Conclusion générale
Nous avons réussi, avec notre recherche empirique,
à apporter des éléments de réponse àla
problématique de recherche énoncée au début de ce
travail. En effet, en s'appuyant sur les résultats empiriques obtenus et
à la lumière de cette discussion, plusieurs
éléments d'explication ont été avancés pour
comprendre l'origine de l'écart d'efficacité technique entre les
exploitations familiales rizicole dans le bassin de production.
En tenant compte de ces variables, cette analyse de
l'efficacité nous conduit alors à mettreen exergue des
éléments structurants qui nécessitent d'être pris en
considération par les décideurs publics lors de la
définition des politiques agricoles visant l'amélioration de la
performance des exploitations oléicoles en particulier et une plus
grande prospérité de la filière rizicole au Cameroun en
général. Dans ce sens, nous nous interrogeons sur les politiques,
les mesures et les mécanismes à privilégier pour parvenir
à atteindre cet objectif. Pour clore ce travail de recherche, le dernier
chapitre sera composé comme suit : d'abord, les implications
dégagées des principaux résultats seront discutées
et serviront à formuler des pistes d'interventions, en vue de mettre en
perspective les possibilités de développement des exploitations
rizicole dans la région de l'Extrême-Nord. Ensuite, les limites de
l'étude seront abordéeset quelques pistes de recherche futures
seront suggérées. Finalement, une conclusion
générale de l'étude sera présentée.
1.
Recommandations et perspectives de développement desEFR dans la
région de l'Extrême-Nord
Dans une économie Camerounaise, ouverte sur
l'extérieur et donc des aliments à l'instar du riz donc la
quantité importé est significativement plus grande que celle
produite plus importé que continue à jouer un rôle
prépondérant. Dans cecontexte, elle constitue l'une des
filières prioritaires sur laquelle des interventions accruespar diverses
institutions nationales doivent s'organiser en vue d'assurer sa
rentabilité. À cette fin, cette section est proposée pour
développer des propositions d'actions futures, en vued'assurer le
renforcement des performances des exploitations rizicole en milieu rural dans
la région de l'Extrême-Nord et dans le but de les rendre plus
compétitives à moyen et long terme.
Premièrement, les plans d'actions prioritaires doivent
être axés sur la formation agricole des riziculteurs qui constitue
un des éléments déterminants pour améliorer le
niveau d'efficacité productive de leurs exploitations. Cela signifie,
entre autres, de s'assurer d'ouvrir l'accès à une formation
agricole professionnelle et spécialisée, qui favorise le
processusd'apprentissage, notamment en techniques de production et en bonnes
pratiques agricoles(telles que, les techniques de récolte et les
techniques permettant uneutilisation optimale des engrais, les méthodes
d'irrigation adéquates, les exigences ducalendrier cultural, etc.).
Dans cette optique, il est important aussi de promouvoir
l'éducation de base en vue d'une meilleure réceptivité des
nouvelles technologies de production. Autrement dit, une bonne gestion des
exploitations agricoles basée sur les connaissances scientifiques et le
savoir-faire productif est indispensable pour assurer une production agricole
optimale et exploiter les potentialités de rendement. Ceci peut
être opéré grâce aux actions de vulgarisation et aux
séances de sensibilisation pour les agriculteurs, et ce par
l'intermédiaire des acteurs de développement agricole (MINADER,
MINRESI). Ainsi, nous attendons à ce qu'un appui technique des
riziculteurs incite à une meilleure allocation des ressources et, par
ricochet, à une meilleureproductivité.
Par ailleurs, il va de soi que pour être efficace,
cette mesure devrait également être assortied'une action visant
à faciliter la subvention ainsi que l'accessibilité des EFR aux
intrants, tels que l'engrais, les semences améliorés, les
fertilisants et les petits équipements agricoles.L'appui aux producteurs
en intrants et matériels agricoles, ainsi que leur accompagnementsur le
plan technique, permettra d'améliorer leur compétitivité
à long terme grâce à uneamélioration de la valeur
ajoutée de la production.
Cependant, à cause d'une trésorerie
insuffisante, ces exploitants n'ont pas les moyensfinanciers d'acheter les
actifs nécessaires et ne se permettent pas d'investir dans la
riziculture. Du coup, cela ne peut aboutir qu'au faible niveau de production.
En d'autres termes, pour faciliter l'accès à l'approvisionnement
en matériels et intrants avec des circuits adaptés, il est
important de mettre en place des incitatifs économiques (par exemple,
des programmes de microcrédits et de prêts renouvelables) à
la portée des producteurs, particulièrement à ceux qui ont
tendance à rencontrer des difficultés à obtenir des
crédits bancaires, afin de garantir la disponibilité et
l'accessibilité de ces produits à tous les riziculteurs.
De surcroît, pour pallier au problème
d'appauvrissement des sols, qui est assez marquéau niveau du bassin de
production, des politiques doivent être menées pourpromouvoir le
rajeunissement des parcelles. Ceci pourrait augmenter considérablement
lerendement des EFR et le revenu des riziculteurs dans la région. La
réussite de cette mesuredemande une implication gouvernementale accrue
et des moyens financiers pour revitaliserles anciennes parcelles peu
productives.
En plus, des actions pourraient être menées dans
le domaine de la recherche-développement, qui constitue la clé de
la croissance de la productivité agricole et le développement de
l'application de nouvelles idées et de nouvelles technologies (par
exemple, la recherche de nouvelles variétés locales
adaptées aux conditions édaphiques et climatiques de la
région, le développement des traitements phytosanitaires plus
résistants aux maladies et parasites, la diffusion des nouvelles
technologies de production, etc.).
Toujours dans la continuité des actions, les
stratégies doivent être orientées surtout sur la
facilitation à l'accès aux ressources productives, telles que la
terre et le crédit. D'une part, ilsera important d'instaurer un
environnement institutionnel favorable par la promotion desmicrocrédits
et des programmes d'assurances au bénéfice des agriculteurs. Ceci
permettra de faciliter l'accès de ces exploitations familiales aux
services financiers et augmenter leurs chancesd'accéder aux
crédits de campagne, avec des taux d'intérêt
bonifiés et des procédures degarantie assouplies, à la
fois de la part du secteur public et du secteur privé, et par
conséquent les aider à accroître leur potentiel de
production. Les interventions en faveur de l'accès au crédit
peuvent permettre de favoriser ainsi l'épargne, l'investissement et
subséquemment l'amélioration et la modernisation du
système de production.
D'autre part, analyser les questions de politique
foncière, relatives à l'accès à la terre, est
deplus en plus exigé. En effet, le problème de la
sécurisation foncière est une problématique importante
pour le développement agricole. L'absence des titres fonciers des
exploitations agricoles entraîne des difficultés d'accès au
crédit en milieu rural. Donc, il est indispensable d'attribuer des
titres fonciers aux propriétaires qui serviront de garantie pour la
banque afin de se faire octroyer le crédit. En outre, les exploitations
ont tendance à se morceler davantage avec le temps, dû
essentiellement au phénomène d'héritage, d'où
l'intérêt majeur d'unepolitique publique qui limiterait le
morcellement au niveau de la région. Dans un tel contexte,nous
comprenons l'importance de la mise en place d'une politique foncière
adapté au contexte actuel.
Ensuite, sur le plan institutionnel, nous notons une
insuffisance, voire un manque decoordination et de concertation entre les
structures concernées par le développement agricole, qui sont peu
efficaces et souffrent d'une insuffisance de moyens (matériels,humains
et financiers) pour assumer leur principal rôle, celui d'appui et de
soutien des riziculteurs. En plus, l'absence des organisations rizicoles
défendant les intérêts desproducteurs fragilisent le
secteur rizicole, ceci pouvant être dû à l'absence d'un
processusde mise en réseau entre les différents acteurs de la
filière qui marque le manque de cohérenceet d'articulation des
interventions.
Une solution potentielle à ces enjeux serait la mise en
place d'une meilleure coordination(verticale et horizontale), entre les
différents intervenants de la filière rizicole. La synergie et la
cohésion de leurs actions de développement s'avère une
condition nécessaire et indispensable afin de solidifier les rapports
verticaux et horizontaux, et donc parvenir àintensifier les efforts de
promotion du secteur rizicole camerounais. Ainsi, « le modèle
linéaire, consistantà décider des politiques de
développement de la filière au sommet, doit être
remplacé par un modèle basé sur les réseaux,
l'interaction et la participation à tous les niveaux »
(Karray,2012, p.27).
Ajoutons aussi que les producteurs ont des difficultés
de circulation dues à la déficience desinfrastructures
routières, la déstructuration de certains réseaux et
l'éloignement entre les structures d'aval et d'amont.
Donc,l'amélioration de la circulation agricole, visant à
résoudre les coûts de transaction ajoutésaux
investissements dans les infrastructures routières, y compris des routes
agricolesfavorables aux déplacements des agriculteurs vers les
marchés, porte à croire que le prix du riz national va
être, à moyen et long terme, plus compétitif.
La diminution des coûts de transaction, soit à
cause des interventions de l'État (telles que les routes, les
infrastructures rurales, la diffusion de certaines technologies), soit à
cause d'uneorganisation plus efficiente de la filière (organisations de
producteurs), pourrait à long termepermettre de meilleures conditions
aux producteurs.
Finalement, la forte concentration géographique de la
production de rizdans le bassin rendcette dernière plus fragile face aux
risques des aléas climatiques et aux défisenvironnementaux
liés à l'intensification de la production rizicole. Des
fluctuationsimportantes des volumes offerts annuellement pourraient donc
être observées. De même, lesmauvaises pratiques agricoles
sont en grande partie responsables de la dégradation actuellede
l'environnement. Toutes ces contraintes sont des difficultés auxquelles
les exploitations rizicoles doivent tenir compte pour assurer la
durabilité des ressources naturelles à long terme. Donc, il est
important d'organiser un système de protection sociale contre les grands
risques auxquels peuvent être confrontés les producteurs. De plus,
il s'agit d'amener cesproducteurs à adopter des pratiques d'exploitation
durable pour une meilleure utilisation desressources au profit des
générations futures.
À moyen et long terme, ces multiples actions
pourraient se révéler très efficaces dans le
développement agricole en général et la promotion du
secteur rizicole camerounais en particulier, afin d'optimaliser le rendement
des exploitations rizicoles et d'améliorer leur efficacité.
Dès lors, les gains de productivité du secteur rizicoles sont la
clé pour créer denouvelles perspectives d'emploi, accroître
les revenus et donc offrir un meilleur avenir pourles riziculteurs Camerounais.
Si les soutiens fournis par l'État (l'intensification
de l'assistance technique, la subvention de l'engrais, la vulgarisation du
système rizicole intensive, etc.) sont maintenus, nous pouvons nous
attendre à moyen terme à une amélioration de la
productivité du secteur. À la longue, nous prévoyons
observer une diminution de l'importation à mesure que la production
rizicole nationale augmente. En effet, avec la part de marché que
gagneraient les producteurs locaux et l'augmentation de leur production, ils
seraient en mesure de réaliser des économiesd'échelle.
Dans ce sens, la stratégie nationale de développement de la
rizicultureau Cameroun vise à augmenter la production moyenne de
riz.
Toutefois, il est difficile d'évaluer de
manière précise le degré de la mise en oeuvre de
cesrecommandations. Par conséquent, il faut vérifier que leur
suivi soit assuré pour obtenir des résultats satisfaisants et
afin d'amener rapidement les correctifs, si cela est nécessaire. Il
semblerait également intéressant d'approfondir la question du
financement à mettre en oeuvre pour permettre d'opérationnaliser
ces actions. Ceci relève de la responsabilité du gouvernement, et
ce, évidemment avec une participation active du secteur privé,
qui doit définir des choix stratégiques et mettre en place un
fond d'aide et de soutien aux investissements agricoles.
Nous rappelons que l'intérêt fondamental de cette
analyse est surtout d'aider les décideurs àéclairer les
principales variables sur lesquelles ils peuvent agir pour améliorer
l'efficacitéproductive du secteur rizicole. Dès lors, en fonction
d'une analyse attentive des problèmes,nous avons pu dégager des
pistes de solutions contextualisées et des moyens futurs quipeuvent
être suggérés pour l'amélioration du degré
actuel de l'efficacité technique et le renforcement des performances des
exploitations familiales rizicolesau Cameroun, objectif ultime denotre
analyse.
Par ailleurs, au terme de ce travail, il paraît utile,
dans les sections suivantes, d'aborder quelques limites de l'étude et de
synthétiser quelques conclusions qui permettent d'éclairer les
objectifs de recherche.
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