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Libéralisation financière et croissance économique au cameroun


par Christian BELKE NDONEMO
Université de Ngaoundere - Master recherche  2017
  

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II- Recommandation de politiques économiques

Le sort de nos deux hypothèses peut se comprendre aisément. Le Cameroun a effectué une libéralisation financière semblable à ceux des pays du sud-est asiatique, en libéralisant partiellement et progressivement mais de façon un peu plus poussée le secteur bancaire, mais en gardant un contrôle sur le compte de capital, c'est-à-dire en le libéralisant que très partiellement. En effet tirant les leçons de l'échec des premières expériences de la libéralisation financière qui ont été implémentées de façon rapide et totale en Amérique latine et qui se soldèrent par des crises et faillites bancaires supplémentaires, le Cameroun tout comme certains pays, a perçu le danger que représentait une libéralisation financière totale, rapide et brusque, surtout que les tenants de la libéralisation financière ont plus tard reconnu le caractère particulier (propre à chaque pays) de ce phénomène. C'est pourquoi en ce qui concerne la libéralisation financière interne (libéralisation du secteur bancaire) il a été procédé à la démocratisation des conditions de fixation des taux d'intérêt, à la privatisation des banques, etc. mais parallèlement les réserves obligatoires ont été instituées afin de prévenir tout risque de déclenchement d'un excès de crédits à l'économie, au vue de la surliquidité des banques. Kapur (pourtant un tenant de la libéralisation financière) reconnaissait ainsi en 1992 l'utilité des réserves obligatoires en tant que gage de liquidité et facteur de sécurité du système bancaire. Aussi le capital social minimum passé de 300 millions à 1 milliards de FCFA constitue un critère de sélection à l'entrée qui oblige toute potentielle banque à la constitution d'une liquidité solide (cette mesure participe du cadre institutionnel, de la surveillance bancaire, l'une des conditions « édictées » par Mc Kinnon en 1991 pour une réussite de la libéralisation financière). Il s'agissait de donner aux banques les conditions d'un libre exercice, un cadre plus propice pour leur activité tout en veillant au bon déroulement (surveillance) de ces activités. Le contrôle est exercé sur le compte de capital afin sans doute d'éviter les effets négatifs et souvent dévastateurs des sorties et des entrées massives de capitaux.

C'est pour cette raison que cette libéralisation financière partielle agit différemment sur la croissance économique. Plus poussée, la libéralisation financière interne influence positivement la croissance économique. Mais la libéralisation du compte de capital très partielle n'exerce pas un effet positif sur la croissance économique. Nous formulons quelques recommandations afin que les effets de la libéralisation financière soient encore plus significatifs.

A- En ce qui concerne le secteur financier interne

Ce travail a montré que la libéralisation financière a participé à la stabilité du système bancaire, au lendemain de la grave crise bancaire des années 80, conséquence de la répression financière. Aussi la libéralisation financière interne contribue de façon significative, à long terme comme à courte terme à la croissance économique. Cependant malgré ce résultat flatteur, des limites sont détectées notamment dans l'activité des banques secondaires.

1- Les banques doivent gagner en innovation et en dynamisme

Comme le font remarquer Avom et Eyeffa, (2007), les banques camerounaises manquent d'innovation financière. Ce faisant les services financiers sont très souvent de médiocre qualité, les conditions pour y accéder sont extrêmement difficiles et l'assurance de financement du fait de la fidélité des relations est pratiquement nulle (Bekolo Ebe, 1998). Le système bancaire fonctionne mal et demeure assez élitiste, avec une exclusion des services financiers bancaires d'une frange importante de la population. Par ailleurs, le système bancaire manque de souplesse. Les démarches administratives sont toujours longues et fastidieuses pour l'ouverture des comptes ainsi que dans la réalisation des opérations de dépôts et de demandes de crédits. Les cartes bancaires et les guichets automatiques de distribution de billets demeurent encore un luxe alors que dans les pays développés et dans certains pays en développement ils sont devenus depuis longtemps des services ordinaires. Quand bien même ces services existent, ils ne fonctionnent pas permanemment et ne sont pas de bonne qualité. Ainsi Les distributeurs sont régulièrement en panne et de nombreux désagréments sont fréquemment signalés par les clients. Quant au chèque dont les procédures d'obtention sont assez longues (un à deux mois), il n'est pas encore totalement accepté comme moyen de paiement. La monnaie demeure donc l'actif financier le plus utilisé.

Les banques, même en ce qui concerne la publicité, sont nonchalantes, là où les établissements de microfinance s'illustrent chaque jour par des activités marketing d'envergure frappées par l'affichage, les campagnes de promotion de l'image, la distribution des tracts, l'attraction des clients par les récompenses... tout ceci pour se rapprocher et attirer davantage la clientèle. Mais un grand nombre de banques sont encore grandement inconnues du public. En fait, la banque ne va pas vers le client. C'est le client qui vient vers la banque. C'est cet ensemble de facteurs qui expliquent et contribuent au succès de la finance informelle qui offre des services de proximité, facilement accessibles. C'est pourquoi la banque reste dans de nombreux esprits comme une affaire lointaine, et parfois dont on ne voit pas la réelle utilité.

Il est donc crucial que les banques développent des services de proximité assortis de différentes gammes adaptées aux différentes couches de la population (jeunes, adultes, fonctionnaires, étudiants-élèves, commerçants etc.). Elles doivent faire preuve de dynamisme et d'ingéniosité pour contrebalancer le poids chaque jour important de la finance informelle et faire augmenter progressivement le taux de bancarisation. Car dans les pays développés et dans certains pays en développement on est même déjà passé depuis longtemps d'une économie d'endettement à une économie de marchés financiers ; l'accès à la banque dans ces pays n'y est plus un « luxe », alors qu'au Cameroun la banque est encore inaccessible pour un grand nombre.

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