PREMIERE PARTIE : LA THEORIE
DE LA LIBERALISATION FINANCIERE ET DE LA CROISSANCE ECONOMIQUE
INTRODUCTION DE LA PREMIERE PARTIE
La théorie de la libéralisation
financière apparait dans les années 70 en réponse à
la politique de répression financière mise en oeuvre dans la
plupart des pays sous-développés. Elle est pensée et
élaborée par deux auteurs, et de façon parallèle,
Mc Kinnon (1973) et Shaw (1973). La préoccupation de ces deux auteurs
est de voir muter la finance vers un fonctionnement libéral. En effet
depuis le succès des idées keynésiennes vers les
années 30, idées qui placent l'Etat à la base de
l'impulsion économique et fait de ce dernier le pionnier de la relance
de l'activité économique, la finance est réduite à
un simple instrument d'accompagnement de l'action de l'Etat. Elle est depuis
lors en proie à de multiples règles, contraintes et restrictions
institutionnelles et sectorielles imposées par l'Etat dont la
conséquence est la réduction de la marge de manoeuvre des acteurs
du domaine. Pour Mc Kinnon (1973) et Shaw (1973), cette situation n'est pas de
nature à favoriser l'essor du secteur financier, et explique en partie
le sous-développement des pays du tiers monde. Pour cela
l'émancipation du secteur financier du dirigisme étatique lui
permettra non seulement de fonctionner de manière plus efficace, mais
aussi, et ce faisant, de contribuer significativement à la croissance
économique. Par quel mécanisme théorique ce schéma
est-il possible ? C'est le contenu de cette première partie qui, au
chapitre 1 appréhende le concept de libéralisation
financière et celui de croissance économique, et met en
évidence le lien entre ces deux notions au deuxième chapitre.
CHAPITRE 1 : CONCEPTS DE
LIBERALISATION FINANCIERE ET DE CROISSANCE ECONOMIQUE
INTRODUCTION
Le rôle de la finance dans l'activité
économique est resté longtemps ignoré dans les
modèles de croissance. En effet, les théoriciens
keynésiens, pour qui les phénomènes monétaires et
financiers sont déterminants dans l'explication du niveau
d'activité, ne s'intéressent traditionnellement pas à la
croissance (phénomène de long terme), mais au
développement de modèles de court terme (modèle
harrod-Domar) (Aka, 2005). C'est dans cet esprit que s'inscrit le constat
décevant de Goldsmith (1969) : « les finances sont les parents
pauvres de l'analyse économique ». L'aspect financier du
développement est parfois négligé parce que, pour Gurley
et Shaw (1955), le développement économique fait souvent
référence aux questions relatives au bien-être, au travail,
à la production et au revenu. Ces auteurs considèrent que la
phase du développement économique se caractérise dans un
premier temps par une augmentation des actifs financiers beaucoup plus rapide
que celle de la richesse ou de la production nationale. De ce fait, le secteur
financier doit être privilégié aux dépens du
bien-être, du travail, de la production et du revenu et de toute autre
variable relevant du secteur réel. Le système financier constitue
donc le poumon même de l'activité économique. Pourtant le
système financier a longtemps été réprimé.
Jusque dans les années 70 la plupart des pays imposaient des
restrictions importantes au secteur bancaire, au marché financier et au
compte de capital. La grande majorité de ces pays étaient des
pays en développement. Ce qui amena Mc Kinnon (1973) et Shaw (1973)
à voir dans le sous-développement de ces pays la
conséquence de la répression financière. C'est alors
qu'ils vont théoriser la libéralisation financière comme
remède à ce sous-développement.
Dans ce chapitre nous procédons à une analyse
conceptuelle de la libéralisation financière (section1), de la
croissance économique (section 2), et à la mise en
évidence des contours de la libéralisation financière au
Cameroun.
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