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Analyse des crises sociopolitiques dans l'espace CEDEAO de 1990 à  2020: cas du Togo et de la Côte d'Ivoire


par Gnimpale BARTCHE
Université de Kara - Master 2022
  

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Paragraphe 1 : Des crises togolaises

L'amollissement de l'URSS à la fin des années 1980 a eu des effets directs sur les Etats africains alignés sur le modèle soviétique. Au Bénin, le marxiste-léniniste Kérékou est contredit par le peuple à la fin de l'année 1989. Aussitôt, une conférence nationale des forces actives en février 1990 est organisée et l'on assiste à la tenue d'élections multipartites libres en mars, remportées par Nicéphore Soglo. Cette alternance politique par voie légale donne des idées au reste du continent. Le Togo n'en sera pas des moindres.

73 Charte des Nations Unies, article 52

74 Charte des Nations Unies, article 53

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Pour Balowa KOUMANTIGA en ce qui concerne 1990, « c'est l'année où s'exprima de manière explicite une volonté de rompre avec le système du parti unique »75. En effet, poursuit-il en soulignant qu'entre 1980 et 1990,

« on assiste à une détérioration de la situation économique, sociale et politique qui accentue la précarisation de la vie. De loin, la chute du mur de Berlin, l'effondrement du bloc soviétique et surtout le discours de la Baule76 vont constituer le soubassement des soulèvements qui embrasent le continent africain au début des années 1990 et dont le Togo ne sortira pas indemne »77.

L'année 1990 fut également marquée selon lui, par des troubles sociopolitiques qui vont aboutir deux ans plus tard, à l'adoption d'une nouvelle constitution réinstaurant le multipartisme : c'est la fin de la troisième République. Plusieurs crises vont jalonner la vie sociopolitique de ce pays de 1990 jusqu'à 2020. Par ailleurs, si les années 1990, ont été un espoir de démocratisation pour les Etats africains, il faut noter que l'espoir du Togo était dans les mains d'un homme politique venu au pouvoir par un coup d'Etat.

L'histoire politique du Togo a laissé des stigmates dans la sphère de l'ère démocratique. Arrivé au pouvoir à la faveur du coup d'Etat du 13 janvier 1967, « le lieutenant-colonel Gnassingbé Eyadema dissout par décret n°67-1 du 11 mai 1967 »78 les partis existants ainsi que les associations affiliées et opta pour le monolithisme politique. Pour lui, le multipartisme avait conduit à un affrontement entre partisans de différentes tendances. Selon Cornevin, cette mesure visait donc à « éviter les affrontements sanglants et les déchirements dans lesquels le Togo eut perdu son âme »79. La politique du parti unique prendra fin au début des années 1990 avec la résurgence des revendications populaires en faveur d'une démocratie pluraliste facilité avec le discours de François Mitterrand au sommet de la Baule en 1990.

Les manifestations du 5 octobre 1990 dont l'objet était de mettre fin au parti unique, aboutirent aux assises nationales puis à l'adoption d'une nouvelle constitution instituant de nouveau le multipartisme au Togo deux ans plus tard ; la troisième République venait de prendre fin et la quatrième république venait de naître. C'est alors que « le Togo s'engagea

75 BALOWA Koumantiga, « Le parti unique et la question de l'unité nationale au Togo de 1961 à 1990 », Maîtrise ès Lettre Sciences Humaines, Université de Kara, 2013

76 Discours prononcé par le Président Français François Mitterrand le 20 juin 1990 lors du 16ème sommet France-Afrique. Dans ce discours, le président Mitterrand recommandait aux gouvernements africains de s'engager dans un processus démocratique.

77 BALOWA Koumantiga, op.cit.

78 JORT numéro 357 du 16 juin 1967 p. 267, cité par Balowa KOUMANTIGA, op.cit.

79 Cité par BALOWA Koumantiga, op.cit.

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sur la voie de la démocratie, une voie qui fut parsemée d'embuches et de traquenards, alors qu'elle était sensée déboucher sur le succès politique, le progrès social et le développement »80. Dès lors, le Togo vit une ère de turbulence et à chaque fois que l'occasion se présente, les Togolais n'hésitent pas à s'affronter. Selon Brice Rambaud, pour des raisons d'intransigeance du pouvoir en place, le « vent de l'est» se propage au Togo où le processus de transition démocratique prend un caractère très violent. Il souligne que:

« plusieurs raisons sont à l'origine de ce mouvement de contestation. Raisons endogènes: l'usure d'un pouvoir corrompu, la crise économique, l'augmentation des inégalités ainsi que la langue de bois des médias d'Etat et la confiscation du droit d'expression de la population entraînent les revendications démocratiques. Facteurs exogènes : le nombre croissant d'étudiants africains dans les pays occidentaux, la réception »81.

Malgré l'ouverture à la démocratie imposée à un régime réputé pour être parmi les plus autoritaires du continent ainsi que les victoires remportées par les Togolais sur le terrain des libertés individuelles, le Togo connaîtra un échec au niveau du pouvoir exécutif et du pouvoir législatif. Alain Macé souligne à cet effet que : « de 1993 à 1998, le général président GNASSINGBE Eyadema fit de nouveau main basse sur les institutions, cela malgré le désaveu de la communauté internationale »82.

Dans cet environnement de crise, a eu lieu le 21 juin 1998, l'élection présidentielle. Alors que le décompte des voix indique la victoire du leader de l'UFC Gilchrist Olympio, principal adversaire au président sortant, les autorités suspendent le processus électoral. L'armée confisque les urnes et le ministre de l'intérieur proclame Etienne Gnassingbé Eyadema vainqueur avec 52% des voix. La mission d'observation de l'union européenne condamne la conduite du processus électoral et est contrainte de quitter le pays sous la menace des autorités togolaises. Selon Amnesty international, des centaines d'opposants sont arrêtés et exécutés de manière sommaire par les forces armées.

Après un règne de quelques années, la constitution de 1992 adoptée par le peuple togolais au référendum à plus de 97%, fut modifiée en 2002 d'une façon unilatérale par

80 BALOWA Koumantiga, op.cit.

81RAMBAUD Brice, « La presse écrite togolaise, acteur et témoin de l'ère Eyadema (19672005) »Transcontinentales, consulté en ligne le 07 Octobre 2021 à l'adresse http://journals.openedition.org/transcontinentales/415

82MACE Alain, « Politique et Démocratie Au Togo, 1993-1998: De l'espoir à La Désillusion », Cahiers d'Études Africaines, vol. 44, no 176, EHESS, 2004, pp. 841-85, consulté le 25 novembre 21 à l'adresse http://www.jstor.org/stable/4393438.

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l'Assemblée Nationale d'alors le 31 décembre 2002, dominée majoritairement par le RPT. En effet, cette modification constitutionnelle consacra l'illimitation du mandat et du mode de scrutin. Cette manoeuvre du pouvoir politique en place d'alors avait pour but principal de permettre à GNASSINGBÉ Eyadema, au pouvoir depuis 1967, de se représenter pour un troisième mandat de cinq ans car la constitution dans sa version originale en limitait le nombre à deux. De plus, la révision constitutionnelle de 2002 a opéré un renforcement des pouvoirs du Président au détriment du Premier ministre.

Selon le journal Jeune Afrique, en début février 2005, alors que le Président sentait un malaise, si l'on en croit le ministre de la communication d'alors, Pitang Tchalla, le président de l'Assemblée Nationale Fambaré Natchaba, qui séjourne en mission à Bruxelles, est alors contacté : « rentre au plus vite, le président veut te voir »83. Le 5 février 2005 alors que le pays était sous la présidence de GNASSINGBÉ Eyadema, ce dernier décède à la suite d'une crise cardiaque. Un double coup d'Etat militaire et constitutionnelle plaça son fils M. Faure Essozimna Gnassingbé à la tête du pays. Suite à des protestations populaires et aux pressions internationales, celui-ci abdiqua mais reviendra à la suite d'une élection désordonnée qui généra des violences singulières avec plus de 500 morts selon un rapport de l'ONU et de nombreux réfugiés dans les pays voisins. Au lendemain de la crise post-électorale de 2005, le président de la République, S.E.M. Faure Essozimna Gnassingbé s'était engagé aussitôt après sa prise de pouvoir, dans un dialogue avec la classe politique et la société civile du Togo.

Les évènements qui ont suivi de 2005 à 2020 ont marqué la vie politique togolaise. En effet, les contestations électorales de 2010, 2015 et 2020 ont été des phénomènes qui ont basculé la vie sociopolitique togolaise. En effet, après plusieurs manifestations pour revendiquer les réformes en 2012, 2013, 2014, 2015 et 2016, les Togolais vont exiger en 2017 au retour à la version originelle de la constitution de 1992, à la révision du code électoral et au vote des Togolais de la diaspora. Aux yeux de plusieurs observateurs internationaux, ces troubles conduiront à la médiation de la CEDEAO et fera plusieurs morts. C'est dans ce contexte que le Togo poursuivra sa politique avec une majorité parlementaire qui sera élu aux élections législatives de 2018 après de boycott de certains partis de l'opposition. Cette situation facilitera la réélection du Président de la République Monsieur Faure Essozimna Gnassingbé lors de l'élection présidentielle du

83 SOUDAN François et MORAUX Jean-Pierre, « Ce jour-là : le 5 février 2005, les dernières heures de Gnassingbé Eyadema », jeune Afrique, consulté le 17 octobre 2021 à l'adresse https://www.jeuneafrique.com/108827/politique/de-p-re-en-fils-les-derni-res-heures-de-gnassingb-eyad-ma/

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22 février 2020 après une modification de la Constitution lui permettant de se présenter une quatrième fois. Le Togo a eu une histoire sociopolitique mouvementée de 1990 jusqu'à 2020. Ce phénomène n'a pas épargné la Côte d'Ivoire. Cette étude abordera dans la partie suivante, les crises ivoiriennes (paragraphe 2).

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon