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Caracteristiques phenotypiques des staphylocoques methicillino-resistants isoles au centre universitaire de diagnostic au Graben


par Agnes KAVIRA KATSIOTO
Université catholique du Graben - Docteur en Médecine, chirurgie et gynéco-obstetrique 2019
  

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IV.1 Prévalence des souches de S. aureus résistantes à la méthicilline

Cette étude a porté sur 164 cas de S. aureus, parmi lesquels 102 (62.2%) cas étaient des SARM. La littérature existante sur le SARM a démontré qu'il y a une variation géographique considérable dans la fréquence de ce phénotype [44]. Ce taux de SARM est identique à celle de 62,4% rapportée par Alioua et a.l au CHU de Annaba en Algérie [45]. Cette prévalence est statistiquement plus élevée que celle de 32,7% obtenue par Aouati et al. en 2010 au CHU Ben Badis de Constantine [46]. En Afrique subsaharienne, plusieurs études ont indiqué que la prévalence de SARM est entre 25 et 50% ou moins que 25% [26 ,44]. Elle était de 36% au Bénin en 2006 avant de diminuer en 2008 avec un taux de 14 ,5% ; (10%) à Tunisie dans une étude réalisée à l'hôpital Charles Nicolle [47] et 10% au Maroc comme rapportée par Elazhari et al. à Casablanca [48]. Cependant, cette prévalence de SARM est aussi élevée comme celles rapportées dans certains pays de l'Europe : Grèce (44%), Italie (38%), Espagne (38%), Grande Bretagne (44%) et Irlande (42%) [49].

D'autre pays européens gardent une faible prévalence de SARM, comme la Belgique (13%) et l'Allemagne (5%) [50]. Et même en dessous de ce seuil pour la Hollande, le Danemark, la Suède et la Finlande [49]. Cette situation s'explique par l'importance de l'engagement des hôpitaux de ces pays dans des programmes conséquents de lutte anti-SARM. Ces programmes sont développés et mis en pratique depuis longtemps, ils concernent la surveillance des infections nosocomiales et leur prévention, d'où une meilleure gestion du risque de leur survenue et une meilleure maîtrise et utilisation des antibiotiques.

La prévalence locale de SARM est bien inférieure aux valeurs qui ont été rapportées dans d'autres pays de l'Afrique sub saharienne: Sénégal (sang) (72%) [51], Algérie (plaies chirurgicales) (75%) [52]; Egypte (malades du cancer) [53]; Nigeria (blessure) (73.8%) [54]; Rwanda (types de l'échantillon multiples) (82%) [55], Erythrée (types d'échantillons multiples) (72%) [56]. Des hautes fréquences de SARM ont été aussi rapporté dans d'autres parties du monde: Pérou (80%) [57] et Colombie (90%)[ 58], USA( 70% ) [59].

Ces variations intra et intercontinentales de la prévalence de SARM peuvent être lié à plusieurs facteurs : la différence dans le type d'étude, types d'échantillon pour prélèvement, les techniques de laboratoire, la population d'étude et la durée d'étude. En plus de cela, la

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politique de la prévention et contrôle des infections dans chaque pays expliqueraient ces variations.

Le SARM a été retrouvé chez 57,8% d'hommes et aucune différence significative n'a été retrouvée entre le sexe et la présence de SARM. Ces données sont similaires à celles retrouvées récemment en Ethiopie et en Alger [60, 61]. La plupart des études confirme cette observation, en dehors d'une seule qui suggère que le taux de bactériémies dues au SARM serait plus élevé chez les femmes que chez les hommes [62]. Cependant les données sur la responsabilité du sexe sont insuffisantes dans la littérature puisque la majorité des études cas-témoins réalisent, entre autres critères, un appariement sur le sexe.

Aucune différence significative n'a été observée entre l'âge et le SARM. Néanmoins, les adultes de 25 à 40 ans sont les plus touchés par le SARM avec un cumul de 67,7%. Ces résultats joignent celui trouvé au Maroc par Elhamzaoui [63], où on note une prédominance de la résistance à la méthicilline chez les adultes (77,6%), même résultats obtenus par Garnier à Pologne [64]. Ce résultat ne concorde pas avec la littérature qui souligne que l'âge est un facteur de risque infectieux aux deux extrémités de la vie, avant 1 an et après 75 ans ou ceci peut aisément s'expliquer par l'importance de la morbidité chez le sujet âgé[65]. C'est comme dans une étude menée récemment en Erythrée où le taux d'isolement de SARM était considérablement élevé chez les patients de moins de 18 ans [56]. La fréquence élevée de SARM chez les adultes, moins susceptibles d'avoir des antécédents récents d'antibiothérapie ou des facteurs de risque liés aux soins ; dans notre milieu serait lié à l'absence d'une assurance maladie qui favoriserait une non accessibilité des sujets aux âges extrêmes aux soins et examens médicaux à faveur des jeunes et adultes qui ont des moyens pour ce payer des soins.

Les SARM ont été retrouvé en 79% chez les habitants de la ville. Cependant, il n'y avait pas de différence significative entre l'adresse et la présence de SARM. Ceci ferait penser à la présence d'un foyer d'épidémie de SARM dans la ville, ou alors aux conditions précaires de mesures préventive et contrôle des infections. Cette différence serait également liée à l'accessibilité facile aux antibiotiques dans la ville, ce qui favoriserait la résistance et l'émergence des germes multirésistants [29]. Dans la littérature, nous n'avons retrouvé aucun auteur ayant pris en compte ce paramètre pour l'étude de SARM. Cette prédominance de SARM dans la ville qu'en dehors de la ville serait liée aux différences des conjonctures géographiques, culturelles et économiques rencontrée dans les deux milieux.

Du tableau III, il ressort que 67,6% des SARM étaient d'origine communautaire. Nos résultats ne sont pas similaires à ceux trouvés par d'autres études. Une étude menée par

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Dicko au Mali montre que sur 494 souches de Staphylococcus aureus, 297 étaient d'origine hospitalière [66]. Au Canada, entre 2007 et 2009, le programme CANWARD a évalué les caractéristiques démographiques, la sensibilité antimicrobienne et l'épidémiologie moléculaire du SARM-C et du SARM-H dans les hôpitaux canadiens. Parmi les 3589 souches de S. aureus qui ont été soumises à cette évaluation, 889 (24,8 %) étaient résistantes à la méthicilline; on a de plus identifié des phénotypes de SARM-C et de SARM-H chez 224 (25,2 %) et 644 (72,4 %) de ces souches, respectivement [67]. L'élévation du taux des souches de SARM d'origine communautaires dans notre milieu est liée aux conditions de promiscuité favorisant un contact étroit entre les individus et une hygiène inadéquate.

Le SARM a été plus trouvé dans les échantillons de la sphère uro-génital (frottis urétral, urines et frottis vaginal) avec un cumul de 65,7%. Le type d'échantillon n'est pas statistiquement lié à la survenue de SARM ; mais les infections ORL présentent significativement un taux élevé de SARM (P =0.046). Ce résultat concorde avec plusieurs investigations qui ont rapporté une prévalence de SARM beaucoup plus importante au niveau des urines (61 - 64%) qu'au niveau des hémocultures et des pus [66, 68]. Cette prédominance des SARM dans les urines, les sécrétions vaginales et le frottis urétral serait lié au fait que les infections urinaires et génitales sont une des symptomatologies pour lesquels l'automédication aux antibiotiques est plus pratiquée [29,30]. Ceci est source d'émergence de germes multirésistants. Concernant les sécrétions ORL, Chatterjee et al. avait déjà trouvé que la prévalence of S. aureus dans les colonisations nasales est de 52.3% et que 3.89% sont des SARM, indiquant un taux élevé de S. aureus et SARM dans les sécrétions nasales [69].

IV.2. Staphylococcus aureus résistant à la methiciline et antibiogramme

Cette étude révèle que le germe non SARM ont un taux de sensibilité plus élevé à l'augmentin, la ciprofloxacine, la clindamycine, la doxycilline comparativement aux souches SARM. Cette différence est statistiquement significative. Ces résultats sont similaires à ceux trouvés au Mali par Dicko ; où les souches de SASM sont plus sensibles aux antibiotiques que les souches de SARM [66]. Ceci était déjà trouvé démontré par d'autres études quant à ce qui est de la ciprofloxacine et la doxycilline [66, 70] ; tandis que d'autres auteurs avaient plutôt un avis contraire par rapport à la ciprofloxacine [71]. Cette différence serait liée au type d'échantillon considérée. Ce dernier avait pris en compte les pyodermites alors que dans le nôtre il s'agissait des échantillons multiples.

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Le SARM a été plus sensible à la vancomycine (67,8%) et l'augmentin (43,9%) qu'à tous les autres antibiotiques testés. Les non SARM étaient plus sensibles à la neomycine (48,4%) et à l'oxacilline (38,3%). Ceci ne s'éloigne pas des résultats des autres études prouvant la sensibilité maximale de SARM à la vancomycine [25, 71,72]. Néanmoins, la résistance à la vancomycine a été démontrée dans d'autres études [56,73]. La vancomycine est une molécule rarement prescrite par les médecins dans nos hôpitaux ; ce qui serait un facteur justifiant la bonne sensibilité des germes à celle-ci. Des études menées en rapport avec la sensibilité de la néomycine aux non SARM sont rares. Cependant, il est évident que l'oxacilline soit parmi les antibiotiques adaptés dans les infections aux staphylocoques non SARM.

Au-delà de la résistance à l'oxacilline, le SARM a été plus résistant à la meropenème, cotrimoxazole, clarythromycine et à l'azythromycine tandis que les non SARM ont exprimé une forte résistance à l'amykacine et au ceftriaxone. Une hyperproduction de pénicillinase par les SARM peut être responsable de l'hydrolyse des pénicillines M, céphalosporines et des carbapénèmes dont fait partie l'oxacilline et la meropenème, et ceci expliquerait la résistance à ces antibiotiques. Dans la littérature, il est dit qu'aucun carbapénème n'est actif sur SARM [74]. Mais cette situation est alarmante car dans nos conditions de travail où l'antibiothérapie est conduite de manière empirique, la meropenème est presque le dernier recours des cliniciens alors que le SARM est assez fréquent dans les infections à germes multi résistants. La forte résistance de SARM à la cotrimoxazole avait déjà aussi retrouvé dans une étude mauritanienne où 77% des souches était inactif à la molécule [25]. D'autre part, l'usage des macrolides comme l'azythromycine et la clarithromycine étaient déjà découragé dans le traitement des infections à SARM [75,76].

Bien que l'amykacine soit faiblement utilisée et commercialisée dans notre milieu, elle s'avère être l'antibiotique la plus résistante aux staphylocoques non SARM. Ceci serait lié soit à une résistance croisée aux aminosides, ou lié à la taille de notre échantillon. Au Liban, la résistance des Staphylocoques aux aminosides avait été représentée par deux pourcentages relativement éloignés ; ainsi paradoxalement à un faible taux (6.25%) vis-à-vis de la gentamicine et de la tobramycine, et un taux élevé (90%) vis-à-vis de l'amikacine et la kanamycine [77].

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IV.3. La sensibilité des antibiotiques aux souches hospitalières et des souches communautaires de S. aureus

Les souches d'origine hospitalière ont été plus sensibles à la vancomycine (35%) et à l'augmentin (20%) et ont présenté plus de résistance à la ceftriaxone (38%) et à la cotrimoxazole (35%). Ces résultats corroborent presque avec ceux de la surveillance épidémiologique de SARM en milieu hospitalier où à l'échelle nationale, aucune résistance à la vancomycine parmi les isolats testés n'a été documentée. La proportion d'isolats testés présentant une résistance à la ciprofloxacine, à l'érythromycine et aux céphalosporines et une petite proportion d'isolats présente une résistance à la cotrimoxazole [78]. D'après l'étude de Dicko, l'association amoxicilline + acide clavulanique avait été la molécule la plus active sur les souches communautaires que sur les souches hospitalières [66]. L'usage irrationnel et abusif de la ceftriaxone dans nos hôpitaux serait la cause de la résistance des germes à celle-ci.

Les souches d'origine communautaire ont été plus sensibles à la vancomycine (48%) et à l'augmentin ; et ont présenté une résistance à la cotrimoxazole (66%), azythromycine (63%) et clarithromycine (63%) au-delà de la résistance à l'oxacilline et la cloxacilline. La sensibilité aux antibiotiques précédentes a été démontré aussi dans dans plusieurs études [25, 71, 72, 75]. La résistance élevée à l'azythromycine et clarythromycine, toutes deux apparentées à l'erythromycine ; de même qu'à la cotrimoxazole se justifierait à une automédication élevée et une usage inappropriée de ces antibiotiques dans le traitement des certaines symptômes comme la toux.

IV.4. L'Antibioréistance des SARM par rapport au type d'échantillon

L'activité nulle ou quasi nulle de certaines bêta-lactamines comme l'oxacilline, la cloxacilline, la méropèneme et la ceftriaxone sur les SARM comme trouvé dans notre étude concorde avec les résultats des recherches menées sous d'autres cieux comme en Mauritanie [25]. Une étude récente menée en Iran a rapporté un taux élévé de résistance de 100% pour les pénicillines, 88.5% pour tetracycline ,85.7% pour les fluoroquinolones [79]. Le taux de résistance des SARM au cotrimoxazole (100%) est légèrement supérieur par rapport à celui rapporté par Parhizgari [80] et Lemine Ould Salem [25] qui avaient trouvé un taux de 86.44% au et77% à Nouakchott, toutes ces deux études considéraient aussi des produits biologiques diversifiés. Ce taux élevé de la résistance au cotrimoxazole dans notre milieu peut se justifier par un usage abusif de cet antibiotique du fait qu'il est très connu et accessible par toutes la

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population. La résistance aux macrolides : azytromycine (96,2%) et clarythromycine (97,8%) est un phénomène rencontré aussi ailleurs. En Iran par exemple, le taux de résistance à la

Clarithromycine était de 88.13%. Selon BUU-HOI , la quasi-totalité des souches SARM est

résistante aux macrolides-lincosamides - streptogramine (MLS) en milieu hospitalier [40]. Cependant, un taux faible a été observé par Salem pour qui la résistance aux MLS donnant le

phénotype MLSb inductible, était retrouvée dans 6% des souches urinaires et 27% des souches isolées à partir des suppurations. Cette différence est liée au fait que lui ne tenait compte que d'une résistance associé à des molécules de 3 groupes.

Le taux faible de résistance a été observé à la vancomycine (17,4%) indépendamment du type d'échantillon considéré ; alors qu'ailleurs aucune résistance n'a été soulignée quant à ce qui est de cette molécule [25, 73, 77, 79,80]. En Erythrée, une étude a rapporté récemment un taux de résistance de 13,8% à la vancomycine. Cependant cette étude confirme la présence de Staphylocoque aureus vancomycine- résistant (VRSA) . Falagas et al. avait déjà estimé que la sensibilité de SARM isolé en Afrique à la vancomycine varie entre 82 et 100% [44]. Ces résultats et ces estimations contredisent la conclusion récente par Kong et al. pour qui les souches VRSA sont rares et les évidences pour leur taux d'accroissement sont limités [81]. Comme la vancomycine est le traitement de choix des infections à SARM [82], notre position est que la proportion de VRSA rapporté dans cette étude nécessite des recommandations pour une prescription appropriée et rationnelle.

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