La psychanalyse c'est intéressée aussi
très tôt à la douleur, cette dernière apparaissant
dans les premiers modelés freudiens du psychisme. Dans la
continuité certains auteurs comme D. Anzieu nous proposent une
première lecture de la douleur comme étant différent du
déplaisir. L'expérience de la douleur de son point de vue,
s'inscrirait dans une rupture du rythme marqué par l'alternance du
plaisir-déplaisir Mais alors de quelle manière
interviendrait-elle comme rupture ? Toujours selon Anzieu « La douleur
provoque une perturbation topique et par une réaction circulaire,
la conscience d'un effacement des distinction fondatrices et structurantes
entre Moi corporel, entre ça, moi, surmoi, rend l'état plus
douloureux encore » Anzieu met ici l'accent sur un ensemble de
processus en boucle qui vont concourir à aggraver le vécu
douloureux.
La topique que Anzieu précise dans cette phrase fait
référence à la deuxième topique de Freud .Le
rapport entre les trois instances qui sont le ça (pole pulsionnel), le
Moi (intérêt de la totalité de la personne, raison et
narcissisme), et le surmoi (agent critique, intériorisation des
interdits et des exigences) Cette topique révèle mieux la
façon dont le sujet se construit et se perçoit.
Une psychothérapie psychanalytique tentera de
réintroduire la dimension psychologique, en rassemblant ce qui
était clivé : l'expression du corps et du psychisme.
Dans cette approche on cherchera à repérer le
fonctionnement psycho-dynamique et les défenses, à évaluer
la place et le rôle de la douleur, ainsi que le décodage et la
recherche du sens.
Toute tentative d'agir sur le symptôme trop brutalement
est vouée à l'échec car l'organisation psychique dans
laquelle s'inscrit la douleur est protégée par des
mécanismes de défenses. La théorie psychanalytique en
dénombre plusieurs : la dénégation, la projection,
l'évitement, le clivage, le refoulement, la rationalisation et
autres.
La clinique psychosomatique 2
considère la banalisation comme un mécanisme de
décence important. Les affects sont exprimés à minima, le
langage est réduit à un énoncé fonctionnel dont la
subjectivité est exclue. Cette situation est liée à la
répression de la fonction imaginaire. La somatisation devient un
recours, une porte de sortie. La banalisation s'accompagne d'une
hyperactivité, dans laquelle le sujet agit pour éviter la
pensée, éviter la confrontation à la dépression
sous-jacente.
2 Farragut, E. (2000) La dimension de la souffrance
psychosomatique. Paris : Maisson
11
Les questions de la perte et du deuil sont aussi
centrales dans la problématique psychosomatique. Certains patients
douloureux chroniques, semblent porter des souffrances liées à
des deuils non faits.
D'un point de vue psychanalytique, la douleur
représente alors une réaction à la perte de l'objet
et s'associé à l'angoisse liée au danger que
représente ce vide pour Moi. On assiste alors à un repli,
à une transformation d'un investissement objectal en investissement
narcissiques.