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Libéralisation financière et croissance économique au cameroun


par Christian BELKE NDONEMO
Université de Ngaoundere - Master recherche  2017
  

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b- Les carences en matière de gestion et de surveillance bancaire

Les banques ont pris des risques sans commune mesure, le tout dans un environnement de faible règlementation prudentielle, conséquence de la répression financière.

Les banques étaient victimes d'un encadrement de crédits qui étaient orientés vers les secteurs jugés prioritaires par l'Etat, beaucoup plus le secteur agricole. En fait l'Etat se servait du secteur bancaire comme instrument d'une politique économique interventionniste directement inspiré des recommandations keynésiennes. Les banques étaient obligées de réserver 20% de leurs encours de crédits aux petites et moyennes entreprises, considérés comme la base à la mise en place d'un tissu industriel important.

L'assujettissement du secteur bancaire aura été néfaste car l'allocation sectorielle des crédits vers les secteurs prioritaires n'aura pas donné les effets escomptés. En effet les crédits étaient accordés sans une étude sérieuse préalable, les risques étaient mal appréciés et la clientèle pas suivie, entrainant une accumulation des créances douteuses et litigieuses. Les projets financés étaient à rendement très risqué et à très faible durée d'immobilisation (Tchakounte et Bita, 2009). A cause des projets axés vers les produits de base (coton, cacao, café, élevage...) et le commerce de distribution, les banques ont opté pour un financement court au détriment du financement long. Par ailleurs la politique sélective des crédits visait à favoriser une élite d'entrepreneurs nationaux. Les crédits leur étaient octroyés à des taux d'intérêt administrativement fixés à des niveaux inférieurs à leur niveau d'équilibre, et parfois sans garanties en contrepartie des crédits octroyés. C'est ainsi que des projets fictifs s'y sont insérés, et ont pu bénéficier des financements bancaires. Le volume de financement accordé aux projets s'est accru d'environ 374.12% entre 1976 et 1977. La conséquence aura été la diminution du nombre et du rendement des investissements.

Tableau 4 : volume de financement accordé à la réalisation des projets locaux

Exercices

Nombre de dossiers

Montants des crédits

Montants garanties

1975/1976

3

12.500.000

10.000.000

1976/1977

37

486.911.110

362.404.655

1977/1978

30

433.884.000

339.006.600

1978/1979

49

403/741.573

309.743.358

1979/1980

40

1.147.649.050

684.628.200

1980/1981

48

1.052.437.400

366.860.175

1981/1982

29

542.303.819

ND

Source : rapport FOGAPE, conseil d'administration de 1984

L'accroissement des prêts improductifs a créé un effet d'éviction en rationnant les entreprises privées au profit des entreprises publiques, par la limitation de la marge de prêt que les banques pouvaient accorder aux nouveaux clients. Ainsi les industries de plus de vingt employés (85%) avaient besoin d'un crédit pour financer leurs investissement. 70% d'entre elles avaient des difficultés à l'obtenir. Les crédits à l'économie ont ainsi diminué de 27% en termes réels entre 1993 et 1994 et de 10% en 1995.

De l'autre côté, la réglementation prudentielle était peu appliquée, aucune règle sérieuse pouvant permettre de poursuivre les débiteurs indélicats n'avait cours car la surveillance et la sanction des banques dépendaient du ministère de l'économie et des finances (Tchakounte et Bita, 2009), et malheureusement l'Etat avait des intérêts dans la plupart des banques. Les banques spécialisées et les institutions financières non bancaires étaient sous la tutelle du ministre en charge des finances et de l'économie, à travers les comités monétaires nationaux qui en assurent en même temps le contrôle.

La générosité des conditions de banque, l'absence de garantie fiable en contrepartie des crédits octroyés, le non respects des ratios prudentiels, l'exacerbation du dirigisme étatique caractérisée par l'allocation politique et sectorielle des crédits, combinée à une conjoncture macroéconomique défavorable ont constitué autant de facteurs accumulés qui ont rendu la crise bancaire inéluctable.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo