I.5.
La fiscalité directe des ménages
I.5.1.
La fiscalité directe des ménages et l'offre de main d'oeuvre
(choix entre travail et loisirs)
La structure des impôts appliqués sur les
ménages peut influer sur l'offre du travail de différentes
manières. Les effets de ces derniers dépendent principalement de
l'importance des taux d'imposition frappant les revenus des contribuables.
Etant donné le taux d'imposition qui frappe son revenu marginal, le
contribuable aura tendance à travailler moins.Face à une
augmentation de la pression fiscale, le contribuable peut soit redoubler
d'effort au travail pour compenser sa perte de revenu (effet de revenu) soit
baisser les bras et choisir de limiter la ponction fiscale en travaillant moins
(effet de substitution).
Si l'effet de substitution prévaut, il devrait conduire
à une diminution de l'offre de main d'oeuvre et donc toutes choses
égales par ailleurs à une diminution du chômage. Cependant,
la substitution du loisir au travail peut elle-même avoir des effets
négatifs sur l'emploi si l'intéressé consacre son temps
libéré au bricolage ou au travail au noir.
Ainsi, l'impôt sur les revenus frappant les gains issus
du travail apparaît selon l'expression de GAUDEMET (1975) comme
« un facteur de malthusianisme économique ». Avec ce
type d'impôt, plus le contribuable fera des efforts
supplémentaires, plus il sera taxé. On peut se demander si
l'impôt sur le revenu découragerait les citoyens à
travailler.
En effet, un travailleur peut refuser un travail
supplémentaire quand il est sûr que son salaire
supplémentaire sera absorbé pour une large part, par le fisc. La
réaction du contribuable au taux d'imposition marginal a
été qualifiée par certains économistes
d' « effet d'annonce de l'impôt »
c'est-à-dire que lorsqu'on annonce une certaine modification du
barème des impôts, le contribuable cherche à réduire
l'impôt qu'il devra payer. Il y parviendra en diminuant son revenu,
c'est-à-dire en fournissant peu d'efforts.
Cependant, certains économistes ont contesté ce
facteur de malthusianisme économique de l'impôt sur le revenu.
Selon ces derniers, comme le contribuable doit payer l'impôt
malgré son faible revenu, il aura tendance à travailler
davantage. C'est-à-dire que l'impôt sur le revenu, en
appauvrissant le contribuable, l'incite à travailler beaucoup plus pour
retrouver le niveau que l'impôt lui fait perdre. L'impôt sur le
revenu aurait donc plutôt un effet stimulant qualifié
d' « effet de paiement ».
On peut se demander si le contribuable pris individuellement a
effectivement une liberté de choix assez importante quant au volume de
travail qu'il peut offrir. Il en sera ainsi dans le cas où le
travailleur est libre de choisir entre plusieurs emplois qui lui sont offerts.
Mais, il est certain qu'en période de chômage, cette
liberté de choix disparaît pour la plupart des travailleurs.Une
question qu'on peut se poser à ce propos est de savoir si l'impôt
sur le revenu en vigueur au Burundi incite les personnes à travailler
plus ou moins que s'il n'y avait pas d'impôt. La réponse est
négative car la liberté de choix pour les contribuables est assez
réduite. Une fois que l'on a déjà trouvé un emploi,
on ne peut pas y renoncer aussi facilement car on n'est pas certain que l'on
pourra en trouver un autre.
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