2.1. Les métaux lourds
La pollution ou la contamination des métaux lourds dans
les eaux de Nouadhibou est présente car les activités
minières sont récurrentes. Les métaux lourds et les
polluants ont des conséquences néfastes sur la
biodiversité marine, car elle contamine la chaîne trophique et les
écosystèmes. La pollution des métaux lourds n'est pas
biodégradable et ces métaux peuvent être accumulés
par les espèces marines. Les études de l'Institut mauritanien de
recherche d'océanographique et des pêches (IMROP)soulignent que
les métaux lourds présents dans les eaux de Nouadhibou sont le
mercure, le fer, le cuivre, le zinc, le plomb et le cadmium. Ces métaux
lourds sont toxiques. Les études ont montré la présence
des taux de traces de ces métaux (cuivre, le plomb, zinc et cadmium)
dans les sédiments, dans les zooplanctons et dans les espèces
invertébrées benthiques (Kidé Oumar, 2014).
Mais dans la Baie de Lévrier, plusieurs ressources
halieutiques ont été contaminées par le fer, le mercure,
le plomb, le cuivre, le zinc et le cadmium. Des concentrations de cadmium sont
élevées dans certaines zones de Nouadhibou (Ould cheikh et al,
2010). D'où l'échec de l'aquaculture des bivalves, car les
bivalves auraient accumulé des concentrations très
élevées de cadmium (Kidé Oumar, 2014). Les
problèmes associés à la contamination par les
métaux lourds résultent du fait qu'ils s'accumulent dans les
organismes, où ils atteignent parfois des seuils toxiques.
Avec la forte activité minière, plus de 900
tonnes de miniers transitent le port minier de Nouadhibou chaque jour. D'une
part la contamination se fait lors du changement de ces
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ressources minières d'autre part par les usines qui
traitent les minéraux faibles en teneur de métaux lourds. Ce
traitement se fait par lixiviation. Ces usines peuvent traiter jusqu'à
60000 m3 d'eau. Selon BRGM, la quantité d'eau utilisée pour
traiter les minéraux était estimée à 36,5 de
m3 par an. Cette eau est déversée directement dans la
mer sans être traitée. La pollution des métaux lourds
favorise la bioaccumulation et la toxicité du milieu marin (Kidé
Oumar, 2014).
2.2. Les hydrocarbures
La pollution des hydrocarbures est visible dans les
océans de Nouadhibou par les marées noires en provenance des
bateaux. Le déversement du pétrole a des conséquences sur
l'environnement marin et les espèces. L'activité des navires
(pêche, transport de minerai de fer et de marchandises) sillonnant les
eaux de Nouadhibou est très intense. Depuis 2006, le transport du
pétrole offshore passe par le port de Nouadhibou, dont la perte ou la
fuite peut avoir des conséquences graves sur le milieu marin. Plus de
75000 barils transitent le port de Nouadhibou, ce qui se traduit à
376000 tonnes par an. La pollution des hydrocarbures peut se faire par des
rejets domestiques, dégazage et déballastage au bord des bateaux
(Naouel,2014). Le dégazage constitue le nettoyage des cuves de ballast
ou de transport (des bateaux ou dans les usines). Il participe à la
pollution des hydrocarbures car ces nettoyages sont acheminés
directement dans la mer.
En effet, la pollution des hydrocarbures peut perturber le
fonctionnement biologique et le comportement des espèces, les mutations
génétiques et les perturbations métaboliques des
espèces. Ajoutant à cela, les usines localisées dans la
zone franche de Nouadhibou déversent leurs eaux et leurs déchets
aqueux dans la mer. Il convient de souligner que les usines déversent
aussi les huiles, les carburants et les peintures antifulling dans la mer. Ces
actes constituent une grande menace pour le littoral mais aussi pour les parcs
nationaux de la protection et de la conservation de la biodiversité
marine. La SOMELEC déverse aussi ses eaux usées refroidies par le
canal se déversant directement en mer. Ces eaux peuvent modifier la
couleur de l'eau de mer et la présence d'odeurs (Kidé Oumar,
2014).
![](Situation-de-la-gestion-durable-des-ressources-halieutiques-dans-la-region-de-Nouadhibou-nouadhibo15.png)
Photo 5 : Déversement des huiles provenant des usines
(source : IMROP 2010)
43
3. La bioaccumulation
La bioaccumulation correspond à ce processus par lequel
certaines espèces marines retiennent ou accumulent des contaminants et
polluants dans leur organisme. Parfois ces polluants peuvent avoir des
concentrations supérieures au milieu marin. Les contaminants ou
polluants sont souvent concentrés dans les espèces marines et
dans la chaîne trophique. Ces polluants peuvent être très
élevés et toxiques pour la consommation humaine (Barnabé,
2016).
Certaines espèces sont des capteurs de polluants (PCB
et le mercure). Ces espèces possèdent dans leur matière
grasse des capteurs de bioconcentration et des bioaccumulations telles que les
bivalves, utilisés comme indicateurs, car ils ont des capacités
de bioaccumulation des métaux (Kidé Oumar, 2014).
En outre, les espèces contaminées peuvent entrer
à leur tour dans la chaîne alimentaire, cela peut impacter chaque
maillon de la chaîne, allant des bivalves jusqu'aux consommateurs
supérieurs. Donc la bioaccumulation affecte la chaîne trophique et
peut même contaminer les êtres humains (Barnabé, 2016).
Il est nécessaire de souligner que les merlus ont une
capacité de rétention des concentrations de
polychlorobiphényles (PCB) très élevées qui peuvent
dépasser parfois le milieu marin. Comme nous l'avons vu
précédemment plusieurs espèces peuvent être des
bioamplificateurs et bio accumulateurs des matières dégradables
ou non. Ces deux phénomènes conduisent aux dysfonctionnents de la
chaîne alimentaire (Bourrinet et al, 2008). L'illustration ci-dessous
nous montera le processus de contamination.
![](Situation-de-la-gestion-durable-des-ressources-halieutiques-dans-la-region-de-Nouadhibou-nouadhibo16.png)
Figure 9 : La chaîne alimentaire contaminé par les
polluants
4. 44
L'eutrophisation
Dans les écosystèmes marins, des
éléments nutritifs sont essentiels pour les espèces
marines. Le phosphates, l'azote et les nitrates sont les principaux
éléments nutritifs. Une grande présence de ces
éléments peut impacter les eaux. Les éléments
nutritifs en excès perturbent les écosystèmes marins. Les
produits de lessives, les produits chimiques et les eaux usées sont
responsables de la prolifération excessive des algues, ce qui favorise
le phénomène d'eutrophisation. Ce phénomène
provoque généralement la mortalité des espèces par
asphyxie. Elle entraîne aussi de nombreuses variations en termes du pH et
de la concentration en oxygène au cours des saisons.
5. La pollution physique
La pollution physique est la pollution la plus visible suivie
de la pollution des hydrocarbures. Elle est composée de micro et macro
déchets.
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