2- Manifestations de la crise
Pour Tchakounte et Bita (2009), la crise bancaire des
années 80, conséquence de la répression financière,
était une crise au sens des monétaristes
caractérisée par une contraction de l'offre de monnaie sur la
période 1986-1987, alors que la masse monétaire avait connu une
augmentation régulière de 1970 à 1985. La contraction
monétaire de 1987 s'est traduite par une nette diminution des billets en
circulation et des monnaies divisionnaires. La situation monétaire a
commencé à fluctuer à partir de 1988 jusqu'en 1992.
Combiné avec les effets de la crise, les crédits bancaires
alloués au secteur privé ont commencé à diminuer
à partir de 1980.
Cette crise bancaire se manifeste au milieu des années
80 à travers plusieurs facteurs : les défauts de paiement,
l'accumulation des créances douteuses, la suspension des
découverts, l'illiquidité des banques entrainant les pertes
financières des agents économiques, les faillites
manifestées par la fermeture des agences ou certaines banques. Cette
dernière a été la manifestation la plus palpable.
En 1985 les banques américaines retirent leurs
succursales. Il s'agit de la Chase Bank Cameroon (CBC), la Boston Bank Cameroon
(BBC), la Bank of America. La fermeture des succursales des banques
américaines fait suite à la crise bancaire, mais surtout aux
difficultés éprouvées par ces banques pour
pénétrer un marché bancaire étroit, dominé
par les filiales des banques européennes notamment françaises. En
1988 la plupart des banques avaient un résultat négatif et une
situation des fonds propres tout aussi négative (Tchakounte et Bita,
2009). Au chapitre des faillites, la Société Camerounaise de
Banque (SCB) et la Cameroon Bank Limited (CAMBANK) ont été les
toutes premières banques à tomber en faillite en 1988. En 1989
sur douze banques en activité, quatre établissements bancaires
parmi les plus importants ont dû déposer leur bilan. Il s'agit de
la SCB, la CAMBANK, la Banque Camerounaise de Développement (BCD), et la
banque des Pays bas et de Paris (Paribas-Cameroun). En 1991, c'est la Bank of
Credit and Commerce (BCC) qui ferme ses portes. La First Investment Bank (FIB)
créée en juin 91 fera faillite en mai 93, suivie une année
après de l'International Bank of Africa Cameroon (IBAC) en 1994. La
BIAO-Cameroon et la meridien International Bank Limited vont fusionner pour
donner naissance à la BIAO-meridien Bank Cameroon (BMBC) en 1991, qui
elle aussi fermera le 9 septembre 1996, en pleine restructuration (Bita, 2008).
La Banque Internationale pour le Commerce et l'Industrie du
Cameroun (BICIC) donnera naissance à la Banque internationale pour le
Commerce et l'Epargne du Cameroun (BICEC) le 10 juin 1997. Ce passage provoque
le licenciement de près de 330 employés sur les quelques 800 que
comptait la BICIC (Bita, 2008). La même année le Crédit
Agricole du Cameroun (CAC), victime de la panique de l'année 96 et de la
mauvaise gestion de ses dirigeants, fermera aussi ses portes.
La perte en bilan cumulé, s'élevait en 1989
à près de 700 millions représentant un peu plus de 40% du
total des bilans bancaires estimés à l'époque à
1520 milliards de FCFA. En 1990 la perte s'évalue à 52.884
milliards. Aussi il y a eu une diminution simultanée des
dépôts à terme de 33 % entre1985 et 1987, et des
dépôts à vue de 22 %.
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