspective.usherbrooke.ca/bilan.tend/CMR/fr/SP.POP.TOTL.html consulté le 19-01-2019 à 15h20mn.

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La Série 1 en bleue présente l'évolution quantitative en millions d'habitants de la population après une période de cinq ans. La Série 2 en orange quant à elle présente le nombre d'habitants qui s'est ajouté à la population initiale dans l'intervalle de cinq ans.

Le pays connaissait une urbanisation remarquable. Le taux d'urbanisation atteignait 47,2% en 1997, contre 37,8 en 1987 et pourrait dépasser la barre de 50% en 2010. Les deux principales villes les plus peuplées comptaient respectivement 1 147 900 habitants en 1994 pour la ville de Douala et 1 013 800 habitants pour Yaoundé63. Cette évolution fulgurante de la population camerounaise et surtout des villes tenait des facteurs tels l'accroissement naturel, l'exode rural, la rationalisation du service public et les opportunités de création d'activités marchandes dans les grandes villes. L'urbanisation croissante de l'Afrique en général et du Cameroun en particulier est l'une des sources de pollution. Cette situation allait susciter à long terme des demandes énormes en besoins de consommation d'énergie, de produits alimentaires, les défis liés à l'industrialisation, l'urbanisation et leurs corolaires.

2- Une économie en plein essor

Sommairement, de 1960 à 1978, la croissance annuelle du Produit Intérieur Brut (PIB) du Cameroun fut en moyenne de 7% grâce au secteur primaire porté par l'agriculture. A partir de 1978, les revenus pétroliers sont devenus l'une des ressources de base de l'économie camerounaise. Bien qu'en améliorant les indicateurs macro-économiques, ils ont aussi engendré certains problèmes structurels. La baisse de l'apport des produits pétroliers liée à la diminution de la production nationale, la diminution des prix des cultures d'exportation, le renforcement du Franc CFA avaient diminué la compétitivité à l'exportation. Dans un contexte de crise économique, le Cameroun a vu son PIB diminuer de 6,3% entre 1985 et 199364.

Les analyses de la Société Financière Internationale (SFI) révèlent que, le PIB du Cameroun est passé de 3 040 milliards en 1983 à 9 922 milliards en 1994. Le pouvoir d'achat des ménages avait augmenté de 239 000 Fcfa à 381 388 Fcfa pendant la même période. Au cours de cette période, tous les secteurs de l'économie ont connu une forte croissance à l'exception du secteur extractif. Le secteur des transports occupait le premier rang avec 4,7% de croissance annuelle et le secteur manufacturé avec 4,55% de la croissance annuelle65. Ayant une économie tributaire à l'exploitation et à la production des ressources naturelles, le Cameroun répondait au profil des Parties visées par l'article 4 paragraphe 8 alinéa (h) au sujet de certains engagements

63 Première Communication Nationale sur les changements climatiques, 2000, p.20.

64 Ibid., p.21.

65 Ibid.

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des pays développés envers "les pays dont l'économie est fortement tributaire soit des revenus de la production, la transformation et de l'exportation des combustibles fossiles"66.

3- Un acteur majeur au sein des organisations sous-régionales en matière

de protection de l'environnement et la préservation de la biodiversité

Depuis son accession à la souveraineté internationale, le Cameroun s'est illustré dans sa sous-région par la promotion des initiatives en faveur de la protection et la conservation de la nature. Pays appartenant à la fois au Bassin du Congo et au Lac Tchad, le Cameroun a ainsi oeuvré pour la mise en place des organisations environnementales de ces zones. Il est l'un des membres fondateurs de la Commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT)67 dont le président Ahmadou Ahidjo était l'un des quatre Pères fondateurs. Pour l'évolution de la CBLT, le Cameroun a accueilli en 1973 le sommet des chefs d'Etat de la CBLT qui s'est soldé par l'Accord de Yaoundé portant sur la création du fonds de développement de la Commission du Bassin du Lac Tchad. De même, le pays a contribué à l'élaboration des Accords d'Enugu du 03 décembre 1977 sur le règlement conjoint relatif à la faune et à la flore dans le bassin conventionnel du lac Tchad68.

En outre, le Cameroun a participé à l'élaboration des Accords de Libreville du 18 avril 1983 sur la coopération et la concertation entre les Etats de l'Afrique Centrale. L'article 54, du Traité instituant la Communauté Economique des Etats d'Afrique Centrale (CEEAC) met en lumière la question de la coopération en matière d'énergie et des ressources naturelles dans le but de rationaliser leur utilisation. Le Cameroun était représenté par William Aurélien Eteki Mboumoua qui était Ministre chargé de Mission à la présidence de la République.

Toutes ces potentialités étaient suffisamment palpables pour une implication immédiate du Cameroun à la bonne marche de la CCNUCC. N'étant pas épargné par les effets néfastes du dérèglement climatique qui se sont manifestés par le passé à travers des rudes sécheresses des années 1970 et 1982 qui ont touché sa partie septentrionale, le Cameroun va initier plusieurs programmes. Dès lors quelles sont les actions entreprises par le Cameroun en conformité avec la Convention pour pallier aux problèmes liés aux changements climatiques ?

66 CCNUCC..., p-10.

67 La CBLT a été créée le 22 mai 1964 par la Convention de Fort-Lamy (actuel N'Djamena qui en est le siège) par les quatre pays riverains du Lac Tchad à savoir le Cameroun, le Niger, le Nigeria et la Tchad. La République Centrafricaine a adhéré l'organisation en 1996 et la Libye et 2008. Elle a pour mandat de gérer de manière durable et équitable le Lac Tchad et les ressources en eaux partagées de son bassin, de préserver les écosystèmes du bassin conventionnel du Lac Tchad et de promouvoir l'intégration, la paix et la sécurité dans l'ensemble du bassin. 68 https://www.memoireonline.com/12/15/9327/m_La-protection-de-lenvironnement-par-les-collectivites-territoriales-decentralisees-au-cameroun9.html Consulté le 25-01-2019 à 08h15mn.

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CHAPITRE III : MISE EN APPLICATION DE LA CCNUCC AU CAMEROUN : ACTEURS ET GRANDS PROJETS

Depuis le Sommet de la Terre de Rio de Janeiro en 1992, la problématique du changement climatique et les risques qu'elle présente pour l'humanité ont poussé les gouvernements à travers le monde, à des degrés divers, à trouver les moyens de lutte contre cette menace. Dès lors, les politiques ont été nouées, les institutions établies et les programmes conçus à cet effet1. Vulnérables des effets néfastes du changement climatiques les pays en développement en général et les pays africains en particulier dont le Cameroun, ont engagé de vastes chantiers pour remédier au réchauffement de la planète. Dans ce chapitre, nous présenterons d'abord les causes, les sources des émissions des gaz à effet de serre, de même que les impacts et le degré de vulnérabilité du pays. Ensuite, nous nous attèlerons sur les cadres juridique et institutionnel élaborés autour de la question de protection de l'environnement et de lutte contre les changements climatiques au Cameroun. Enfin, nous présenterons et évaluerons les projets initiés par le pays en matière de lutte contre le dérèglement climatique.

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle