4.2.2. Position du
problème
L'éducation est selon les behavioristes, un
conditionnement faisant intervenir divers types de stimuli. Le
béhaviorisme sous-tend que l'on peut par des mécanismes
appropriés, amener un sujet (animal ou humain) à apprendre et
adopter un comportement donné. A ce titre, Burrhus Skinner a
conceptualisé le « conditionnement
opérant », qui vise, soit à
augmenterjusqu'à habituation un comportement désiré chez
un sujet, soit à diminuer jusqu'à extinction un comportement non
désiré. De nombreuses expériences lui ont notamment permis
d'établir l'efficacité des « stimuli
aversifs », qui consistent en l'application au sujet d'une
action douloureuse ou dissuasive à l'effet de l'amener à terme
à adopter le comportement voulu.
Or, l'on constate que les commerçants de trottoirs
manifestentde la résistance au changementmalgré l'application
à eux d'un « stimulus aversif », qui prend
la forme de la répression institutionnelle. Il se dégage que,
plutôt que de le changer, ce stimulus aversif semble renforcer le
comportement contre lequel il est mobilisé. Ceci soulève le
problème du maintien voire de l'affermissement d'un comportement suite
à l'application d'un stimulus qui théoriquement devrait pouvoir
le réduire. En d'autres termes, les « renforçateurs
négatifs » et « punitions
positives » que constituent l'imposition des mesures de l'ordre
urbain, l'intimidation et la violence contre les commerçants, ne
semblent pas de nature à faire varier leur comportement d'occupation des
trottoirs comme on se serait attendu au regard du béhaviorisme
skinnerien.
4.2.3. Enoncé
du problème
Le problème que pose la présente étude
est donc celui du relatif succès de la résistance contre les
pouvoirs publics, d'individus, rendus coupables de la «confiscation»
d'un bien public : le trottoir. La question est celle de savoir ce qui
pourrait expliquer la résistance au changement de ces petits
commerçants à exercer sur le trottoir, malgré les efforts
déployés par les pouvoirs publics pour changer leur comportement
vis-à-vis du trottoir.
Autrement dit, étant entendu que l'éducation
extrascolaire, selon le modèle d'Hallenbeck (1964, cité par
Furter, 1976) est un excellent moyen, en situation extrascolaire, de
transformation individuel et collectif, de développement de la
responsabilité civique et de la remédiation des imperfections, la
résistance au changement des commerçants de trottoirs ne
serait-elle pas la conséquence d'une approche éducationnelle non
appropriée ?Cette résistance des commerçants de trottoirs
au changement ne serait-elle pas renforcée par le relent autoritaire et
essentiellement répressif du style éducatif des autorités
en charge de l'ordre urbain ? Telles sont les questionnements qui ont
stimulé la présente étude et que les questions de
recherche suivantes permettront de préciser.
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