7.3. TYPE DE
RECHERCHE
La présente étude est de type descriptif et
corrélationnel. Elle se veut descriptive en ce sens qu'elle envisage de
décrire l'éducation extrascolaire à l'ordre urbain telle
qu'elle se manifeste sur le terrain. Elle est corrélationnelle parce
qu'elle fait référence à la relation qui existe entre les
variables et veut ressortir le niveau de dépendance qui s'établit
entre l'éducation extrascolaire à l'ordre urbain et la
résistance au changement des commerçants de trottoirs.
7.4. SITE DE
L'ÉTUDE
Le site de l'étude est le lieu communément
appelé « marché Melen ». Il ne s'agit pas
d'un espace construit et aménagé pour servir de lieu de commerce
comme on peut le penser. Le marché Melen, comme beaucoup de
marché de Yaoundé, est de création naturelle ou
spontanée. C'est un marché, « un lieu public
où une réunion de commerçants vendent des denrées,
des articles d'usage courant ou de la brocante » (Encarta,2009),
qui se déroule essentiellement sur le trottoir et sur une partie de la
chaussée. C'est un marché sans espace propre, ni
aménagement, qui se déroule aux abords d'un axe routier important
à savoir « la route de Kribi » (INC, 2008),
qui désert la Garde Présidentielle (G.P.) et le Centre
Hospitalier Universitaire (CHU).
Les autorités publiques en charge de l'ordre urbain,
notamment le CUY tentent en vain de supprimer ce marché. La CUY a
d'ailleurs construit à Mvog-Béti un marché avec des
espaces aménagés pour accueillir les petits commerçants de
l'informel qui y exercent, avec l'espoir de décongestionner cet
espace.Ce témoignage de Désiré Yongo Léa,
régisseur du marché de Mvog-béti est
révélateur de ce point de vue : « Le marché
de Mvog-béti est né de la volonté de fermeture du
marché de Melen et de celui d'Oyom-abang, qui occupent des positions
incorrectes » (Entretien, 24 octobre 2016).
7.5. POPULATION DE
L'ETUDE
7.5.1. Population
générale
La population générale de cette étude est
constituée de ceux qui exercent « les petits
métiers de la rue » comme dirait Kengne Fodouop (1991) et
utilisent les trottoirs comme espace de mis en scène. Les types
d'activités exercées dans ce registre sont très
diversifiés. Les plus courantes étant : le commerce des
produits vivriers, le commerce du matériel de technologie de
l'information et de la communication, le commerce de la quincaillerie, le
commerce du vestimentaire et enfin la librairie.
v Trottoirs de vente des produits vivriers
Les commerçants qu'on retrouve dans ce type de
trottoirs proposent entre autres des fruits, des légumes, des
tubercules, des féculents, des condiments, du poisson, du charbon et
autres menus produits nécessaire à la cuisine. C'est le type de
trottoir commercial le plus répandu à Yaoundé. Les acteurs
qui s'y rivalisent d'adresses sont le plus souvent de femmes, surnommés
« bayam-sellam », néologisme issue de
l'expression anglaise buy and sell, pour dire
« achète et revends ». Ces
bayam-sellam, comme l'indique leurs noms, achètent et revendent
plus ou moins à la hâte des produits qui sont pour l'essentiel des
denrées alimentaires périssables, ramenés des villages
voisins par des cultivateurs ou des grossistes. Kengne Fodouop (1991, p.26) en
parleen ces termes :
Le commence des produits vivriers a lieu dans des points
de vente improvisés, situés dans les principaux carrefours des
quartiers populaires ou dans les différentes sorties de Yaoundé
(...) il est aux mains de citadins-planteurs et revendeurs qui proposent
à une clientèle exclusivement urbaine, du plantain, du manioc,
des ignames, du maïs, des choux, de la salade et autres légumes
verts fraîchement ramenés des champs de culture.
De nos jours, les trottoirs de produits vivriers constituent
l'ossature de la plupart des marchés de Yaoundé, les zones les
plus représentatives étant les marchés de Kol-Eton, de
Mendong, de Mfoundi, de Mvog-Ada, de Mokoloet de Melen.
v Trottoirs de vente des vêtements
Deux catégories de ce type de trottoirs sont à
distinguer. La première et la plus rependue est celleoù
s'exercent les vendeurs de vêtement d'occasion d'origine occidentale. Les
opérateurs informels qui écument ce secteur sont ordinairement et
peut-être abusivement désignés
« sauveteurs ».Une expression devenue populaire
dans les années 90, lorsque la crise économique y a drainé
un nombre important de diplômés sans emploi. Mais avec
l'avènement des produits vestimentaires d'origine chinoise, de nos
jours, sont concernés par ce type de trottoir aussi bien la friperie au
sens propre du terme que de la chinoiserie vestimentaire. La
particularité de ce trottoir est l'accessibilité
financière des produits qui y sont vendus. Presque toutes les bourses y
trouvent leur compte.On en retrouve surtout aux abords des axes routiers qui
desservent le marché Mokolo, Etoundi, Melen, Mvog-ada.
A celle-là, il faut ajouter une deuxième
catégorie de trottoirà vêtements. Il s'agit de celui
où se vendent les costumes, chemises, chaussures de luxe, cravates,
ceintures, etc. Ce type de trottoir est beaucoup plus visité par les
fonctionnaires et autres usagers qui veulent s'offrir des tenues d'apparat,
mais redoutent d'aller dans les grandes surfaces où les prix des
produits sensiblement de la même valeur explosent. L'avenue Kennedy est
le lieu d'ancrage presque exclusif de ce type de trottoir à vêtir.
v Trottoirs de vente de la quincaillerie
La première gamme de trottoir quincaillerie sont des
trottoirs-comptoirs de vente de matériaux de construction
généralement d'occasion et de matériels de
récupération de toutes sortes et généralement
d'origines douteuses, communément appelé
« Casse ». On y retrouve entre autres choses des
poêles, des bouteilles à gaz, des matelas, des plaques à
gaz, des régulateurs de tension, des fils électriques, du fils
à coudre, des marteaux, des clous bref une gamme d'objet de la plus
grande variété, pour autant qu'ils peuvent encore avoir quelque
utilité. La vieillesse du produit n'y a pasd'importance. Aucune garantie
n'est offerte au client ni sur la qualité, ni sur l'origine du produit.
Y acheter un objet c'est prendre le risque soit de le voir ne pas fonctionner
une fois chez soi, soit de se faire interpeler par la police pour
recèle.
Au rang des trottoirs de quincaillerie, retenons
également les trottoirs de vente d'objets de quincaillerie plus ou moins
de la même gamme que ceux précédemment cités mais de
première main. On y retrouve des seaux, sacs de voyages, sacs à
dos, ustensile de ménage, petit outillage, etc. Mais du fait que le
commerce qui s'y déroule n'est pas déclaré aux
autorités fiscales, la population s'y offre à petit prix les
mêmes produits que dans certaines grandes surfaces.
Les zones d'identification des trottoirs quincaillerie sont
les zones périphériques au centre-ville, notamment l'avenue
du Président Amadou Ahidjo, la rue de
l'indépendance, les abords du grand axe routier reliant Elig-dzoa
au stade omnisport et les abords de la route de kribi à Melen.
v Trottoirs de vente du matériel de
TIC
Le trottoir de matériel de TIC est apparu avec le
développement des technologies de l'information et de la communication
et l'arrivée des opérateurs de téléphonie mobile
autour de l'année 2002.Pour ce qui est de la ville de Yaoundé, ce
type de trottoirs est presque exclusivement localisé à
l'Avenue Kennedy au plein coeur de la ville. On y retrouve en
majorité des étals de vente de téléphones et
accessoires, d'ordinateurs portables et accessoires, d'appareils photos
numériques. Tous les goûts y sont satisfaits. Des derniers cris
aux occasions de toutes les gammes. On s'y croit dans un véritable
ministère du consommable informatique et téléphonique. Au
point où ce trottoir a acquis une célébrité et une
notoriété incontestable en la matière. La population de
tous les coins de la ville de Yaoundé s'y rend presqu'automatiquement
dès qu'un besoin en produit technologique se fait sentir.
v Trottoirs de librairie
A Yaoundé, les librairies ne sont pas seulement ce
qu'un occidental pourrait en savoir ou en penser. Il existe ici de
véritables librairies de trottoirs, au moins autant prisées que
celles modernes, en tant qu'elles sont plus accessibles aux populations
à basses revenus. Les livres scolaires au programme ou non y sont vendus
en occasion et peuvent également y être échangé
moyennant une contribution financière qui varie en fonction de la
qualité du livre sollicité et de celui proposé. La
flexibilité des coûts et des possibilités donne à ce
trottoir une vivacité réelle, surtout en période de
rentrée scolaire. Le terme poteau qui est employé dans
le langage local pour désigner les librairies de trottoirs est
révélateur de la contiguïté de leurs positions
géographiques avec les poteaux électriques qui longent les axes
routiers.
Une recherche de terrain a permis de localiser ce type de
trottoirs aux abords de l'Avenue Monseigneur Vogt (Montée
cathédrale) et non loin du marché Mendong (En face du camp SIG
Medong).
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