Pratiques artistiques et télévision au Cameroun a l'ère du numériquepar ERNEST NDJOCK SOUME Université de Yaoundé I - MASTER EN ARTS DU SPECTACLE, CINEMATOGRAPHIE ET TELEVISION 2021 |
III-2- Valeur ajoutée financièreLe rôle de la télévision est celui de sensibiliser, informer, éduquer, divertir. Pour accomplir ces différentes taches, les ressources financières sont importantes pour entretenir le personnel, concourir à l'achat du matériel et payer d'autres factures nécessaires au fonctionnement du média. Pour y parvenir, elle a institué les modèles économiques, lesquels nous allons explorer dans les lignes qui suivent. III-2-1- Le modèle standard payant et la publicitéCe sont les modèles économiques développés par les éditeurs de service qui les permettent de d'avoir des revenus financiers. Commençons par examiner le modèle standard payant. III -2-1-1- Le modèle standard payantLe modèle d'affaires de la télévision payante diffère de celui de la télévision gratuite principalement à deux niveaux. Au premier, le distributeur acquiert le droit de distribuer des chaînes (ou des bouquets de chaînes), principalement en exclusivité, contre le paiement d'une redevance, dont le montant est corrélé, en grande partie, par la capacité de la chaîne à assembler 106 des programmes de qualité « haute » (premium)111, c'est le cas de l'opérateur Canal + avec ces chaînes canal dont il distribue en exclusivité sur les bouquets canal +. Au second niveau, le téléspectateur paie un abonnement pour accéder aux programmes. Le modèle d'affaires de la télévision payante repose donc sur la disponibilité à payer des téléspectateurs et non sur le principe de la maximisation des revenus publicitaires convertie en taille d'audience, à l'instar des chaînes commerciales. En procédant de cette manière, Nathalie SONNAC explique dans son article sur Médias audiovisuels et concurrence. Le cas de la télévision payante , qu'il répond ainsi à une logique industrielle et commerciale forte, où la recherche de la satisfaction de l'abonné conduit le distributeur à s'assurer de la maîtrise des contenus et inversement, la nécessité de garantir l'amortissement de contenus à forts coûts fixes conduit l'éditeur à rechercher la maîtrise des débouchés, et donc du client final112. « Une offre de programmes attractifs est consubstantielle à l'économie de la télévision payante »113. Plusieurs éléments sont nécessaires pour constituer une offre attractive : des contenus premium, des chaînes thématiques, un complément de chaînes moins attractives mais substituables et diversifiées, et des services de paiement à l'acte. C'est la raison pour laquelle Canal + a diversifié son bouquet en créant d'autres chaînes thématiques comme Canal + Sport, Canal + Familie, Canal + ELLES, Canal + Ciné, Canal + Comédie etc. Il est important de souligner que les fournisseurs d'accès à Internet (FAI) et les opérateurs de télécoms proposent une offre de contenus audiovisuels distincte de celle issue d'une pure « playlist » audiovisuelle. La TV a deux modèles économiques. Un premier niveau correspond à une offre de deux services audiovisuels, des chaînes gratuites et des chaînes payantes. Le modèle d'affaires des premières est celui des marchés bifaces où le financement est assuré par les revenus publicitaires qui génèrent des effets de réseaux directs bénéficiant à la plate-forme dans son ensemble. Le modèle économique des secondes, payantes mais distribuées en non-exclusivité, semble tendre vers des modalités de financement mixte, laissant plus largement la place aux recettes publicitaires. Un second niveau, en tant que plate-forme de distribution, Les FAI et Télécoms peuvent être à la fois de simples « gate keepers », et ainsi transporter les contenus des autres chaînes ou distributeurs en exclusivité ou pas, assignant ces 111 Nathalie, SONNAC, « Médias audiovisuels et concurrence. Le cas de la télévision payante », Revue d'économie industrielle [En ligne], Vol.137, 1er trimestre 2012, mis en ligne le 15 janvier 2014. p. 3. 2021. DOI : https://doi.org/10.4000/rei.5320 Consulté le 26 janvier 2021. 112 Idem, p. 4. 113 idem, p. 4. 107 derniers à une place de second niveau ; et/ou proposer des chaînes propriétaires, en exclusivité ou pas, leur permettant un contact direct avec le client. C'est le cas de l'opérateur CREOLINK Communication qui facilite l'accès à la télévision via ses décodeurs Créolink et qui peut disposer de certaines chaînes en exclusivité ou pas. La rémunération des chaînes payantes exclusives, donc adossées à un distributeur unique, se fait sous forme de redevance forfaitaire annuelle pour un montant relativement élevé, puis qu'on empêche l'éditeur « d'aller voir ailleurs »114. À ceci s'ajoute un complément de rémunération issu des recettes publicitaires, lequel est corrélé en fonction du nombre de téléspectateurs qui est déterminé par l'audience. Par contre lorsque ces chaînes payantes ne sont pas adossées à un distributeur exclusif, la redevance en général, n'est plus forfaitaire mais variable parce qu'elles peuvent signer des contrats avec plusieurs distributeurs mais ceci a pour conséquence principale la réévaluation fréquente de la part du distributeur qui doit s'assurer du taux de l'audience à travers une enquête menée auprès de la chaîne. Pourtant, la chaîne perçoit plusieurs redevances, celles issues de tous les distributeurs qui la transportent (tous les FAI par exemple), notamment Facebook, YouTube et d'autres applications de visionnage en streaming comme Yabadou proposé par MTN Cameroun. Nous avons également Connectik qui permet de regarder 24h/24h une chaîne de télévision inscrite dans cette plateforme numérique. Cette situation amène souvent les éditeurs de service à opter pour un modèle d'affaires des marchés bifaces, selon lequelle si l'audience n'est pas suffisante, le distributeur se trouve en position de pouvoir réajuster la redevance versée à l'éditeur. Pour combler le manquement, elles perçoivent aussi un complément de rémunération qui émane des recettes publicitaires, lequel est calculé sur la base du nombre d'abonnés à la chaîne. Il arrive très souvent dans ce cas que le « montant obtenu est largement plus important que celui qui serait perçu par un distributeur en exclusivité. La base éligible étant supérieure, la chaîne est de facto plus exposée et donc mieux rémunérée »115. Néanmoins, il faut relever que ces modèles de financement assujettissent l'économie de la chaîne payante au marché publicitaire à deux niveaux, ce qui n'est pas le cas des chaînes payantes distribuées en exclusivité poursuit Nathalie SONNIAC. L'audimat devient, à l'instar des chaînes commerciales financées par la publicité, le seul critère pertinent de sa valorisation. 114 Nathalie, SONNAC, op.cit., p. 5. 115 ibid 108 Au second niveau, le complément de rémunération vient, comme pour les chaînes distribuées en exclusivité, du marché publicitaire116. |
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