c- La dégradation de
l'environnement macroéconomique
Au cours de la décennie 70, le Cameroun connait une
période de prospérité économique qui suscite la
mise en oeuvre des politiques [agricoles] ambitieuses, du fait d'une
amélioration constante des termes de l'échange. L'exploitation
des premiers gisements pétroliers lui rapporte des recettes
appréciables. Si bien que ces bonnes performances enregistrées
par l'économie vont masquer la fragilité des
établissements de crédit, car bien avant la crise de 80, le
système bancaire camerounais était en proie à des
difficultés de toute sorte (Tamba et Tchamanbe, 1995). A la fin des
années 70 le Cameroun entre parmi les pays producteurs de
pétrole. Sa production passe d'un million à sept millions de
tonnes entre 78-85. Cependant un évènement d'envergure mondiale
va survenir au cours de la décennie 80 qui aura des répercussions
dans les économies des pays exportateurs de pétrole : le
contre choc pétrolier. Le contre-choc pétrolier est ainsi
appelé car il fait suite aux deux chocs pétroliers de 1973 et
1979.
Ainsi la situation économique va progressivement se
dégrader. A partir de 1986, la production pétrolière chute
de sept millions de tonnes à cinq millions de tonnes en 1995. Le
pétrole qui pesait jusqu'à 20% dans le PIB au début de la
décennie 80, ne va peser plus que 5.6% sur la période 98/99. La
chute du prix du pétrole a entrainé une baisse
considérable des recettes d'exportation du Cameroun et un
assèchement des finances de l'Etat. Celui-ci n'a plus été
en mesure de payer ses arriérés au secteur bancaire et à
ses créanciers, eux-mêmes endettés auprès des
banques. L'Etat était le principal actionnaire, le principal
déposant et le principal débiteur des banques. A ce titre, ses
difficultés financières compromettaient les activités du
secteur bancaire. Aussi la tendance des banques à se consacrer
essentiellement au financement des exportations des principaux produits de base
va leur être préjudiciable, car dès 1986 la baisse
intervenue des cours de ces produits, conjuguée à la
détérioration des termes de l'échange, causent
d'énormes préjudices financiers aux établissements
bancaires camerounais ; conséquences d'autant plus lourdes que pendant
trois années successives, le gouvernement maintient des « prix aux
producteurs » élevés, grevant les coûts de revient de
ces produits, largement supérieurs aux cours mondiaux (Tamba et
Tchamanbe, 1995). Les banques se retrouvaient dans une situation
d'illiquidité générale et ne pouvaient plus faire face
à leurs engagements. Pire encore, pour financer ses dépenses
l'Etat fut amené non seulement à contracter ses
dépôts auprès des banques, mais également à
les retirer sans que les banques aient pu reconstituer leurs fonds propres au
début de la phase antérieure. La confiance déjà
très chancelante auprès du système bancaire fut
ébranlée entrainant une course aux guichets de la part de la
clientèle de ces dernières à l'exemple de la panique du 7
juin 1987, amorçant ainsi la fermeture des premières banques.
|