Libéralisation financière et croissance économique au camerounpar Christian BELKE NDONEMO Université de Ngaoundere - Master recherche 2017 |
SECTION 1 : CONCEPT DE LIBERALISATION FINANCIEREDans cette section il sera question de définir la libéralisation financière et de fournir les différentes mesures élaborées (I) et d'analyser son implémentation au Cameroun (II). I- Définition et mesure de la libéralisation financièreA- DéfinitionD'un point de vue théorique, le concept de libéralisation financière apparaît au début des années 70 et trouve son origine dans les écrits de Mc Kinnon (1973) et Shaw (1973), (Venet, 1994). Il fait suite au constat décevant fait par ces deux auteurs de la très grande répression à l'encontre des systèmes financiers des pays en voie de développement. Le corpus théorique de l'argumentaire de Mc Kinnon (1973) et Shaw (1973) peut se résumer ainsi : dans une économie financièrement réprimée marquée par la fixation des taux d'intérêt au-dessous de leur valeur d'équilibre, la constitution des réserves obligatoires, on assiste à une réduction de l'épargne, causée par la baisse des dépôts bancaires ; un niveau d'investissement sous-optimal et une détérioration de la qualité de l'investissement réalisé, conséquence du financement obligatoire par les banques des projets gouvernementaux peu rentables (production agricole....). Ainsi la libéralisation financière, à travers le relèvement des taux d'intérêt sur les dépôts aura pour effet de stimuler l'épargne et favoriser la croissance de l'investissement. Parallèlement l'intermédiation bancaire serait meilleure avec un accès facilité des emprunteurs aux fonds disponibles, une réduction des frais entre prêteurs et emprunteurs grâce à la réalisation des économies d'échelle, et une meilleure diversification du risque (Venet, 1994). La libéralisation financière peut alors être définie comme « un processus de démantèlement de toute forme de contrôle réglementaire quantitatif ou qualitatif à caractère restrictif imposé par l'État sur les structures institutionnelles, les instruments et les activités des agents sur différents segments du secteur financier, non seulement au niveau interne mais aussi à l'échelle internationale » (Boyer et al. 2004). Un système financier libéralisé se caractérise par un triple mouvement de libéralisation du secteur financier interne, d'ouverture des marchés financiers et du compte de capital (Kaminsky et Schmukler, 2002). La libéralisation du secteur interne, qui concerne essentiellement le secteur bancaire, comprend la libéralisation des taux d'intérêt débiteurs et créditeurs, et des crédits, la réduction ou la suppression des réserves obligatoires, et les mesures destinées à renforcer la concurrence : - La libéralisation des taux d'intérêt englobe l'élimination du contrôle, de la fixation et du plafonnement des taux d'intérêt débiteurs et créditeurs. - La libéralisation des crédits : Elle signifie l'élimination du contrôle, de l'orientation vers les secteurs prioritaires, du plafonnement des crédits pour d'autres secteurs et la réduction ou la suppression des réserves obligatoires. - La libéralisation du secteur bancaire :
Elle englobe la suppression des limites à L'ouverture des marchés financiers englobe la suppression des restrictions sur les titres pour les résidents et les étrangers, le rapatriement du capital, des intérêts et des dividendes ; La libéralisation du compte de capital2(*) :la réduction ou l'élimination des restrictions ou du contrôle sur les transactions du compte en capital est définie comme la libéralisation du compte de capital.Elle comprend l'abandon du contrôle sur les emprunts étrangers, les flux de capitaux étrangers et les opérations de change.Le compte de capital est une composante de la balance des paiements qui enregistre les transactions d'acquisition de biens entre les résidants et les non résidants d'unpays donné. Elle garantit une source d'informations sur les différents flux financiers tels que l'investissement direct étranger (IDE), le portefeuille des investissements (y compris les investissements en fonds propres) et les prêts bancaires * 2Le contrôle des capitaux s'illustre par l'imposition de restrictions sur les mouvements de capitaux internationaux. Ce contrôle peut s'exécuter sous forme de restrictions quantitatives et qualitatives. L'effectivité du contrôle dépend du type et de l'acheminement des flux. Le type de contrôle de capitaux généralement utilisé comprend les interdictions indirectes, les dispositions du taux de change dualiste ou multiple, les impôts sur les transactions financières extérieures, les approbations discrétionnaires et les limites quantitatives explicites. La limite quantitative pourrait affecter en particulier les positions des actifs et passifs extérieurs des institutions financières, notamment les banques. D'une façon générale, les flux de capitaux peuvent être des entrées ou des sorties ou les deux simultanément. La rigueur et l'effectivité des restrictions sur les capitaux peuvent varier d'un pays à un autre. |
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