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Schémas précoces inadaptés chez les patients fibromyalgiques


par Nadia TIPEL
Université Aix-Marseille  - Master 1 Psychologie Clinique et Psychopathologie  2011
  

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1.6.3 L'approche des thérapies cognitivo-comportementales (T.C.C.)

Les théories cognitives se sont développées essentiellement à partir des travaux de Beck(1959) qui portaient initialement sur la dépression. Beck, initialement psychanalyste étudia à travers le rêve, les cognitions conscientes, puis préconscientes des dépressifs. Il en arriva à la conclusion que les rêves reflétaient les visions et cognitions que le sujet avait, à l'état de veille. A partir de la il fonda la thérapie cognitive.

Quelques définitions préalables

Les cognitions représentent les pensées, les images, les représentations présentes à l'esprit du sujet, de manière consciente ou subconsciente (et donc accessible à l'introspection)

On appelle schémas cognitifs à la fois les connaissances et l'ensemble des croyances, des convictions qu'un sujet entretient sur lui-même et sur le monde. Ces schémas, ou représentations, stockés en mémoire à long terme, sont organisés par l'expérience antérieure et correspondant à l'intériorisation précoce de règles familiales et sociales, de comportements parentaux ou encore à l'impact d'événements de vie marquants. Le plus souvent ces schémas fonctionnent automatiquement, hors de la volonté de sujet. Ils peuvent être activés par des émotions qui sont analogues à celles du moment où ils ont été imprimés.

Ce sont également ces schémas qui régulent les comportements : Quand le comportement confirme les schémas on dit qu'il y a assimilation de la réalité aux schémas, quand le comportement modifie les schémas on dit qu'il y a accommodation du schéma à la réalité.

L'approche cognitive-comportementale envisage la douleur selon un modèle bio-psycho-social. Cette approche passe par une restructuration cognitive, dans la mesure où elle cherche à modifier les contenus et les processus mentaux mal adaptés, facteurs de majoration de la perception de la douleur et de ses concomitants affectifs et émotionnels (anxiété et dépression).

Ces représentations peuvent reposer sur des choses « légitimes », mais c'est leur caractère excessif, disproportionné par rapport à la situation réelle et/ ou leur application rigide et systématique à des situations habituellement « neutres » qui entraine une souffrance pathologique.

Certains schémas cognitifs sont relativement spécifiques de certains troubles. Selon les théories cognitives. Par exemple, dans la dépression, le discours négatif du patient sur lui-même « je ne veux

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rien, donc à quoi bon continuer à vivre »peut être sous tendu par un schéma cognitif dépressogène : « je dois réussir parfaitement tout ce que j'entreprends »

On parle alors de distorsions cognitives, c'est -à- dire de mécanismes de pensée privilégiant l'hypothèse négative (par rapport à une évaluation neutre ou positivé) et conduisant à une lecture biaisée de la réalité. Ces distorsions se retrouvent aussi chez le sujet « normal » mais elles se caractérisent dans l'anxiété par leur intensité, leur fréquence et leur caractère catégorique.

Les trois principales postulats des thérapies cognitivo-comportementale

Des manières très schématique, on peut considérer que les T.C.C. reposent sur trois grands postulats suivants :

Premier postulat : « L'activité cognitive influence les émotions et les comportement »

On considère, de manière simplifie, que l'information entrante dans l'organisme (stimulus) va venir activer les schémas cognitifs à l'origine d'un comportement et d'une émotion.

Second postulat : « Une activité cognitive « anormale » peut être responsable d'émotions et des comportements pathologiques »

Ce postulat suppose qu'il existe sinon des mauvaises façons de penser ou des pensées pathologiques, du moins, des modes des pensées qui sont à l'origine d'une souffrance pour le sujet.

Troisième postulat « Une activité cognitive « anormale » peut être modifiée sciemment et directement, et ce dans le but d'obtenir une modification thérapeutique des émotions et des comportements pathologiques »

Ce postulat suppose que l'activité cognitive est non seulement repérable, observable et accessible (donc conscience), mais également modifiable directement

La thérapie cognitivo-comportementale et la douleur

Dans tout le cas, elle part de l'hypothèse que les comportements douloureux chroniques peuvent varier en fonction de facteurs psychiques, comportementaux ou environnementaux, indépendants de seuls facteurs somatiques, présents ou non. Cette approche est aussi comportementale au sens où elle va se centrer principalement sur les manifestations observables de la douleur et utiliser des techniques de relaxation, de biofeedback, de désensibilisation systémique, gestion de stress, et de modification des contingences de renforcement.

La restructuration cognitive

La psychologie cognitive s'occupe des processus de pensée. Les méthodes thérapeutiques qui en dérivent cherchent à modifier les sentiments et les actes en influençant les structures de la pensée des patients.

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la perception, l'attention, la mémoire sont des phénomènes qui participent à cette acquisition.

La T.C.C. favorisent un processus d'accommodation en assouplissant les schémas dysfonctionnels, trop rigides. La restructuration cognitive permet de repérer et de corriger les cognitions négatives en rapport avec la douleur. Elle s'appuie sur le constat que les émotions découlent de l'interprétation de la situation et non de la situation elle-même, et que le système de croyances influence largement cette interprétation.

Les capacités et les connaissances du patient jouent un rôle secondaire .L'important reste que la personne doit croire en ses capacités.

Bandura appelle ceci l'auto-efficacité (self-efficacy). La croyance du patient en son auto-efficacité déterminera son comportement face à une situation qu'il juge au-delà de ses capacités L'augmentation du contrôle de la douleur par la restructuration cognitive (au niveau de la rationalisation des pensée) permet d'atténuer les états anxieux et dépressifs ainsi que la douleur.

L'approche comportementale

L'approche comportementale envisage le comportement douloureux comme n'importe quel autre comportement, répondant aux mêmes principes d'apprentissage. Si son déclanchement et sa probabilité d'occurrence dépendent de variables antécédentes à son apparition, la douleur est de type répondant (ou pavlovien). Si, par contre, elle est amplifiée par des variables conséquentes (sollicitudes de l'entourage, évitement d'une situation génératrice de stress, attente d'une indemnisation), la douleur est de type opérant.

La stratégie comportementale va tenter de réduire voir même de supprimer le comportement douloureux excessif en l'ignorant systématiquement. Si le patient évite toute activité par crainte anxieuse de déclencher la douleur, on lui propose un programme de reprise d'activités progressives. En effet, une augmentation du niveau d'activité conduit à une diminution des sentiments d'incapacités et à une amélioration de l'estime de soi, et par la une amélioration thymique et une diminution de l'anxiété.

Parfois, c'est le traitement que le patient applique à sa douleur qui n'est plus adapté (surconsommation des médicaments, par exemple) Le thérapeute et le personnel soignant devront renforcer des comportements « sains » par la relaxation par exemple et proposer des comportements incompatibles avec la douleur (moment de détente en alternance avec des exercices physiques.

Ø La relaxation

La douleur constitue un des grands champs d'application de la relaxation en médecine.

Bien que le terme relaxation soit souvent synonyme de Training Autogène 3 ou de méthode de Jacobson, les techniques sont nombreuses et variées. Les bénéfices fonctionnels de la relaxation sont

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maintenant bien connus : anxiolyse, amortissement de la résonance émotionnelle des affects, meilleurs adaptation au stress, augmentation de seuil de la douleur et diminution des tensions.

La technique du Training Autogène de Schultze consiste en une concentration mentale du patient qui localise ses pensées sur la perception de divers types de sensations corporelles et déclenche ainsi par auto-entrainement, des modifications de conscience de type hypnotique.

La technique de Jacobson consiste en une focalisation de l'attention sur des sensations provoquées par des contractions et des décontractions de groupe musculaire. Cette méthode dite de « relaxation progressive »induit une détente graduelle

L'apprentissage de la relaxation permet d'interrompre le cercle vicieux « peur=tension musculaire=augmentation de la douleur =intensification de la peur. »

Globalement, la relaxation va permettre au patient de repérer certaines situations génératrices de stress ou anxiogènes qui amènent une tension musculaire importante, déclenchant et /ou aggravant la douleur.

En T.C.C. l'utilisation de méthodes de relaxation cherche à :

Ø Mieux gérer les réactions émotionnelles.

Ø Diminuer le niveau général de stress

Ø Se détendre rapidement

Ø Faciliter un sommeil réparateur

Ø Faire des expériences de sérénité

L'hypnose

L'hypnose est une méthode intéressante dans le contrôle de la douleur. Il s'agit d'un état de conscience modifié caractérise par une réceptivité nettement amplifiée par la suggestion. Des modifications de fonctionnement cognitif sont recherchées : la capacité d'altérer les perceptions, l'actualisation de la mémoire des sensations ainsi que la possibilité de contrôler certaine fonction physiologique involontaire.

Beaucoup des gens considèrent l'hypnose comme en traitement « magique », mais l'utilisation de l'hypnose pour le traitement de la douleur chronique demande plus qu'une simple induction hypnotique suivie d'une suggestion pour contrôler la douleur. Pour être efficace, face à de problématiques aussi complexes que la douleur chronique, l'hypnose doit être incorporée à une stratégie psychothérapique globale.

FACTEURS CONTRIBUANT A LA DOULEUR

Les facteurs généraux sont d'ordre biologique, psychologique, sociale, environnemental, vue dans les approches mentionné.

En regardant de plus près, certains facteurs peuvent modifier le seuil de perception de la douleur.

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Facteurs de diminution du seuil

Facteurs d'augmentation du seuil

inconfort

Soulagement symptomatique, analgésiques

fatigue

Sommeil, repos, tranquillisantes

Anxiété, peur, incompréhension

Sympathie, compréhension

Colère, isolement

diversions

Tristesse, dépression, introversion

Meilleur moral, antidépresseurs

Expérience antérieure, appréhension

Elaboration psychique, psychothérapie

 

Pour comprendre le rapport entre psychologie et douleur, les aspects émotionnels, cognitifs et environnementaux doive être prise en compte.

Ø -Les aspects émotionnels

Le désarroi qu'éprouve l'individu face à l'afflux de messages douloureux appartient au registre de l'émotion et non à la douleur comme phénomène physiologique. Ceci explique pourquoi la douleur est difficilement communicable. Les émotions le plus, fréquemment observées autour de la douleur sont l'anxiété et la dépression.

Ø Les aspects cognitifs

La cognition correspond à notre système de pensée et plus particulièrement au système qui traite les informations. Elle comprend donc les mécanismes de l'attention, de jugement, de la mémoire, des représentations et des croyances.

Ø Les aspects environnementaux

La dimension relationnelle de la douleur prend en compte le rapport de l'individu avec son environnement social.

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle