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Libéralisation financière et croissance économique au cameroun


par Christian BELKE NDONEMO
Université de Ngaoundere - Master recherche  2017
  

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B- La mesure de la libéralisation financière

La libéralisation financière n'est pas une notion facilement mesurable, car il est difficile de la quantifier. Cependant Plusieurs index ont été construits pour tenter de la mesurer. Il serait impossible de tous les recenser. Nous allons nous limiter à présenter les plus connus.

Gamra et Plihon (2007), puis Gamra et Clévenot (2008) construisent un index de libéralisation financière qui prend en compte les trois secteurs (secteur financier interne, marchés financiers et compte de capital). Pour chaque secteur ils identifient trois régimes : parfaitement libéralisé, partiellement libéralisé, et réprimé. Un système financier est considéré comme parfaitement libéralisé si les trois secteurs sont parfaitement libéralisés. Et il est considéré comme partiellement libéralisé, si au moins un secteur n'est que partiellement libéralisé (voir tableau 1 en annexe). Les variables de la libéralisation financière prennent la valeur 2 lorsque la libéralisation financière est totale, 0 en situation de répression financière et une valeur comprise entre 0 et 2 en situation de libéralisation partielle. Reprenant la méthodologie de Kaminsky et Schmukler (2002), Gamra et Clévenot (2008) écrivent l'indice de libéralisation financière comme une somme pondérée de l'indice de libéralisation des trois secteurs (libéralisation du secteur financier interne (LSFI), des marchés financiers (LMF), et du compte de capital (LCC)). L'indice de libéralisation financière (LF) est donc :

LF= 1/3*LSFI + 1/3*LMF + 1/3*LCC

Abiad et Mody (2005)ont utilisé six mesures du caractère répressif du système financier, agrégées en rythme annuel, afin de saisir les différentes dimensions de la
réforme financière :


· Contrôles sur le crédit, comme la canalisation du crédit vers les
industries ou secteurs favorisés, et coefficients de réserves obligatoires excessivement élevés.


· Contrôles sur les taux d'intérêt, que les taux soient fixés par
l'État ou soumis à des planchers, à des plafonds ou à des marges de fluctuation.


· Barrières à l'entrée sur le marché, telles que l'agrément obligatoire, la limitation de la participation des banques étrangères et les restrictions relatives à la spécialisation des banques ou à l'établissement de banques universelles.


· Réglementations régissant les sociétés financières -comme les restrictions portant sur l'embauche de personnel, l'ouverture d'agences et la publicité- et l'établissement de marchés de valeurs.


· Domination de sociétés d'État dans le secteur financier.


· Restrictions aux transactions financières internationales, notamment la non-convertibilité de la monnaie et l'emploi de taux de change multiples.

Dans chacune de ces catégories, ils attribuent une note les : 0 = répression totale, 1 = répression partielle, 2 = large libéralisation, et 3 = libéralisation totale.

Concernant la mesure de la libéralisation du compte de capital, on distingue deux catégories de mesures de l'ouverture du compte de capital : les mesures formelles ou de jure qui reflètent l'existence de barrières légales au mouvement international de capitaux et les mesures en volume ou de facto qui quantifient les flux actuels et les stocks de capitaux étrangers. Les indices de jure se basent le plus souvent sur les informations extraites du rapport annuel sur les régimes et les restrictions de change « AREAER » publié chaque année par le FMI (Lajili, 2015).

On distingue, en ce qui concerne les indices de jure, la variable AREAER (Annual Report on Exchange Arrangements and Exchange Restrictions) du FMI. C'est une variable binaire indiquant le degré d'ouverture du compte de capital. Elle comprend six catégories. Elle prend la valeur 0 si le pays en question a au moins une restriction sur les transactions en compte de capital, et la valeur1 dans le cas contraire (aucune restriction). Ensuite la variable SHARE. C'est un ratio entre le nombre d'années sans contrôle sur les mouvements de capitaux, divisé par le nombre total d'années dans l'échantillon. Elle varie entre 0 et 1 et est construite à partir des données de l'AREAER. Ces deux variables sont de moins en moins utilisées dans la littérature empirique. Figure aussi dans cette catégorie de jure l'indice Quinn du nom de son auteur. Construit aussi à partir des données du « AREAER » sur les transactions concernant le compte de capital, il est disponible pour 94 pays pour la période 1950- 2004, par période de 5 ans. Il varie entre 0 et 4 selon un degré de restriction décroissant : 4 représente une économie totalement ouverte. On a aussi l'indice OPENNESS également basé sur les données de l'AREAER, qui est un indice allant de 0 à 14, avec une augmentation de 0.5 points. Enfin, l'indice KAOPEN de Chinn et Ito (2007) mesure l'ampleur de l'ouverture du compte de capital. Il se base sur les 4 principales catégories de restriction sur le compte extérieur contenues dans l'AREAER : la variable indiquant la présence d'un taux de change multiple; lavariable indiquant la présence de restrictions sur les transactions courantes (degré de convertibilité de la monnaie domestique et nature des restrictions sur l'utilisation d'une monnaie étrangère entre résidents); lavariable indiquant la présence de restrictions sur les transactions du compte de capital; et lavariable indiquant la présence de restrictions lors du rapatriement des bénéfices par les exportateurs. Cet indice est disponible pour 105 pays, pour la période allant de 1970 à 2015.

Les mesures de facto font principalement référence aux flux de capitaux (investissements directs étrangers et investissements de portefeuille) et aux stocks de capitaux (actifs et passifs étrangers), (Lajili, 2015). L'indicateurde Lane et Milesi-Ferretti (2007), principal indicateur de cette catégorie,résume les actifs et passifs étrangers de 178 pays entre 1970 et 2007. Il se construit comme la somme des actifs étrangers du pays i à l'instant t additionnée de la somme des engagements étrangers du pays i à l'instant t, le tout divisé par le Produit intérieur brut du pays i à l'instant t exprimé en dollar américain.

Cependant certains auteurs reconnaissent la difficulté de fournir un critère satisfaisant de mesure de la libéralisation financière. Celle-ci en effet est difficilement mesurable. C'est pourquoi dans leurs études ils contournent le problème en utilisant certainsindicateurs pour cerner la portée de la libéralisation financière. Ce faisant l'utilisation des  indicateurs comme la masse monétaire M2, les crédits privés, le taux d'intérêt, etc. tous rapportés au PIB, et souvent associés à l'utilisation des variables dummy ou dummies, qui sont des variables binaires prenant la valeur 0 avant lalibéralisation financière et la valeur 1 après (on considère ici qu'un système financier est soit réprimé, soit libéré, sans qu'il soit possible de donner le degré de libéralisation) est opérée.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus