Reseaux relationnels et construction sociale de l'attractivité des collectivités territoriales en Cote d'Ivoire: cas de la commune de Ouragahiopar Romeo OKOU Université Alassane Ouattara (UAO) - These Unique de Doctorat 2023 |
Source: OKOU Roméo, Juillet 2019.3.2. Force et Faiblesses liées à l'espace communal de OuragahioL'enquête exploratoire effectuée fait ressortir de manière évidente des forces et des faiblesses. Les enquêtes au niveau des villages viennent préciser certains aspects et même contredire certaines théories précédentes. Tableau n05 : Diagnostic interne lié à l'espace communal de Ouragahio
Source : OKOU Roméo, Juillet2019.
En ce qui concerne les activités de la commune de Ouragahio, on ne peut parler d'acteur territorial lorsque celui-ci s'inscrit dans la construction de la commune468(*). En ce sens il devient un acteur territorialisé dans une logique de Guy DI Meo qui fait du territoire un lieu d'appropriation collective dont la finalité est les actions collectives. Le fondement de ces actions collectives selon lui est lié aux représentations de ceux-ci. Leurs différentes activités leur permettent de construire un lieu fixe. Chaque catégorie sociale en son sein conserve une certaine affinité. Les territoires en Côte d'Ivoire se diffèrent les uns aux autres. Ils sont les lieux d'une coexistence parfois difficile entre les acteurs. Un même espace rassemble plusieurs territoires, d'où la coexistence d'une infinité de systèmes d'action territorialisés. Tout est dans les manoeuvres des acteurs. Cependant l'acteur qui s'inscrit dans les activités de la commune de Ouragahio s'accorde de nouvelles responsabilités par l'intermédiaire des décisions et l'animation du territoire, lieu d'action donc lieu de vie469(*). En effet Patrick D'Aquino ne dit pas le contraire. Il va même renforcer cette assertion. Pour lui les acteurs qui appartiennent à un territoire sont responsables de leurs actions et ainsi que des missions à leur léguer470(*). Leurs actions sont légitimées par les textes, par l'administration et par les populations elles-mêmes471(*). C'est l'acteur territorialisé qui façonne le territoire par ses actions. C'est également lui qui donne vie, anime le territoire472(*). Saisir les représentations sociales des acteurs territorialisés de la commune de Ouragahio, c'est analyser les interactions entre eux et au sein des catégories sociales. C'est ce dernier qui est au centre de notre démarche. Il en est l'objet et le sujet. L'acteur façonne le territoire, un support immatériel et également un lieu de gestion du pouvoir.
L'acteur s'appréhende à travers ses activités et en est conscient473(*). Sans action on ne peut pas parler d'acteur. Du moins c'est un postulat de départ. Dans une organisation comme la commune de Ouragahio, l'acteur adopte ses propres stratégies, ses propres tactiques. De plus le système dans lequel l'acteur évolue agit fortement sur lui mais ce dernier peut l'interpréter comme bon lui semble. Ces interactions doivent être présentées comme systémiques. Comprendre l'enjeu de l'interactionnisme est une base de l'interprétation des jeux confiés aux différents actants474(*). Mais ces interactions qui sont les actions, échanges, se réalisent par rapport à différents cadres, temporels, spatiaux et sociaux475(*). De ce fait, la commune de Ouragahio devient une scène de théâtre où chaque acteur à un rôle précis à jouer.
L'attractivité territoriale un excellent marqueur spatial, offrant aux acteurs qui gravitent autour de lui une grande possibilité de rôle476(*). Elle confère donc des rôles « multi casquettes » aux principaux intéressés. L'acteur met en oeuvre plusieurs stratégies, selon le rôle qu'il joue à un moment donné. L'attractivité à deux échelles qui semblent être des références factorielles. La première est une échelle individuelle, qui permet une lecture de l'action choisie et même voulue ou comme image d'un pouvoir intériorisé. Autrement dit, l'acteur est libre de ses actes, il en est responsable. La deuxième échelle est beaucoup plus complexe. Des interactions entre acteurs s'instaurent et offrent une lecture géographique des acteurs. La commune de Ouragahio structure et sculpte leurs espaces de vie, de travail, etc.
L'acteur dans la commune de Ouragahio est pluriel477(*). Il occupe différents rôles selon les circonstances. Son rôle change selon les temporalités478(*). Comme cela a été constaté, un acteur peut être en même temps conseiller municipal, chef de village et membre d'association de développement villageoise, adjoint au maire et acteur de développement. Un seul acteur peut donc incarner une multitude de rôles. Ainsi un même acteur peut jouer dans la même pièce au sens de Goffman mais enfiler des costumes variés selon les rôles qu'il joue. Une des transformations s'aperçoit au niveau de l'individu lui-même479(*). Il doit manier ses diverses fonctions, choisir les meilleures solutions en fonction des rôles, mais doit parfois adopter les divergences de ces diverses positions dans l'organisation. Les acteurs sont bien en tension avec eux-mêmes. Puisqu'ils n'incarnent pas un seul personnage. Ils manient avec une multitude de rôles, en alliant le mieux possible ces différents alliages. Image 3 : Configuration des réseaux relationnels de la Commune de Ouragahio Source : OKOU Romeo, Octobre 2020.
Dans l'environnement du développement local, la gouvernance est liée aux stratégies élaborées par les décideurs publics en y associant les acteurs locaux480(*). Ce mode gestion ne peut être efficace que si les objectifs politiques et économiques s'accordent avec ceux du public cible c'est à dire la population. Il y a de ce fait une mise en interaction des acteurs et la coordination dans les stratégies qui peuvent aboutir au développement souhaité. C'est à dire à l'attractivité de la commune. On peut donc soutenir avec Nicolas Boivin, que la gouvernance territoriale est un équilibre de différents objectifs à la fois sociaux, économiques et politiques481(*). Tout en harmonisant les actions dans l'optique de satisfaire tous les acteurs en jeux dans ce processus482(*). Par ailleurs, la gouvernance de la commune de Ouragahiomettrait en avant des valeurs en conformité avec des ressources diverses et planifiées pour construire des buts tout en respectant les principes de rentabilité, de productivité et d'efficacité483(*). Concernant les stratégies et les jeux d'acteurs à Ouragahio, une étude484(*)menée dans cette collectivité territoriale a conclu qu'il existait une absence relative des opérateurs économiques (notamment privés) et de la société civile dans l'élaboration des stratégies et l'exécution des jeux des acteurs locaux dans cette collectivité. Ceux-ci se trouvent marginalisés dans le processus de gouvernance territoriale. L'enquête effectuée sur le périmètre communal de Ouragahio, montre que la catégorie d'acteurs constituant les administrations déconcentrées de l'État (représentants directs de l'État au niveau local) est la catégorie dominante dans le processus de gouvernance et, est celle qui dispose de la plus grande capacité d'influence vu les moyens dont elle dispose. Toutefois, cette catégorie d'acteurs reste passive et peu impliquée quant aux préoccupations locales. Elle se contente d'appliquer les décisions dictées et financées par l'Etat. La seconde catégorie définie par l'étude est celle des élus locaux. Il est indiqué que ceux-ci constituent les acteurs relais du système de gouvernance, c'est-à-dire, que ce sont eux l'interface entre les administrations de l'État et la société civile. Cette catégorie dispose néanmoins d'une capacité d'influence mais surtout, peut bloquer le système de gouvernance si leurs objectifs ne sont pas atteints. L'enquête montre également, que les acteurs constituant la société civile sont les acteurs dominés du système de gouvernance. La société civile dispose d'un faible rapport de force vu ses capacités limitées et les influences exercées par les administrations de l'État et les élus locaux. En dernier lieu, l'étude identifie la catégorie des acteurs parapublics, ceux-ci sont qualifiés d'acteurs hors-jeu. Ils se caractérisent par leur faible implication dans le processus de gouvernance.
La gouvernance de la commune de Ouragahio est un mode gestion qui tient compte d'un certain nombre d'éléments comme l'économique, le social, la politique, pour fabriquer le territoire485(*). De plus dans la fabrication de ce territoire, les interactions entre les acteurs sont fondamentales486(*). Car ces acteurs doivent innover pour rendre le territoire unique en tenant compte de la culture local. Les espaces territoriaux se transforment et deviennent des systèmes territoriaux de production (STP). Dès lors, ses systèmes territoriaux deviennent exportateurs de produit locaux. Sesont également les valeurs du territoire qui sont exportées. Il faut en plus que les acteurs territoriaux s'approprient le territoire. En effet l'attractivité du territoire est ouverte. Elle interagit avec les autres collectivités territoriales et les acteurs qui n'appartiennent pas au territoire. Ces relations peuvent être des relations de réciprocité, d'appui, d'assistance et d'aide mais aussi d'antagonisme. De cette manière la commune de Ouragahio devient active. L'attractivité dans ce sens n'est pas seulement endogène mais tient également compte d'éléments extérieurs. Les acteurs territoriaux ayant la liberté d'entreprendre formulent des projets et construisent la commune de Ouragahio qui doit sans cesse évoluer. Elle ne doit pas reproduire des modèles venant d'autres collectivités. Par conséquent, la gouvernance de de la commune de Ouragahio, doit permettre de redistribuer les rôles et les fonctions pour permettre un équilibre, une coordination dans les actions et éviter ou du moins atténuer les conflits qui pourraient survenir487(*). Elle doit unir les acteurs privés et public488(*). La gouvernance devient donc ce mode de gestion qui obéit à certains critères comme la coordination dans les décisions, la confiance, et l'implication des acteurs dans les activités du territoire489(*). Toutes fois l'instauration des règles et des normes communes doivent permettre de sanctionner ceux qui les transgresseraient. Ce qui pour lui maintiendrait la cohésion dans la communauté tout en préservant les intérêts divergents des acteurs territoriaux. Cependant la formation et l'instruction collective des acteurs territoriaux doivent être prises en compte pour la survie du territoire490(*). On perçoit alors les actions individuelles et isolées comme inefficaces pour une construction d'attractivité territoire491(*). Les acteurs doivent se rassembler en association pour influencer les décisions de la hiérarchie qui vont contre l'intérêt général. Le territoire devient un espace de prise de décisions et d'associations d'acteurs et catégories d'acteurs aux intérêts divergents contribuant à inventer une nouvelle urbanité.Quel que soit le terme utilisé, l'idée reste la même, le discours change, toutefois les intentionnalités demeurent. La gouvernance territoriale est considérée comme une régulation de l'espace local par et pour les décisions locales. Conclusion partielle de la première partie La marque territoire constitue une ressource créatrice de la valeur. Elle permet lamobilisation des acteurs autour d'un projet territorial.Le recours au marketing territorial dans la gestion des territoires constitue une nouveautédictée par la concurrence entre les territoires dans la course de l'attractivité desinvestissements. La stratégie du développement territorial, en se basant sur les ressources et les compétencestangibles et intangibles, nécessite la mise en oeuvre des pratiques propres aux organisations.La Commune de Ouragahio est donc appelée à affirmer ses capacités, à capter des nouveaux investissements et à préserver l'existant. DEUXEME PARTIE LE ROLE DES RESEAUX RELATIONNELS ET LES MECANISMES DE PROXIMITE DANS LA CONSTRUCTION DE L'ATTRACTIVITE TERRITORIALE DE OURAGAHIO Introduction partielle à la deuxième partie Il ici de comprendre comment les réseaux relationnels participent à la construction et au développement de l'attractivité territoriale de la commune de Ouragahio. Pour atteindre notre objectif, nous nous sommes appuyés sur une logique qualitative inductive avec comme stratégie d'accès au réel l'étude de cas. Cette méthode est basée sur des entretiens semis-directifs auprès des acteurs territoriaux qui interviennent dans le regroupement. Le traitement des données collectées a été réalisé par une analyse de contenu thématique. Les résultats nous ont permis de comprendre que les acteurs sont liés par des relations professionnelles et d'affaires très denses qui sont soutenues par les processus sociaux. Dans cette première partie de notre mémoire, nous verrons : Chapitre 4 : Attractivité et identité, liens et enjeux dans la construction de l'attractivité territoriale de Ouragahio. Chapitre 5 : De l'interaction autour du système de gouvernance territoriale. Chapitre 6 : Dispositifs et outils de communication mobilises par les acteurs pour l'attractivité territoriale de Ouragahio.
CHAPITRE 4: Il s'agit dans cette partie de présenter et d'analyser les résultats du guide d'entretien. Analyser les résultats de la recherche va consister à « faireparler » les données recueillies en vue de confirmer ou d'infirmer notre hypothèse de recherche. Pour cela, il importe d'examiner longuement et minutieusement les données recueillies par interview et retranscrites manuellement. Il existe trois (3) types principaux d'analyse des résultats : l'analyse descriptive, l'analyse explicative et l'analyse compréhensive492(*).Pour l'analyse des résultats, nous avons privilégié l'analyse compréhensive. Elle consisteà rendre compte des rapports entre nos résultats obtenus et les perceptions des sujets. L'analyse des résultats comprend d'abord l'analyse des résultats de l'entretien, ensuite l'observation et enfin de la recherche documentaire. Dans ce champ d'analyse, nous allons considérer sept (7) niveaux d'analyse dans lesquels les relations sociales territoriales se créent et se développent. Les résultats présentés dans cette partie ont été recueilli à l'aide d'une grille d'entrevue soumise aux acteurs territoriaux composée de responsables de partis politiques, d'autorités administratives, des chefferies villageoises, des associations communales, des structures commerciales, des mutuelles de développement et de la radio communale. L'entretien s'articule autour de sept (7) catégories : - Les caractéristiques de l'acteur territorial - La conception de l'attractivité territoriale - Evolution organisationnelles et implication des acteurs - Les valeurs et les représentations sociales des acteurs territoriaux - Les contraintes du territoire - La complexité de l'attractivité territoriale - Les TIC dans la construction de l'attractivité territoriale Il est essentiel de situer ces sept (7) niveaux afin de comprendre leur articulation.
Les caractéristiques de l'acteur territorial de Ouragahio vont être étudiées par l'analyse de l'entretien qui a été menée. Rappelons que les acteurs sociaux sont situés dans un environnement relationnel qui est constitué d'associations, de partis politiques, d'organisations syndicales. Pour comprendre les « caractéristiques de l'acteur », on a retenucertains itemscomme la cohérence interne territoriale. C'est à dire leur relation avec les autres acteurs territoriaux.
Selon Abric, les individus agissent en fonction de la définition qu'ils ont du phénomène, d'un fait social. Pour lui, l'individu comprend la réalité à travers son propre système de référence et sa position dépend de cette compréhension de la réalité. Pour comprendre l'implication des acteurs dans l'attractivité du territoire, il était important de connaitre leur conception de l'acteur territorial. On s'aperçoit d'une différence sémantique du concept. Certains lui confèrent une dimension holiste. « Pour moi c'est d'abord la population, et aussi les hommes politiques (...) les acteurs économiques. Et toutes les tranches de la population en général » D'autres ramènent l'acteur territorial à une définition atomistique, à leur capacité d'insuffler de la motivation aux autres. (...) pour moi, c'est d'abord les premiers responsables des associations de la commune. C'est nous que les autres regardent avant d'agir. Si on se comporte bien, les autres vont faire autant (...). (...) Tous les acteurs ont une influence qui peut être positive, je parle des hommes politiques, des chefs du village, des associations, des entreprises commerciales et aussi des institutions définies par l'Etat comme la mairie »
Il ressort des résultats que l'élément qui nuit à la qualité de la cohérence du territoire dans le processus d'attractivité territoriale est « la mission de l'acteur au sein de la commune ». En effet, les résultats confirment que les structures dont les acteurs territoriaux assurent la direction n'oeuvrent pas dans le sens d'une attractivité de la commune. « Notre association ne contribue pas à faire vendre le territoire de Ouragahio. C'est pour gérer nos besoins entre nous les petits commerçants que notre association est née. C'est, s'il y a un malheur ou un bonheur que nous venons en aide nous-mêmes » Leur mission au niveau territorial est de défendre les intérêts propres de leurs structures et d'assurer la formation et l'encadrement et l'entraide des membres. « Nos actions sont au-devant, nos intérêts d'abord, on pense à défendre nos intérêts avant toute chose » « L'intérêt de notre parti passe avant les intérêts du territoire, on défend les intérêts de notre parti d'abord Pour les enquêtés, l'attractivité du territoire relève de la municipalité et non de leur structure. « On est là pour les encadrer, les former et les apporter une aide dans l'élaboration de leurs actions. On met à leur disposition les infrastructures comme les salles de réunions, les appareils. Ensuite on les encadre, on les aide pour bien faire leurs actions »
L'analyse des entretiens révèlent une distinction individuelle des acteurs territoriaux qui se caractérise par une différence de statut social. (...) Avec les autres moi je pense que nos relations sont politiques, par ce que c'est quand on a les manifestations politique qu'on les appelle. Les relations sociales dans leur ensemble n'ont pas pour but de s'égaler mais au contraire de préserver cette forme d'inégalité sociale entre les acteurs public et ceux du privé. « Je ne sais pas qui fait quoi ici, ils ont une position très administrative (...) Les relations entre les acteurs ne marche pas bien. Quand c'est comme ça arrange toujours les autorités de la commune. Nous sommes encore dans une démarche individualiste ou chacun pense à lui-même et aussi de compétition » « On peut dire que dans ma position d'agent de la mairie, nous collaborons avec tous les acteurs de Ouragahio L'analyse des données révèlent l'écart entre les réseaux relationnels et la coordination des activités territoriales. « Il n'y a pas de relation avec les autres associations du marché, ils viennent vers nous par rapport au gardien qui surveille le marché » D'une certaine manière, leur différence d'implication dans les activités de la commune à l'origine des relations et sans intention de nouer des relations avec les autres pour l'attractivité de la commune. (...) nous n'avons pas partenariat avec les autres associations (...) Néanmoins on voit apparaitre des relations informelles entre eux qui se manifestent par des appels téléphoniques, des visites à domiciles, des invitations personnelles. « Je ne peux pas dire ce qui n'est pas juste, il n'y a pas de partenariat en tant que tel entre nous. C'est juste des relations d'amitié c'est tout ». (...) C'est une relation amicale et aussi commerciale. Ils font partie de mes abonnés, ce sont mes abonnés. On aussi des relations professionnelles, quand il y a des manifestations ils nous associent à cet évènement à cela en nous demandant de l'aide parfois (...) Ils estiment que le respect mutuel doit caractériser les relations. « Je pense que la principale caractéristique est le respect de l'autre. C'est cette qualité qui permet un meilleur échange, une bonne définition de besoins » L'une des caractéristiques de l'acteur qui ressort des résultats, est l'aspect coopératif des acteurs impliqués dans les activités de développement de la commune. (...) Un acteur territorial doit être coopératif et proche des populations de la commune (...)
La conception de l'attractivité territoriale de la commune de Ouragahio correspond à la compréhension que les acteurs locaux se font de ce concept. Il s'agit de déterminer leurs connaissances théoriques et pratiques liées à l'attractivité et au marketing des territoires. Par la suite les connaissances que les acteurs locaux ont de la définition de l'attractivité et du marketing des territoires varient selon statut social. Pour RD, acteur public et secrétaire Général de la Mairie, la compréhension qu'il se fait du marketing du territoire lui vient des médias. (...) je ne sais pas véritablement ce que cela veut dire. Mais la première que j'ai entendu parler c'était à la télévision, sur une chaine étrangère (...) Certains commentaires tirés de nos entretiens montrent la méconnaissance également du concept par les acteurs locaux privés. (...) Non, le marketing territorial, je ne sais pas ce que c'est ça non. Et je n'ai jamais entendu parler (...) C'estEn effet après leur avoir expliqué et défini ce que représente l'attractivité et le Marketing territorial, que les acteurs territoriaux se sont exprimés sur la question.
L'analyse des données révèlent que l'environnement sociopolitique de la commune n'est pas propice à la mise en oeuvre des actions d'attractivité de la commune. (...) En l'état actuel des choses, non, par ce qu'il y a des suspicions (...) Ouragahio est un petit territoire et ce genre de chose n'arrange rien (...) Les relations sociales entre les différents acteurs sociaux, ont été déconstruites à la suite de la crise post politique qu'a connue la Cote d'Ivoire en 2011. Ceci laisse apparaitre une distanciation dans les relations sociales. (...) Je pense que pour que l'environnement soit favorable au développement, il faut la paix.il y a une méfiance entre les populations. Il y a eu la crise et cela a mentalement affaibli les gens. Avant on faisait les choses en commun, maintenant non, les bêtes sont de l'autre cote et les autres ethnies de leur côté (...) (...) On a des atouts, mais après ce qui c'est passe en 2011, tout a été remis en cause (...) Et depuis lors, les responsabilités sociétales se sont effritées au risque de voir stigmatiser. Ce qui entrainerait un rejet de sa communauté d'origine. (...) En l'état actuel des choses non, par ce qu'il y a des suspicions (...) Ouragahio est un petit territoire et ce genre de chose n'arrange rien (...) « C'est un milieu assez difficile. Nous sommes dans une ville à connotation politique, le moindre faux pas peut entrainer des conflits entre les populations. Rendre la commune de Ouragahio attractive, on ne peut pas le faire en un territoire en situation de conflit,ce n'est pas possible. Il faut qu'on arrive à mobiliser les gens autour d'un projet commun. Cela peut prendre du temps. En outre la mairie en s'inscrivant dans des relations de partenariat avec les acteurs privés, développent une forme de relation qui les infantilisent. Comme le laisse apparaitre les entretiens. (...) le Maire ne nous prend pas au sérieux. Il croit que nous sommes ses enfants (...) (...) s'il nous convoque on va et à chaque fois pour discuter mais nos avis ne sont jamais pris en compte, jamais (...) (...) Quand on va aux réunions, on est assis et puis on les regarde. C'est eux seulement qui parlent jusqu' à ce que la réunion finisse (...)
Les entretiens mettent en relief la nécessite de coordonner les relations entre les différents acteurs de la commune. Celle-ci résulte de la conjugaison la proximité géographique et du cadre collectif devant favoriser la construction d'un espace de référence pour les acteurs. (...) Ce qui peut empêcher l'attractivité territoriale de Ouragahio, c'est l'insuffisance de dialogue entre lespopulations (...) et il y a aussi la manière dont ils voient les responsables des associations, voient les autorités municipales de Ouragahio (...) Cette conjugaison se manifeste également par la présence d'objectifs collectifs qui viendront renforcer l'identité du territoire et favoriser son management. Betrand Arthur (1989) à monter que les choix des acteurs sont influencés par les choix préalables des individus avec lesquels ils sont en interaction. Ce qui favorise l'émergence d'une stratégie commune. « Il faut s'entendre avec tout le monde que ça soit les associations, les ONG, tout le monde en tout cas pour que chacun donne son idée. Mais si tu dis que c'est pour toi qui va rester, ça ne va jamais marcher (...) (...) L'engagement et l'implication de tous les acteurs est la principale condition de réussite de tout processus, spécialement l'attractivité territoriale ». Dans des extraits d'entretien, les acteurs territoriaux revendiquent pleinement leur rôle en tant qu'agent de développement de la commune. Pour Vincent Gollain, le rôle de l'acteur dans la construction de l'attractivité du territoire se mesure par son application. Afin de voir quels peuvent être les facteurs qui influencent et qui déterminent cette implication, nous allons mettre en relation la variable « implication » par les variables suivantes : « caractéristiques de l'acteur », « relation » et « mission au sein du territoire ». « Pour qu'un territoire puisse être attractif, il faut savoir ce que l'autre demande. Si les touristes, ou les investisseurs ou je ne sais pas quoi, la population, demande quelque chose qu'on peut offrir et qui est bénéfique pour le territoire et qui va permettre un développement sur le territoire, je crois qu'il faut aborder dans le sens de la demande » « Il faut l'implication de tout le monde, il faut qu'on soit soudé Les résultats des données font ressortir la volonté des acteurs de concrétiser l'aspect pratique de l'attractivité de la commune ce qui permet d'apprécier les caractéristiques d'un acteur territorial. De plus, il ressort des résultats que le principe caractéristique d'un acteur territorial est son implication dans la logique d'attractivité du territoire. Aussi, ils optent pour la coopération principale caractéristique de l'acteur territorial. Ces résultats démontrent que la principale caractéristique dans le processus de construction de l'attractivité territoriale est la coopération entre les différents acteurs. Par ailleurs, il n'y a pas d'implication directe des acteurs dans le processus de construction de l'attractivité territoriale. Les éléments qui peuvent influencer l'implication des acteurs dans la construction de l'attractivité territoriale sont donc les relations interpersonnelles. En effet, il s'agit de savoir en fonction de la forme de l'implication le cadre qui régit les relations entre les acteurs. Autrement dit comment les acteurs territoriaux entretiennent leurs relations avec les autres. Les réunions du conseil municipal organisées quatre (4) fois dans l'année sont les seules occasions d'entretenir des relations d'une certaine manière formelles et d'échanges d'informations. Toutefois, les résultats confirment que l'environnement politico-administratif n'est pas favorable à l'instauration d'une logique d'attractivité territoriale. Cependant, la volonté de s'inscrire dans un modèle existe et se concrétise par la communication, des campagnes de sensibilisation et de formation. Il en résulteque la sensibilisation des acteurs à l'importance de l'attractivité territoriale implique la mobilisation des moyens culturels, matériels, organisationnels et structurels. L'environnement politico-administratif est donc un élément important dans leur conception.
Dans cette partie de l'analyse, nous allons considérer deux niveaux d'analyse dans lesquels les réseaux relationnels se crée et se développe. Il s'agit de l'institution (Public) et celui des organisations (privés). Le niveau institutionnel est composé par gouvernance territoriale qui a pour mission la gestion et la mutualisation des réseaux non institutionnels. Au niveau des organisations, se trouvent les associations de jeunesse communales, des organisations professionnelles (commerçant, transporteurs, etc....). Nous allons donc essayer de comprendre ces deux niveaux à la lumière des entretiens que nous avons menés.
Une collectivité territoriale est un espace organisé et identifiable. Cela nécessite une formalisation de l'organisation et une gouvernance locale dont la fonction est d'arbitrer les choix collectifs et de coordonner leur application. Dans ce cas, il s'agit de repérer sur le territoire toutes les structures et organisations présentes sur le territoire, de sorte que la mutualisation des ressources soit la plus efficace possible. Elle doit également installer et développer son propre réseau relationnel, de sorte qu'elle soit en interaction avec les organisations présentent sur le territoire. Dans cette perspective, on peut caractériser les réseaux relationnels selon la définition de Brehem et Ranh, comme l'ensemble des relations coopératives entre acteurs qui facilitent la résolution de problème d'action collective. Pour Henry Mintzberg,les mécanismes de coordination constituent la colle nécessaire au maintien de l'ensemble des parties de l'organisation. En effet La mairie de Ouragahio est l'organe qui a en charge la coordination des activités entre les organisations locales. Il y a dès lors une nécessité de recenser toutes les structures locales existantes, formelles et informelles afin d'y répertorier les individus impliqués et de construire un réseau formalisé et contrôlé. Ce réseau relationnel formel territorial favorise donc la confiance et provoque des échanges nécessaires devant conduire à la réalisation de projets collectifs. La réussite de ces projets dépend également de leur coordination par la gouvernance territoriale. Pourtant l'analyse des entretiens révèlent un écart entre le discours des représentants publics et les insuffisances que rencontre la Mairie à coordonner les activités entre les organisations territoriales. « Nous sommes toujours en opposition. Et cette opposition nous détruit nous-mêmes. On est tellement en opposition que quelque part, les gens n'arrivent pas à être ensemble pour développer une idée ou un projet commun »
Le réseau des organisations existe depuis la création de la collectivité territoriale de Ouragahio en 1964. Ces organisations chargées de représenter leurs membres, jouent un rôle d'entraide au développement du territoire et de la protection de ses membres vis-à-vis des autres. (...) On est là pour les encadrer, les former et les apporter une aide dans l'élaboration de leurs actions. On met à leur disposition les infrastructures comme les salles de réunions, les appareils. Ensuite on les encadre, on les aide pour bien faire leurs actions » A l'intérieur du territoire, la vocation les réseaux des organisations privées est donc de favoriser le développement des partenariats et la mutualisation des ressources. Pour cela ils vont donc chercher des solutions pour contrôler, développer et utiliser l'espace relationnel aux seuls bénéfices de leurs membres. Au sein du territoire, la permanence de ces relations permet de renforcer la cohésion des acteurs et renforce leur différenciation aux autres organisations.
Dès que les relations territoriales constituées, Leurs maintien et le développement dépendent en parti du capital social que chacun décide d'investir. Le rôle de ses relations se forme autour de la défense des intérêts de leur structure. « L'objectif de notre association, c'est d'amener le paysan à s'auto-suffire, d'avoir un toit, se prendre en charge, ne pas compter sur quelqu'un. On a ouvert un compte bancaire pour chacun de nos membres à la Coopec pour leur permettre d'avoir des revenus mensuels. C'est là-bas on vire ton revenu chaque fin de mois comme si tu étais un fonctionnaire » Ensuite les réseauxterritoriaux vont s'enrichir des apports internes en réaction aux situations externes et par rapport aux nouveaux membres dès lors qu'ils respectent les normes de leur association. De plus, il ressort des entretiens que nous avons menés, que l'élément à l'origine de l'intégration des individus dans les réseaux, varie selon que les individus, selon la taille de l'organisation et selon l'origine de la demande. (...) pour être membre de notre association, il faut être étranger et être de la CEDEAO, puisque c'est l'association des ressortissants de la cedeao. Je ne vois pas pourquoi les autres vont se joindre à nous. (...) Intégrer un réseau devient important pour les individus puisque leur permet de disposer ressources économiques, sociales, et techniques. Les responsables en raison de leurs responsabilités et leur position dans les organisations et également de leur pouvoir de décision, sont sollicités par les membres. Lorsque les individus intègrent les réseaux territoriaux, ils sont évalués par les autres membres de l'organisation. L'objectif de cette démarche de vérifier si le nouvel membre dispose des mêmes valeurs que le reste du réseau. Cela conduit au respect des normes du réseau, dans le cas contraire il est exclu. Cette phase d'évaluation, dirigée envers le nouveau membre est informelle. Son intégration sera effective par la prise en compte de son intérêt du groupe. (...) pour que tu sois définitivement admis parmi nous, on t'étudie. Mais on ne te dit pas. On tient compte de ta présence lors des réunions, lors des activités que nous organisons. Et aussi on tient compte aussi de ta cotisation (...)
Les données analysées dans cette section, vont permettre de faire ressortir les moyens et les actions que réseaux relationnels souhaitent mobiliser pour traduire leur volonté de suivre une logique d'attractivité territoriale. Ces actions impliquent pour les acteurs de prendre en compte les caractéristiques politiques, géographiques et sociale de la commune. Cet environnement aura nécessairement une influence sur les actions de la commune. (...) Le périmètre communal de Ouragahio, n'est pas véritablement connu par les habitants eux-mêmes. De la manière les gens font c'est comme si nous étions étrangers. Alors que nous sommes les propriétaires du territoire (...) Au total, les acteurs privés ne mobilisent pas des moyens de sensibilisation sur le processus de construction de l'attractivité territoriale. Il n'existe pas des campagnes de sensibilisation et de stratégie de communication. « Ce n'est pas notre rôle de faire ça, je crois c'est la mairie qui doit faire » Cependant ce qui nuit à la qualité du processus d'attractivité territoriale sont « les formes d'interaction entre acteurs territoriaux ». Trois principaux axes peuvent être identifiés à travers les résultats : le premier se rapporte aux aspects de l'interaction entre acteurs qui peuvent être soit personnels, économiques, sociaux, ou politiques. Ensuite le deuxième est relatif à la forme d'interaction entre les acteurs (coopération, conflits, protocolaires). Et enfin le dernier s'articule autour de la coopération en tant que la principale caractéristique de l'interaction entre acteurs.
Il ressort des entretiens que la proximité entre les acteurs est un élément essentiel dans la manifestation des relations sociales territoriale. La proximité facilite l'instauration rapide des relations. (...) Ce qui est important, c'est qu'il faut que les gens puissent se voir pour échanger et que leur relation se passe aussi bien. Il faut les gens puissent se voir plus facilement sans parfois passer par des courriers ou des demandes manuscrites, je crois qu'avec un coup de fil on peut régler beaucoup de chose entre nous (...) Cette collaboration permet aux individus de se rencontrer dans un cadre informel pour régler de façon plus efficace certaines affaires. C'est le cas notamment pour des relations amicales qui ont pris l'habitude de se rencontrer en dehors des réunions organisées par la mairie. Dans ce cas, les réunions informelles se produisent généralement dans un cadre défini par les partis en interaction. « Les acteurs ne se rencontrent pas de façon régulière pour discuter chaque fois qu'il y a des problèmes, ils ne se rencontrent même pas pour échanger. Ils ne font même pas de business ensemble » La proximité sociale est également un facteur d'intégration. C'est ensuite aux individus de s'approprier les différents réseaux relationnels en les mobilisant et en développant le capital social hérite de ses relations.
Il ressort des résultats des entretiens que nous avons menés que la coordination locale des acteurs génère des actions collectives. Ces résultats résultent de la coopération et de l'union des acteurs locaux pour atteindre des objectifs qui n'auraient pas été atteints individuellement. Ce qui traduit des comportements coopératifs qui demeurent le fondement de l'action collective. Ils mettent en évidence l'ensemble des relations interpersonnelles dans lesquelles s'inscrivent les acteurs territoriaux. Les résultats montrent que certaines valeurs président aux relations entre acteurs qui ne sont pas nécessairement formalisée. Ces règles et valeurs partagées vont alors faciliter leur capacité `d'entreprendre et d'anticipation tout en régulant leur liberté de conduite et d'action. Ce qui favorisera une meilleure compréhension entre les agents, encourageant la transparence et la circulation d'informations. Par la même occasion, elle facilite la coopération entre les acteurs en contribuant àla stabiliser et à renforcer les comportements interindividuels qui favoriseront l'attractivité locale. Cette relation de coopération va améliorer la qualité de la coordination locale. Il apparaît alors que ces réseaux sociaux locaux sont vecteurs de ressources qui peuvent être mobilisées dans une perspective de développement territorial. De ce fait, la mise en oeuvre d'actions communes de développement territorial suppose, une certaine qualité du tissu social local. Ces projets de territoire caractérisent une volonté d'agir en commun à partir d'un diagnostic partagé. Cette ambition s'appuie sur des représentations et un savoir-faire collectif qui orientent et influent sur l'action.
Il s'agit dans cette partie de comprendre les éléments qui participent du processus de l'attractivité territoriale.
La mairie de Ouragahio est l'organe de gouvernance de la commune. C'est elle qui encourage et accroit la possibilité de développement des activités territoriales par des actions ciblées. Mais au sein de la commune, la gouvernance territoriale mesure que certains ont à suivre ou a mettre en certaines actions stratégique. « Selon moi c'est la gouvernance, voilà ceux qui sont là, cela fait cinq (5) ans qu'ils sont là, mais c'est comme il n'y a personne. On a besoin de quelqu'un qui sache ce qu'il veut. Les gens de la mairie ne nousassocient pas. C'est quand il y a les fêtes qu'on nous invite. Sinon après ça plus rien ». Dans certains extraits, il est dénoncé la faible implication formalisée des réseaux relationnels. Toutes fois, le constat de la nécessité d'une vision commune stratégique apparait. C'est un enjeu majeur pour la Mairie de favoriser l'implication des acteurs territoriaux et de permettre l'organisation de projet collectif dans une vision collective. « Selon moi ce n'est pas attractif par ce qu'on a des services au niveau de la mairie qui ne marchent pas bien comme le service socio-culturel par exemple. Il ne joue pas bien son rôle. Ils passent tout le temps à nous convoquer pour des réunions qui ne servent à rien pour nous (...) « Ce qui doit être important c'et la satisfaction des besoins de la population de Ouragahio. Et cela passe par une organisation, par une implication véritable de tous les acteurs de Ouragahio. Il faut que les acteurs se rencontre en grand nombre au moins une fois ou deux fois par mois pour débattre des actions de la commune. Au début ça sera difficile pour arriver a là, mais on n'a pas le choix si on veut permettre que le territoire de Ouragahio attire plus de gens (...) La cohésion sociale et une vision commune constituent les préoccupations que se posent les acteurs territoriaux pouvant provoquer l'attractivité de la commune. « Il faut la cohésion sociale entre les acteurs, il faut qu'on se parle mais si on se méfie les uns des autres il n'aura rien » La mairie de Ouragahio constituant l'organe de gouvernance territoriale est donc consciente de son rôle de coordonnateur et de l'influence qu'elle exerce surles pratiques managériales locales. Elle est non seulement comme une construction sociale mais également comme une ressource et donc comme un outil potentiel de développement. (...) il faudrait que la mairie réfléchisse sur des actions communes à mettre en oeuvre qui peuvent pousser nous tous à nous impliquer dans les activités de la commune. Souvent on ne sait pas ce qu'ils font là-bas (...) Dans ces extraits, l'accent est mis sur la mairie et ses organes de gouvernance locale qui doivent entreprendre une réflexion pouvant favoriser un management stratégique de la commune.
D'abord, les résultats présentés ici, décrivent ceux des partisans, c'est à dire les réseaux qui collaborent avec la mairie, soit pour l'intérêt des membres ou pour appuyer des projets locaux. Par conséquent, le réseau correspondant va adhérer au projet et profiter pour développer des relations avec le réseau institutionnel. Ces relations permettront de former un réseau plus grand fondé sur la confiance et l'expérience commune pour peser sur des décisions locales. (...) en travaillant ensemble sur des projets, cela nous permet de tisser des relations avec personnes que nous rencontrons généralement (...) Les réseaux institutionnels, c'est à dire ceux qui sont en accord avec les pratiques de la mairie vont se retrouver dans des réunions et profiterons pour développer leur capital social. Leur présence aux réunions signifie qu'ils apportent un soutien aux propositions de la gouvernance locale. Cette démarche permet également à la mairie de légitimer sa gouvernance. (...) je suis le représentant des jeunes de la commune (...) nous avons réunions très souvent avec le secrétaire général de la mairie. Et c'est lui qui se charge de faire remonter les informations jusqu'au Maire (...) Dans cet extrait, les relations entre les membres des réseaux sont étroites. Il ressort également la circulation des informations ce qui permet de prendre en compte les prédispositions des réseaux et de s'adapter. De plus, le réseau des opposants quant à lui, va mobiliser le poids que représente son réseau, pour remettre en question les projets auquel il n'adhère pas. (...) on ne nous convoque pas aux réunions, alors je ne vois pas pourquoi je vais soutenir leurs activités (...) L'opposition d'un groupe aux projets de la commune, est dû aux désaccords entre ce réseau et la gouvernance locale incarnée par la mairie. Et ces désaccords proviennent des propositions du réseau non retenu. (...) nos propositions n'ont jamais été prises en compte. Quand on partait en réunions, ils font semblant de nous donner la parole, de nous écouter. Alors qu'ils ont déjà préparé ce qu'ils vont faire (...) Dans ce cas, ces réseaux vont se placer en opposition et utiliser les discussions, non pas pour négocier mais pour remettre en cause certains projets. En s'opposant aux décisions de la mairie, ils remettent la légitimité de l'organe de gouvernance en question. Et vont juger leurs actions parfois partisanes. (...) ils ont déjà des gens avec qui ils travaillent (...) Enfin, un troisième réseau, celui des négociateurs, qui profite de la situation avec les opposants pour négocier à son avantage. Il s'agit en fait de tirer parti de la situation. (...) c'est important pour nous d'être présents. Vous-même vous savez notre association est pour les étrangers de la commune, donc quand on vient on essaye de voir sir certains parmi nous peuvent avoir des financements de la part de la mairie (...) Il résulte de nos résultats que l'attractivité territoriale de Ouragahio dépend des relations entre les acteurs territoriaux. Également cela passe par un acteur territorial responsable et agissant. La réussite de l'attractivité est liée à la nature des relations entre les acteurs territoriaux qui doit se caractériser par un rapprochement mutuel de part et d'autre. En conséquence, les acteurs territoriaux doivent apprendre à se responsabiliser tout en assumant la conséquence de leur action sur le territoire. « On doit arrêter d'accuser les autres de notre problème, le véritable problème c'est nous même. Nous sommes incapables de prendre en charge le développement de la commune. »
Pour comprendre les décisions publiques au niveau territorial, il a été mis en relation « les décisions publiques » et « relation interpersonnelle ». Cela permet de comprendre l'influence des relations sociales sur la prise de décision locale.
L'accès aux ressources que nous avons qualifiées de « pleines » correspond à l'ensemble des ressources dont dispose un individu. Ce dernier disposera donc de ressources complètes. Ce qui favorise des échanges et permet de préserver des ressources sensibles. L'accès aux ressources dite pleines peuventpermettent d'instaurer un état de confiance aux individus.
Ici, les ressources que nous qualifions de creuses sont celles qui n'autorisent pas l'accès à certaines ressources dont disposent certains réseaux relationnels en raison de leur rétention. Le destinataire dispose donc d'une relation dans son capital social, mais qui n'a aucun intérêt que d'être un lien potentiel. Cette potentialité pourra se développer ou au contraire rester inactive (...) nous ne sommes jamais invités aux réunions, leur rencontre c'est pour les personnes qui se connaissent déjà. Ils ne veulent pas accepter n'importe qui. Ça fait qu'on pas trop d'échange entre nous (...) La volonté d'exclure certains réseaux peuvent conduire à limiter les échanges de ressources. Dès lors qu'un individu dispose d'une relation dans son capital social, c'est un acquis durable. Et pour que cette relation soit rayée définitivement de son portefeuille de relation, il faut que le lien ne puisse plus se rétablir. Toutefois, si les ressources sont de nature « creuse », elles rendent cette relation sans intérêts et improductif pour la collectivité. . De ce fait, ces contraintes relationnelles peuvent influer sur le processus de construction de l'attractivité territoriale.
Afin de savoir s'il y'a une relation qui existe entre les intérêts de différents acteurs de la commune, et dans l'objectif de voir son impact sur la complexité de l'attractivité territoriale, nous avons choisi de mettre en relation la variable « intérêt » avec celle « complexité ». Il ressort des résultats que la construction de l'attractivité territoriale est complexe. Ceci confirme que cette complexité de l'attractivité territoriale n'est pas liée spécialement à l'intérêt de la commune, mais qu'elle a d'autres sources comme la vision démocratique et la proximité relationnelle. La complexité de l'attractivité territorialeconstitue l'une des variables de cette analyse compréhensive. Les résultats traduisent les mesures à prendre pour pallier cette complexité. Ce sont la sensibilisation, la coordination des politiques et la coopération. Ils font apparaitre un deuxième facteur qui exprime les sources de la complexité de l'attractivité territoriale est les divergences d'intérêts, facteurs financiers, contexte organisationnel, manque de communication, contexte environnemental. Quant au troisième facteur, il renvoie à l'ampleur de cette complexité. Enfin les acteurs territoriaux restent optimisme par rapport à la concrétisation de l'attractivité au niveau territorial.
L'analyse des entretiens révèle que disposer d'un capital social, ne garantit pas automatiquement l'accès aux réseaux relationnels. En effet le capital social peut ne pas être de bonne qualité et permettre aux individus d'accéder aux réseaux relationnels. Par contre, l'appartenance à un ou plusieurs réseaux implique l'existence d'un capital social important. Dès lors, on peut conclure que l'origine d'un réseau relationnel est construiteà partir du capital social des acteurs territoriaux. Toutefois, le réseau relationnel obtenu à partir du capital social doit pouvoir nourrir le portefeuille de relation et donc enrichir le capital social de l'individu. (...) ce sont les hommes qui créent les associations. Au départ quelqu'un a une idée, qu'il expose à un autre qui partage sa vision et voilà les choses qui bougent (...) Cet extrait montre que le capital social d'un individu est à l'origine à l'origine de la création d'un réseau relationnel. Il est donc le résultat des relations entre les acteurs territoriaux. Ces processus sont généralement informels. (...) une fois j'étais assis j'ai eu une idée de mettre en place une association des Baoulés. J'ai appelé les autres frères et nous avons discuté. On se voyait soit chez moi ou souvent au maquis pour discuter de ça (...) Cette mobilisation se traduit par la prise de contact effective avec la relation. Cette phase revient à engager des actions d'échange et de construction mutuels qui doit permettre de construire une réciprocité dans les actions et la coopération à des projets communs. (...) les réunions organisées par la mairie nous permettent de rencontrer des gens qu'on ne voit jamais, et c'est enrichissant pour nos relations. Par exemple à une réunion j'ai rencontré les chefs des villages et profiter pour discuter. C'est mieux comme ça. Et il faudrait que les autres s'impliquent véritablement et prennent du temps pour venir aux réunions communales (...) Cet extrait illustre parfaitement le rôle joué par les réunions que la mairie met en place. Il montre également l'implication des acteurs au développement du capital social Utiliser un capital social pour activer un réseau relationnel est la conséquence d'une volonté et d'une exploitation efficace du potentiel relationnel moyennant une coopération qui passe par la réciprocité des échanges. (...) les relations existent déjà entre les personnes. C'est à la Mairie de les activer. C'est comme ça que moi je vois les choses même si je ne connais pas suffisamment les différents responsables des associations. Et donc c'est a la mairie de favoriser les échange avec eux. Il faut créer une synergie autour des besoins des autres. On est tous très occupés, et si on n'avait pas les occasions comme ça de s'ouvrir aux autres. Les réunions nous donnent l'occasion de nous croiser et de discuter des points communs (...) Ce commentaire montre que les relations existent déjà entre les acteurs territoriaux. Et le fait de les activer va permettre les échanges et les synergies. On y voit également la possibilité de développer de nouvelles relations. Les réunions sont l'occasion de renforcer les liens sociaux entre les acteurs situés dans les réseaux relationnels jusqu'à présent éloignés. Celles qui sont convoquées par la gouvernance locale, favorisent la mise en place de projet collectif.
Il s'agit de faire ressortir à travers les entretiens que nous avons menés, le comportement, les conduites, et les attitudes des acteurs territoriaux en rapport avec l'attractivité du territoire. En effet les résultats révèlent que certains réseaux relationnels n'ont pas accès à certaines ressources communales. Les valeurs auxquelles on fait référence pour les exclure aux activités communalessont liéesà leur lieu d'origine, à leur culture et parfois au mythe de leur patrimoine culturel. (...) Il y a des problèmes de classe et d'acceptation de l'autre. Souvent on accuse certaines personnes de telles choses par ce elles ne sont pas de la région (...) Ce contexte de stigmatisation de certains réseaux relationnels, va entrainer une déconstruction des relations sociales.Elle se manifeste par la perte des relations de confiance entre les parties prenantes. (...) Nous n'avons pas confiance en nous, et nous n'avons pas confiance les uns vis-à-vis des autres et aussi on ne fait pas confiance au maire et à son équipe, ni aux autres. La population de Ouragahio n'a pas confiance en elle (...) (...) Le périmètre de Ouragahio a besoins d'être pacifié, c'est à dire qu'il faut la paix entre les gens, une paix générale par ce que sans ça nous resterons avec des incompréhensions entre nous, je parle des associations, des mutuelles, et autres (...) La perte des relations de confiance va amplifier la menace de comportements opportunistes et aura des conséquences sur les attentes des individus. Si cette perte de confiance ne se gère pascorrectement, elle va entrainer des signes de désengagements et nuire aux efforts collectifs. « Si on n'arrive pas à trouver un consensus grâce au dialogue social, je ne pense pas que des actions de développement soient possibles. Les gens vont se désintéresser de tout ce qu'on fait » Outre cela, la dimension financière constitue une contrainte dans la gestion de ses activités. « Nous sommes une commune au même titre que les autres communes de la Cote d'Ivoire. Les communes comme Plateau, Cocodi ont un budget très élevé par rapport à nous, même si ce n'est pas la même réalité économique. Cela nous met dans une situation délicate par rapport aux autres Toutefois, les résultats révèlent également que la mairie dans ses rapports avec les réseaux relationnels, agit sans contrainte. C'est donc au moment où elle veut manifester un intérêt d'ordre politique, qu'elle établit un contact informel avec le reste des acteurs territoriaux. (...) une fois j'étais a la maison et le maire m'a appeler. Il me dit qu'on a une réunion. Mais je dis-moi étant le président communal des jeunes, pourquoi on n'a pas reçu de courrier officiel (...)
Les résultats des entretiens révèlent ici que les relations sociales entre les acteurs peuvent revêtir plusieurs formes parmi lesquelles la coopération dans les activités. (...) On n'arrive pas à penser et agir ensemble. Et tant qu'on ne peut pas faire cela, on ne va pas se développer. On va tourner jusqu'à sans aller quelque part et sans jamais se développer. Il faut qu'on soit une vision commune (...) Toutefois, les formes que revêtent cette interaction, doit permettre de consolider la relation entre les acteurs territoriaux à travers l'échange permanent des informations. Pour se faire, nous avons choisi de croiser la variable « Défi » et la variable « réussite ». Il en ressort que l'attractivité territoriale constitue un défi collectif dont la réussite dépend principalement de la maturité de l'idéologie politique qui doit se manifester par la démocratie du grand nombre. (...) Ce qui doit être important c'est la satisfaction des besoins de la population. Et cela passe par une organisation, par une implication véritable de tous les acteurs. Il faut que les acteurs se rencontre en grand nombre au moins une fois ou deux fois par mois pour débattre des actions de la commune. Au début ça sera difficile pour arriver a là, mais on n'a pas le choix si on veut permettre que le territoire de Ouragahio attire plus de gens (...) (...) il y a des gens qui font des discours qui vont contre le développement de la commune Pour eux c'est l'ancien président (..) qui pouvait la développer. Il n'est plus là, personne ne pourra pas la développer. C'est de la propagande qui n'arrange pas la ville et je pense que cela ne donne pas envie aux gens d'investir (...) Par ailleurs, une autre définition de l'identité émerge lorsque certains acteurs décrivent les relations avec les autres. Ils se décrivent comme étant stigmatisés du fait de leur mode de vie et de leur appartenance culturelle. Cela justifie les réactions de certains à fréquenterd'autres acteurs territoriaux que ceux de son réseau relationnel.et ce d'autant plus qu'ils ressentent la nécessité d'exprimer leur identité mais aussi de conserver leur autonomie.
Dans cette partie de l'analyse, les résultats révèlent la manière dont les réseaux relationnels ont accès l'information en rapport avec l'attractivité du territoire. Des entretiens, il ressort une différence dans l'accès aux ressources informationnelles. Elle s'explique par la position relationnelle des acteurs territoriaux au sein du territoire. Selon leur position, ils peuvent disposer des ressources informationnelles plus difficile à obtenir dans une position différente. (...) ceux qui travaillent à la mairie ont plus d'informations que nous. Même pas seulement eux, mais aussi certains présidents de jeunesse des villages qui sont plus proches du maire (...). Ces extraits de commentaires laissent apparaitre que l'accès à l'information est completpour les partisans de la gouvernance locale et incomplète pour les opposants. C'est le cas pour toutes les informations qui transitent par le service d'information de la commune. (...) On donne plus d'information avec ceux qu'on travaille sur des projets de la commune (...) En dehors du canal institutionnel, la diffusion de l'information se produit lorsque la confiance est importante ou lorsque les informations fournies n'ont pas de caractères confidentiels ou ne représentent pas un risque. Un individu peut transmettre des informations comme pouvant permettre la réciprocité qui sera pleinement utiliser par le destinataire. Cela pour faciliter les échanges de certaines ressources. (...) Effectivement, ça m'arrive de prendre le téléphone pour appeler les responsables d'associations pour certaines activités, leur proposer de venir, mais ça reste très exceptionnel. Sinon, ma relation avec les autres se limite aux réunions mensuelles qui nous permettent de nous échanger des informations (...) L'accès à l'information correspond à un transfert de ressources soi en qualité, soit en quantité. Le destinataire disposera soit d'informations complètes ou incomplètes en fonction de sa relation avec la gouvernance locale. Les résultats montrent que l'accèsà l'information permet d'instaurer un état de confiance. Deux essentiels facteurs peuvent limiter le transfert d'information : le manque de confiance et le peu d'intérêt pour un projet communal. (...) Non, pas forcément. L'intérêt qu'on peut y voir, c'est la facilité d'accès à l'information, et chacun va chercher ce qui l'intéresse, et ça permet d'avoir quelque chose de personnalisé (...)
Les résultats révèlent que certaines relations (politiques, sociales, professionnelles) sont à l'origine de l'accès à l'information. On peut affirmer que la proximité favorise cette relation. Elle peut être géographique mais souvent la similitude des situations est appréciée. Le rapport à la communication est donc dû a certains éléments de similitude des situations. (...) on se connait bien. Nous sommes dans le même parti politique. C'est le cas de plusieurs d'entrenous (...) L'un des éléments qui facilitent l'accès à l'information est la similitude du cursus scolaire. Certains se retrouvent entre anciens d'autre avec ceux avec qui ils partagent les mêmes aspirations, les mêmes valeurs et les mêmes intérêts. (...) avec certains ici, on a fait le lycée ensemble (...) entre nous on ne se refuse rien. Le courant passe bien. Avec eux la communication passe bien (...) De plus, l'un des éléments catalyseurs d'une éventuelle attractivité du territoire est le souhait formulé des acteurs territoriaux de s'approprier les Tics. (...) Bien sûr, sinon à part ça qu'est ce qui peut nous permettre de promouvoir la culture de Ouragahio (...) Cet extrait fait également ressortir la volonté d'intégrer les Tics dans leur pratique quotidienne. Ils estiment que cette pratique aura plus chance de voir Ouragahio aboutir à un développement. « On peut faire tout grâce à internet et son téléphone, mais il ne faut pas oublier que rien ne remplacera le conseil de personne à personne et le contact avec les autres » Ces entretiens traduisent l'effet stimulateur des Tics dans le processus de construction de l'attractivité territoriale. En effet, selon les résultats, les Tics peuvent permettre de modifier les comportements des acteurs territoriaux et apporter une visibilité au périmètre communal de Ouragahio. (...) c'est une image valorisée du territoire et des prestations qui seront mis en avant dans les médias. Cela va permettre de mobiliser de tous les fils et filles qu'on n'avait pas par vu depuis à s'approprier ce qui se passe dans la commune (...) Il s'ensuit de ces résultats que l'absence d'information au niveau territorial affecte les relations entre les acteurs. (...) vous voulez qu'on pense quoi d'eux, ils gardent les informations pour eux (...) Les acteurs territoriaux considèrent que le principal intérêt des Tics dans la mise en valeur du patrimoine culturel dans son ensemble, est de le porter à la connaissance du public. Les résultats mettent en exergue l'évolution rapide des Tics et leur importance. (...) TIC évolue très vite. Il est impensable que qu'on n'ait pas notre site web (...) Après tout il faut s'adapter, toujours être à l'écoute de sa population (...) (...) On peut valoriser la culture et le patrimoine à travers les nouvelles technologies notamment à travers des supports que les gens peuvent prendre pour aller ensuite faire un circuit, découvrir une thématique ». En outre, ces entretiens révèlentl'importance du contact humain et des relations interpersonnelles qui doivent rester présentes malgré l'importance croissante des Tics. Onen déduit que les relations interpersonnelles permettent la construction de l'identité sociale des individus. Les entretiens effectués permettent de confirmer l'importance des Tics dans le domaine du patrimoine culturel, que ce soit au niveau de sa diffusion ou de sa valorisation. Cependant les résultats précisent que les Tics sont des outils au service de la valorisation, et que la dimension humaine doit rester aussi présente. Enfin, l'utilisation des Tics dans la valorisation et la promotion du patrimoine culturel est un véritable atout pour le développement de la commune de Ouragahio. Cependant il est important de connaitre les caractéristiques de ces différents médias, leurs avantages, leurs limites pour une utilisation efficiente et efficace.
« Je reçois les informations très en retard par rapport aux autres. Je me sens seul parfois » exprime TG. Quant à KM « j'utilise beaucoup le mail, j'ai de la chance par rapport à mes collègues car je rencontre le Maire régulièrement ». Les acteurs territoriaux doivent analyser positivement cette proximité avec le maire. Ils accèdent à des informations que leurs collègues n'obtiennent pas. Le partage d'information devient essentiel mais pas exclusivement vu sous le prisme de la distance. BG, président d'association communale ajoute « les temps de rencontre programmées sur des thèmes définis sont importants pour faire avancer les projets ». De ce fait il faut une forte capacité d'organisation et qu'elle soit organisée de façon identique. Elle doit répondre aux besoins de la commune de Ouragahio. Pour ZB, Président d'association Villageoise ajoute « de quoi vais parler aujourd'hui avec les autres ? Mon inquiétude est d'avoir accès aux dossiers de la commune afin de répondre aux préoccupations des villageois. Je crains de ne pas répondre à certaines questions ... ». De plus GK soutient que : « l'équipe du maire est fragile. On manque d'informations ». Les acteurs du privé craignent un défaut de circulation d'information et de ne pas pouvoir être associés et partager des décisions stratégiques de la commune.
CHAPITRE 5 : Pour collecter des données, nous avons fait usage de l'observation directe. Cette technique d'observation nous a permis d'être associé à certaines activés communales et de procéder à la constatation du fait étudié dans les réunions, dans les espaces publics de la commune. Elle nous a permis d'observer les attitudes des acteurs en rapports avec l'attractivité de la commune. Toutefois, notre observation présente des limites. Nous n'avons pu participer certaines réunions organisées par les autorités municipales. Il nous a été interdit d'assister aux réunions au risque de nous voir interrompre notre recherche.
La réunion est un dispositif spécifique d'interaction sociale qui combine circulation de la parole et formalisation. Elle est organisée. La réunion donne lieu à une annonce ou une convocation et a un début et une fin et, en principe, un objet ou un ordre du jour plus ou moins détaillé. Un des participants, en position d'autorité, la déclare ouverte ou fermée, parfois régule la parole. 5.1.1. Les comportements physiques pendant les réunions Nous avons pu observer les interactions entre les acteurs avant, pendant et après les réunions communales organisées par les autorités administratives de la commune. Le nombre de personnes présentes à ces réunions varient d'une réunion à une autre, mais jamais n'atteint la totalité des acteurs territoriaux convoqués. A la première réunion, seuls nous étions trente - sept (28) participantsétaient présents sur un effectif de sur soixante (60). A la deuxième réunion nous étions 25 participants présents sur soixante (60) attendus. A la troisième réunion quinze (15) participants sur trente-cinq (35) attendus. Le constat est que le nombre de participant attendu n'est jamais atteint. Cela se justifie en particulier dans les discours de Mr S.M, président communal des jeunes en ces termes : (...) En temps normal, quand on convoque les réunions on s'attend à soixante (60) personnes. Mais souvent personne ne vient et on peut se retrouve à 35 personnes, parfois 25 et même 15, oui c'est moi qui t le dit. En tout cas on n'a jamais atteint la totalité des personnes convoquées (...) Avant les réunions, l'observation permet de mettre en exergue le fait que les réunions n'ont jamais débutées aux heures fixées. Elles débutent généralement deux (2) après l'heure fixée quand il s'agit des réunions avec les acteurs territoriaux. Les acteurs convoqués pour les réunions attendent dansla cour de la mairie. Mais avec des acteurs extérieurs, nous remarquons la tenue exacte de la réunion aux heures fixées. Selon les enquêtés, des courriers leurs sont envoyés soit deux semaines avant les réunions, et même reçoivent souvent des convocations via la radio communale. Cet état de fait transparait dans le propos de Mme L.C, présidente des commerçantes : (...) Souvent quand il convoque les réunions pour 8 heures par exemple, c'est à 9 heures parfois même 10 heures qu'on va commencer la réunion. Ils oublient qu'on d'autre choses à faire (...) Cette situation traduit le fait que les préoccupations des autres acteurs territoriaux ne sont pas prises en compte dans la gestion des affaires de la commune. Et marque ainsi une relation peu structurée entre les autorités administratives et le reste des acteurs territoriaux. Il ressort des observations que pendant les réunions, la parole est monopolisée par les autorités administratives et cela est corroboré par les propos des enquêtés comme celui L.C, présidente des commerçantes de ladite commune : « Pour les réunions, ils nous invitent (parlant des autorités administratives). Chez lui (parlant du maire) c'est eux en tout cas vous partez pour les écouter. C'est eux seulement que vous écoutez dans les réunions ». Ce sont-elles aux dires des enquêtés qui présentent l'ordre de la réunion, présentent les actions qu'ils vont mener ou ont mené dans la commune. C'est généralement des réunions d'information des activités du maire pour la commune. Comme l'affirme Mr D.R, secrétaire générale de laditemairie : « c'est le maire qui décide de qu'il compte faire pour la commune et nous ont le suit. C'est lui qui a son programme de gouvernement ».
Les résultats révèlent que les participants expriment leur désaccord calmement et de façon mesurée. Il arrive que les éclats de voix et les intonations agressives dominent. On a pu observer certains gestes d'humeur évidents, comme taper sur la table ou jeter son stylo par terre. Et élément révélateur de cette interaction est le rire. Les participants ont l'air détendu. Mais, dans l'expression faciale des opposants, un rire qui traduit t la nervosité ou indique une attitude négative envers les idées émises. Les récepteurs le plus souvent ont la main sur les oreilles et sur la bouche. Ils ont les bras croisés avec parfois un regard fixe. Cette position signifie d'après Bastien que les récepteurs émettent des barrières défensives à l'encontre des émetteurs avec des intentions hostiles. Les récepteurs de leur côté envoient des indices aux discours des émetteurs (les autorités administratives) par détournement du regard, mouvements de tête, raclement de gorge et inspirations préparatoires à la parole, changement de posture. « Moi j'ai décidé de ne plus aller eux réunions parce que quand tu vasles écoutes seulement. Tu vas les écouter eux et les conseillers, secrétaires et chef de services jusqu'à ce que vous finissiez la réunion. Ça ne donne rien de bon » La zone d'interaction au cours des réunions est une zone sociale. Pour Batien Bricou , la zone sociale493(*) varie entre 1.50 et 3 m du récepteur. Et cela se traduit par le fait que les individus qui communiquent ne se connaissent pas. Pour cet auteur, cette forme de communication concerne deux individus. Apres les réunions, nous observons que la zone d'interaction entre les acteurs est la zone intime c'est à dire moins de 50 cm.
Toutes les réunions auxquelles nous avons assisté, ont été convoqués par l'institution publique locale (la mairie). C'est elle qui prend la parole lord des réunions. C'est elle qui exprime son point de vue et qui dirige les débats. Pendant, la parole est donnée aux participants, mais ce sont les individus qui appartiennent au réseau institutionnel qui expriment le plu leur point de vue. La décision finale lui revient. Les responsables communales affirment privilégier un style participatif mais pendant les réunions n'encouragent que les interventions qui renforcent leur point de vue. Cette attitude provoque un rejet des autres réseaux.
Dans la salle de la mairie où se tiennent les réunions, les individus s'asseyent par affinité. Cette configuration traduit non seulement des réseaux hétérogènes qui composent l'espace géographique de la commune de Ouragahio, mais aussi révèle une relation d'interdépendance. Elle permet de mettre en exergue la complexité des relations territoriale entre les parties prenantes de l'espace géographique de Ouragahio. Le modérateur intervient sur les grandes lignes des réunions, en exposant les détails des activités. Il ne remet pas en cause les propositions précédentes.
Les résultats obtenus dans cette partie sont issus des entretiens que nous avons eu avec les différents réseaux pendant et après la participation à une activité culturelle organisé au sein de la commune. Ce qui permettra d'établir leur profil sociodémographique en fonction de leurs habitudes de participation ou de fréquentation aux activités culturelles. Toutefois, nous ne considérant pas une activité culturelle comme étant une « activitéglobale », car la motivation des acteurs n'est pas la même selon le type d'activité pratiquée. En effet, les acteurs ne participent pas aux activités territoriales pour les mêmes motivations. Notre présence lors des activités culturelles, a permis de comprendre les motivations à l'origine de la participation de certaines activités et sorties culturelles.
Sur les différentes activités analysées, certaines sont liées à la danse. Pour ces derniers, la volonté de socialiser avec la famille ou les amis représente la motivation la plus souvent mentionnée par les participants suivis du désir de s'offrir des émotions et de vivre une expérience artistique de haute qualité. (...) on vient ici pour apprendre. Ce n'est pas tous les jours qu'on organise ici. Donc ces moments sont l'occasion de voir nos amis, nos parents (...) Par ailleurs, les certains acteurs semblent plus fortement lier le désir d'enrichir leurs connaissances à une activité de danse qu'à un spectacle musical. (...) c'est ici j'ai découvert cette danse. Vous-même vous savez que la culture diffère d'une région a une autre (...) Avant que ne viennent ici, j'étais en poste à Bouake Toutefois, la volonté de soutenir une activité communautaireest mentionnée par les acteurs qui ont assisté à une activité musicale traditionnelle que par ceux ayant opté pour d'autres formes de musique. L'étude nuance les résultats associés aux représentations musicales. Le désir de vivre une expérience artistique traditionnelle est fortement énoncé par les acteurs. (...) c'est notre culture. Quand on dit danse là, c'est nous les bétés (...) De même, le désir de socialiser avec la famille et les amis et la volonté de se gratifier émotivement correspondent aux principales motivations des acteurs qui viennent un festival dedanse traditionnelle. Toutefois, parmi les activités analysées, les festivals artistiques représentent le plus haut taux de motivation au regard des moyens peu couteux qu'ils mobilisent. (...) on a de bons chanteurs et de bons danseurs dans la région. Mais on ne les connaît pas. Donc c'est l'occasion pour eux de se faire connaitre. Ils ne peuvent pas refuser ce qu'on leur propose (...)
La qualité de l'expérience apparaît clairement au niveau des motivations des enquêtes ayant participé à une activité culturelle. En effet, la volonté d'enrichir ses connaissances domine fortement, suivi du souhait de vivre une expérience artistique de haute qualité et du désir de vivre des émotions gratifiantes. (...) on vient aussi regarder ce que les autres font dans
les autres villages(...) Dans les activités culturelles,l'aspect de socialisation est moins fortement énoncé que dans les autres types d'activité. De même, L'envie de nouvelles expériences culturelles fait partie des principales raisons qui poussent les individus à participer à des activités culturelles. Ils croient cependant qu'en milieu rural, le besoin d'identification et d'interaction avec d'autres acteurs est également un facteur important. Il nait ainsi unsentiment d'appartenance des acteurs à la commune de Ouragahio (...) Nos événements culturels sont des événements qui sont rassembleurs. Ce sont des événements qui amènent les gens ensemble et qui permettent ce partage, cet échange, avec tout plein de gens de notre communauté. (...) Il en ressort également un besoin qui se développe dans la durée. « Des fois, on voit des gens qui sont ici depuis quelques années et qui ne participaient pas nécessairement à des activités » « On le fait maintenant parce que ça nous manquait. On avait envie de participer à des activités et à des festivals dans notre langue »
Les résultats de cette observation font ressortir l'expérience réellement vécue lors de leurs présences aux activités culturelles, dans le but de comparer les perceptions finales aux motivations ressenties avant l'activité. Les résultats tendent à démontrer que les attentes ne sont pas généralement comblées. Toutefois, certains écarts subsistent. Par exemple, en ce qui concerne les festivals artistiques, certains énoncent une volonté de socialiser comparativement à la proportion qui affirme après coup que ladite activité a été une sortie sociale agréable. Des différences similaires apparaissent en matière de gratification émotive dans l'acquisition de connaissances. En effet, le désir de partager leur culture avec les autres motive aussi à participer à des événements culturels, d'après le directeur de la radio communale « C'est un des éléments qu'on voit de plus en plus, des gens qui viennent avec des Baoulés, des Senoufos, des Gouro pour leur partager le goût et l'intérêt de la culture des Bétés de Ouragahio ». Comme nous le constatons, les activités culturelles représentent un moment de s'associer à d'autres communautés. * 468 Nicolas BOIVIN, Op. Cit, p 38. * 469 Nicolas BOIVIN, Op Cit. p38. * 470Patrick D'AQUINO, 2002, « Le territoire entre espace et pouvoir : pour une planification territoriale ascendante ». In L'espace géographique, n°1 [En ligne] https://www.erudit.org/revue/es/2012/v42/n1-2/1029009ar.pdf Consulté le 13 Septembre 2019. * 471 Idem * 472Idem. * 473 Nicolas BOIVIN, Op.cit., p 38. * 474Idem * 475Idem * 476 Jean-Charles EDOUARD, 2019, « L'attrait des petites villes, une chance pour redynamiser leur centralité ? », Belgeo [En ligne], www.journals.openedition.org/belgeo/34295 Consulté le 29 Avril 2020. * 477 Nicolas BOIVIN, Op. Cit., p38. * 478Idem * 479Nicolas BOIVIN, Op. Cit., p38 * 480Damien TALBOT, Op. Cit, p50. * 481 Nicolas Boivin, Op. Cit, p38. * 482 Idem * 483Vincent GUILLON et Pauline SCHERER, 2012, « culture et développement des territoires ruraux. Quatre projets en comparaison. » In Réseau Rural Français[En ligne] http://www.reseaurural.fr/4D6422825E644BBAA568201678D67875/FinalDownload/DownloadId-DEE87D65F39B592D6D5064BFCA8BA4EF/4D642282-5E64-4BBA-A568-201678D67875/files/etude-culture-scherer-guillon.pdf., Consulté le 12 Octobre 2019. * 484Romeo OKOU, Op.cit., p10. * 485Damien TALBOT, Op. Cit, p50. * 486Nicolas BOIVIN, Op. Cit, p38. * 487Bertrand ZUINDEAU ,2004 « Ressources naturelles et culturelles, milieux et développement local » [En ligne] : http://journals.openedition.org/developpementdurable/1273consulté le 04 mai 2020. * 488Roberto CAMAGNI, 2002, « Compétitivité territoriale, milieux locaux et apprentissage collectif : une contre-réflexion critique ». Revue d'Économie Régionale & Urbaine, n04 [En ligne] https://www.cairn.info/revue-d-economie-regionale-et-urbaine-2002-4-page-553.htm, Consulté le 20 Juin 2019. * 489 Idem * 490 Yannick BOUCHET, 2007, « Dispositif d'intelligence économique territoriale et gouvernance hybride ». [En ligne] http://isdm.univ-tln.fr/PDF/isdm27/isdm27_bouchet.pdf Consulté le 05 Mai 2019. * 491 Catherine BARON, 2003, «La gouvernance, débats autour d'un concept polysémique ». In Droit et Société n°45 [En ligne], www.cairn-info/revue-droit-et-societe-2003-2-page-329-htlm Consulté de 21 Juillet 2019. * 492Raymond TREMBLAY et Yvan PERRIER, 2006, Savoir plus : outils et méthodes de travail intellectuel, Paris, Les Éditions de la Chenelièreinc. * 493Bastien BRICOU, 1996, « Pourquoi la distance joue-t-elle un rôle important dans la communication »[En ligne]. www.mentalactif.com/pourquoi-la-distance-joue-t-elle-un-role-important-dans-la-communication, Consulté le 20 Mai 2019. |
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